Allemagne-Suède : le match des faux champions (FIFOOT)

mercredi 27 juin 2018.
 

L’occasion de revenir brièvement sur les politiques de ces deux pays souvent présentés comme des modèles à suivre pour la France…

Ce samedi soir, les macronistes, ou même les hollandais et sarkozystes (s’il en reste !), et tous les autres fanatiques des systèmes sociaux-démocrates, auront un choix difficile à faire entre deux pays qu’ils aiment tant prendre en exemple pour défendre le mythe des bienfaits des politiques d’austérité et de flexibilité du travail.

Malgré une défaite lors de son premier match, le 4-2-3-1 allemand reste plein de promesses. Souvenons-nous de l’édition précédente au Brésil, avec la victoire d’un jeu offensif et d’une équipe où la mayonnaise a su prendre entre les joueurs de toutes origines, faisant mentir le pronostic d’Eric Zemmour : « l’Allemagne, elle ne gagnait que quand il n’y avait que des dolichocéphales blonds ». Ce dernier prédisait une défaite des allemands en demi-finale face au Brésil, car la mixité les aurait rendus « trop gentils ». On se souviendra que les « gentils » allemands gagnèrent finalement 7-1 contre les brésiliens…

Nous avons donc un modèle footballistique allemand opposé à son modèle économique. Quand les joueurs de ce pays choisissent de prendre des risques, d’aller de l’avant et de jouer collectif, leur modèle économique pousse quant à lui à épargner plutôt qu’à consommer et à faire preuve d’une rigueur budgétaire rendant impossible toute relance économique.

Les allemands sont souvent cités comme les « champions d’Europe » sur le plan économique… Mais c’est en fait le match de la précarité qu’ils ont « gagné », avec un taux de pauvreté de 16% contre 14% pour la France et la Suède – et c’est l’Observatoire des Inégalités qui arbitre ! Ainsi, si les joueurs allemands préfèrent le beau geste à la simulation, leur gouvernement préfère simuler un chômage faible, en remplaçant les chômeurs par des travailleurs pauvres. Drôles de champions, non ?

Enfin, quand la Mannschaft fait pleurer de joie ses supporters, Merkel et ses troupes les font pleurer de tristesse, jusqu’à les faire voter pour l’AFD… Le retour de l’extrême droite au Bundestag doit les alerter : si en sport la nostalgie peut être agréable, en politique allemande mieux vaut surveiller ça de près. Vivement le carton rouge pour les sociaux-démocrates et l’entrée en jeu d’une vraie politique sociale pour remettre les fachos sur la touche !

Face à ces allemands, certains pensent que l’absence de Zlatan se fera sentir pour la Suède. Comme Emmanuel Macron, ce dernier voulait qu’on l’appelle Monsieur. Mais débarrassés de son arrogance de monarque, les suédois semblent bien plus libérés. Finalement, cela nous montre que lorsque les premiers de cordée jouent trop perso et se révèlent être un poids pour l’équipe, mieux vaut les zlataner. Le rugueux 4-4-2 des vikings a depuis en effet montré l’efficacité de son anti-jeu en privant les italiens de leur billet pour la Russie. Ils ont d’ailleurs commencé la compétition de la même manière, en marchant sur les sud-coréens lors de leur premier match, compensant leurs faiblesses techniques par des coups de crampons. Ils ont beau jouer en jaune, on est encore loin du Brésil…

Entre leur technique footballistique qui laisse à désirer et leur admirable détermination sur le terrain, on peut donc être partagés sur l’intérêt de voir cette équipe suédoise aller loin dans la compétition. Leur modèle économique et social nous laisse la même impression. Il a le mérite de dévier un peu de l’orthodoxie allemande, avec notamment un accompagnement des chômeurs dont l’Allemagne et la France pourraient s’inspirer. Mais le capitalisme prétendument « doux » des suédois peut parfois s’avérer aussi létal qu’un tacle par derrière des défenseurs de leur équipe nationale. Nous pourrions parler par exemple des baisses de prestations sociales qui augmentent les inégalités ou des montages financiers d’Ikea dont la tactique justifierait un carton rouge. Mais penchons-nous sur la retraite. En football, les passes en retrait peuvent être dangereuses. Il en est de même de la retraite par capitalisation suédoise, qui risque de mettre bon nombre de suédois économiquement hors-jeu, s’ils refusent de jouer les prolongations. Et tout cela sans prendre en compte la pénibilité. C’était bien la peine de mouiller le maillot…

Mais alors, que faut-il attendre de ce match ? Une victoire au talent des allemands, qui continueraient de montrer que le beau jeu offensif n’empêche pas l’efficacité ? Une victoire au courage des suédois, afin d’éliminer les chouchous de Merkel et de nous assurer que la coupe du monde change de mains ? C’est vrai que si l’on pouvait éviter de voir la Chancelière en tribune le jour de la finale, ça ne nous ferait pas de mal, car la concernant : la coupe est pleine… Ou bien un match « nul », à l’image des dernières réformes politiques de ces deux pays ? Un petit prono M. Zemmour ?


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