Les laissés pour compte du libéralisme américain

mercredi 7 mars 2007.
 

Entre 2000 et 2005, le nombre de personnes vivant largement en dessous du seuil de pauvreté a augmenté de 26 %.

Le pourcentage d’Américains vivant en dessous du seuil de pauvreté a atteint son maximum en trente-deux ans. Des millions d’Américains actifs sont de plus en plus acculés à la misère, tandis que le gouffre entre les "nantis" et les "démunis" ne cesse de se creuser.

Le groupe de presse McClatchy Newspapers a analysé les derniers chiffres disponibles, ceux du recensement de 2005, et est arrivé à la conclusion que près de 16 millions d’Américains vivent aujourd’hui largement en dessous du seuil de pauvreté. Le nombre d’Américains gravement défavorisés a augmenté de 26 % entre 2000 et 2005, et cette hausse ne se limite pas aux comtés très urbanisés, elle touche également les banlieues et les zones rurales.

Quarante-six pour cent des 37 millions de pauvres que comptent les Etats-Unis se sont ainsi retrouvés poussés en dessous du seuil de pauvreté, soit le taux le plus élevé depuis 1975. Ce pourcentage a progressé lentement mais de façon constante au fil des trente dernières années. Toutefois, depuis 2000, le nombre de gens vivant dans la misère a crû "plus qu’aucun autre segment de la population", selon une étude récente publiée dans The American Journal of Preventive Medicine. "C’est exactement à l’opposé de ce que nous avions prévu quand nous avons commencé", déclare le docteur Steven Woolf, coauteur de l’étude. "Ce n’est pas la pauvreté modérée qui a progressé au sein de la population, mais la misère qui affiche l’évolution la plus catastrophique."

Un tiers des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ont moins de 17 ans, et près de deux sur trois sont des femmes. Les mères célibataires représentent une partie importante de cette population. Près des deux tiers des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté sont des Blancs (10,3 millions), mais les Noirs (4,3 millions) et les Hispaniques (3,7 millions) constituent des tranches disproportionnées.

C’est à Washington, la capitale, que l’on trouve la plus grande concentration de gens vivant en dessous du seuil de pauvreté. Ils représentent en effet 10,8 % de tous les résidents.

Les Etats-Unis affichent également l’un des plus forts taux de pauvreté infantile, d’après la Luxembourg Income Study, un projet qui, depuis vingt-trois ans, compare les chiffres de la misère dans 31 pays développés. "C’est une honte", s’insurge Timothy Smeeding, ancien responsable de cette étude et actuel directeur du Centre de recherche politique de l’université de Syracuse. "Chaque année depuis que nous avons entrepris cette étude, nous avons été la lanterne rouge."

Enfin, à l’exception du Mexique et de la Russie, ce sont les Etats-Unis qui consacrent le plus faible pourcentage de leur produit intérieur brut à des programmes fédéraux de lutte contre la pauvreté. Du reste, toujours selon cette étude, les programmes américains comptent parmi les moins efficaces. Une fois encore, seuls la Russie et le Mexique font pire.


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