Le FN et les femmes : un féminisme d’alibi

lundi 12 mars 2012.
 

Eternelles oubliées, principales victimes de la crise capitaliste, les femmes payent un lourd tribut aux plans de rigueur mis en place. Elles subissent le précariat, le chômage, les emplois à temps fractionnés et à temps partiels, les salaires et les retraites de misère... Elles sont aussi victimes alibis classiques : salaire d’appoint, voire simple passe-temps pour justifier leur éternel statut inférieur.

Marine Le Pen prétend leur proposer un avenir radieux. Elle se présente comme une « femme de son temps » et revendique d’être « moderne ». Mais sa modernité n’est qu’un habillage qui valide les ravages du capitalisme. En tentant de détourner les peuples des causes de la crise économique, sociale et écologique, elle cherche à renforcer la vieille droite familialiste. Alors êtes-vous prêtes à redevenir des poules pondeuses et à être muselées demain plus encore qu’aujourd’hui ? Car avec la candidate du FN c’est bien cela qui nous est promis !

Certains pensent-ils encore, parce que nous n’aurions plus affaire au père mais à la fille, que le FN aurait changé au point de lui adresser des certificats de bonne conduite ? Il est urgent qu’ils ouvrent les yeux car, comme l’explique Laurent Maffeïs, dans Les Cinq Mensonges du Front National (1) derrière un discours enrobé de modernisme, le FN est bien à la jonction des théories de l’économie libérale la plus débridée et des courants natalistes qui rêvent de renvoyer les femmes à la maison.

La précarité a un visage, celui des femmes

Aujourd’hui on assiste à une véritable féminisation de la pauvreté. 80% des personnes payées au SMIC sont des femmes. 85% des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes. Parmi les ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté, les familles monoparentales sont majoritaires. La destruction du droit du travail, organisé méthodiquement par la droite ces dernières années, a eu pour conséquence pour les femmes de voir augmenter à la fois leurs charges familiales, leur temps de travail global et les cas de pauvreté. Contre cette généralisation de la pauvreté que dit Mme Le Pen ? Elle ne dit rien des inégalités salariales entre les hommes et les femmes ! Quand on l’interroge sur l’augmentation du SMIC, elle propose de « faire prendre en charge par l’Etat 200 € de cotisations salariales sur tous les salaires jusqu’à 1,4 fois le Smic » expliquant que cela entrainerait une hausse de 200 € nets des salaires. Comme toujours avec le FN, il ne s’agit pas de partager les richesses entre capital et travail mais de baisser le coût du travail. Dans le magazine Causette, Mme Arnautu, vice-présidente du FN en charge des affaires sociales confirmait qu’il ne s’agit surtout pas de toucher aux inégalités : « Qu’est-ce que vous voulez ? Qu’on égalise les salaires alors que tant de gens sont au chômage ? » En cela le FN est bien le chien de garde du capitalisme !

Culpabiliser celles qui travaillent

Loin d’être le parti de l’anti-système, le FN n’a aucune intention de lutter contre celui de la précarité féminine. Au contraire, il prend appui sur les politiques libérales qui ont généralisé la précarisation et la paupérisation des femmes pour mieux vendre son projet de salaire maternel, de retour au foyer... Ainsi de la création d’un revenu parental, qui permettrait « de choisir librement entre l’exercice d’une activité professionnelle et l’éducation de leurs enfants ». Liberté de choisir mâtinée de culpabilité lorsque le FN prétend que l’augmentation de la délinquance serait liée à l’absence des mères trop occupées par leur travail ! Comme s’il s’agissait d’une alternative ou comme si les personnes qui travaillent ne s’occupaient pas de leurs enfants.

La retraite pour les mères

Concernant les retraites des femmes, Mme Le Pen propose d’abaisser l’âge de la retraite pour les mères ayant élevé au moins trois enfants ou ayant élevé un enfant handicapé. Rien pour la masse des femmes parce que celles qui travaillent seraient coupables de sacrifier leur famille. Absurde et archaïque ! Evidemment père et fille sont pour des retraites par capitalisation. En fait Mme Le Pen fait l’impasse totale sur le montant des retraites, pourtant seule proposition qui garantirait le droit de vivre dignement après 60 ans.

L’idéal de vie des femmes c’est d’être maîtresse de leur propre vie. Mme Le Pen leur propose tout autre chose. Travailler à démanteler la propagande du FN en direction des femmes, c’est décrypter les postures de tous ceux qui proposent les mêmes remèdes libéraux. Mme Le Pen promeut le même programme en l’aggravant, avec en ce qui concerne les femmes la bonne vieille instrumentalisation d’une culpabilité que certains voudraient éternelle.

Delphine Beauvois et Pascale Le Néouannic

(1) Publié aux éditions Bruno Leprince - 5 euros


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