Espagne : Du mouvement actuel de rébellion à une ALTERNATIVE SOCIALE et ANTICAPITALISTE

samedi 28 mai 2011.
 

Cher(e)s camarades :

Ces jours-ci, un mouvement de rébellion s’est développé, depuis les manifestations du 15 mai dernier il mobilise des milliers de personnes qui protestent contre la situation de crise dont nous souffrons et les sorties de crise que nous imposent le gouvernement et les institutions de l’UE en suivant les diktats du capital financier-spéculatif qui ne cherchent qu’à maintenir leur taux de profit sur le dos des travailleurs et des secteurs populaires.

La réalité de ce mouvement est plurielle et diverse. Bien que, par intérêt, les médias répercutent les positions minoritaires, les attitudes anti-partis et abstentionnistes, en soulignant le caractère anti-système de ce mouvement avec toute la charge péjorative que ces médias transmettent, l’essentiel est que ses propositions politiques, ses propositions pour sortir de la crise sont celles qu’avec le PCE-UJCE et IU nous réclamons depuis qu’elle a commencé. Ainsi, nous désignons les coupables (la banque et/ou les marchés), nous dénonçons ceux qui, avec leurs politiques, nous font payer la crise et nous privent de nos droits de citoyens et citoyennes (PSOE et PP), et nous exigeons un système électoral plus juste et un changement de système qui redonne de la dignité àla politique et qui soit garante des droits des citoyens.

En ce sens j’estime nécessaire d’avoir une certaine réflexion sur l’actuelle situation.

Le succès de la mobilisation du 15 mai a surpris d’abord ceux qui l’avaient convoquée, activistes sociaux et militants des diverses organisations, parmi lesquelles les nôtres (UJCE, IU, PCE).

Mais elle a surtout surpris les partis et porte-parole du système qui, au fur et à mesure que se consolident les concentrations et campements, deviennent de plus en plus nerveux. Il a aussi surpris quelques militants et militantes que n’arrivent pas à comprendre les aspects positifs de cette mobilisation et qui peuvent finir par la discréditer et la rejeter simplement, ce qui les place dans ce sectarisme qui nous isole du peuple.

Il doit être évident pour nous que lorsqu’une partie du peuple descend dans la rue pour montrer son opposition et protester contre les banques, les grands chefs d’entreprise et le bipartisme en tant que coupables de la crise sociale et économique, l’obligation de tout révolutionnaire est de l’écouter, de le respecter, de l’analyser et de lui apporter des réponses….

Mais dans ce cas, en plus de ce qui a été dit, nous, et particulièrement l’UJCE, sommes partie prenante du mouvement. Quand, depuis des mois, nous réclamons des mobilisations et quand celles-ci commencent à se produire, nous ne pouvons rester en dehors. Au contraire, nous devons assumer le fait que nous sommes en voie d’atteindre l’objectif en voyant se mobiliser la jeunesse, les femmes -doublement exploitées-, les chômeurs, les retraités, ceux qui ont perdu leurs logements, les éternels précaires, en définitive tous les secteurs sociaux qui payent une crise qu’ils n’ont pas provoquée, et qu’un mouvement qui fait face à la crise commence à prendre forme.

Il est vrai qu’il existe des contradictions : la décision de continuer la mobilisation avec des campements à la « Puerta del Sol » et autres lieux du pays pour donner une suite au mouvement s’est avérée être une bonne solution. La réponse, toute-puissante et myope, du gouvernement central et local de déloger la « Puerta del Sol », est la plus grande erreur qu’il pouvait commettre s’il souhaitait dissoudre le mouvement et le rendre anecdotique. La réponse citoyenne a déstabilisé la classe politique dirigeante qui ne sait plus comment agir (pour la première fois dans l’histoire de ce pays on pouvait voir les unités anti-émeutes expliquer « aimablement » à ceux qui entendaient se joindre au rassemblement de la « Puerta del Sol » que cette dernière était interdite).

Le mouvement est contradictoire car, comme je le disais, il est hétérogène et pluriel : ce qui a résisté depuis dimanche peut être l’amorce d’un mouvement de masses beaucoup plus vaste ou se transformer en référence minoritaire et testimoniale, les mobilisations convoquées pour samedi peuvent être le baromètre de ce que nous disons. En tout cas il paraît clair que moins on essayera d’encadrer fortement cette mobilisation, dans un sens ou dans un autre, plus il y aura de possibilités de consolider un mouvement de masses. Si, au contraire, les gens perçoivent qu’on veut les manipuler à des fins particulières (aussi légitimes qu’elles puissent être) ils se retireront sûrement. Écouter, respecter, analyser et donner des réponses à ceux qui débutent dans la lutte, c’est notre tâche en ce moment.

Pour nous, l’essentiel est d’impliquer dans la mobilisation le plus grand nombre de secteurs affectés par la crise et convertir la mobilisation de samedi en une démonstration de force de « ceux d’en bas », il faut faire descendre dans la rue des centaines de milliers de personnes et réfléchir ensuite pour voir comment ils s’orientent et ils se maintiennent sur la durée sans, et c’est fondamental, nous approprier ou manipuler le mouvement, nous en sommes juste une partie de plus, et rien d’autre.

Naturellement, nous verrons que de nombreux travailleurs et citoyens peuvent se reconnaître en nous, si nous sommes capables de gagner leur confiance, en leur démontrant concrètement que nous sommes différents, que nous n’appartenons pas à la « classe politique », mais que nous faisons partie de la classe ouvrière, et en tant que tels nous poursuivons les mêmes intérêts que ceux qui descendent dans la rue ces derniers jours, et nous sommes partie prenante de la mobilisation.

C’est pour cela que nous devons nous impliquer dans la consolidation de cette dynamique mobilisatrice, comme une lutte politique et sociale qui contribue à construire une alternative au système capitaliste coupable de cette crise.

A partir de ces réflexions, et avec sincérité, loyauté et esprit unitaire, je veux faire un appel aux militantes et militants du Parti, à ses sympathisants et amis pour qu’ils se joignent à la mobilisation et qu’ils contribuent à lui offrir des perspectives d’avenir.

Dans le même sens, nous devons discuter avec les camarades qui se méfient de la politique, non pour les combattre mais pour les convaincre, non pour nous affronter mais pour chercher une synthèse et construire ensemble le futur.

D’autre part, alors même que nous travaillons dans la mobilisation sociale, nous ne pouvons oublier le travail propre du Parti, et reconnaître la nécessité de réactiver une fois passées les élections municipales et autonomiques la campagne du PCE contre la crise et en défense de l’unité de la gauche en vue d’une ALTERNATIVE SOCIALE et ANTICAPITALISTE pour sortir de la crise, en partant de la certitude que nos propositions contiennent des éléments fondamentaux pour donner des réponses aux demandes que posent les milliers de citoyennes et citoyens qui poursuivent la mobilisation.

Source : www.pce.es

TRAD : FRANÇOISE BAGUE ET D.M.G.


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