Gouvernement Valls : un processus de privatisation massive de la richesse publique

lundi 21 avril 2014.
 

Et pas seulement la gauche de la gauche, dont le Point, la semaine passée, stigmatisait les « délires », mais la gauche socialiste « stupide », selon le même hebdo, avec ses « jobardises économiques ».

Depuis l’arrivée du premier ministre à Matignon, tout ce monde-là attendait qu’il franchisse le Rubicon. C’est fait. Il faut toute la mauvaise foi du charbonnier de Bruno Le Roux, le chef de file des députés socialistes, dont certains se sont cependant dits « atterrés », pour voir dans ce plan d’austérité sans précédent une répartition équitable des efforts demandés aux Français.

La réalité est toute autre, et c’est Denis Kessler (tiens le revoilà), l’ancien numéro deux du Medef et théoricien de la rupture avec le modèle social français, qui le dit dans un entretien à l’Express (encore  !)  : que l’État reconnaisse enfin que la fiscalité sur les entreprises doit être réformée, tant mieux, « qu’il reconnaisse que ceci doit être gagé par la baisse des dépenses publiques, parfait ». On ne peut le dire plus clairement.

Ce qui a été annoncé hier par le premier ministre, c’est un processus de privatisation massive de la richesse publique. C’est faire mine de confondre la croissance financière et le capital avec la croissance réelle et le progrès social. On peut rapprocher le chiffrage annoncé de cet autre chiffre  : l’an passé, les entreprises françaises, troisièmes dans le monde, ont versé 50 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires.

C’est cela, Bruno Le Roux, qui est équitable, ou c’est « être dur avec les faibles et faible avec les durs » comme le dit la CGT  ? Ces annonces ont été faites le jour même où l’on apprenait que, contrairement à ce qui avait été dit, ni le président, ni son premier ministre, ni MM. Sapin et Montebourg n’avaient évoqué auprès de Bruxelles le plus petit assouplissement de l’objectif des 3 % des déficits que ce soit. Ils n’en avaient pas l’intention car leur cap, c’est celui-là, celui de l’austérité et de l’Europe des marchés. C’est cela, le boulet.

Maurice Ulrich


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