Conférence sociale... La mascarade est terminée

mercredi 16 juillet 2014.
 

La méthode de l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, était devenue la marque de fabrique du gouvernement : aboutir nationalement à des accords avec le patronat et les syndicats les plus libéraux, pour ensuite les imposer à l’ensemble de la population après un débat parlementaire réduit à peau de chagrin. C’est ainsi que l’ANI, attaquant durement les droits des salariés et le code du travail, a été rapidement transcrit en loi malgré l’opposition de la CGT et de FO. C’est ainsi également que la réforme des retraites a pu être adoptée, avalisant la fin de la retraite à 60 ans, en rupture avec les promesses électorales de François Hollande. Ces reculs immenses ont été mis en musique médiatiquement autour de soi-disant contreparties données aux syndicats signataires des accords : une fausse limitation des temps partiels pour l’ANI et un compte pénibilité dérisoire pour la réforme des retraites. Ces accords réactionnaires sont ainsi devenus, dans la bulle médiatique, des accords « gagnant-gagnant » où les efforts étaient « partagés ». Une partie importante de la population, n’ayant pas accès à une information fiable et complète sur ces accords, s’est laissé prendre à ce jeu d’ombres, dont les gagnants sont systématiquement les grands patrons et les actionnaires.

Le boycott de la conférence sociale est un point d’appui pour les salariés

Manuel Valls va encore plus loin que Jean-Marc Ayrault dans le mépris des représentants des salariés puisqu’il s’assoit même sur les miettes qui ont été laissées aux syndicats signataires. Il a en effet décidé à la veille de l’ouverture de la conférence sociale de reporter la mise en place du compte de pénibilité pour la retraite et de favoriser les dérogations au seuil de temps partiel minimum obligatoire. Il a ensuite, avec François Hollande, insisté sur le fait que la conférence sociale se situait dans le cadre du pacte de responsabilité, pourtant rejeté par la CGT et FO. Bref, le gouvernement ne fait même plus semblant de jouer le jeu du « dialogue social », même s’il continue à s’en réclamer. Il passe en force, dans une soumission fanatique au Medef.

Les confédérations CGT et FO, suite à une mobilisation d’une grande partie de leurs fédérations et de leurs unions locales appelant au boycott de la conférence sociale, ont finalement choisi de ne pas participer à cette mascarade. On se retrouve donc dans la situation où un gouvernement qui se prétend de gauche est soutenu par le patronat et combattu par les syndicats ouvriers. Cette décision de la CGT et FO, qui s’est accompagnée de celle de la FSU et de Solidaires, est un point d’appui important pour les salariés dans la lutte de classe, comme l’a été la bataille des cheminots contre la réforme ferroviaire. Les intérêts des actionnaires sont distincts de ceux des salariés. Il faut donc chercher tous les chemins possibles pour unir ces derniers contre un gouvernement qui n’a en tête que la satisfaction des caprices de la finance et de l’oligarchie qui l’organise. Le simulacre de dialogue social organisé par le gouvernement ne leurre plus personne. Les décisions de la fin de la conférence sociale n’ont pas bougé d’un iota par rapport à son ouverture, et Valls l’a pleinement assumé en affirmant dans son discours de clôture : « Qu’il s’agisse de la SNCF, des intermittents du spectacle ou de la SNCM, la ligne du gouvernement ne varie pas et ne variera pas ».

Amplifier et étendre la lutte

La lutte va devoir s’amplifier car Valls ne va pas s’arrêter là. Il a dans ses cartons d’autres projets dangereux. Il compte notamment ouvrir une « concertation » sur la question des seuils sociaux, dans la suite de la proposition du ministre du travail qui veut suspendre pendant trois ans les obligations légales qui s’imposent aux entreprises pour la création des institutions représentatives du personnel. S’il arrive à ses fins, les entreprises passant de 9 à 10 salariés ne seront plus obligées de créer des délégués du personnel et celles passant de 49 à 50 de mettre en place des Comités d’entreprises. La levée de boucliers syndicaux contre ce projet n’a pas enlevé cette sale idée de la tête du gouvernement. Valls a par ailleurs affirmé qu’il comptait « simplifier » le code du travail. Sa guerre contre les salariés est donc loin d’être terminée. Dans un pays qui compte 5,3 millions de chômeurs, soit, comme le note le journal Marianne, l’équivalent de la population active de la Bretagne, de la Normandie et des Pays-de-la-Loire, le fanatisme patronal du gouvernement est dramatique. Un bataillon de mesures d’urgences pourrait pourtant tout à fait permettre d’améliorer très vite l’emploi dans notre pays : interdiction des licenciements boursiers, réquisitions et socialisation des sites menacées de fermeture, extension des droits des salariés dans l’entreprise et changements des rapports de propriétés, investissements massifs dans l’économie réelle, etc.

Il faut absolument réussir à bloquer les réformes du gouvernement, car sinon, à la fin du quinquennat de Hollande, il ne restera plus rien du modèle social français issu du Conseil National de la Résistance. L’heure est à l’affrontement social, comme il a eu lieu contre la réforme ferroviaire, contre la réforme du régime d’indemnisation ou pour sauver la SNCM. Malheureusement, il n’a pas lieu à l’Assemblée Nationale, où les députés EELV et les députés du PS qui s’auto proclament frondeurs ont voté le budget rectificatif et la réforme ferroviaire. Cette bataille contre le gouvernement doit s’élargir, avec pour mot d’ordre global le refus du pacte de responsabilité et de la réforme territoriale. Elle peut fédérer autour d’elle, bien au-delà des appareils politiques, associatifs et syndicaux. Elle doit être celle du peuple tout entier contre les actionnaires et ceux qui se soumettent à eux.


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