La manifestation nationale à Paris le 30 septembre est un point d’appui en même temps qu’un pare-feu contre la morosité et le découragement

mardi 2 octobre 2012.
 

Une ambiance plus que morose se constate de tous côtés. Les erreurs de stratégie depuis l’élection ont profondément dégradé déjà le rapport de force avec le MEDEF. Il est à présent plus arrogant et revendiquant que jamais. Le sentiment donné d’un gouvernement irrésolu, l’image d’accointances et de connivences laissée par l’université d’été du MEDEF inaugurée par le premier ministre lui-même, flanqué de dix cireurs de bottes, la progression du chômage et la cherté de la vie pour cette rentrée, tout cela, quand bien même les causes et les responsabilités en sont-elles différentes, fusionne pour provoquer une mise à distance sévère. Le changement est froid. Le peuple ne s’est pas approprié ce gouvernement. Il n’est pas seulement distant ! Il y est presque indifférent. C’est le pire. Les difficultés qui en résultent, la dégradation du rapport de force qui en est la conséquence, tout cela joue aussi contre. Car il n’est pas vrai que nous pouvons nous nourrir des difficultés des socialistes. Ceux qu’ils démobilisent sont ensuite si difficiles à remotiver !

Dans cette ambiance, la manifestation nationale à Paris le 30 septembre est un point d’appui en même temps qu’un pare-feu contre la morosité et le découragement. On se souvient que Pierre Laurent et moi avons lancé cette idée au nom du Front de Gauche en conclusion de nos estivales à Grenoble, à la fin du mois d’août. Notre intention n’était pas de procéder à une démonstration de force du Front de Gauche en tant que tel. Cet objectif aurait eu sa légitimité. Mais il était trop limité à nos yeux. Notre intention était de fonctionner, une fois de plus, conformément à notre conception du rôle « d’éclaireur » du mouvement de masse que nous voulons être. Dès lors notre proposition est arrivée sur la table de toutes les organisations syndicales et politiques de gauche. En fait l’idée était déjà dans les têtes avant même que nous en parlions. Notre initiative a donc été plutôt un déclencheur. Notre objectif politique est en passe d’être atteint. Il s’agit d’assurer la continuité de la bataille que nous menons contre la mutation austéritaire de l’Union européenne et contre sa volonté de constitutionnaliser le libéralisme. C’est une constante depuis le projet de Constitution présentée en 2005 et rejeté par 55 % des Français. Pour dire les choses dans notre vocabulaire, cela s’exprime ainsi : le Front de Gauche a vocation à faire naître un front du peuple. Cet accouchement ne se fait pas en une fois. Il se produit chaque fois que, sur une initiative, un front large, très large, d’organisations de la diversité du mouvement social, d’associations et de syndicats, peut se constituer pour porter ensemble, chacun dans sa spécificité et son identité, un projet qui fait converger les forces.

C’est pourquoi il était si important à nos yeux que la prise en charge de l’organisation et de la conduite des opérations soit faite par un collectif le plus large possible dans lequel nous ne chercherons d’aucune façon à occuper le premier rôle. Ce n’est pas modestie ou timidité de notre part. C’est parce qu’il s’agit d’agir en toute circonstance conformément à l’objectif d’auto-organisation du mouvement populaire tel que nous le croyons nécessaire pour faire face aux tâches politiques immenses qui se dessinent devant nous du fait de la catastrophe que déclenche la politique des libéraux en Europe. Mardi soir une large rencontre a eu lieu à la faveur d’une réunion du collectif pour un audit de la dette, où se retrouvent un très grand nombre d’organisations politiques, syndicales et associatives, autour d’Attac et de la fondation Copernic. Les discussions ont permis de déboucher sur un appel commun à l’action le 30 septembre. La manifestation nationale à Paris sera donc prise en charge par le collectif des signataires. Tous ceux qui ont participé à la rédaction du texte d’appel n’ont pas encore donné leur signature. En effet, leurs instances ont encore à se réunir pour se prononcer. Mais compte tenu du délai extrêmement bref dont nous disposons, l’appel a déjà été édité avec une liste de « premiers signataires ». Dès le début de la semaine qui vient, de nouvelles signatures sont attendues.

Dès lors, toutes les organisations de base du Front de Gauche, tous nos amis, partout où ils se trouvent, isolés ou en groupe, sont appelés à se mobiliser derrière l’appel du collectif pour organiser une montée massive le 30 septembre. Prenons conscience du fait qu’il s’agit là d’un événement de très grande portée. L’ampleur du collectif qui se constitue, cette diversité et, en même temps, sa détermination, donnent un signal politique très fort au pays. Nous prouvons qu’il n’existe pas qu’une seule politique possible pour faire l’Europe, comme cherchent à le faire croire sans cesse les partisans de la politique d’austérité. Nous prouvons que nous ne sommes pas résignés et que tous les calculs qui misent sur notre ignorance des enjeux où sur notre faiblesse sont vains. Nous affirmons aux yeux de toute l’Europe la permanence d’un refus qui s’est constitué dès 2005 et qui s’est, depuis, sérieusement approfondi. En ce sens notre manifestation donne aussi un point d’appui aux autres peuples d’Europe. Ici, en France, nous apportons la preuve au gouvernement que les problèmes que nous posons sont assez graves et assez profondément ressentis pour qu’une telle large union se constitue et qu’elle soit entendue par des milliers de manifestants. Le nouveau gouvernement issu d’une défaite de la droite ne peut l’ignorer, il ne peut passer à côté, il ne peut le mépriser. La demande de référendum n’est d’ailleurs pas une mise au pied du mur puisqu’elle laisse ouverte la décision à prendre, en la confiant au peuple.

Quoi qu’il en soit le mouvement est lancé. Il intervient deux jours avant l’ouverture de la nouvelle session parlementaire. Les députés du Front de Gauche déposeront alors une motion référendaire sur le traité lorsqu’il viendra en discussion comme le permet le règlement de l’Assemblée nationale. Et comme d’ailleurs le fit la dernière fois, à l’occasion de l’adoption du traité de Lisbonne, Jean-Marc Ayrault lui-même au nom du groupe socialiste ! Je crois que la puissance de notre mobilisation de rues influencera considérablement le vote de chacun des députés au moment où cette motion sera présentée puis, si elle est battue, au moment du vote du traité lui-même. Ce n’est donc pas un baroud d’honneur que nous faisons le 30 septembre. Nous marquons en quelque sorte notre territoire. Ou bien il est entendu par ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui ou bien il fournira le quart demain d’une majorité de gauche alternative.


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