Le verdict des urnes est tombé. Le peuple a durement sanctionné la politique d’austérité menée par le gouvernement PSOE (équivalent du PS). Celui-ci tombe de 43,6% en 2008 à 28,65%,et perd 4,5 millions de voix. C’est le pire résultat jamais obtenu à ces élections par le PSOE depuis le retour à la démocratie en 1977. La preuve que quand un parti social-démocrate fait la politique de la droite le peuple se sent trahi et châtie.
Dans cette Espagne déçue du PSOE, l’abstention reste forte. Elle passe de 26,15% aux dernières élections générales (2008) à 28,26% aujourd’hui. Pourquoi aller voter, en effet, quand PSOE et PP (équivalent de l’UMP) réalisent exactement la même politique : celle que lui imposent la Commission et le Conseil européens.
Grand vainqueur avec 44,62%, le Parti Populaire (équivalent de l’UMP) remporte les élections générales et même la majorité absolue au Parlement (186 députés sur 350) et au Senat (133 sénateurs sur 208). Cette victoire n’est cependant pas une marée bleue : le PP faisait déjà 40,11% en 2008. Il gagne 550 000 voix entre les deux élections. Cette victoire du PP et les très larges moyens d’actions que lui donne la majorité absolue sont une mauvaise nouvelle pour le peuple espagnol. Son programme prévoit entre autres des « plans d’austérité dans toutes les administrations », « la flexibilité dans l’emploi », « une réforme intégrale du marché du travail », « une nouvelle loi organique de stabilité pour les comptes publics développant la récente réforme constitutionnelle (la règle d’or) ». Autant de formulations qui annoncent l’accomplissement des diktats européens et « provoquera très vite des manifestations dans la rue » comme l’annonçait hier sans vergogne la secrétaire générale du PP, Maria Dolores de Cospedal .
Une bonne nouvelle malgré tout, Izquierda Unida obtient 6,92% soit un peu plus qu’aux élections municipales de mai dernier (Ils y avaient obtenu 6,3%). Avec un programme électoral élaboré de façon participative (plus de 200 associations et organisations sociales et politiques et pas moins 500 assemblées rassemblant plus de 15000 citoyens ont participé à l’élaboration du programme) et axé sur des mesures fortes telles que la taxation identiques des revenus du capital et des revenus du travail, le salaire maximum (90000 euros/an), l’augmentation du salaire minimum, la hausse de l’impôt sur les sociétés, la baisse de la TVA, la création d’un pôle public bancaire ou encore la gratuité des transports publics , Izquierda Unida a su s’affirmer comme la troisième force politique du pays.
Le parti de Gauche félicite Izquierda Unida pour ses résultats et la future composition d’un groupe parlementaire de 11 députés. Le Parti de Gauche se tiendra aux cotés d’Izquierda Unida, du mouvement du 15 Mai et des forces sociales en général pour combattre les mesures d’austérité drastique que le PP va très vite imposer au peuple espagnol.
Malgré un système électoral qui privilégie les partis nationalistes régionaux face aux petites formations nationales, les écolos-communistes d’Izquierda Unida occuperont onze sièges contre deux auparavant, au Congrès, la puissante chambre basse du Parlement où elle va constituer un groupe parlementaire.
"Nous n’allons pas devenir une institution. Nous allons continuer dans la rue", assurait dimanche Cayo Lara, candidat d’IU à la présidence du gouvernement. Avec 700 000 voix en plus par rapport aux législatives de 2008, Izquierda Unida qui comptait deux députés jusqu’à présent, a ainsi réussi à se frayer un chemin et occupera onze sièges au Congrès. "Vous ne pouvez pas imaginer comme cela fait plaisir que la joie entre, de temps en temps, dans la maison des pauvres", a ajouté Coyo Lara. Une percée qui fait écho au mouvement des Indignados, né il y a six mois en Espagne et sonne comme un avertissement aux grands partis dont la crédibilité s’effrite sous l’effet de la crise.
Et ce en dépit d’un système électoral complexe, résultant de la forte décentralisation de l’Etat espagnol, qui privilégie les partis nationalistes régionaux face aux petites formations nationales. En nombre de voix, Izquierda Unida est la troisième formation espagnole, derrière les socialistes.
Sous l’effet des nouvelles mesures d’austérité qui se profilent, la mobilisation sociale pourrait gagner en ampleur, alors que le chômage reste à un niveau record (21,52%). "L’axe central du discours de campagne d’IU passait par une opposition frontale aux politiques du gouvernement et aux coupes budgétaires à venir", souligne le politologue Anton Losada. "La période qui s’ouvre va voir les syndicats et les partis politiques de gauche jouer un rôle très actif", ajoute-t-il.
"Après le 20 novembre, la lutte se poursuit dans la rue", annonçait, comme en écho, une grande affiche placardée dimanche soir sur la Puerta del Sol, la place au centre de Madrid qui a vu naître les "indignés" au printemps. "Nous pouvons nous attendre à un grand mouvement social", assure Manolo Nolla, 64 ans, l’une des têtes les plus visibles de la commission économique des "indignés" madrilènes.
Le conservateur Mariano Rajoy sera le prochain président du gouvernement espagnol. Le Parti populaire (PP), qu’il préside, a remporté les élections législatives qui avaient lieu dimanche 20 novembre, avec une majorité absolue de 186 sièges, sur les 350 que compte le Congrès des députés. C’est la majorité la plus importante qu’ait obtenu le PP depuis sa création, en 1989. Le PP arrive en tête dans 45 des 52 circonscriptions espagnoles.
Mariano Rajoy a lancé un appel à l’union des Espagnols dimanche soir. Il a indiqué vouloir être "le président de tous" pour "faire la guerre à la crise", il a appelé à un "effort de tous" car "il n’y aura pas de miracle". Le président du PP définira plus précisément, lundi 21 novembre, les principaux axes de son action. En application de la Constitution, la passation de pouvoir entre le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero et lui ne devrait pas intervenir avant la mi-décembre.
C’est avant tout l’ampleur de la défaite socialiste qui fait le triomphe de la droite. Car le PP a à peine progressé en nombre de voix et, en pourcentage (44,02 %), il fait moins bien qu’Aznar en 2000. En face, les socialistes au pouvoir se sont effondrés. Leur revers est historique. Avec 110 députés, ils perdent 59 sièges et 4,5 millions des 11,3 millions qui s’étaient portées sur leurs listes en 2008. Avec 28,35 % des voix (sur 99 % des bulletins dépouillés) le PSOE enregistre son plus faible résultat depuis son accession au pouvoir en 1982. Jamais depuis lors il n’avait obtenu moins de 34 % des voix aux élections législatives.
Alfredo Perez Rubalcaba concède la défaite, dimanche soir 20 novembre, au siège du Parti socialiste à Madrid.
Alfredo Perez Rubalcaba concède la défaite, dimanche soir 20 novembre, au siège du Parti socialiste à Madrid.REUTERS/SUSANA VERA
Le parti de José Luis Rodriguez Zapatero n’est plus en tête que dans deux provinces, celles de Barcelone et de Séville. Le PSOE perd donc ses deux principaux bastions et réservoirs de voix, l’Andalousie et la Catalogne. En Catalogne, pour la première fois, il est devancé par les nationalistes de Convergence et Union (CiU) et, en Andalousie, par le PP.
Les électeurs perdus par le PSOE se sont dispersés. Une partie d’entre eux se sont tournés vers les écolo-communistes d’Izquierda unida (IU, gauche unie), qui passent de 3,74 % à 6,85 %, soit environ 60 % d’électeurs en plus (et 11 sièges, contre 2 auparavant). D’autres ont pu se porter sur UpyD, un parti centriste fondé par une ancienne socialiste, Rosa Diez, qui obtient 4,65 % des suffrages et 5 sièges. Des centaines de milliers de voix se sont éparpillées sur de "petites" listes, qu’elles aient déjà été présentes en 2008 ou qu’elles soient nouvelles venues, comme celle du parti écologiste EQUO (212 000 voix). D’autres enfin ont pu s’abstenir (à 28,31 %, l’abstention a progressé d’un peu moins d’un point).
Au Pays basque, la gauche indépendantiste, qui n’avait pu présenter de candidats depuis 2003 faute de se démarquer de l’ETA, a pleinement tiré profit de l’abandon de la violence par l’organisation indépendantiste armée. Sous l’étiquette Amaiur, ses listes arrivent en tête en nombre de sièges (6 députés), même si elles restent devancées par le Parti nationaliste basque (PNV) en voix (24,12 % contre 27,42 %). Les socialistes, qui dirigent la région, ne sont qu’en troisième position (21,54 %).
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Alors que près de 98 % des bulletins ont été dépouillés, le Parti populaire de centre-droit dirigé par Mariano Rajoy remporte plus de 10.300.000 votes, soit 44,5 % des suffrages, obtenant ainsi 186 des 350 sièges de la chambre basse du Parlement. Il jouit ainsi d’une majorité absolue au Congrès des députés, ce qui le dispense de toute alliance avec d’autres partis.
Le Parti socialiste (PSOE), mené par Alfredo Perez Rubalcaba, est le grand perdant de cette élection. Avec 28,6 % des voix, il ne remporte que 110 sièges, bien en dessous des 43,9 % et 169 sièges obtenus aux élections de mars 2008.
Le PSOE paie le prix de la crise économique, qui a laissé 5 million d’Espagnols sans travail, alors que le pays lutte pour réduire le déficit public.
Suite à ce qui représente la plus grave défaite du PSOE depuis le rétablissement de la démocratie en Espagne en 1975, Rubalcaba va devoir remettre en question sa position de leader du Parti socialiste, et pourrait bien être amené à céder sa place à l’ancienne ministre de la Défense, Carne Chacon.
Cependant, la défaite écrasante du PSOE profite également à d’autres partis : la Gauche unie (IU) progresse par rapport à 2008 et obtient un peu moins de 7 % des votes, soit 11 députés au Congrès.
Quant à l’Union Progrès et Démocratie (UPyD), elle obtient également un meilleur score qu’aux élections de 2008, avec 5 députés au Congrès.
La coalition des partis nationalistes catalans Convergencia i Unio (CiU) s’impose comme la 3e force la plus représentée au Congrès, avec près d’un million de votes en Catalogne, soit 16 députés, alors que le parti nationaliste catalan de gauche Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) n’en obtient que 3.
L’arrêt des violences de la part des séparatistes basques de l’ETA a eu une influence déterminante sur les votes au Pays basque, permettant à la coalition nationaliste basque de gauche Amaiur de remporter 7 sièges au Congrès. C’est de fait la première fois que les mouvements indépendantistes basques de gauche sont en mesure de présenter un parti de coalition aux élections depuis 2000, ce qui s’est traduit par une hausse significative de la participation aux élections dans cette région, la seule d’Espagne où le taux de participation dépasse celui de 2008.
Le Parti nationaliste basque modéré (PNV), malgré sa déception d’avoir perdu des votes au profit d’Amaiur, n’en remporte pas moins 5 sièges.
Ailleurs, divers partis minoritaires remportent quelques sièges, comme le Bloc nationaliste de Galicie (BNG) avec 2 députés, le parti de coalition des îles Canaries (CC-NC-PNC) avec 2 députés également, et les partis FORO, Compromis-Q et GBAI, qui en obtiennent 1 chacun.
L’Espagne sera dirigée par un gouvernement provisoire jusqu’au 13 décembre, pendant que le Parlement se réunira sous la direction de M. Rajoy. Celui-ci prêtera son serment d’investiture à la fonction de Premier ministre le 20 ou le 21 décembre.
À moins d’une semaine des législatives anticipées, les sondages donnent une majorité absolue à la droite. « Boostée » par les luttes sociales, Iquierda unida gagnerait neuf députés.
Madrid, envoyée spéciale. Àmoins d’une semaine des élections anticipées du 20 novembre, les Indignés ont repris leur quartier sur la place de la Catalogne, à Barcelone. Le mouvement de contestation contre les pleins pouvoirs de la finance a manifesté hier dans le centre de la capitale, « pour un changement de modèle ». Les enseignants seront quant à eux en grève jeudi prochain. Depuis mai, la pression sociale et populaire ne faiblit pas, à quelques jours d’un scrutin qui paraît pourtant joué d’avance. Les derniers sondages confirment les tendances précédentes, à savoir la victoire écrasante des ultra conservateurs du Parti populaire (PP). Ou plus exactement la défaite historique du Parti socialiste (PSOE) qui enregistrerait son pire score depuis le retour de la démocratie.
Au congrès des députés, la formation du président du gouvernement José Luis Zapatero remporterait 112 sièges, contre 169 actuellement, selon une enquête Metroscopia pour El Pais. De son côté, le PP obtiendrait 194 députés (154 aujourd’hui), soit une majorité absolue plus importante encore que celle obtenue par José Maria Aznar en 2000. Au terme de cette campagne, le candidat socialiste, ex-numéro 2 du gouvernement, Alfredo Perez Rubalcaba, s’est avéré incapable de juguler le discrédit de sa formation.
Les électeurs semblent déterminer à lui faire payer son incapacité à contenir les conséquences de la crise économique : cinq millions de chômeurs ou encore la pauvreté galopante (21%)… Le rejet du PSOE est tel que ce dernier pourrait céder son leadership historique dans son bastion andalou. Dans un pays où le bipartisme joue à fond, grâce à une loi électorale injuste qui évince de fait les petites formations, la droite en tirerait tous les profits, son candidat, Mariano Rajoy, se bornant à surfer sur ce discrédit.
Fait notable cependant : pour la première fois, Izquierda unida ne souffrirait pas du vote utile. La formation communiste et écologiste sortirait même renforcée du scrutin en gagnant onze députés (deux actuellement). Le discours très social de son candidat, Cayo Lara, dont la campagne vise à transformer la colère de la rue en rapport de forces au Congrès pourrait permettre à ce parti de reconstituer son propre groupe législatif. Enfin, on regardera attentivement les résultats au Pays basque. Car, après l’annonce du cessez-le-feu définitif d’ETA, la gauche indépendantiste, Amaiur, serait en mesure de faire son entrée aux Cortes avec quatre députés, en obtenant un score aussi important que celui, jadis, de Batasuna, l’ex-bras politique de l’organisation séparatiste.
Cathy Ceïbe
Face à la droite et aux socialistes, la formation écolo-communiste se positionne comme la force alternative au néolibéralisme. Les sondages la donnent en nette progression.
Madrid, envoyée spéciale. Le décor est sobre, le mot d’ordre percute : « Rebelle-toi. C’est toi qui décides. » Voilà des semaines qu’Izquierda Unida (IU, communistes, écologistes) bataille dans tous ses meetings contre la fatalité d’une crise économique qui a plongé l’Espagne au bord de l’abîme. Pressé par les marchés financiers et Bruxelles, le pays est à la croisée des chemins. Le danger d’une mise sous tutelle, à l’image de la Grèce ou de l’Italie, n’est pas à écarter. Tout dépend de qui décidera du futur gouvernement issu des urnes le 20 novembre : « Le peuple ou la prime de risque ? » a fait mine d’interroger Cayo Lara, candidat d’IU à la présidence du gouvernement. « Les urnes sont vides et le pouvoir est aujourd’hui entre les mains des citoyens », a-t-il insisté. À l’inverse du fatalisme sur « de nécessaires coupes budgétaires » pour réduire le déficit, ce discours prend. En tout cas, les sondages prévoient une nette remontée à la formation. Avec 8,8% de voix contre 3,8% en 2008, IU gagnerait neuf députés (11 contre 2 actuellement).
Gines Fernandez Gonzalez, directeur du mensuel communiste Mundo Obrero, voit dans cette hausse une « adéquation entre le discours et la réalité » vécue par les millions d’Espagnols, à commencer par les 5 millions de chômeurs. « Nous ne sommes pas seulement critiques vis-à-vis des politiques néolibérales du Parti populaire (droite) et du Parti socialiste, poursuit-il. Nous avançons des propositions concrètes pour une issue sociale à la crise, notamment en matière de fiscalité. » Et d’ajouter : « Le message selon lequel ceux qui gagnent le plus doivent contribuer davantage a marqué des points », auprès d’une grande partie de la société mobilisée dans le mouvement des Indignés ou encore pour la défense des services publics de la santé et de l’éducation.
Cayo Lara ne se prive pas de rappeler que le « FMI, qu’on ne peut accuser de voter pour IU, estime que 40% du déficit espagnol est dû aux cadeaux fiscaux » octroyés par le PSOE et le PP aux grandes entreprises et fortunes nationales. Confiant, le coordinateur d’IU ne verse pas pour autant dans le triomphalisme. Et part bille en tête contre le prétendu « vote utile » socialiste, certain que le regain d’attention dont jouit sa formation est fragile. IU revient de loin, après des années de crises internes sur la stratégie à suivre.
La participation de 15 000 personnes pour élaborer un programme, ou encore le rassemblement électoral avec douze autres forces politiques sont des points marqués pour « construire, estime Gines Fernandez Gonzalez, une organisation, un projet alternatif de gauche ».
Cathy Ceïbe
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