SI C’EST LA « CHIENLIT » C’EST CELLE DE L’OLIGARCHIE !

dimanche 18 octobre 2015.
 

Cette semaine, les images de la chemise déchirée du DRH d’Air France auront fait le tour du monde, provoquant l’effroi des oligarques. Le déchainement médiatique et politique fut à son comble, certains n’hésitant pas à parler d’un « lynchage », Valls traitant les salariés de « voyous », Sarkozy de « chienlit ». Pourtant, le fond de l’affaire révèle d’abord et avant tout une violence sociale inouïe où la direction tente d’imposer un nouveau plan de licenciement de 2 900 personnes. Plus de 10 000 emplois déjà supprimés depuis 2012, plus de 13 000 avec le nouveau plan d’après les chiffres officiels, et 15 000 avec les chiffres syndicaux. Autant de vies brisées, voilà la pire violence sociale subie à laquelle il faudrait se soumettre en silence !

Si c’est la chienlit, c’est celle de l’oligarchie ! Car dans le dossier Air France, rappelons la responsabilité des gouvernements Sarkozy puis Valls et de la direction d’Air France. C’est bien François Hollande qui a troqué des ventes de rafales contre l’ouverture du marché à Qatar Airways. Ce sont bien les gouvernements successifs qui, en privatisant les aéroports, en augmentant les taxes aéroportuaires et en adhérant aux règles européennes libre-échangistes, privent la compagnie de toute aide et font ensuite payer cette politique d’austérité aux salariés.

Comble du pantouflage de ce petit monde bienpensant, ce serait l’actuel directeur-adjoint du cabinet de Valls qui serait pressenti pour devenir le futur DRH d’Air France ! On comprend mieux pourquoi Valls réagit tel un actionnaire de la compagnie !

Ces irresponsables par ailleurs n’hésitent pas en plus à privilégier le retrait d’avions ultra-polluants sur 5 lignes plutôt que de les remplacer par de nouveaux avions pouvant consommer 20% de carburant en moins, avec des diminutions conséquentes de gaz à effet de serre à la clé. Mais c’est vrai que concernant l’aviation civile la COP21 aurait d’ores et déjà renoncé à émettre toute exigence. La logique financière ne peut conduire qu’à ces impasses sociales et écologiques !

Face à l’irruption nouvelle de la question sociale sur le devant de la scène médiatique, la surenchère de la bataille des mots entre les libéraux de toutes sortes révèle autant leur crainte et leur solidarité de caste pour défendre leurs propres intérêts, que l’enjeu pour eux de restaurer la question sécuritaire et autoritaire pour de nouveau occulter la question sociale.

Mais il est bien possible que cela ne prenne pas, que cela ne prenne plus ! La force de l’image de la chemise déchirée du DRH est déjà en train de se retourner contre eux. Notre défense des salariés d’Air France a été très fortement appréciée par les syndicalistes et bien au-delà. Nous avons su mener la bataille culturelle, rappelant les écrits de Jaurès, de Gracchus Babeuf ou avant eux de Victor Hugo dans les Misérables « Si nous étions forcés à l’option entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la barbarie, nous choisirions les barbares. »

Les déclarations du PDG d’Air France s’interrogeant sur la pertinence de l’interdiction du travail des enfants, du droit de grève, de la durée du travail ou encore des retraites a permis de montrer le vrai visage de ces civilisés en col blanc de la barbarie sociale ! Sans oublier que celui qui somme ses salariés de poursuivre leurs efforts en les culpabilisant et les divisant a touché au moins 645 000€ en 2014…

Sur les réseaux sociaux, dans les manifestations de jeudi, la chanson de Zebda « Tomber la chemise » revenait au TOP 50 des sonos, les dessins humoristiques rivalisaient d’inventivité pour remettre en scène ce qui devient un slogan « A poil les DRH ! ». Il ne s’agit bien évidemment pas d’encourager à la violence, mais le sentiment partagé était bien celui d’une reprise de confiance : on peut leur faire peur ! On peut refuser la soumission à laquelle ils veulent nous condamner. On peut redresser la tête et leur faire baisser les yeux. La peur peut changer de camp !

Une semaine auparavant, c’était le scandale de Volkswagen et le modèle allemand qui s’effondrait symboliquement avec lui. Leur « vertu » compétitive dépend donc d’une énorme escroquerie au mépris du climat et des enjeux majeurs de santé ! Alors, qui sont les voyous ? Et ne sous-estimons pas l’impact que pourrait bien provoquer le nouvel épisode en cours de la crise de la Deutsche Bank…

Face à l’écroulement de ce « modèle », l’alternative est plus que jamais nécessaire.

C’est l’enjeu du Sommet internationaliste du plan B que nous avons proposé et qui se tiendra à Paris les 14 et 15 novembre prochains, comme l’ont annoncé ce mercredi les signataires de l’appel, qui ne cessent d’augmenter, lors d’une conférence de presse à Strasbourg avec Jean Luc Mélenchon. En plus des 5 initiateurs (Jean Luc Mélenchon, Oskar Lafontaine, Stefano Fassina, Zoé Konstantopoulo et Yanis Varoufakis), nous pouvons d’ores et déjà compter sur les parlementaires allemands Sabine Lösing et Fabio de Masi, les espagnols Marina Albiol et Javier Couso, le grec Nikolaos Chountis, le tchèque Miroslav Ransdorf et la danoise Rina Kari. De nombreux économistes et experts nous témoignent leur intérêt pour y participer.

Alors que mercredi, François Hollande et Angela Merkel sont venus prêcher devant le Parlement européen pour « plus d’Europe », le verbiage habituel pour invoquer un durcissement de la politique économique de l’Union européenne dans le sens souhaité par l’Allemagne, avec la première session du sommet internationaliste du plan B mi-novembre, l’alternative est en marche !

Danielle Simonnet Co-coordinatrice politique


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