Le Front de Gauche après la présidentielle

jeudi 17 mai 2012.
 

. La concomitance des élections françaises et grecques a fait courir sur l’Europe un vent de fraîcheur. Les bons résultats du Front de gauche en France, les scores superbes de Syriza et de la gauche radicale en Grèce (plus de 30 %) nous disent tout haut que nous avons commencé à en finir avec la longue séquence dépressive des années 1980-1990, celle du face-à-face exclusif de l’ultra-libéralisme et du social-libéralisme. Le réalisme de la rupture peut marquer des points face à l’irréalisme de l’adaptation. C’est un événement. Qu’il faut bien sûr confirmer aux législatives de juin.

· La gauche française a obtenu un résultat très honorable au premier tour ; elle a gagné au second. Elle a progressé, le 22 avril, parce que le PS et la gauche de gauche ont progressé tous deux par rapport à 2007. Mais elle reste au-dessous de ses scores des années 1970-1980, parce que la gauche de gauche n’a pas retrouvé les niveaux qui étaient les siens au temps de la bonne santé électorale du PCF.

· En France, la gauche de gauche est comme à mi-chemin. Elle a globalement effacé le souvenir désastreux de 2007. Après avoir mené une campagne remarquable, J.-L. Mélenchon réalise un score à deux chiffres qui était inespéré il y a quelques mois encore. Il fait à lui seul mieux que le total éparpillé de 2007 (+ 2,2 %) mais moins que le total de 2002 et de 1995 (- 2,8 %).Le mieux est le signe que la démarche du Front de gauche (FDG) va dans la bonne direction : pas question de revenir en arrière ou de rester en marge ; pas d’autre solution que d’être pleinement dans le FDG. Le moins bien est le signe que le Front n’est pas encore à son rythme de croisière : y participer implique donc de l’aider à se transformer pour être plus efficace.

· Un niveau « normal » pour la gauche de gauche est suggéré par l’espace de sympathie que dessinaient les sondages de la mi-avril : plus de 15 % des voix. Atteindre puis dépasser ce seuil, pour redevenir majoritaire au sein de la gauche, n’est plus un rêve vague. Des conditions existent cependant pour parvenir à cet objectif. La plus fondamentale, dès demain, est de tisser un lien renouvelé entre la mobilisation sociale et les constructions politiques. La subordination du social au politique a fait son temps ; mais la séparation de l’un et de l’autre est une malédiction. Nous ne partons heureusement pas de rien : l’expérience du mouvement anti-TCE en 2005 et cette campagne présidentielle elle-même ont ouvert des pistes, en associant militants politiques, syndicalistes, associatifs. Ne sous-estimons pas pour autant le fait que nous avons, sur ce point, un authentique devoir d’innovation.

· Le FDG peut y contribuer ; pour le faire efficacement, mieux vaudrait toutefois qu’il s’affirme comme un creuset de citoyenneté directe, et non comme un simple cartel d’organisations. En matière de méthode alternative, comme en matière d’organisation citoyenne, la créativité est d’autant plus nécessaire que la période à venir sera rude. La crise, la pression libérale à l’austérité et une recomposition de la droite à l’italienne : nous n’aurons pas que du bonheur !La campagne a révélé une dynamique militante et citoyenne exceptionnelle ; la pâte ne doit pas retomber. C’est dire que le plus urgent, à très court terme, est l’amélioration de l’outil FDG. Pour l’instant c’est une structure de fait, pas de droit. Ses modes de fonctionnement sont aléatoires : ils ont besoin d’être stabilisés, et donc formalisés. Il est peu vraisemblable que les deux principaux acteurs du FDG renoncent aujourd’hui à leur existence spécifique. Dans l’immédiat, le plus raisonnable est ainsi de considérer que le Front va garder un caractère mixte : il devrait être à la fois une base de coopération de partis et une structure d’accueil pour des individus.

· Dès lors, autant se dire qu’il est composé, à égalité de dignité, d’organisations constituées (partis et mouvements) et de structures localisées (assemblées citoyennes ou autres) où des individus ont la possibilité d’adhérer directement. Aucune organisation ne doit avoir l’impression que l’on décide à sa place et qu’elle perd l’autonomie qu’elle souhaite garder ; en sens inverse, aucun des individus qui ne se reconnaissent dans aucune organisation particulière ne doit avoir le sentiment qu’il est le jouet de structures par ailleurs bien rodées.

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