La Marseillaise, chant révolutionnaire

lundi 19 mars 2012.
 
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Marseille, patrie de la Marseillaise... On sait, mais il est utile de le rappeler, que ce chant de guerre pour l’armée du Rhin a été composé le 25 avril 1792 par un jeune officier d’artillerie, Rouget de Lisle, dans le contexte du péril de guerre qu’affrontait la Révolution française. C’est de Montpellier que le refrain est arrivé, chanté par le citoyen Mireur, un des fédérés qui rejoignait à Marseille la troupe de ceux qui montèrent à Paris pour défendre la Révolution. Ce qui les amena au 10 août 1792 à prendre les Tuileries et à mettre à bas la monarchie.

Le chant de marche entonné au banquet d’accueil par les jacobins a conquis les participants, à tel point qu’il est devenu, sans tarder, un couplet de ralliement durant les journées révolutionnaires mais aussi sur les champs de bataille. Il a été promu hymne national en novembre 1793… puis en 1895 après une longue éclipse. Tour à tour rejetée par les régimes autoritaires ou répressifs de l’empire à la monarchie restaurée, mais redécouverte à chaque épisode révolutionnaire, la Marseillaise a été reçue non seulement en France mais dans toute l’Europe et le monde.

Et, nous disent les bons apôtres  : comment cela se fait-il  ? Une musique d’amateur, et surtout un refrain sanguinaire, qu’est-ce que ce « sang impur qui abreuve nos sillons », ces « barbares qui vont égorger nos fils et nos campagnes » Tout cela dans une langue qui n’est plus la nôtre. Il faudrait au moins réécrire les paroles pour éviter de se faire siffler dans des stades par des jeunes qui n’y comprennent rien… Puis il y a l’autre façon de faire passer un mauvais coup, c’est de s’emparer de ce que le général Bugeaud, vieille canaille, appelait en 1839 « l’hymne de derrière les fagots », objet des captations chauvines ou militaristes du XIXesiècle.

Sans remonter au déluge, il y eut l’OPA Le Pen avant que le FN ne se reporte sur Nabuchodonosor, et à droite après Valéry Giscard d’Estaing en oratorio. Nous avons aujourd’hui la mainmise d’un Sarkozy attrape-tout dans sa boulimie annexant la Marseillaise comme le drapeau ou la cocarde dans la foire aux symboles au service de l’identité nationale et des « valeurs ».

Et nous  ? Au lendemain de la grande boucherie impérialiste de 1914, Aragon anathématisait la Marseillaise « dans les merdes des tranchées ». Mais à l’époque du danger fasciste nous l’avons réconcilié avec l’Internationale et elle a passé l’épreuve de la Résistance, ce qui n’était pas un compromis bourgeois. Gardons-la, non par une dévotion surannée, mais parce qu’elle reste intrépidement l’expression de la liberté sur les barricades, un chant révolutionnaire.

Michel Vovelle, dans L’Humanité

Sitographie :

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr...


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