Le gouvernement prévoit une coupe de 6 milliards d’euros des dépenses de la Sécurité sociale en 2014. Quand on parle des chiffres de la Sécurité sociale, il ne faut jamais oublier qu’il s’agit avant tout de réalités humaines, parfois parmi les plus quotidiennes, mais aussi les plus intimes dans la vie des personnes.
Les têtes d’œuf du gouvernement ne voient pas la chose cette façon, cela va de soi. En bonne langue de bois et cœur de bois, les technocrates ont d’autres points de mire. Ils se réjouissent de pouvoir claironner qu’ils pensent réduire le déficit de près de 4 milliards d’euros en le ramenant à 13 milliards d’euros. Ce serait alors le "plus faible déficit depuis le début de la crise".
Quelle merveille ! Mais quel sera le coût humain de cette prouesse ? C’est toujours la même question : quel est le prix du malheur ? S’il faut tout calculer, alors demandons-nous combien coûte à toute la société une personne malade non soignée. Que « coûte » son affaiblissement personnel ? Les problèmes qu’elle pose aux autres, mais aussi de la maladie qu’elle répand ? Quel est le coût de la disparition d’une personne pour sa famille, pour ses collègues de travail, pour ce qu’elle produisait ?
Tout le monde connaît la phrase tellement répétée d’Abraham Lincoln : « si vous trouvez que l’éducation coûte trop cher, essayez l’ignorance » ! C’est exactement ce que sont en train de faire les sorciers solfériniens. Ils trouvent que la santé coûte trop cher et donc ils essaient d’imposer qu’on se passe de soins. D’une façon générale, la moitié des coûts prévus dans le budget de la Sécurité sociale concerne la branche maladie.
Le gouvernement veut développer la "médecine ambulatoire" (l’"hôpital sans lit"). Il prévoit la sortie du patient de l’hôpital le jour même de l’opération. Dans ces conditions, l’hôpital public devra donc réaliser 440 millions d’euros de coupes. La situation d’alerte générale, les protestations unanimes des professionnels de santé, des populations et des élus à propos du démantèlement du réseau de soins publics, Ayrault et Hollande n’en ont strictement rien à faire. Pourtant ils feraient bien de se rendre compte de la responsabilité morale qu’ils prennent.
Avec une telle politique de santé, combiné à l’allongement des années de travail à fournir avant de pouvoir partir à la retraite, on peut prévoir que l’espérance de vie en bonne santé va reculer dans notre pays. Elle l’a déjà fait d’un an au cours de l’année dernière, si j’en crois les statistiques que j’ai en main. Dans certaines catégories sociales, compte tenu de la pénibilité des emplois, le renoncement aux soins, leur inaccessibilité, se paieront cher : c’est l’espérance de vie tout simplement qui va reculer. Merci qui ?
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