Le foot italien au coeur du scandale,19 arrestations , 150 mises en examen

dimanche 3 juin 2012.
 

Dix-neuf arrestations, trente perquisitions, cent cinquante mises en examen : c’est un nouveau cyclone qui s’est abattu lundi matin sur l’élite du football italien compromise par le scandale des matches truqués.

À l’aube, les enquêteurs ont frappé à la porte du centre sportif de Coverciano où l’équipe nationale terminait sa préparation en vue des championnats européens. Les policiers ont cueilli Domenico Criscito, l’arrière-gauche de la Squadra Azzurra, dans sa chambre et ont saisi ses téléphones et des documents. Mis en examen mais laissé libre, l’ex-joueur de Gênes qui porte désormais les couleurs du Zénith Saint-Pétersbourg est accusé par une photo. On l’y voit en mai 2010 à la sortie d’un restaurant en compagnie de Safet Altic, un repris de justice bosniaque pivot de l’organisation de paris truqués en Europe, et du joueur de la Lazio de Rome Giuseppe Sculli. Les acteurs de ce déjeuner sont accusés d’avoir "combiné" le résultat du match Lazio-Gênes.

La fête tourne court

L’implication de Criscito dans le "calcioscomesse" (paris truqués) a bouleversé les plans du sélectionneur national, Cesare Prandelli, qui devait annoncer lundi la liste des joueurs de l’Euro 2012. La sélection a été reportée à mardi, mais il est certain que Criscito n’en fera pas partie. Paradoxalement, ce lundi devait être une journée symbolique de la lutte contre la corruption dans le foot. Cesare Prandelli avait en effet invité Simone Farina et Fabio Pisacane, deux joueurs qui avaient dénoncé des tentatives de trucage de matches, à venir s’entraîner avec les stars de la Squadra Azzurra. La fête a tourné court.

Réveil amer également pour Stefano Mauri, capitaine de la Lazio de Rome. Les preuves contre l’idole des tifosi du club romain sont si évidentes qu’il a été incarcéré sous l’accusation d’association de malfaiteurs à fin de fraude sportive. Pour la Lazio, c’est une récidive. Déjà, durant la saison 1979-1980, le club de la capitale avait été rétrogradé en Ligue 2 lors du premier scandale de matches truqués du foot italien. Somnifères

À Turin, c’est chez Antonio Conte, l’entraîneur de la prestigieuse Juventus, vainqueur du dernier championnat, que les enquêteurs ont débarqué. Conte est mis en examen pour des combines qu’il aurait organisées alors qu’il était entraîneur de l’équipe de Sienne. Il nie toute responsabilité, mais la Juventus s’est déjà mise à la recherche d’un remplaçant. Les tifosi de la Juve parient sur l’arrivée de "Pep" Guardiola, le magicien du Barcelone AC, à Turin.

L’enquête a commencé en 2010 à la suite d’un rocambolesque match entre Crémone et Pagani au cours duquel les joueurs de Crémone avaient été drogués avec des somnifères. Les magistrats ont établi que le cerveau financier qui parie des millions d’euros sur les matches combinés à l’avance est un Chinois vivant à Singapour. Des complices albanais, serbes ou hongrois transportent les fonds et des intermédiaires italiens s’assurent la complicité des joueurs. Des gloires du foot italien, comme Beppe Signori ou Christiano Doni, étaient tombées dans les mailles de l’enquête au début de l’année.

Seule consolation pour les supporteurs italiens à seulement dix jours du coup d’envoi de l’Euro 2012 : en 2006, alors qu’elle était déjà en plein scandale de corruption, l’Italie avait emporté la Coupe du monde.

De notre correspondant à Rome, Dominique Dunglas


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