Les profondes erreurs des sondeurs

dimanche 29 avril 2012.
 

Depuis dimanche soir, l’ensemble des commentateurs médiatico-politiques s’interrogent pour savoir pourquoi Jean-Luc Mélenchon n’a pas réalisé le score pronostiqué par les sondeurs dans les semaines précédant le scrutin. Depuis dimanche soir, journalistes, éditorialistes et sondeurs glosent sur le soi-disant « échec » du Front de Gauche. Mais pourquoi n’interrogent-ont jamais les sondeurs ? Pourquoi ne leur demande t-on pas de s’expliquer sur les chiffres qu’ils avaient prédit ? Il est important de remettre les choses à l’endroit : ce n’est pas le Front de Gauche qui a réalisé un score moins important que prévu mais ce sont bien les sondeurs qui une fois de plus se sont trompés.

Les sondeurs se sont également lourdement trompés sur le score attribué à Marine Le Pen. Ils se sont trompés dans les jours précédant le premier tour de l’élection présidentielle mais également le jour même du vote. Dimanche soir, à 20h, les instituts de sondages annoncent que Marine Le Pen a réalisé 20% des suffrages exprimés. Ce chiffre est repris en direct sur l’ensemble des chaînes de télévision. Pourtant, une fois les bulletins dépouillés, on s’est aperçu que Marine Le Pen n’avait réalisé que 17,9%. Évidemment ce score est encore bien trop haut mais la différence entre 20% et 17,9% n’est pas négligeable et représente plus de 750 000 voix.

Les chaînes de télévision sont également responsables d’avoir repris en boucle ce premier chiffre sans précaution particulière. France 2 a d’ailleurs été rappelée à l’ordre par le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour avoir continué à annoncer Marine Le Pen à 20% jusqu’à 21h40 alors même qu’on savait déjà que son score était inférieur.

Mais les sondeurs ne s’en sont pas arrêtés là. Traditionnellement les instituts de sondages effectuent des sondages à la sortie des urnes pour connaître la structure de l’électorat. Encore une fois les sondeurs ont manqué de rigueur et ont tellement fait preuve d’amateurisme que leurs résultats sont mathématiquement faux. Tout d’abord, il faut relever que cette année, l’IFOP et l’institut de sondage CSA ont réalisé leur sondage « sorties des urnes » sur internet. Comment pouvaient-ils alors être sûrs d’interroger des personnes qui avaient effectivement voté ?

L’amateurisme de ces deux instituts devient évident lorsqu’on regarde le détail des chiffres publiés. Ces deux instituts ont en effet publié les intentions de vote par catégories socio-professionnelles (CSP). Regardons alors en détail la structure du vote en faveur de Marine Le Pen : l’IFOP annonce que Marine Le Pen a recueilli 14% des suffrages des CSP+ et 30% des CSP-. Pour CSA, Marine Le Pen a recueilli 11% chez les CSP+ et 23% chez les CSP-. Messieurs les sondeurs, il faudrait vous mettre d’accord ! 7 points d’écart cela commence à faire beaucoup. Mais le plus surprenant est que pour l’IFOP, les CSP+ et les CSP- votent largement plus pour Marine Le Pen que ce qu’annonce l’institut CSA… pour un score global quasiment identique chez les deux instituts (18,3 contre 17,9%). Cela est mathématiquement impossible !

Messieurs les sondeurs, il est grand temps que vous rendiez des comptes !


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