Grèce, France, Une très nouvelle page d’histoire

jeudi 17 mai 2012.
 

- 9) « Une très nouvelle page d’histoire » (Jean-Luc Mélenchon)
- 8) Grèce : les scénarios possibles et l’espoir à gauche
- 7) La mission de former un gouvernement en Grèce revient à la Gauche radicale
- 6) Le KKE (parti communiste grec) refuse de rencontrer Syriza
- 5) Vive Syriza ! Vive le peuple grec ! (par C. Meneses, PG)
- 4) Grèce : l’insurrection civique a commencé en Europe (Jean-Luc Mélenchon)
- 3) Syriza, coalition de la gauche radicale, devance le Pasok
- 2) Grèce : Vague rouge aux élections législatives
- 1) Grèce : Syriza, histoire de la coalition de gauche qui monte

Voici une semaine, le front de gauche Syriza ne représentait pour les commentateurs que 4,9% de l’électorat (législatives 2009). Les sondages prévoyaient une progression de la Gauche démocratique (située politiquement entre Syrisa et le Parti socialiste grec). Les urnes ont finalement porté Syrisa (16,78%) en tête de la gauche radicale (34%) et en tête de la gauche (49%).

Cette division coûte cher institutionnellement à la gauche radicale et à la gauche puisque le grand parti de droite Nouvelle Démocratie n’a obtenu que 2% de plus que Syrisa mais rafle les 50 députés apportés systématiquement en faveur du parti arrivé en tête.

Le leader de droite a essayé de former un gouvernement avant de constater que cela lui était impossible... d’où la démarche du président chargeant Alexis Tsipras de former ce gouvernement. Problème : en Grèce, le Parti Communiste ne participe pas au front Syrisa, a refusé une alliance avec Syrisa pour les législatives et ne veut même pas rencontrer Tsipras aujourd’hui...

9) « Une très nouvelle page d’histoire » (Jean-Luc Mélenchon)

C’est l’événement. Il égale en importance avec le résultat de l’élection présidentielle en France. À certains égards, il l’est même davantage. Car, en Grèce comme en France, la politique d’austérité a été désavouée. Mais en Grèce les urnes ont placé notre parti en seconde position du résultat électoral, avec 16,80% des voix, surclassant nettement le Pasok socialiste. L’un des nôtres, Alexis Tsipras, trente-huit ans, est chargé de former le gouvernement. Prenons-nous la mesure de l’événement ? Aux élections précédentes, nos camarades ne recueillaient que 4,6% des suffrages. Trois ans plus tard, ils sont appelés à diriger le pays. Le processus politique sud-américain, dont j’ai si souvent annoncé la réplique en Europe, vient de franchir une nouvelle étape décisive. Après la phase des supplices monétaristes sans fin, voici le commencement de la phase de rejet radical. Le vieux système politique bipartisan s’est effondré et l’alternance ne peut se produire sans alternative.

L’histoire dans cette période n’est pas linéaire, elle ne suit pas les chemins habituels, elle marche par sauts et embardées. À cela on m’objecte que nos amis n’arriveront pas à former un gouvernement. Et alors ? Quelqu’un veut revenir au Pasok ou à la droite ? Non ! C’est nous qui avons la main. Les urnes nous donnerons plus généreusement les moyens dont nous avons besoin. Évidemment, le danger est bien compris par les importants et les belles personnes. Ceux-là s’arc-boutent pour sauver ce qui peut l’être. La piqûre de ciment dans l’édifice en cours d’écroulement est dorénavant partout la même. La peur du diable d’extrême droite ! On ne cesse donc d’en parler pour canaliser et rendre impuissant le mouvement de rejet si fortement engagé. Demain ils imploreront les colonels pour « sauver la démocratie » menacée par « les néonazis et l’extrême gauche » comme titrent déjà dans un même sac certains organes de la bien-pensance française. Assemblez les deux tableaux politiques, le français et le grec, et vous verrez commencer une très nouvelle page d’histoire. Le tour de notre programme approche en France comme en Europe. Je fais le pari que les législatives qui viennent peuvent raccourcir notre chemin. »

8) Grèce : les scénarios possibles et l’espoir à gauche

Alexis Tsipras, à la tête de Syriza, formation de gauche a trois jours pour former une coalition gouvernementale. Cette coalition de gauche progressiste et anti-austérité, dont des composantes font partie du groupe PGE au Parlement Européen aux côtés du Front de gauche, est arrivée en deuxième place aux législatives et dispose de 52 sièges sur les 300. Syriza doit donc monter une alliance lui apportant une centaine de sièges pour pouvoir gouverner. Alexis Tsipras met comme condition première à la formation d’un gouvernement avec son parti le rejet des mesures d’austérité imposées par la troïka. La Gauche démocratique, autre formation progressiste (19 sièges), se range à l’alliance, mais on reste loin des 151 députés nécessaires à la formation d’un gouvernement.

Jean-Luc Mélenchon soutient pleinement Syriza : « Je salue tout particulièrement le résultat de la coalition Syriza, partenaire du Front de Gauche français depuis plusieurs années. En devenant la première force politique de gauche, elle remet à l’ordre du jour en Europe l’invention de la gauche d’après la social-démocratie et le libéralisme. »

Sans coalition à gauche, que va-t-il se passer ?

Dans un entretien accordé à l’Humanité de ce mercredi, le député de Syriza Dimitris Papadimoulis explique bien les 3 uniques scénarios possibles. Le plus improbable : que les partis libéraux se rangent derrière la gauche radicale et acceptent le programme. Un autre qui s’annonce aussi compliqué, serait que le Pasok et la Nouvelle Droite trouvent un 3ème allié pour poursuivre leur politique, pourtant rejetée par la majorité des Grecs. Enfin dernière hypothèse porteuse d’espoir : en cas d’impossibilité de former un gouvernement de nouvelles élections auront lieu mi-juin.

La gauche pourrait alors se recomposer : si Syriza et la Gauche démocratique s’étaient alliés dès le 1er tour, ils auraient formé de loin la première force politique du pays et auraient ainsi bénéficié du bonus de 50 sièges offert au premier parti. Syriza ne cache pas non plus son espoir que le KKE se marginalise du fait de son refus de s’allier et qu’une parti des électeurs communistes se joigne à ce qui serait une grande « alliance de gauche, anti-austérité » qui est possible.

Pierric Marissal, L’Humanité

7) La mission de former un gouvernement en Grèce revient à la Gauche radicale

Le leader des conservateurs grecs Antonis Samaras s’est déclaré incapable, lundi soir 7 mai, de former un gouvernement de coalition, au lendemain d’un cinglant désaveu infligé par les électeurs aux deux partis qui avaient accepté les politiques d’austérité dictées par les bailleurs de fonds du pays. « Nous avons fait tout ce que nous pouvions. C’était impossible. Je remets mon mandat », a-t-il déclaré.

Le président Karolos Papoulias, qui l’avait chargé en premier lieu de former un gouvernement, va désormais confier cette tâche à la Coalition de la gauche radicale, Syriza, arrivée en deuxième position des législatives. Il recevra son chef de file Alexis Tsipras mardi à 14 heures (13 heures à Paris), qui aura trois jours pour former un exécutif. Alexis Tsipras a déclaré qu’il essaierait de former une coalition de gauche afin de rejeter les « mesures barbares » liées à l’accord sur le remboursement de la dette. « Nous allons épuiser toutes les possibilités de parvenir à un accord, en priorité avec les forces de gauche ».

Si la Grèce ne parvient pas à former un gouvernement à même de négocier une nouvelle tranche d’aide avec l’UE et le Fonds monétaire international (FMI), elle pourrait se retrouver à court de liquidités d’ici la fin du mois de juin, a-t-on appris auprès de trois responsables du ministère des finances. La Commission européenne a lancé un avertissement à Athènes, affirmant qu’elle devait mettre en œuvre les réformes auxquelles elle s’était engagée dans le cadre de son deuxième plan de renflouement.

L’AUSTÉRITÉ SANCTIONNÉE

Ces élections législatives infligent un coup au bipartisme qui a caractérisé la vie politique grecque depuis la chute de la dictature des colonels, en 1974. Les deux grands partis, le Pasok et Nouvelle Démocratie, les deux seuls à avoir soutenu les mesures d’austérité en échange de l’aide de l’UE et du FMI, ne rassemblent que 149 des 300 sièges du Parlement, sous la majorité absolue. Selon ces résultats quasi définitifs, les deux partis, Nouvelle Démocratie, avec 18,8 % des suffrages (108 sièges), et le Pasok, avec 13,2 % (41 sièges), ne pourraient former un gouvernement de coalition qu’avec l’appui d’un troisième parti. Ils recueillent à eux deux 32 % des voix, contre 77,4 % en 2009.

En incluant la formation néonazie qui fait son entrée au Parlement pour la première fois, les partis opposés à un accroissement de l’austérité ont raflé 151 sièges au Parlement, selon un décompte du ministère de l’intérieur après le dépouillement de 99 % des bulletins, lundi 7 mai. Face à eux, les deux partis qui prônent l’austérité, Nouvelle Démocratie et le Pasok - qui gouvernaient ensemble dans une coalition depuis novembre - s’effondrent.

Flanqué d’une quinzaine de jeunes hommes à la tête rasée, le dirigeant de la formation néonazie Chryssi Avghi (« Aube dorée »), dont l’emblème rappelle la svastika nazie, Nikolaos Michaloliakos, a affirmé dès dimanche soir que son groupe allait lutter contre les « usuriers mondiaux » et « l’esclavage » imposé selon lui au pays par l’UE et le FMI en échange de leur aide financière. « L’heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie », a menacé ce quinquagénaire, affublé du sobriquet de « Führer » par la presse grecque.

Ex-groupuscule semi-clandestin, hostile aux immigrés, aux méthodes notoirement violentes et aux thèses racistes et antiparlementaires, encore inconnu il y a deux ans - il avait fait 0,23 % des voix aux précédentes législatives -, Aube dorée rejette l’appellation « néonazie » que lui attribuent les autres partis grecs. Arrivé dimanche en sixième position, avec 7 % des voix, il devrait faire son entrée au Parlement avec une vingtaine de députés. Une première pour un parti ultranationaliste depuis la chute du régime des colonels, en 1974. Le parti n’a pas attendu pour savourer sa « victoire », promettant d’expulser tous les immigrés illégaux, qualifiant les journalistes de « menteurs » et invitant les « traîtres » à se cacher.

6) Le KKE (parti communiste grec) refuse de rencontrer Syriza

Article de L’Humanité

Selon nos informations, le Comité central du KKE, le PC grec, refuse de rencontrer le chef de file de la coalition Syriza, composée de différentes formations de gauche dont Synaspismos. Alexis Tsipras, à la tête d’une formation arrivée en deuxième position des législatives du 6 mai, s’est en effet vu confier par le Président de la république grecque la tâche de former un gouvernement. Le parti arrivé en première position, Nouvelle Démocratie (ND) dirigé par Antonis Samaras, a échoué à en constituer un.

Habituellement, le KKE arrivait devant Syriza. A l’issue de ces élections, Syriza, dont le score a plus que triplé, a obtenu 16,78% et le KKE 8,48%. Alexis Tsipras s’est régulièrement exprimé en faveur d’une coalition de gauche, progressiste, regroupant toutes les forces anti-mémorandaires. Le KKE a refusé toutes les mains tendues. Un pas supplémentaire est franchi avec ce refus du principe mêeme d’une rencontre entre le leader de Syriza et la secrétaire nationale du KKE, Aleka Papariga. D’après nos informations confirmées par le KKE lors d’un entretien téléphonique, cette décision a été prise par le comité central ce jour, malgré le séisme électoral de dimanche et la crise politique qui s’en est suivie.

Le KKE poursuite donc sa stratégie mise en œuvre de cavalier seul alors que la crise et l’austérité appliquée dans le pays conduisent à une dégradation considérable de la vie quotidienne de la population résidant en Grèce. En octobre 2009, le chômage était de 9,8% ; il est désormais de 21,8%. Les salaires minimaux ont été baissés de 22%, et même 32% pour les moins de 25 ans.

5) Vive Syriza ! Vive le peuple grec ! (par C. Meneses, PG)

Le peuple grec vient d’infliger une sévère déculottée aux partis qui ont mis en oeuvre l’austérité demandée par la Troïka (Commission européenne, BCE, FMI).

Le Pasok (équivalent du PS) perd plus de 30%. Nia Dimokratia (équivalent de l’UMP) en perd plus de 14. Le message est clair : le peuple n’accepte plus de payer pour les banques, d’assister à la casse complète des services publics, de voir les entreprises fermer une à une, de perdre leurs emplois et de vivre majoritairement dans la misère.

Dans ce contexte, plus de 34% des votants ont choisi l’autre gauche pour les représenter. Ils ont placer largement en tête, devant le Pasok, la force d’union que représente Syriza. Cette coalition soeur du Front de Gauche français propose l’union au parti communiste grec (KKE), à la Gauche démocratique (DIMAR) et aux Verts. Elle est arrivée en première position à gauche avec pas moins de 16,7% des voix, près de 4 fois son score aux dernières législatives, loin devant les autres forces de gauche. Elle s’impose désormais comme la deuxième force politique en Grèce.

Présent aux côtés de Syriza tout au long de la dernière semaine de campagne, le Front de Gauche salue son résultat. Nous espérons que le message du peuple sera entendu partout en Europe. Nous souhaitons que l’autre gauche grecque s’inscrive dans la dynamique de Syriza et accepte enfin la main tendue de celle-ci en vue de former un front commun.

Si la formation d’un gouvernement semble aujourd’hui difficile, il est en tous cas une chose qui est claire : il ne pourra pas être favorable à l’austérité. La logique voudrait que ce soit un gouvernement de l’autre gauche qui se forme. Nous en formons le voeu, pour la Grèce et pour l’Europe.

Vive Syriza ! Vive le peuple Grec !

4) Grèce : l’insurrection civique a commencé en Europe (Jean-Luc Mélenchon)

3) Syriza, coalition de la gauche radicale, devance le Pasok

Par Alain Salles (correspondant du Monde ; Athènes le 7 mai 2012)

La surprise est venue d’extrême gauche. Dotée de 4,6 % des voix en 2009, la coalition de la gauche radicale (Syriza) est devenue le parti numéro deux du paysage politique grec, avec 16,75 % des voix, trois points derrière Nouvelle Démocratie (ND, droite) et surtout devant le Pasok, qui domine le paysage de la gauche depuis 1981.

Si Antonis Samaras, chef de ND, arrivée en tête, ne parvient pas à former un gouvernement, le président de la République devra donc demander à Alexis Tsipras, dirigeant du Syriza, de faire la même tentative.

« Notre programme est un gouvernement de gauche qui annule le mémorandum. Nous ferons tout pour que le pays ait un gouvernement qui dénonce l’accord de prêt », a expliqué M. Tsipras, qui s’est félicité de ce « message de révolution pacifique ».

Très hostile aux mémorandums signés avec la « troïka », qui imposent de sévères mesures d’austérité, M. Tsipras est favorable au maintien de la Grèce dans la zone euro.

UNE STRATÉGIE PROCHE DE CELLE DU FRONT DE GAUCHE

Le Syriza a construit son succès en s’adressant aux jeunes. « Il a mené une campagne cohérente et claire qui a séduit d’anciens électeurs déçus du Pasok et les jeunes. Il arrive en tête dans de nombreuses zones urbaines », explique l’analyste politique Georges Sefertzis.

Le parti doit son succès au style de son leader, un ingénieur de 37 ans qui tranche dans une classe politique en mal de renouvellement. Si son allure rappelle, en France, celle de l’ancien porte-parole du NPA Olivier Besancenot, sa stratégie est plus proche du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon.

Le Syriza regroupe différents petits partis de gauche et d’anciens communistes, comme M. Tsipras lui-même. Il a également fait plusieurs tentatives pour rassembler les partis de gauche hostiles au mémorandum, mais s’est heurté aux refus du Parti communiste grec (KKE) et de la Gauche démocratique, un parti dissident du Syriza. Le KKE (8,4%) n’améliore que d’un point son score de 2009, tandis que la Gauche démocratique (6 %) est loin du score que lui prédisaient les sondages.

Alexis Tsipras a su s’entourer d’intellectuels et de grandes figures comme Manolis Glezos, le héros grec qui décrocha le drapeau nazi de l’Acropole en 1941. Triste ironie du sort, l’infatigable militant de 89 ans reviendra au Parlement comme député du Syriza, au moment où un parti néonazi, Aube dorée, y fait son entrée, avec près de 7 % des suffrages.

2) Grèce : Vague rouge aux élections législatives

1) Grèce : Syriza, histoire de la coalition de gauche qui monte


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message