Mai 2012 Tremblement de terre politique en Grèce

dimanche 27 mai 2012.
 

Les élections du 6 mai dernier justifient amplement le message de résistance et de combat lancé par SYRIZA.

Le résultat en est un chamboulement du statu quo politique. Le peuple grec a voté massivement contre le parti de droite Nouvelle Démocratie (ND) et contre le PASOK parti de la social-démocratie.

Ces deux formations étaient les gardiennes du soit disant « Mémorandum », le contrat de prêt anti ouvrier passé entre le gouvernement technocratique du du Premier ministre Lucas Papademos, ancien dirigeant de la BCE qui pris les affaires en mains lors du soulèvement suscité contre les mesures drastiques d’austérité du PASOK. Le troisième membre de la coalition gouvernementale, le Rassemblement Orthodoxe Populaire s’est également effondré, terminant avec 2,9% des voix, en-dessous du seuil nécessaire pour obtenir une représentation au parlement.

Antonis Samaras dirigeant de la ND, avait dit que l’objectif de son parti était d’obtenir une majorité gouvernementale à lui seul. En fin de compte, il perd 1,1 million de voix par rapport à 2009. Il tient que 18,9% des voix, comparés aux 33,5% d’il y a deux ans et demie - ce qui était déjà considéré comme une écrasante défaite.

Evangelos Venizelos dirigeant du Pasok, espérait que son parti reste au moins en tête des partis. Résultat : il perd 2,2 million de voix et sombre à 13,2%. En 2009 il réalisait un total de 43,9%. Le PASOK se retrouve à la troisième place derrière SYRISA.

Le principal moyen dont le peuple s’est servi pour exprimer son virage massif à gauche a été le vote pour SYRISA. L’audience de la coalition de la gauche radicale passe de 4,6% pour 315.000 voix en 2009, à 16,8% avec 1,1 million de voix.

SYRISA a été récompensée du fait de son orientation radicalement à gauche : un « Non » franc et clair au Mémorandum et aux contrats de prêts, ses attaques constantes contre les banquiers, ses propositions d’imposition des riches. Elle a été récompensée pour son unité en prenant pour cible les vrais ennemis et en évitant la guerre civile à l’intérieur de la gauche. Elle a été grandement récompensée en n’hésitant pas à faire face au chantage des Samaras et Venizelos tout vote contre l’austérité contribuerait à la destruction de l’économie grecque. SYRISA déclarait pour sa part qu’il était nécessaire de se débarrasser de ce gouvernement tout de suite, proposant avec fermeté la solution d’un gouvernement de gauche.

Le Parti Communiste est resté à peu prés au même niveau d’influence : il a obtenu 536.072 voix – il en obtenait 517.549 en 2009. L’augmentation est négligeable au terme d’une période de grandes luttes et de poussée massive à gauche.

Ainsi il y a dans les résultats du 6 mai un message adressé aux dirigeants du PC, ces dirigeants qui ont choisi de diriger leurs attaques principalement contre SYRISA. Par dessus tout, ils ont préféré asséner au peuple que les efforts qui seraient déployés pour changer aujourd’hui leurs vies, au lieu de viser à l’instauration d’une sorte de régime de « pouvoir populaire » dans le futur, constituerait une dangereuse illusion.

Les gains électoraux de ANTARSYA, une plus petite coalition d’organisations d’extrême gauche, sont aussi très limitées. Elle obtient 75.439 voix contre 24.687 en 2009. Elle n’a pas réussi à acquérir un supplément d’influence et d’importance politique. Elle a raté ce que les Neo-nazis, l’aile radicale de la droite, a réussi.

C’est le côté le plus sombre de ces élections- la grande percée de l’Aurore Dorée qui n’est pas exactement un parti d’extrême droite, mais un noyau dur de néo-nazis. Les disciples d’Hitler ont réussi à obtenir 438.910 voix, soit 6,97%. Ce gang de bandits qui se présente comme une force anti-mémorandum est et restera en tout état de cause, toujours un chien de garde de la classe dominante. Il a le potentiel et les moyens financiers de devenir un vrai parti politique.

L’extrême droite est devenue une menace encore plus sérieuse pour les immigrés, la gauche et le mouvement ouvrier. Une des tâches essentielles du mouvement de résistance est de les affronter.

De façon générale le résultat de ces élections est comme un coup à l’estomac du système. Il a provoqué une paralysie sans précédent des représentants de la classe dirigeante qui s’est retrouvée à la fois sans aucune légitimité et sans soutien à ses plans d’austérité. Cela arrive au moment où la crise mondiale s’intensifie et exige qu’ils agissent plus vite et de manière plus décisive contre les travailleurs.

Il en résulte une élévation du niveau de montée en résistance de ceux d’en bas. Cela ouvre la possibilité pour une remise en cause plus radicale du statu quo depuis que le mot d’ordre pour « un gouvernement de la gauche » reçoit l’appui d’une partie importante de la population.

C’est une donnée qui ne peut être passée sous silence. SYRISA est sortie en tête du vote de la classe ouvrière, à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé, chez les chômeurs et chez les 18-24 ans. Elle est également le parti en tête dans les banlieues d’Athènes et du Pirée.

Ce résultat est aussi un message adressé à l’Europe dont la Grèce n’est pas isolée comme le prouvent les élections présidentielles en France.

Les principaux pays de l’UE ont réagi par des messages contradictoires. D’un côté, ils espèrent contrôler la situation après les élections – pour épargner aux gens la menace du chaos si l’Etat grec ne respecte pas les engagements signés par Samaras et Venizelos.

De l’autre, ils manoeuvrent dans l’espoir de pouvoir ouvrir des négociations. Ils affirment qu’ils seraient prêts à discuter d’ajustements sur les termes du Mémorandum – par exemple en étalant les mesures d’austérité sur trois ans au lieu de deux, de façon à ce qu’il ait un caractère moins contraignant. Ils déclarent aussi être prêts à négocier de nouvelles solutions qui combineraient l’austérité avec des mesures de stimulation de l’économie.

En réalité, la Chancelière allemande et le Ministre de l’Economie sont terrifiés, parce qu’ils réalisent que la Grèce peut devenir vraiment dès aujourd’hui « le maillon faible » de la chaîne européenne de l’austérité. La gauche doit rester vigilante sur cette perspective.

Les résultats du 6 mai ne tombent pas du ciel. Ce renversement trouve ses racines dans les vagues des, batailles de ces dernières années- les grèves générales massives, les manifestations militantes, les occupations de places. Ils puisent leurs racines dans les expériences politiques du peuple , depuis la révolte de la jeunesse de Décembre 2008 jusqu’à l’explosion militante de la colère de classe dans les rues d’Athènes en Février 2012.

Aussi la part prise par SYRIZA dans la cristallisation de ce mouvement et en lui donnant une expression politique, ne peut pas être.

Article paru sur le site Socialistworker.org le 9 mai 2012. Traduction de J-P Juy.


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