Front de Gauche : Un renouveau industriel et technologique

vendredi 4 novembre 2011.
 

« Coûts trop élevés »…« désindustrialisation inévitable »…« économie de services », voilà trois formules qui s’enchaînent généralement dans le discours dominant. C’est le cas aujourd’hui même, concernant les fourneaux d’Arcelor-Mittal à Florange.

La demande étant en baisse à l’échelle mondiale, le groupe arrête les fourneaux lorrains qui lui coûtent soi disant trop chers, mettant en danger l’emploi de plusieurs milliers d’ouvriers et l’économie d’une région toute entière.

Pour l’oligarchie au pouvoir, adepte de la main invisible du marché, ce mouvement serait inévitable, puisque les coûts de la production dans les pays développés sont plus élevés qu’ailleurs. La France serait donc condamnée à une désindustrialisation de son économie, condamnée à voir toutes les industries fermées et les ouvriers et salariés mis au chômage.

En échange on nous propose une économie de services, comme seuls moteurs du développement économique.Cette façon de voir les choses est en fait guidée par deux logiques du capitalisme, nuisibles aussi bien au plan social qu’écologique : la division internationale du travail et la rentabilité financière.

La rentabilité financière d’abord. Les grands groupes ne veulent pas seulement faire des bénéfices pour la bonne santé économique de l’entreprise mais ils cherchent à faire des profits maximum pour verser des dividendes conséquents à leurs actionnaires. Pour atteindre ces objectifs, la production doit coûter toujours moins cher.

C’est pour cette raison que Mittal préfère fermer sa production lorraine et maintenir ses fourneaux actifs en Inde, les salaires indiens étant bien plus bas que les salaires français. Face à cette stratégie des entreprises, l’alternative qui nous est proposée par les néolibéraux est la suivante : accepter les fermetures d’usine en Europe et les délocalisations dans les pays de main d’œuvre à bas coûts, ou bien aligner les salaires français sur les salaires indiens, chinois ou des pays de l’Est de l’Europe. Cette logique promet une casse sociale, par le chômage des salariés dont les usines sont délocalisées ou par la baisse des salaires.La division internationale du travail ensuite.

L’organisation mondiale actuelle de l’économie, prise en charge par les multinationales en l’absence de volonté des Etats, cherche à tirer le profit maximal de la spécialisation des territoires, des pays, voire des continents pour un type de production, une activité économique particulière. Selon ce schéma, la Chine produit du textile, l’Allemagne des machines outils, l’Afrique fournit les matières premières, et la France les produits de luxe.

Ce système conduit premièrement les entreprises à implanter leur activité là où elle leur coûte le moins d’argent, créant de fait une concurrence entre les salariés et les territoires à l’échelle de la planète.

Deuxièmement, ce système conduit à transporter les biens produits en un seul endroit dans tous les pays où ils sont utilisés. La nocivité pour l’écosystème d’une telle organisation est immense.

Troisièmement, cette spécialisation des activités sur un seul territoire conduit à une homogénéisation de la production économique et donc in fine une homogénéisation des sociétés. En conséquence, cela appauvrit la richesse que constituent les différentes approches d’un besoin similaire, en fonction des caractéristiques des territoires et de l’Histoire.Cette organisation de la production a engendré plusieurs crises : la crise financière qui a conduit à la crise économique du fait de la folie des objectifs de rentabilité boursière, la crise sociale du fait de la pression à la baisse sur les salaires, la crise écologique du fait de la destruction de l’écosystème. Avec le Front de gauche, l’Etat mènera de nouveau une politique d’aménagement et de développement industriel du territoire, non pas pour mettre les régions ou les départements en concurrence, ni pour créer des pôles de compétitivité uniquement tournés vers l’international. Au contraire, le Front de gauche impulsera la croissance économique en encourageant la production des secteurs émergents et stratégiques pour la planification écologique comme le ferroutage, pour éviter la circulation des camions sur le territoire, ou encore la géothermie, pour développer des énergies qui puissent nous sortir de la dépendance au pétrole et au nucléaire.

Le Front de gauche est également partisan d’une relocalisation des activités économiques et privilégie les circuits courts. Une taxe kilométrique sera donc instaurée à l’entrée de l’Union Européenne, pour inciter les entreprises à produire sur place et à réduire les transports de marchandises, nuisibles pour l’écosystème.

Pour faire bifurquer le système économique vers une production durable, il sera nécessaire d’encourager la recherche. Sur le modèle du CNRS, un établissement public de recherche technologique et industrielle sera donc constitué. Il permettra aux chercheurs, aux ingénieurs et aux entreprises de mettre en commun leurs savoirs.

Le pays a besoin d’être indépendant pour assurer le développement d’une nouvelle trajectoire de production, au service de la planification écologique. C’est pourquoi il est essentiel de soutenir l’industrie, qui est la condition sine qua non de l’activité économique. Il est irrationnel et déraisonnable de vouloir faire produire ailleurs des matériaux qui lui sont nécessaires, comme l’acier fin aujourd’hui fabriqué à Florange.

Les entreprises devront répondre à des exigences sociales et environnementales. Les aides qui leur seront accordées seront conditionnées au respect de ces critères, qui pourraient être liés à la consommation énergétique ou à la mise en œuvre de formations de pointe pour les salariés par exemple. De même, les entreprises qui délocalisent et licencient devront rembourser toutes les aides publiques qu’elles ont perçues.Le pôle financier public, qui sera créé pour libérer les activités stratégiques pour le développement économique et la planification écologique des diktats de la finance, fournira un crédit bonifié aux entreprises qui investissent dans des activités durables, qui créent des emplois et qui s’engagent sur des programmes de formation et de recherche.

Enfin, l’Etat renforcera sa présence dans le capital d’entreprises stratégiques, pour leur sauvegarde et leur développement. En parallèle, il sera organisé un soutien au développement des PME-PMI, qui sont les plus créatrices d’emplois aujourd’hui, et pourtant souvent à la merci des décisions de grands groupes internationaux, qui leur sous-traitent une partie de plus en plus importante de leur activité.

Ces outils font partie de ceux qu’utilisera le Front de gauche face aux crises qui secouent la planète : investir massivement dans l’industrie et les technologies, pour à la fois relocaliser l’économie, lui faire atteindre les objectifs de la planification écologique et assurer les conditions de salaire dignes pour les salariés.

Claire Mazin


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message