Des centaines de milliers de manifestants en Syrie

dimanche 1er janvier 2012.
 

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi 30 décembre contre le régime syrien, à l’appel des manifestants pro-démocratie à "marcher vers les places de la Liberté". La présence des observateurs de la Ligue arabe dans certaines villes du pays n’a pas empêché les forces de sécurité de réprimer ces manifestations dans le sang, faisant au moins 20 morts parmi les civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les observateurs, chargés de surveiller la situation dans le cadre d’un plan de la Ligue arabe visant à mettre fin aux violences, se sont rendus à Idleb, Hama, Homs et à Deraa, selon l’OSDH. La télévision officielle a dit qu’un groupe était également allé à Douma, près de Damas. Dans cette ville, plus de 60 000 manifestants se sont dirigés vers la mairie, où des observateurs de la Ligue arabe étaient censés se trouver, toujours selon l’OSDH. Des heurts ont alors éclaté, les forces de sécurité faisant notamment usage de bombes à clous pour disperser la foule, selon l’organisation (basée en Grande-Bretagne), qui a fait état de 24 blessés.

LES FORCES DE SÉCURITÉ TIRENT À BALLES RÉELLES

À Deraa, berceau de la contestation, cinq civils ont péri lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu à balles réelles sur une manifestation, et à Hama, au moins cinq autres ont été tués et plus de 20 blessés, selon l’OSDH. Dans la province d’Idleb, plus de 250 000 manifestants se sont rassemblés dans des dizaines de villes, notamment Idleb, Maret Al-Noman, Khan Cheikhoune et Saraqeb, toujours selon l’OSDH. A Idleb même, deux manifestants ont été tués et 37 autres blessés par les forces de sécurité. Dans ces deux dernières villes, les chars de l’armée ont été retirés en prévision d’une visite des observateurs arabes, a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, président de l’OSDH. Toujours selon l’OSDH, des énormes manifestations ont eu lieu à Homs, bastion de la contestation, où les agents de sécurité ont ouvert le feu. Dans cette ville, les corps de cinq personnes arrêtées dans la nuit ont été retrouvés. Une sixième, blessée ce matin par les forces de sécurité, a succombé à ses blessures.

Dans la région de Homs, cinq membres des forces de sécurité ont été tués par des déserteurs à un barrage dans la région de Houla. Et deux civils et deux soldats dissidents ont été tués dans une embuscade tendue par les forces armées près de Tal Kalakh, à la frontière libanaise, a indiqué l’OSDH. Les forces de l’ordre ont également ouvert le feu sur des manifestants à Damas, arrêtant des protestataires au moment où ils quittaient les mosquées. A Alep, relativement peu touché jusqu’à présent par le soulèvement, des partisans du régime ont "réprimé violemment" une manifestation dans le quartier Salaheddine, selon la même source.

"SEULE LUMIÈRE DANS CETTE NUIT SOMBRE"

Depuis l’arrivée, lundi, des observateurs arabes, "130 civils, dont six enfants, ont été tués en Syrie", déplorent les comités de coordination locale. Leur mission est de plus en plus décriée, manquant de temps et de liberté de mouvement, pour la France ou les Etats-Unis. Vendredi, le porte-parole des Nations unies, Martin Nesirky, a dit espérer que "la Ligue arabe [...] prendra toutes les mesures possibles pour faire en sorte que la mission d’observateurs soit en état de remplir son mandat en accord avec les normes internationales des droits de l’homme". "Il est impératif que la mission d’observateurs dispose d’un accès sans restriction et d’une coopération entière du gouvernement syrien et que son indépendance et son impartialité soient entièrement préservées", a-t-il exhorté. Doutant de son efficacité, le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d’opposition, a demandé à l’ONU d’envoyer ses propres observateurs. Son dirigeant, Burhan Ghalioun, a rencontré jeudi au Caire le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a rapporté l’agence officielle égyptienne Mena. Ils ont discuté de la conférence nationale sur la Syrie que doit accueillir la Ligue arabe début janvier au Caire.

Tout en exprimant des doutes sur son efficacité, des opposants syriens ont jugé que la présence des experts arabes "assurait en quelque sorte une protection" aux manifestations réprimés dans le sang par les forces du régime. Le président de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a ainsi jugé que leur mission était toutefois "la seule lumière dans cette nuit sombre". "La présence des observateurs à Homs a brisé la barrière de la peur", a-t-il dit à l’AFP, tout en précisant ne pas vouloir "exprimer de jugement avant que les observateurs terminent leur mission". Le chef de l’Armée syrienne libre, composante de l’opposition armée, a donné l’ordre de cesser toutes les attaques contre les troupes régulières pendant la visite des observateurs de la Ligue arabe en Syrie. "J’ai donné l’ordre de cesser toutes les opérations à partir du jour où la commission est entrée en Syrie vendredi dernier. Toutes les opérations ont été stoppées à l’exception des cas d’auto-défense", a déclaré le lieutenant-colonel Riad Al Assad.

La Russie s’est dite satisfaite vendredi des débuts de la mission d’observation de la Ligue arabe en Syrie, son allié de longue date. Le ministère des affaires étrangères russe a précisé que les premiers rapports sur la situation étaient rassurants. Et s’appuie sur les déclarations du général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, qui s’est rendu à Homs, pour qui "la situation là-bas est rassurante et aucun conflit n’a été rapporté".


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