La gauche du PS veut une primaire allant de Hollande à Mélenchon

mardi 2 février 2016.
 

Réunis ce samedi à Paris, ses représentants pensent qu’une telle démarche irait dans « l’intérêt de tout le monde, y compris du président de la République ».

- A) La gauche du PS veut une primaire allant de Hollande à Mélenchon (article de Libération)

- B) APPEL À DES PRIMAIRES CITOYENNES DE LA GAUCHE

A) La gauche du PS veut une primaire allant de Hollande à Mélenchon

Pour eux, c’est oui aussi. Réunis ce samedi dans une salle de l’Assemblée nationale à Paris, les représentants de la gauche du Parti socialiste ont adopté à l’unanimité un « appel à des primaires citoyennes de la gauche », « seule voie pour la gauche afin de prévenir le naufrage que nous redoutons lors de l’élection présidentielle de 2017 ». Très critique de la politique économique et sociale de François Hollande et Manuel Valls, ce courant profite du récent appel à l’organisation d’une primaire « des gauches et de l’écologie » lancé il y a trois semaines dans Libération pour demander à la direction du PS de « respecter ses statuts ».

« Les primaires, pour les socialistes, c’est une obligation, ce n’est pas une option », rappelle Christian Paul, le chef de file de ce courant qui pèse environ un tiers du PS depuis le dernier congrès de Poitiers. Le député de la Nièvre fait ainsi référence à l’article 5.3.1 des statuts de son parti où l’on peut lire que « le candidat à la présidence de la République est désigné au travers de primaires citoyennes ouvertes à l’ensemble des citoyens ».

Après avoir contesté la politique économique du gouvernement à l’Assemblée nationale, l’aile gauche du PS franchit donc un cap dans la critique de Hollande, estimant, à plus d’un an de la présidentielle, qu’« il n’y a pas d’automaticité dans la candidature du président sortant ». « Il n’y a pas de candidature naturelle évidente, affirme le député de Paris Pascal Cherki. Mais si à la fin c’est Hollande qui gagne cette primaire, nous soutiendrons Hollande ! » Dans leurs rangs, déjà deux personnes ont expliqué qu’ils pourraient participer à une telle désignation : la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann et le député des Yvelines et ex-ministre de Hollande Benoît Hamon.

De Hollande à Mélenchon

La primaire, selon eux, doit permettre de rassembler la gauche autour d’un candidat et d’un projet, pour éviter la dispersion au 1er tour et être certain d’être présent au second. Elle doit donc être « ouverte à tout le monde », dit Paul. « Ça va de Hollande à Mélenchon », poursuit-il. Même si l’ex-candidat Front de gauche à la présidentielle a déjà qu’il n’irait pas ? « Je souhaiterais que Jean-Luc Mélenchon ne se laisse pas isoler par un puissant mouvement citoyen », répond le député.

Pour Cherki, les socialistes doivent aussi se lancer dans la primaire pour ne pas laisser la droite seul sur ce créneau cet automne. « Ne faisons pas la même faute que Sarkozy en 2011 lorsqu’il a dénigré la primaire qui a permis ensuite l’élan formidable conduisant à la victoire de François Hollande », explique-t-il. Christian Paul y voit lui l’occasion d’« éviter que Manuel Valls ne préempte le programme de la présidentielle » : « C’est l’intérêt de tout le monde, y compris du président de la République, qui a laissé une minorité du PS, libérale et autoritaire, prendre en main la situation », dénonce Paul. Avec plusieurs de ses camarades, il sera mercredi soir à la Bellevilloise, dans le 20e arrondissement de Paris, pour participer à la première soirée-débat des initiateurs de l’appel « Notre Primaire » et compte pousser le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, à faire respecter les règles du parti. Lequel pourrait apporter un premier élément de réponse, dimanche, en clôture de la réunion des secrétaires de sections socialistes, organisée à Paris, Maison de la Mutualité.

Par Lilian Alemagna

APPEL À DES PRIMAIRES CITOYENNES DE LA GAUCHE

Les Français sont disponibles pour un projet optimiste et des horizons constructifs. Les primaires citoyennes sont nécessaires et désirables. C’est la seule voie pour la gauche afin de prévenir le naufrage que nous redoutons lors de l’élection présidentielle de 2017

La défaillance démocratique nationale, les renoncements accumulés à l’épreuve du pouvoir, et surtout les situations concrètes vécues par des millions de Français rendent pé-rilleuse cette période. Doutes ou révoltes, dépression col- lective et abstention s’enchaînent : notre pays ne peut se laisser ainsi enfermer et répondre par un repli défensif, sécuritaire et identitaire.

La France, c’est bien autre chose, pour nous-mêmes et pour le monde : c’est d’abord une am-bition de transformation de la société. Nous nous réjouissons des initiatives récentes qui plaident pour l’organisation des primaires. Elles sont généreuses et ambitieuses. Elles doivent être entendues et soutenues. Elles font résonner un même cri d’alerte : la démocratie est en grand danger d’appauvrissement. La Vè Réublique est à bout de soufe. Nous croyons possible un mouvement venu de l’intérieur de notre peuple, balayant les conformismes et l’impuis-sance. Cette grande respiration est indispensable.

Elle doit engager des millions de citoyens dans des débats locaux, dans les quartiers et les villages. Ces primaires pour 2017 sont d’abord les primaires des idées nouvelles. Puis viendra la désignation de notre candidat(e).

Nous appelons notre parti, le Parti socialiste, à s’en-gager lui aussi et à prendre dès maintenant toute sa part dans l’organisation des primaires citoyennes de la gauche et des écologistes pour l’élection de 2017.

Pour cela, nous avançons les yeux grands ouverts :

• Nous devons faire l’inventaire de cette période, pour retrouver le courage d’espérer dans des engagements crédibles.

Dans ce quinquennat, la gauche s’est fracturée. Des choix opérés dans la solitude du pouvoir ont rompu le fil de nos engagements. Il n’y a pas de candidature automatique en 2017.

• Les causes communes et les formes politiques se ré-inventent en Europe. En France, les combats collectifs sont en panne. Institutions, partis, syndicats : partout, la démocratie doit être réveillée. Les primaires doivent être un grand événement démocratique, comme nos partis ne savent plus en produire. Très majoritairement, les Français s’y déclarent favorables.

• La multiplication des candidatures face à la droite et à l’extrême-droite, c’est pour la gauche et les éco-logistes, leur effacement en 2017.

Les élections régionales furent un dramatique banc d’essai. Mais cette menace, jointe à la progression du Front National, ne suffira plus à imposer le vote utile. Un intense débat national suivi d’une désignation populaire apportera le remède à l’éclatement et nourrira une puissante dynamique électorale.

• L’ultime raison se trouve dans nos statuts que nous ne devons pas laisser enterrer . Notre loi fondamentale est très claire : les primaires ne sont pas une option, laissée à l’arbitraire, mais une obligation.

Sans retard, le Parti socialiste doit donc en décider. Ne lais- sons pas à la droite le bénéfice de cet outil citoyen, que nous avons su faire vivre en 2011. Ne laissons pas davantage à quiconque un droit de veto sur nos primaires. Chacun est libre d’y concourir. Mais nul ne saurait les empêcher. D’ores et déjà, nous décidons de travailler avec tous pour donner un bel élan à cette idée, et pour rassembler les conditions concrètes de réussite de cette belle ambition commune.


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