La Russie du président Poutine a lancé ses armées sur l’Ukraine, pays indépendant occasionnant une guerre aussi horrible que toutes les guerres. Jean-Luc Mélenchon comme La France Insoumise ont aussitôt pris position contre cette violation manifeste du droit international comme des fondamentaux d’une orientation politique progressiste.
Ceci dit, la menace des mouvements fascisants ukrainiens ne doit pas être sous-estimée. Drôle d’Etat valorisé par l’Union européenne qui s’est doté d’un premier ministre nommé Arseni Petrovytch Iatseniouk ne cachant pas ses affinités avec le nazisme et n’hésitant pas publiquement à faire le salut hitlérien. Ce 4 mai 2021, un défilé militarisé dans la capitale a célébré le souvenir de la 14ème division Wafen SS de grenadiers (formée d’Ukrainiens "de souche") avec des centaines de drapeaux à son insigne. Dans le contexte instable actuel, cette donnée du fascisme ukrainien doit être comprise, prise en compte et dénoncée.
Le président Zelensky n’est pas un fasciste. A l’heure où son pays demande à adhérer à l’Union européenne, il faudra que celle-ci reste ferme contre tout révisionnisme du nazisme et de la collaboration avec le nazisme.
A) Ukraine : Un néo-nazi comme vice-premier ministre
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B) Fascisme de masse en Ukraine. Attention ! (2 mars 2014)
Avant de commencer ce petit texte d’actualité, je voudrais pointer
> Premièrement, le développement d’un fascisme de masse est généralement lié à une conjoncture de déstabilisation de la société. Cela ne signifie pas que cette population est plus fasciste qu’une autre dans l’abstrait mais que des groupes marginaux d’extrême droite profitent soudain d’une période politique particulière qui leur donne un rôle important. La grande majorité des Français, surtout ceux marqués à droite, ont ainsi soutenu le régime du maréchal Pétain qui faisait partie de la "constellation fasciste européenne" en 1940 mais cela n’a pas duré longtemps ;
> Deuxièmement, j’ai toujours été favorable au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes reconnu par la Charte des Nations unies qui affirme explicitement le « principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes » (art. 1-2). Il est bien évident que ce droit à l’autodétermination va de pair avec la souveraineté populaire pour la population concernée. Cette reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est évidemment valide pour l’Ukraine qui parle une langue particulière (ukrainien) et a déjà joui de l’indépendance vis à vis de ses voisins.
> Troisièmement, l’Ukraine peut-elle être considérée comme une nation, un peuple différent de la Russie historiquement ? Ma position est simple : seule la population concernée est juge. L’histoire nous apprend que l’impérialisme d’un pays provoque souvent une réaction "nationale" du peuple oppressé. Dans le sillage de la fin de l’URSS, facilement assimilable par une majorité d’Ukrainiens au stalinisme, le réflexe d’affirmation autonome d’une partie importante de la population se comprend aisément, d’autant plus que l’Union européenne apparaît comme bénéficiant d’un mode de vie plus agréable.
> Quatrièmement, le droit international actuel privilégie la reconnaissance des frontières au détriment du droit des peuples. Cela pose d’autant plus problème lorsque l’OTAN joue avec cela seulement fonction de ses intérêts (éclatement de l’ex Yougoslavie, Caucase...). Cela pose aussi d’autant plus problème lorsque ces frontières ne correspondent pas à des traditions culturelles, linguistiques et nationales. Et cela pose encore plus problème lorsqu’ un Etat comme l’Ukraine veut interdire la pratique et l’usage scolaire d’une langue minoritaire au détriment des Russophones habitant l’Ukraine qui représentent environ 45% de la population.
> Cinquièmement, il est hautement probable que la place des fascistes dans les institutions et la société ukrainienne évolue. Aussi, j’ajouterai plus tard des compléments.
au sein du gouvernement avec six ministères dont l’Education, l’Ecologie, l’Agriculture et le vice premier ministre.
dans le rapport de forces à la base en alliance avec le "Bloc de droite" comprenant plusieurs organisations : Svoboda, Praviy Sektor, UNA-USO, Trizub et Patriotes d’Ukraine qui appellent ouvertement à la conquête du pouvoir, par la force, si nécessaire.
Le programme du parti le plus important et le plus modéré de ce bloc de droite (Svoboda) donne une idée de leurs références fascistes :
Pour créer une Ukraine vraiment ukrainienne dans les villes de l’Est et du Sud... il nous faudra :
supprimer le parlementarisme, interdire tous les partis politiques... interdire l’importation de toute littérature vers l’Ukraine en provenance de la Russie.
remplacer entièrement les autorités, liquider physiquement tous les intellectuels parlant le russe et exécuter tous les membres des partis politiques anti-ukrainiens.
Dès à présent, le fonctionnement des institutions ukrainiennes est vérolé par les fascistes : menaces, intimidations et agressions physiques violentes d’adversaires au sein même du parlement, députés absents dont la voix est utilisée par les gros bras de Svoboda.
Ces derniers mois, les groupes fascistes ont profité de l’instabilité institutionnelle pour s’emparer de bâtiments officiels, d’arsenaux, de postes de police et ont distribué de nombreuses armes à leurs militants.
Le 13 décembre 2012, le Parlement européen avait dénoncé « les opinions racistes, antisémites et xénophobes de l’extrême droite ukrainienne ». Aujourd’hui, le soutien apporté par les USA aux éléments les plus aventuristes de l’extrême droite ukrainienne paraît représenter un critère de respectabilité pour la presse française.
Pourtant l’antisémitisme de ces groupes fascistes se radicalise de plus en plus. Pourtant la xénophobie de ces groupes s’affirme de plus en plus. Pourtant, l’utilisation de la violence par ces groupes progresse de semaine en semaine. Pourtant, comme toujours lors de poussées fascistes, les minorités culturelles (Polonais, Russes, Tatars, Roumains, Arméniens...) subissent de plus en plus leur délire nationaliste. Le projet d’abroger la loi accordant au russe un statut de langue régionale a déjà suffisamment mis le feu aux poudres pour que nous demandions de la prudence à nos gouvernants dans leur soutien inconditionnel à Kiev.
Restons très vigilants et demandons au moins à ce que la France ne s’engage pas plus aux côtés de ces fascistes ukrainiens.
Jacques Serieys
C Complément 2018 : Roms et gays cibles du fascisme ukrainien
« Dans un camp rom de l’ouest de la ville de Lviv, des vêtements tachés de sang gisent autour des tentes, avec des jouets et des chaussures d’enfants (…) Un groupe d’hommes déloge au gaz lacrymogène des Roms dans un parc de Kiev avant de mettre le feu à leurs tentes. (…) Un militant gay ukrainien a été passé à tabac par une dizaine d’inconnus, dans une ville du centre de l’Ukraine... »
Ce week-end au pays du président oligarque aux comptes en banque panaméens, la chronique des faits divers avait des relents de IIIe Reich… Rien de plus normal dans cette Ukraine candidate à l’Union européenne où le monde politique s’est fait complice de l’intolérance qui s’y installe de manière exponentielle. Ainsi, après la chasse aux communistes l’an dernier, c’est au tour des Roms et des homosexuels d’être dans la ligne de mire.
Hier, alors que Boris Zolotchenko, militant gay et membre du comité d’organisation de la Gay Pride de Kryvy Rih, était encore dans son lit d’hôpital après avoir été tabassé par une dizaine d’hommes, Igor Mossitchouk, député d’extrême droite de la Rada, n’hésitait pas à enfoncer le clou dans la chaire des libertés individuelles. « Cessez d’inciter les Ukrainiens à la violence », a éructé cet orthodoxe convaincu sur Facebook qualifiant de « pervers » les homosexuels et réclamant l’interdiction des Gay Pride à Kryvy Rih et partout en Ukraine.
Quelques jours plus tôt, le 23 juin, ses amis de la milice paramilitaire « Sobre et en colère », liée au bataillon Azov (ultranationalistes combattant aux côtés de l’armée régulière ukrainienne dans le Donbass), s’étaient eux aussi fait remarquer : armés de bâtons et de couteaux, ils ont attaqué le camp rom proche de Lviv, tuant un homme de 24 ans et blessant quatre autres personnes dont un enfant. Dans le plus grand silence de l’Union européenne.
Stéphane Aubouard
Complément D : Les deux visages de l’extrême droite ukrainienne
Source : https://theconversation.com/les-deu...
Deux discours nationalistes s’affrontent au sein de cette mouvance. L’un, « historique », « occidental » et « intraverti », est incarné par des partis comme Svoboda et Secteur droit ; l’autre, « néo-nationaliste », « oriental » et « extraverti », est représenté avant tout par le mouvement Azov.
Pour comprendre cette dichotomie, il convient de la replacer dans son contexte et de détailler les idéologies et les traditions politiques dont elle relève.
Le nationalisme galicien : la mouvance originelle et le rejet de l’URSS
Si le nationalisme ukrainien dit « historique » trouve ses origines dans différentes organisations telles que le Congrès des nationalistes ukrainiens (KUN, un parti national-démocrate fondé en 1992 et dirigé par la deuxième génération d’émigrés en Allemagne et dans le monde anglo-saxon) et sa formation paramilitaire Tryzub, cette mouvance est principalement dominée aujourd’hui par l’Union pan-ukrainienne « Svoboda » (Liberté), un mouvement politiqué autrefois connu sous le nom de Parti social-nationaliste ukrainien (SNPU).
Né officiellement le 13 octobre 1991 à Lviv de la fusion de différentes organisations nationalistes, ce mouvement s’inscrit, schématiquement parlant, dans les traditions nationalistes et paramilitaires de l’Ukraine occidentale, notamment galiciennes. C’est dans cette région, dominée de 1772 à 1918 par les Austro-Hongrois puis de 1918 à 1939 par les Polonais, que se sont développées à partir du XIXe siècle les premières idées défendant la spécificité de l’Ukraine, et surtout son droit d’exister en tant que nation souveraine et indépendante.
Berceau d’une culture proto-nationaliste, la Galicie voit, au cours de l’entre-deux-guerres (l’Ukraine étant rattachée à l’URSS dès la création de celle-ci en 1922), se développer dans la clandestinité plusieurs mouvements politiques, au premier rang desquels l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et sa branche armée, l’Armée insurrectionnelle d’Ukraine (UPA). Dirigé par des nationalistes ukrainiens d’origine galicienne comme Roman Choukhevytch et Stepan Bandera, notamment tenus pour responsables des massacres de Volhynie (1942-1944), ce mouvement-guérilla tentera de jeter les bases d’un nouvel État, indépendant du joug stalinien.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l’OUN et l’UPA, fortes de 200 000 hommes, privilégient une collaboration de circonstance avec l’Allemagne hitlérienne ; elles se retournent ensuite contre l’occupant nazi qui leur refuse la création d’un État indépendant, avant d’être finalement défaites par l’URSS. Par leur lutte en faveur de l’indépendance et leur idéologie radicale animée d’un désir de rupture totale avec l’URSS, ces mouvements galiciens ont évidemment eu une influence après 1991 sur l’idéologie et la posture des ultra-nationalistes. Ces derniers profitent également de l’incapacité de la gauche ukrainienne à se débarrasser des connotations négatives liées au passé soviétique.
Réplique radicale au séisme de 1991 visant à parachever la sortie définitive de l’Ukraine de la dépendance russe, l’idéologie du SNPU se veut, lors de ses débuts, fondamentalement identitaire et raciste. Construite autour de la notion de « Terre » et de « Sang », cette idéologie monolithique s’arc-boute autour de l’ethnos ukrainien, compris comme un fondamentalisme blanc, et donc une supériorité raciale sur les ennemis présupposés de l’Ukraine, à savoir la Russie, la Pologne et le peuple juif. Cette vision s’inspire en majeure partie du national-socialisme allemand et des premières thèses intégralistes du théoricien ukrainien Dmytro Donstov (1883-1973) qui considérait les Russes comme un peuple d’Asie. C’est à ce titre que le SNPU reprend à son compte les couleurs rouge et noir de l’UPA mais également la rune SS « Wolfstangel » renversée pour symboliser l’« Idée de la Nation ». De plus, le SNPU entretient par un folklore – notamment de nombreuses marches au flambeau – la mémoire collective de l’UPA et de la division SS ukrainienne Halychyna, glorifiant ainsi la dimension militaire du combat de ces organisations.
Le néo-nationalisme ukrainien : entre « Troisième Voie » et ambition impériale
Face à la polarisation du pays autour de nouveaux enjeux identitaires, économiques et militaires hérités de la dissolution de l’URSS, certains mouvements implantés dans l’est et le centre du pays, comme l’Assemblée nationale ukrainienne – Autodéfense ukrainienne (UNA-UNSO), ont décidé de reconsidérer les paradigmes du nationalisme ukrainien. Il ne s’agit plus seulement de plaider pour une restauration des permanences ethno-culturelles de la nation ukrainienne en se séparant d’un empire, mais bien de repenser sa place dans son environnement géographique. Ainsi, ce « néo-nationalisme » s’oppose au nationalisme historique ukrainien en se référant à une conception « civilisationnelle » de l’Ukraine, qu’il rattache à l’Europe par son héritage culturel et historique.
L’émergence et la structuration d’une force néo-nationaliste comme le mouvement Azov, qui en est le principal porte-drapeau depuis la fondation de son parti, baptisé Corps national, le 14 octobre 2016, est à l’aval de cette mutation politique favorisée par le contexte géopolitique immédiat. Centralisé autour d’Andriy Biletsky, le fondateur du régiment Azov puis du parti Corps national, le mouvement Azov peut être considéré comme l’incarnation d’un « nationalisme soldatique » situé à l’intersection de l’extrême droite parlementaire de Svoboda (qui compte aujourd’hui un député à la Rada) et des groupuscules paramilitaires ultra-nationalistes et néo-nazis, à l’exemple de Patriotes d’Ukraine, dont le commandement initial du régiment Azov puis du parti Corps national est majoritairement issu. Capitalisant sur la renommée de ce régiment d’élite de la garde nationale ukrainienne fort d’environ 4 000 hommes ayant joué un rôle conséquent dans la reconquête de la cité portuaire de Marioupol, ce mouvement entend s’inscrire durablement dans le paysage politique ukrainien.
Par son interprétation des événements révolutionnaires de 2014 comme étant l’avènement d’un nouvel « ordre ukrainien » et par son engagement militaire sur le front du Donbass, le mouvement Azov est dépositaire d’un combat politique qui entend non pas détruire un « système » auquel est imputée la perte de la grandeur nationale, mais plutôt le remodeler de l’intérieur selon ses propres normes. Il s’agit là d’une forme de nationalisme révolutionnaire qui cherche à bâtir une communauté de destin à l’échelle de la nation. Ce projet trouve ses origines dans les principes de la « natiocratie » de Mykola Stsiborsky (1897-1941) et du « social-nationalisme » de Iaroslav Stetsko qui constituèrent l’idéologie définitive de l’OUN à partir du mois d’août 1939. Rejetant les principes ethnicistes et centralisateurs des régimes nazis et fascistes, de même que les principes libéraux des démocraties et les principes collectivistes du communisme, il entend recomposer l’État autour du principe de solidarité et d’une « Troisième voie » où l’Ukraine ne s’inscrirait dans aucun bloc géopolitique existant.
Ainsi établi sur le rejet de l’Occident libéral et de l’Orient « néo-bolchévique » et eurasiatique, le néo-nationalisme ukrainien entend dépasser la complexité des enjeux identitaires propres à l’histoire ukrainienne, qui reste prise dans un choix géopolitique et civilisationnel entre l’Europe et le « Monde russe » (Rousskiï Mir).
Si pour s’éloigner de l’orbite russe, des partis comme Svoboda se sont montrés favorables à une adhésion à l’OTAN et à une coopération accrue avec l’Occident – ce qui leur permet au passage de cultiver une certaine proximité avec des partis européens de droite dure comme le Rassemblement national au sein de l’Alliance européenne des mouvements nationaux –, les néo-nationalistes ukrainiens, eux, sont majoritairement partisans d’une « guerre perpétuelle » contre la Fédération de Russie, pays perçu – tout comme l’Occident – comme le principal obstacle à la création d’un État-nation ukrainien pleinement consolidé et prédominant dans le monde slave.
Cette stratégie se déploie aujourd’hui autour de l’Union Baltique Mer Noire-Intermarium, que le mouvement Azov entend populariser avec l’aide d’une Nouvelle droite ukrainienne en formation. Organisée autour du club métapolitique Plomin, celle-ci est dirigée par la philosophe Olena Semenyaka. Plus qu’établir un nouveau réseau d’alliances contre la Russie, les néo-nationalistes ukrainiens souhaitent, à travers l’idée d’Intermarium, raviver et réenraciner l’idée d’identité et de civilisation européennes. Autrefois périphérique à l’Europe et en marge du débat d’idées, l’extrême droite ukrainienne tente de devenir le nouveau point de convergence et de départ d’une révolution nationale paneuropéenne.
Adrien Nonjon
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