Le Front de gauche déchaîne l’espoir, l’action, la fureur de vivre

vendredi 4 mai 2012.
 

Nous partageons un moment historique, où s’éveille à la classe entière, au peuple, la conscience de son être, de son pouvoir-être-de-pouvoir. Un verrou saute. Grenade du futur, fruit rouge, écartelé, il se nomme « principe espérance ».

Pour les uns, il ouvre le champ des possibles inespérés, à vingt ans  ; pour les autres, il réconcilie le présent au temps passé des valeurs en sommeil.

Ce temps, l’actuel, où chaque meeting fait événement, ce temps provoque une véritable subjectivation désirante, la montée en puissance de chacun et de tous, une montée exponentielle des capacités de luttes, de paroles, d’action, déchaînent l’enthousiasme militant.

L’espoir, l’enthousiasme, la pensée, l’organisation et l’action sont les forces productives du Front de gauche. Cette dialectique inédite du mouvement social, de la mise en mouvement des masses, du projet politique et de la subjectivation capacitaire déclenche un procès créatif extraordinaire.

Ne pas céder aux provocations ni à la violence, toujours possible, fait partie des mots d’ordres. Ne pas céder au transfert sur l’homme providentiel nous vaccine de l’avenir d’une désillusion. Ni César ni tribun  !

Chacun vit, revit au profond de lui-même une insurrection du désir, désir de dire, désir d’agir, désir de vivre. Ce désir s’agrippe aux signifiants reconquis de la culture populaire, aux trésors de signifiants de l’inconscient politique. Lutte des classes, solidarité, coopération, internationalisme. Ces mots, déclinés dans le champ du discours politique, enfin, reconvoquent l’indicible de la culture populaire. Le discours du prolétaire dénomme le discours capitaliste. L’objet, cause du désir, est la justice intangible. Trouver l’objet, c’est le retrouver dit Freud. Aujourd’hui, il s’agit de ne pas le perdre.

Il y a ici comme une levée progressive du refoulé, sentier escarpé de l’inconscient au préconscient, conscient, renommé dans la lutte en son dialogue social, personnel, intime. L’effet boomerang est explosif. L’espoir en son for intérieur prend la forme du désir, et le désir prend la forme de la manifestation, la manifestation prend la forme de la révélation, le sujet politique se révèle à lui-même comme force d’humanité.

«  Il ne sied donc jamais à la couleur rouge de se laisser intimider.  » (1)

La diagonale du site trace, de Toulouse à Marseille, une transversale inaugurée il y a quatre-vingts ans par les républicains espagnols, aux arrière-petits-fils indignés. Demain, nous les verrons descendre les Canebière, des quartiers Nord, des cités, aux noms de souffrances. La Castellane, le Plan-d’Aou, la Bricarde, la Busserine, la Viste, la Savine. Nous verrons la fureur de vivre subvertir les violences et les misères trop subies, trop vécues, et la peur céder au courage.

Les villes ont-elles un inconscient  ? Ici, les Comores d’Ibrahim Ali rejoignent l’Italie antifasciste, et tous les camarades ont forgé le mouvement ouvrier  : dockers de la guerre d’Indochine, Fralib de la guerre des nerfs. Ici ont échoué Walter Benjamin, Berty Albrecht, Missak Manouchian.

Histoires des luttes, mémoires des luttes, demain vont marcher, chanter, danser et crier les femmes-en-alliance. La manifestation fait événement, déchire l’enclos du temps.

«  Dresse ton grain de poussière / Solidarisez-vous / Ayez souvenance du tract. »

(1) Le Principe espérance, d’Ernst Bloch. 
éd. Gallimard, Paris, 1976.

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Par Jacques Broda, sociologue


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