Quel projet pour la gauche ? 2) Texte d’orientation voté au congrès du parti communiste

dimanche 9 avril 2006.
 

La visée communiste

I. L’actualité du communisme

Partout se lèvent des femmes et des hommes qui refusent les injustices et s’opposent à ce monde dominé par l’argent et la marchandisation de toutes les ressources, connaissances et activités humaines ; par la concurrence acharnée entre les peuples, les territoires et les individus ; par la guerre et l’écrasement des peuples jusqu’au génocide ; par les violences faites aux femmes ; par l’exploitation des enfants ; par la mise en coupe réglée de la planète, de ses ressources naturelles comme de sa bio diversité à un point tel que désormais notre avenir commun est en cause.

Partout se lèvent des femmes et des hommes qui aspirent à un autre monde, d’égalité, de justice, de liberté, de fraternité, de partage, de paix, de respect de la nature et des êtres humains ; expriment l’ambition de le construire eux-mêmes. Ce sont ces valeurs et aspirations que nous mettons au cœur du communisme. Pourtant il y a 17 ans la chute du mur de Berlin sonnait le glas d’une conception du communisme antidémocratique et incapable de répondre positivement aux aspirations des individus et des peuples. Ceux qui ont proclamé à ce moment-là la fin de l’Histoire et le triomphe définitif du capitalisme mondialisé se heurtent aujourd’hui aux aspirations de ces femmes et de ces hommes :

-  En premier lieu à leur désir d’épanouissement, dans une société libérée de toute discrimination et de toute aliénation.

-  A leur désir de maîtriser et de partager les richesses, les savoirs, les informations et les cultures sous toutes ces formes.

-  A leur désir de vivre dans des territoires et des habitats de qualité, de bénéficier d’un air non pollué et d’une alimentation saine.

-  A leur désir d’accéder à un travail porteur de sens leur donnant statut et utilité sociale ainsi que les moyens de vivre dignement.

-  A leur désir de participer aux décisions et aux pouvoirs qui engagent leur avenir localement et globalement.

-  A leur désir enfin de vivre en paix, dans l’égalité et le partage, la tolérance et la solidarité, la paix et le respect mutuel entre les peuples et les êtres humains. Ces aspirations, ces besoins, ces combats sont au cœur de la lutte de classe qui revêt aujourd’hui des formes multiples. Ils constituent une force considérable porteuse d’espoir, de justice, de liberté et d’égalité. Ils se heurtent à un système, le capitalisme dans sa phase mondialisée qui en interdit la réalisation du fait de sa logique d’exploitation, de domination et de la marchandisation productrices d’inégalités et d’exclusions. Ce système en crise profonde ne peut dépasser les contradictions qu’il engendre et se révèle incapable de répondre au défi posé à l’humanité.

Le projet communiste sur lequel nous travaillons ne correspond à aucune des expériences qui se sont réclamées du communisme ou s’en réclament aujourd’hui. Nous ne voulons pas faire le bonheur des peuples et des individus à leur place. Nous avons l’ambition de contribuer à leur mise en mouvement pour qu’ils agissent eux-mêmes pour cet autre futur, à l’aune de leurs désirs, de leurs besoins et de leurs aspirations.

Le projet communiste ne se présente plus comme un modèle préfabriqué qui proclamerait lui aussi une quelconque fin de l’Histoire. Il est un outil pour dépasser le capitalisme jusqu’à sa disparition, pour combattre et se libérer de toutes les formes d’exploitations, de dominations, de discriminations et d’aliénations. Il donne sens à la transformation sociale.

Son ambition est de contribuer dans les conditions d’aujourd’hui à construire un monde qui déclinerait des valeurs et conceptions fortes, universelles permettant des avancées de civilisation :

-  l’être humain comme moteur et finalité de l’économie, de la protection de la nature, la citoyenneté, les droits individuels et collectifs, la laïcité, l’égalité, la solidarité, la fraternité, la liberté et la coopération comme fondement et finalité du système politique, du local au global, le partage et l’appropriation sociale des biens, des services, des avoirs, des savoirs et des pouvoirs comme finalité de la production sociale, le co-développement soutenable et durable, social et solidaire, la libre circulation des femmes et des hommes et des idées, l’harmonisation par le haut des droits sociaux et culturels, la paix comme finalités de la mondialisation.

Le projet communiste est le projet de l’émancipation humaine. Il tire sa force des combats émancipateurs de notre temps et des avancées théoriques, notamment celles issues de la pensée de Marx. Il tire sa force de sa capacité à être disponible à ces hommes et à ces femmes, aux nombreuses forces et sensibilités qui, contestant l’ordre du capital, sont comme nous en quête d’alternatives.

Le capitalisme a constitué et continue à constituer une étape du développement de la société. Sous la pression des luttes sociales et de ses crises récurrentes, il a su et dû se renouveler. Il a pris à son compte les évolutions sociales mais génère des politiques insoutenables pour le plus grand nombre et dangereuses pour l’ensemble de l’humanité. Et cela pour le profit d’une minorité.

Ainsi, du lendemain de la seconde guerre mondiale aux années 70, son développement a dû concéder aux luttes populaires d’importantes avancées sociales et des formes d’intervention publique dont il s’emploie aujourd’hui à se débarrasser. Dans un contexte de confrontation mondiale, le rapport des forces social et politiques, les luttes de classes ont imposé des conquêtes sociales.

Les peuples colonisés ont mené avec succès des luttes de libération, tandis que le féminisme imposait de repenser le sens et donc les chemins de la libération humaine. Le progrès social s’est affirmé comme un facteur décisif du développement des capacités humaines avec de multiples répercussions sur l’efficacité du travail, dont le capital a aussi tiré partie pour son accumulation.

Le communisme en tant que représentation des intérêts du monde du travail, de la classe ouvrière et des milieux populaires, a signifié une certaine efficacité, assimilée aux résultats de ces conquêtes sociales. Si la social-démocratie a également été impliquée dans cette phase de progrès de la société, aux côtés des luttes ou poussée à l’être, souvent avec le concours essentiel des communistes, elle a le plus souvent développé un discours en contradiction avec ses pratiques qui se sont bornées à gérer la contradiction capital-travail en tentant de l’apaiser. Les atteintes aux droits de l’homme, l’absence de démocratie dans les pays de l’Est combinées à une difficulté grandissante à répondre aux défis du développement économique, social et culturel, ont permis aux forces capitalistes de se lancer dans une vaste guerre idéologique. Les trente dernières années ont amené à des profonds bouleversements à l’échelle planétaire. Le passage progressif à une globalisation du monde a permis au capitalisme d’asseoir son hégémonie. L’éclatement des rapports sociaux a modifié les repères de classe. Cela a alimenté des confusions et régressions idéologiques et culturelles : pour ne citer que le vote FN dans les couches populaires, la xénophobie, le communautarisme, la montée de l’intégrisme religieux, l’abstention électorale, le rejet de la politique.

L’effondrement du « socialisme réel » à l’Est et le déclin des partis communistes occidentaux, ont constitué une des causes de cette crise politique et idéologique : ils en ont été également une manifestation. Cela a eu pour conséquence de décupler l’action des forces réactionnaires pour briser tout espoir d’alternative, prêcher la résignation, transformer les aspirations individuelles en comportements et positionnements individualistes, exploiter la peur comme une véritable arme idéologique avec l’apologie libérale du risque et de la précarité conçue comme principe d’existence.

Cela a aussi conduit la social-démocratie à achever de se convaincre de ne plus retenir pour finalité qu’une régulation du capitalisme mondialisé, tout en participant, sous prétexte de modernisation, à la dérégulation. Le social-libéralisme est devenu la tendance dominante de la social-démocratie, mais cette évolution est en contradiction avec les aspirations de sa base sociale historique. Les couches moyennes sont saignées par le capitalisme en même temps que déconstruites par le développement des forces productives dans le cadre étroit du marché ; cela suscite questionnements et résistances à l’intérieur de ces forces et dans son électorat comme nous l’avons vu récemment lors du référendum en France, ou encore lors des élections allemandes.

Le capitalisme a su s’adapter aux contradictions qu’il engendre afin de sortir de ses crises périodiques. Cependant ce processus approfondit ses contradictions, en crée de nouvelles et débouche sur une crise inédite. Dans ce cadre de rapports sociaux capitalistes exacerbés, le développement des forces productives bouleversé par la révolution informationnelle qui permet tout à la fois une concurrence mondiale de tous les salariés et un partage comme jamais des activités informationnelles, l’émergence du savoir, la montée du rôle de l’individu dans le travail et toute la vie sociale, l’avenir de la planète et les enjeux écologiques ont conduit à des évolutions irrémédiables et contradictoires des sociétés. Le capitalisme est porteur d’une forte incitation à la productivité, à la mise au point de nouvelles technologies, à un renouvellement des structures de la société en causant des gâchis matériels, en usant les personnes au travail, en excluant de larges secteurs de la population. Sa logique fondamentale d’accumulation privée du capital et de rentabilité met l’humanité en grand danger ; développe le chômage et la précarité, la misère et la pauvreté. Elle renforce un égoïsme libéral, déstructure des liens sociaux, pousse au consumérisme. Elle exacerbe les risques de guerre et fait le lit du terrorisme. Sa logique aggrave la crise écologique et retarde la prise en compte des exigences de conservation d’une planète vivable au point que des dégâts irrémédiables se généralisent. Ses impératifs financiers vont jusqu’à rendre superflue une partie des êtres humains. Pour asseoir leur domination les forces capitalistes se sont données des moyens sans précédent à l’échelle de la planète, comme les institutions financières internationales, les instances de concertation politique comme le G8 ou les Forums de Davos, la suprématie sur les moyens de communication et d’information, la capacité d’intervenir militairement partout dans le monde. Pourtant elles n’arrivent pas à légitimer leur projet libéral de concurrence et d’insécurité généralisée générant une multiplicité de crises sociales et politiques. C’est le projet libéral qui se trouve contesté dans ses fondements même.

L’explosion de la dynamique des connaissances, la nécessité de leur appropriation critique, le partage planétaire des connaissances et des savoir-faire, l’élargissement du rôle de l’individu dans le travail et toute la vie sociale permettent d’envisager un mode de développement de la société basé sur l’épanouissement des individus et la démocratisation de toutes les sphères de la société. Une autre logique d’efficacité du travail et d’utilisation des techniques que celle résultant du capitalisme est possible. C’est donc faire preuve d’un véritable réalisme que d’œuvrer résolument pour la transformation sociale pour une autre civilisation. C’est pour cette raison que les communistes militent à partir de ce qui émerge de progressiste dans les contradictions de la société pour œuvrer à son émancipation. Ce combat est un combat d’aujourd’hui qui ne peut attendre un hypothétique grand soir ou se résoudre à une succession d’étapes programmées.

Dans ce combat, il y a des points d’appui, des acquis sociaux qui sont le plus souvent le fruit des luttes de classe et de notre action : Sécurité sociale, diminution du temps de travail, vote des femmes, congés payés, comités d’entreprise, la loi contre le racisme, services publics, un rôle historique dans la politisation populaire, une tradition à articuler critique radicale de l’ordre existant et capacité gestionnaire alternative. Ces éléments nous voulons les préserver, les renforcer, les affirmer comme fondements d’une autre organisation sociale. L’enjeu du dépassement du capitalisme et de toutes les formes de dominations monte à l’intérieur de tous les défis de la société actuelle. C’est bien à partir de la société capitaliste telle qu’elle est aujourd’hui qu’est posé le besoin de communisme.

II. Une visée et indissociablement le chemin qui y conduit

Le communisme est donc plus actuel que jamais. La nécessité d’une humanité libérée de toutes formes d’exploitation, de domination, de discrimination, d’aliénation et la possibilité d’y parvenir se posent avec plus de force que jamais.

Le communisme est en rupture fondamentale avec la logique capitaliste. Il appelle à une transformation radicale de la société. Il est le partage et la maîtrise sociale des richesses, des savoirs et des pouvoirs. Le communisme ne se substituera pas d’un bloc à la société actuelle. Le communisme est indissociablement une visée et le chemin qui y conduit :

- C’est pour cette raison que le communisme a été et est un moteur de conquêtes sociales dans le combat contre l’exploitation, une intervention politique sur le contenu du travail, sa finalité, son organisation et sa nécessaire transformation. Il s’agit de substituer à la domination du capital sur le travail des rapports sociaux libérés de la logique d’exploitation caractérisant le capitalisme.

- C’est pour cette raison que le communisme est aussi un féminisme. Il ne renvoie pas la libération des femmes à demain ; il se propose d’éradiquer tout ce qui relève de la domination masculine dans la société et de construire l’égalité de genre. Il lutte contre toutes les violences sexistes. Il défend les acquis des femmes à la contraception, à disposer librement de leur corps, à sa maîtrise non marchande. Il revendique l’égalité sur toutes les questions d’emploi et de formation. Il fait de la parité effective une condition de la démocratie.

- C’est pour cette raison que le communisme est encore une écologie. La défense de l’environnement est partie intégrante de notre combat. L’ensemble de nos propositions et de nos actions est marqué par le souci de léguer aux générations futures une planète où l’on puisse vivre et respirer.

- C’est pour cette raison que le communisme est toujours un antiracisme et un combat perpétuel contre toutes les formes de discriminations, quelles soient fondées sur l’origine sociale, le sexe, la maladie ou le handicap, la couleur de la peau, les opinions, les choix philosophiques, religieux ou l’orientation sexuelle.

- C’est pour cette raison que la laïcité est au cœur du combat communiste. Le communisme appelle une civilisation du partage, de l’altérité et de la rencontre qui fait des différences de convictions et d’identité une source nouvelle de richesse pour tous et du vivre ensemble.

- C’est pour cette raison enfin que le communisme est un pacifisme. La promotion d’une culture de paix fait partie de la construction pas à pas d’un monde nouveau de liberté, de justice et de paix.

C’est l’humanité dans son ensemble qui est aujourd’hui menacée, c’est donc l’humanité dans son entier qui est au cœur de notre stratégie révolutionnaire. En ce sens la lutte des classes et la domination de l’argent ont pris une dimension planétaire et universelle. Le communisme comme visée et comme stratégie fait du monde et de l’humanité son horizon. Il proclame qu’un autre monde est possible. Alors que la victoire populaire du NON au référendum du 29 mai a ouvert en France et dans toute l’Europe un champ accru pour la construction d’une politique de rupture avec les politiques libérales, la bataille s’aiguise avec la droite, le MEDEF et les forces réactionnaires qui veulent coûte que coûte imposer leur hégémonie et conception d’un monde unipolaire. L’ampleur des dégâts, la profondeur de la crise, les remodelages qu’appelle le capitalisme financier sont tels que l’espace pour des politiques sociales-libérales de compromis ou de réparation se réduit. La construction de l’alternative politique s’impose comme la question clé de la période et ne peut se limiter à des politiques d’adaptation.

Si les communistes croisent en France, en Europe et dans le monde d’autres forces de progrès, ils ont en propre une vision d’ensemble qu’ils rattachent à leur critique radicale du capitalisme - donc de l’exploitation - et à la nécessité d’en engager dès maintenant le dépassement. Toutes les dominations, discriminations, aliénations ne se réduisent pas au capitalisme et son abolition n’a pas dans les pays se réclamant du socialisme conduit à leur disparition. Par ailleurs le capitalisme s’en nourrit et les utilise à son avantage pour exacerber la concurrence entre les personnes. Ainsi le patriarcat a précédé le capitalisme et lui a donné un de ses fondements les plus puissants. Les communistes ont depuis plusieurs congrès renouvelé leur conception du dépassement du capitalisme. Leur objectif demeure le même : une société sans classe libérée de toutes les dominations. Le dépassement c’est une révolution qui réussit. Il veut dire prendre ce qu’il y a de plus libérateur dans le développement de la civilisation, de plus socialement efficace dans la société pour se libérer de toutes les formes de domination et d’exploitation, par des conquêtes sociales, des sauts institutionnels et des ruptures. Il a pour objet de permettre aux hommes et aux femmes de notre planète de combiner leurs aspirations individuelles de développement aux aspirations collectives, à travers une efficacité sociale concertée et libérée de l’omnipotence de l’argent. Cela nous conduit à repenser notre internationalisme comme dimension fondamentale de notre projet politique. Un internationalisme ouvert à tout ce qui conteste la domination capitaliste pour modifier les rapports de force et ouvrir une perspective de changement réel.

Le dépassement du capitalisme implique donc un processus de transformation car sa logique même va à l’encontre des besoins et des aspirations humaines. Il s’agit de réaliser une véritable appropriation sociale des conditions du développement humain, à travers l’autogestion par les travailleurs, les salariés et l’auto-administration par les citoyens. Notre vision du communisme rompt donc avec une conception étatiste du communisme. Cela nous conduit à vouloir la démocratisation de l’Etat, des entreprises, des institutions et une démocratie participative et d’intervention, un véritable contrôle par les citoyens jusqu’au dépérissement de l’Etat.

La démocratie est au cœur de notre démarche : les remises en cause du capitalisme seront le fruit d’un processus conscient et majoritaire dont les formes ne peuvent pas être définies à l’avance. Cela implique un mouvement des savoirs, des pouvoirs et des pratiques qui conduiront à des accélérations, des reculs, des seuils et des ruptures. Ce combat révolutionnaire pour s’extraire de logique d’exploitation et de dominations et permettre des avancées de civilisation s’engage dès maintenant à partir de rassemblements, de luttes, de mobilisations sociales et du suffrage universel pour des axes de propositions qui disputent au capitalisme et au libéralisme, réalisme, ambition et efficacité, donnant à voir les fondements d’une société post capitaliste. Pour ne citer que quelques exemples :

- A l’exigence d’un autre mode de développement dépassant les logiques marchandes et le productivisme, nous répondons par la garantie à chacun à l’égalité d’accès aux droits universels de la personne. Cette ambition fonde de nouveaux rapports sociaux entre individus, entre individus et collectifs. La socialisation par la formation, le travail, la culture, le sport, permet que l’épanouissement individuel de tous se valorise dans la mise en œuvre d’objectifs sociaux et collectifs. C’est pourquoi le PCF avance par exemple les propositions de sécurité emploi ou de formation pour tous, d’un service public du logement, la création d’une allocation d’autonomie pour la jeunesse...

- A l’exigence de nouveaux droits citoyens, nous répondons par la remise en question de l’exercice du pouvoir au sein de toutes les structures de la société. L’instauration du pouvoir citoyen comme salarié, assuré social, usager ou consommateur nécessite des nouvelles institutions et leur appropriation permettant la remise en cause de l’argent roi comme de l’Etat dominateur du peuple. C’est cela qui motive notre proposition de VIe République solidaire et démocratique...

- A l’exigence de reconnaissance de l’individu et du développement de l’individualité, nous répondons par la découverte, le partage, l’altérité. Cela nous amène à concevoir de nouveaux espaces collectifs, de créations, de rencontres et d’épanouissement des individus...

- A l’exigence d’appropriation sociale, nous répondons par la remise en cause de la propriété privée des grands moyens de production, d’échange, de communication, de financement et des critères de gestion. Le communisme du XXe siècle considérait la propriété publique comme une condition indispensable à la transformation sociale, mais l’histoire a montré que cette abolition ne peut se traduire par une étatisation. Cela nous amène à travailler à des nouveaux droits et pouvoirs des salariés, à de nouvelles expériences en matière d’économie sociale et solidaire, à un nouveau statut de l’entreprise différent d’une société de capitaux, conduisant à un dépassement du salariat...

- A l’exigence d’une autre conception des biens communs de l’humanité, celle de coopérations durables et solidaires à l’échelle planétaire, nous répondons par le partage et la gratuité, par une conception de la croissance qui ne traite pas les conditions du travail et les exigences écologiques comme des questions subordonnées. La mise en cause du productivisme conduit les communistes à promouvoir un autre type de croissance et de développement. Notre visée veut orienter les activités productives, de service, selon des critères liés aux besoins humains, de prévention pour la santé, d’économie et de récupération des ressources naturelles, d’impact sur le milieu naturel. Cela nécessite aussi une orientation de la recherche et du développement des technologies pour de nouveaux modes de consommation et le respect du vivant. C’est cela qui a conduit, entre autres, à notre proposition de service public de l’eau accessible à tous...

- A l’exigence de maîtrise citoyenne du développement des sciences et technologies, nous répondons par une élévation et une généralisation de l’appropriation des connaissances, par le partage des savoirs, des cultures, des informations, par la mise en débat des finalités de la recherche et de la production, nous répondons encore par une maîtrise publique et un développement révolutionnant l’école et l’université, la culture et la recherche...

- A l’exigence d’un autre mode de rapport à l’individu et aux territoires, nous répondons par un renouvellement des notions de solidarité et d’internationalisme. La circulation des personnes, des avoirs des informations, l’échange des savoirs favorisent l’émergence de la conscience d’intérêts communs appelant la définition d’autres critères d’échanges et de coopération. C’est ce qui nous conduit par exemple à proposer une véritable citoyenneté de résidence ou une démocratisation des relations et institutions internationales passant, par exemple, par une réforme de l’ONU...

Il s’agit bien, à partir de ces axes de propositions, de construire des alternatives réelles au capitalisme, de s’attaquer en pratique à la loi de l’argent et d’ouvrir de nouvelles perspectives politiques à gauche. Ainsi on avancerait vers une civilisation de partage, « une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». III. Les implications de cette nouvelle conception révolutionnaire pour une plus grande efficacité révolutionnaire

Cette nouvelle conception de la révolution nécessite de poursuivre une analyse de fond sur l’expérience communiste du XXIe siècle. Des études d’histoire, d’économie, de sociologie, de philosophie ont été menées sur le sujet, elles doivent être développées mais le PCF se doit aussi de poursuivre cette réflexion politique engagée depuis de nombreux congrès. Ainsi nous avons mis en exergue la double filiation du PCF : produit d’une part du communisme français et d’autre part de la révolution russe de 1917. Le communisme français a existé comme courant avant même la naissance du PCF en 1920. Il a des racines profondes et anciennes : de la Révolution française, fille du siècle des lumières portée par la mobilisation populaire ; jusqu’à la Résistance au nazisme ; en passant par la Commune de Paris et le Front populaire, la Résistance française, et l’élan de la Libération avec le programme du CNR, les luttes anticoloniales et la solidarité internationale ; son histoire est intimement liée à la société française, ses avancées et spécificités. Nous entendons désormais faire vivre un communisme dans les conditions de notre époque. Un projet nous permettant de transformer notre société afin de l’affranchir des politiques libérales, du capitalisme et de toutes les formes de domination. Mais il est évident que le communisme demeure associé à cette première expérience d’anticapitalisme et que cela pèse négativement dans notre relation à la société et sur notre identité elle-même. Cela conduit aussi certains de ceux qui s’engagent dans des combats communs avec nous à refuser de se reconnaître dans l’idéal communiste. La poursuite de l’analyse critique de cette expérience est donc une condition d’efficacité politique.

Notre conception du processus révolutionnaire de dépassement du capitalisme met la démocratie et l’appropriation sociale de tous les pouvoirs au centre de notre démarche, non seulement dans ses finalités mais aussi dans ses moyens. Notre critique ne se limite pas au stalinisme et à ses héritages. Nous savons que la révolution d’octobre 1917 ne fut pas un coup d’Etat mais la conséquence du refus de la guerre mondiale, d’un vaste mouvement revendicatif et politique dans les villes et les campagnes et des peuples dominés. Elle fut une formidable espérance démocratique. Cependant elle a pu être confisquée, se retourner en son contraire jusqu’à rendre possible le stalinisme du fait des attaques des forces tsaristes et capitalistes, de l’arriération de la société, d’une conception du parti d’avant-garde et d’une vision devenue étatiste du développement paralysant l’intervention citoyenne, niant le caractère universel des droits de l’homme. Cela a empêché le renouvellement d’une pensée théorique capable de réponses communistes aux contradictions rencontrées dans les efforts de développement économique et social de ces pays. Cette conception - matrice de notre propre parti - était d’ailleurs le fruit d’une tradition partagée par le mouvement socialiste et syndicaliste de l’époque face à la crise du capitalisme. Il s’agit donc, devant les défis de notre époque et au regard des échecs du siècle passé, d’élaborer, au-delà du tronc commun des conceptions social-démocrates et bolcheviques formées dans les états nations du capitalisme de la révolution industrielle, une conception communiste du XXIe siècle dépassant le capitalisme mondialisé et financiarisé d’aujourd’hui.

Cela implique pour le PCF un communisme ouvert et rassembleur au service des femmes et des hommes qui luttent et résistent pour ensemble et dès aujourd’hui œuvrer à des réformes de structures concourant à des avancées de civilisation et à libérer l’humanité. De cette visée et de cette nouvelle conception de la révolution découle aussi un rapport différent aux autres. Cela a donc des implications stratégiques. Nous ne sommes donc pas les seuls propriétaires de la critique radicale de l’ordre existant et du communisme. Tous les jours, en France, en Europe et dans le monde nous rencontrons des femmes et des hommes qui combattent dans le même sens que nous. Il est donc impensable que nous leur proposions un simple ralliement à notre organisation comme condition du militantisme. Cela serait en contradiction avec leur propre expérience. Il reste que les communistes outre leur vision globale de la critique et du processus révolutionnaire ont en propre le souci du rassemblement majoritaire rompant avec la logique capitaliste, toutes les formes de domination et construisant une alternative.

La stratégie politique des communistes doit incarner aujourd’hui notre visée. Il s’agit de permettre une appropriation consciente par tous des conditions, des obstacles, des possibilités de la visée communiste. Il s’agit de permettre la mise en commun de toutes les forces (individus et organisations) qui le souhaitent pour construire aujourd’hui un autre futur, d’où notre démarche de rassemblement unitaire. Cela nous conduit aussi à travailler à de nouvelles convergences mondiales entre mouvement et forces politiques, dans une dynamique internationaliste porteuse des aspirations populaires. Nous avons à apprendre des autres. Cela passe par un travail permanent de rassemblement majoritaire sur un contenu aujourd’hui antilibéral mais nécessite aussi l’affirmation du projet communiste, c’est-à-dire d’une cohérence d’ensemble de notre visée, de notre stratégie, de l’organisation communiste du XXIe siècle, de nos propositions et de nos actes.

Il ne s‘agit pas d’une démarche abstraite, mais de commencer à construire tout de suite des points de repère, des représentations, une culture qui permette de concevoir que le capitalisme n’est pas notre horizon indépassable. Imaginer qu’il puisse y avoir d’autres logiques d’organisation de la société donne sens et justification à la fois aux combats quotidiens, à la question de la transformation sociale et renvoie au cœur du développement de la société la satisfaction des besoins de chacun et de chacune préservant l’avenir de notre planète.

Nous faisons un rêve. C’est celui d’une humanité libérée des jougs d’aujourd’hui, celui d’une société totalement tournée vers l’épanouissement de tous les êtres humains. C’est cet espoir qui nourrit notre combat communiste.


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