Après le M’PEP, c’est maintenant la Nouvelle Donne qui veut reprendre du terrain à celui occupé par le FdG, à gauche du PS.
Mercredi 18 décembre 2013, le quotidien numérique en ligne Mediapart a organisé une soirée télévisée exceptionnelle sur son site de 18h heures à 23 heures, dont un débat en première partie, (de 18 h à 18h50), " consacré aux alternatives à gauche, autour des forces qui s’en revendiquent : le Front de gauche, représenté par deux de ses composantes, le Parti communiste et Ensemble ! (Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire), et le tout dernier nouveau venu, le parti Nouvelle donne, issu de Roosevelt 2012".
Concernant l’annonce de cette émission, on peut lire un commentaire de mon ami Igor Benadev : "Je ferai au commentaire de Thierry Hermann la même réponse qu’à Frédéric Pic sur mon blog.
Le Front de gauche est le résultat d’une recomposition synthétique de différents courants historiques ayant traversé le mouvement social au XXe siècle. Comme je l’explique dans mon article, cela ne va pas sans quelques difficultés bien compréhensibles, difficultés qui sont objet de spéculations diverses des adversaires politiques du Front de gauche.
L’interrogation de Guillaume Surroca me paraît intéressante Pourquoi le PG n’a pas été invité et que l’on voit apparaître le nouveau parti Nouvelle donne, invité ce jour 13/12/13 sur la chaîne parlementaire LCP dans l’émission ça vous regarde
Présenté comme concurrent du PS, celui-ci constitue en réalité un concurrent du PG et plus généralement du FdG si l’on examine les propositions de ce nouveau parti . Ceci étant, la présence de Ensemble me paraît bonne car le FdG ne se réduit pas au PCF et au PG. Nous allons voir comment les représentants du FdG vont réagir."
On peut en effet s’interroger sur la création d’un tel parti émanant du parti socialiste. Ce parti, [http://www.nouvelledonne.fr/wp-cont...], est lancé le jeudi 28 novembre 2013 par l’économiste Pierre Larrouturou, ex–membre du bureau national du PS. Pour combler le vide laissé par un PS droitisé et répondre à la déception d’un électorat de gauche en déshérence ?
"Ancien d’Europe Ecologie-Les Verts, ce conseiller régional d’Ile-de-France avait présenté en octobre 2012, avec Stéphane Hessel, une motion au congrès du PS de Toulouse, qui s’était retrouvée à la surprise générale en troisième position, avec 12 % des suffrages. « Las, lors de la récente constitution des listes pour les élections européennes de 2014, le parti ne leur a accordé aucune place éligible. Une couleuvre de plus que Larrouturou a décidé de ne pas avaler », note le Nouvel Observateur." Source : Le Monde
Mais où va-t-il chercher ses adhérents ? « Nous irons aux européennes de mai 2014 avec des citoyens qui s’engagent pour la première fois et avec des militants et des élus venus du Front de gauche, du PS, d’EELV, du MoDem, des patrons de PME et des précaires comme Isabelle Maurer, la chômeuse de Mulhouse qui a montré à Jean-François Copé ce qu’est la pauvreté ! », affirme-t-il encore dans Le Parisien. (Même source)
Une sorte de parti–balai ou ramasse-miettes en quelque sorte des déçus du FdG jusqu’au MoDem ?
Espère-il récupérer des élus PS lors du naufrage prévisible du vaisseau fantôme de FrançoisHollande ?
Cet ancien prétendant aux élections présidentielles de 2002, veut-il , par ce procédé, obtenir au moins un siège au Parlement européen ?
Mais en lisant les propos d’un certain nombre d’adhérents de La Nouvelle Donne, une raison apparaît récurrente : faire de la politique autrement. Il semble probable qu’un certain nombre d’adhérents sont lassés des petites "querelles de famille" et dissensions qui agitent la gauche radicale et considèrent , en outre, qu’un rassemblement, non pas antilibéral, mais anti ultralibéral, puisse dépasser les clivages traditionnels opposant les salariés au petit patronat (TPE – PME ; travailleurs indépendants, petitscommerçants, artisans,…)
En tout cas, pour l’instant, plus qu’un concurrent du PS, ce parti semble plutôt être un concurrent du PG (lui aussi résultat d’une scission du PS) et sera probablement instrumentalisé par les médias comme un moyen supplémentaire de neutralisation de la croissance de la gauche radicale et, en outre, pour faire de l’ombre à Mélenchon. Un contre-feu complémentaire de celui du Front National, sur l’autre flanc du Front de Gauche, en quelque sorte.
La biographie de Larrouturoufigurant sur Wikipédia, fait apparaître un homme politique progressiste, plutôt ancré à gauche du PS.
Mais la question de bon sens que tout citoyen se pose est alors : pourquoi ne rejoint-il pas le Front de gauche puisque les 20 propositions de la Nouvelle donne recoupent pour l’essentiel le programme du FdG, d’autant que le PG comme La nouvelle Donne sont tous deux le résultat d’une scission à l’aile gauche du PS ?
Remarquons par ailleurs, que le FdG ne considère pas les travailleurs indépendants et les patrons des petites entreprises comme des "ennemis de classe". Ses responsables savent très bien faire une différence entre les groupes du CAC 40 ou les grandes entreprises et les petites entreprises qui partagent, dans une certaine mesure, une communauté de destin avec les salariés : celle d’être spoliées par un capitalisme ultra financiarisé et un pouvoir politique aux ordres de la finance.
Ce n’est pas parce que les circonstances particulières de ce qui s’est passé récemment en Bretagne ont conduit les représentants du FdG à dissocier les actions d’un certain patronat local de celles des travailleurs salariés, que le FdG considère comme irrecevable toute convergence d’action entre salariés et artisans ou patrons de TPE par exemple. Une prise de position particulière ne fait pas système. Les représentants du FdG ne devraient pas craindre d’aborder cette question frontalement dans les médias.
La plupart des journalistes et des commentateurs politiques libéraux et sociaux libéraux ignorent que les philosophes, sociologues et économistes marxistes dont la plupart appartiennent ou sont sympathisants du FdG, ont affiné et ajusté leurs analyses aux réalités du capitalisme contemporain et n’ont pas figé leur vision aux réalités politiques et sociales du XIXe siècle.
Hervé Debonrivage
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