Un inventaire des outils pour analyser les organisations existantes et construire des organisations nouvelles émergeant de l’intelligence collective. (Suite et fin)
Troisième partie.
Rappel :
Pour accéder à la première partie : http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
Pour accéder à la seconde partie : http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
8 –Apports du connexionnisme et de la psychologie sociale.
On peut alors se référer à une modélisation connexionniste telle qu’elle est utilisée dans les neuro-sciences " Le principe de base du connexionnisme est que les phénomènes mentaux peuvent être décrits à l’aide de réseaux d’unités simples interconnectées. La forme des connexions et des unités peut varier selon les modèles.
Par exemple, les unités d’un réseau peuvent représenter des neurones et les connexions peuvent représenter des synapses.
Un autre type de modèle pourrait faire que chaque unité du réseau soit un mot et que chaque connexion soit un indicateur de la similarité sémantique".
Le connexionnisme modélise les phénomènes mentaux ou comportementaux comme des processus émergents de réseaux d’unités simples interconnectées. Le plus souvent les connexionnistes modélisent ces phénomènes à l’aide de réseaux de neurones.
Pour plus de détails voir wikipédia : Connexionnisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Connex... et Réseaux de neurones : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A...
Chaque nœud du réseau peut être actif ou non, les connexions plus ou moins actives. Le réseau peut apprendre et "se souvenir" en modifiant le poids des connexions entre ses noeuds. La force des connexions (ou poids) est généralement représentée comme une matrice à n dimensions. Cette manière de voir a révolutionné la psychologie cognitive depuis les années 1980. L’approche connexionniste de la cognition ne sera pas développée ici. On peut se reporter à Connexionnisme et cognition Revue de Synthèse, série générale CXI, nº 1-2, janv.-juin 1990, p. 95-127. http://lumiere.ens.fr/ andler/pdf/A...
Dans une étude intitulée : connexionnisme et théorie des organisations, Christophe Assens montre que le connexionnisme constitue une approche plus adaptée pour étudier les organisations complexes que le structuralisme et le constructivisme.
"Le connexionnisme nous offre en effet un cadre théorique, à l’intérieur duquel on dispose de repères épistémologiques et méthodologiques propres à guider nos recherches en théorie des organisations. ( http://assens.perso.neuf.fr/connexi... )
Le texte de Deleuze ne prend pas en compte cette révolution.
Indiquons que la modélisation des résolutions de problèmes avec apprentissage utilise en informatique les réseaux de neurones formels, eux-mêmes étant une modélisation du fonctionnement neuronal naturel.
Nous avons décrit surtout dans cette contribution les relations de pouvoir et la coopération entre agents, mais les outils conceptuels cités permettent aussi de modéliser la mise en commun de réflexions individuelles, de collectifs, de personnes morales (associations, syndicats...) en considérant, comme ci-dessus, des graphes dont les nœuds sont des corpus de pensée collective ou individuelle (notamment des individus qui ont une expertise dans un domaine).
Dans le paragraphe 7 précédent, il a été plusieurs fois question, dans le travail coopératif des agents, de la notion de système de représentation des agents.
La théorie des représentations sociales, en psychologie sociale, permet d’approfondir cette question pour les acteurs humains. On complète ainsi la modélisation du travail coopératif vue précédemment. Nous ne développons pas ici cette théorie qui fait l’objet d’ouvrages spécialisés. On se contente d’une simple introduction.
"On peut avancer trois définitions qui sont en quelque sorte hiérarchisées selon leur rigueur : l’une descriptive, l’autre conceptuelle et la dernière opérationnelle.
a) D’une manière générale, non technique, une représentation sociale est une façon de voir un aspect du monde, qui se traduit dans le jugement et dans l’action. Quelle que soit la méthodologie d’étude utilisée, cette « façon de voir » (et ceci vaut également pour les deux définitions qui suivent) ne peut être suffisamment appréhendée chez un individu singulier ;elle renvoie à un fait social.
b) On peut dire aussi qu’une représentation sociale est un ensemble de connaissances, d’attitudes et de croyances concernant un « objet » donné. Elle comprend en effet des savoirs, des prises de position, des applications de valeurs, des prescriptions normatives, etc. L’énumération de cette « complexité », au moins apparente, explique pour une bonne part les confusions possibles.
c) Une représentation sociale, enfin, peut être caractérisée comme un ensemble d’éléments cognitifs liés par des relations, ces éléments et ces relations se trouvant attestés au sein d’un groupe déterminé. Cette définition présente l’avantage de ne pas être centrée sur les contenus ou sur la sémantique des fonctions…"
Anatomie des idées ordinaires- Comment étudier les représentations sociales, p. 13 ,C. Flament et M-L. Rouquette ; Ed. Armand Colin).
Les représentations sociales constituent le troisième étage de la pensée sociale qui en contient quatre : en allant du moins stable au plus stable on distingue les opinions, les attitudes, les représentations sociales, le niveau idéologique (croyances, valeurs, normes, thêmata)
Selon Abric (1984, 1989), la représentation sociale se structure en éléments organisateurs, stables et non négociables (formant le noyau de la représentation) autour duquel des éléments périphériques instables et négociables exercent le rôle de tampon à la réalité.
"Le système central assure trois fonctions essentielles c’est-à-dire c’est lui qui détermine :
la signification de la représentation (fonction génératrice) ;
son organisation interne (fonction organisatrice) ;
sa stabilité (fonction stabilisatrice)." (idem, p. 22)
Un noyau central relatif à un objet contient un nombre limité de représentations (6 au maximum, souvent 2).
Pour illustrer cette notion, on peut prendre, comme font les auteurs de l’ouvrage possèdent, deux exemples.
La représentation centrale du Travail qui permet son identification contient deux représentations : celle d’une activité est celle d’une rémunération.
La représentation centrale du Groupe idéal contient deux représentations : celle de relations amicales et celle de relations égalitaires. En revanche la communauté d’opinions n’est pas considérée (suite des enquêtes statistiques) comme un élément du noyau central..
La stabilité et la résistance au changement du noyau central résultent du fait que ce sont des représentations socialement construites dans la durée, qui conditionnent des modes de vie individuels ou collectifs et jouent un rôle essentiel dans la définition de l’identité d’un individu ou d’un groupe. Par exemple "l’allégement des charges sociales" constitue pour le Medef une représentation centrale dans l’identification d’une "mesure économique positive". Cette représentation, même si elle est démentie par les faits, reste stable depuis plus de 150 ans les organisations patronales.
Il est donc évident que qu’une bonne connaissance de la théorie des représentations sociales peut constituer une arme dans la pratique politique.
"L’’individu subit des contraintes des représentations dominantes dans la société, et c’est dans leur cadre qu’il pense ou exprime ses sentiments. Et ces représentations diffèrent selon la société dans laquelle elles prennent naissance et sont façonnées. Pourtant, chaque type de mentalité est distinct et correspond à un type de société, aux institutions et aux pratiques qui lui sont propres. (Les représentations sociales, ouvrage collectif, sous la direction de Denise Jodelet. Ed.PUF ;p. 84).
On peut se reporter à un exposé introductif concis et précis sur la notion de représentation sociale à : http://www.psychologie-sociale.com/...
La coopération entre les humains nécessite des ajustements entre les systèmes de représentation des individus et des groupes. La notion de représentation sociale est le maillon qui relie l’individu au collectif et le collectif à l’individu. Elle joue évidemment un rôle dans la mise en action de l’intelligence collective.
9 - L’intelligence collective
La notion d’intelligence collective est issue en partie de l’étude des systèmes biologiques notamment des insectes sociaux (Bonabeau et al., 2001) et pour une autre part des automates ou robots cellulaires (Wolfram, 1986), ce domaine tend à concevoir des systèmes informatiques ou robotiques dont « l’intelligence » réside dans le collectif plutôt que dans l’individu. (Beni, 2004)
L’intelligence collective désigne les capacités cognitives d’une communauté résultant des interactions multiples entre ses membres (ou agents).
Les éléments portés à la connaissance des membres de la communauté font qu’ils ne possèdent qu’une perception partielle de l’environnement et n’ont pas conscience de la totalité des éléments qui influencent le groupe.
Des agents au comportement très simple peuvent ainsi accomplir des tâches apparemment très complexes grâce à un mécanisme fondamental appelé synergie.
Sous certaines conditions particulières, la synergie créée par la collaboration fait émerger des facultés de représentation de création et d’apprentissage supérieures à celles des individus isolés.
Conditions d’existence du collectif
il ne peut exister de collectif sans partage de représentations (états mentaux/sociaux).
il ne peut exister de collectif sans partage de supports de ces représentations (objets, langage, signes, technologies, etc.)
Etudier un collectif ou un phénomène (émergence, stabilité, éclatement, croissance, etc.) dans la perspective de l’intelligence collective serait alors de l’analyser dans les trois dimensions
(i) représentations,
(ii) liens sociaux,
(iii) supports techniques
et de comprendre les relations entre ces trois dimensions.
La perspective de l’intelligence collective se révélera fructueuse s’il est possible d’établir des relations stables (sur plusieurs systèmes) entre les comportements observables des collectifs et leurs caractéristiques sur ces trois dimensions, au-delà des éléments les plus triviaux http://ic.fing.org/texts/cognition-...
Deux mots d’abord sur la cognition.Cognition : ensemble des processus mentaux mis en oeuvre chez les humains, les animaux et les systèmes artificiels pour vivre, agir et s’adapter à leur environnement
(angl. Distributed cognition).
Elle s’intéresse à la structure des connaissances (ou des représentations) et à leur transformation.
Il se démarque des modèles traditionnels issus des sciences cognitives en ce que l’objet d’étude ne se trouve plus uniquement dans la tête des sujets mais inclut les processus de coopération et de collaboration entre les sujets.
L’unité d’analyse, comme chez Smith (1994), est un système cognitif composé des individus et des artéfacts qu’ils utilisent.
La distribution de la cognition est souvent présentée comme impliquant deux versants :
– un versant écologique où des processus cognitifs se distribuent entre un agent (ou plusieurs agents) et des artefacts (ustensiles, équipements, textes, symboles, ordinateurs, etc.) ;
– un versant social où des processus cognitifs se distribuent entre plusieurs agents se coordonnant au sein du même site.
Les deux versants peuvent être conçus comme des procédés humains pour surmonter les limites des processus cognitifs individuels.
Ils sont aussi une manière de spécifier la cognition humaine comme une cognition adaptative qui a coévolué biologiquement et culturellement.
Cette conception de l’évolution de la cognition critique les deux réductions propres aux modèles classiques des sciences cognitives4 : la réduction de la cognition à un système interne (neural ou mental) ou sa restriction à une cognition individuelle.
C’est une distribution cognitive décloisonnée.
"En outre, il est classique de considérer la cognition distribuée comme la distribution sur les agents des savoirs et de la production de connaissances ; or, de manière duale, les agents sont aussi eux-mêmes distribués sur les différentes activités d’élaboration des savoirs. Plus précisément, si chaque CE, chaque thématique, est effectivement distribuée sur divers agents (voire décrite précisément par un sous-ensemble d’individus), dualement, chaque agent est aussi distribué sur divers thèmes, mobilisant ainsi différentes compétences cognitives dans plusieurs communautés.
L’on échappe ainsi à une conception unidirectionnelle de la spécialisation des agents, où la cognition distribuée s’entendrait comme un simple partitionnement des tâches cognitives sur des sous-groupes d’agents disjoints. Dans le cas général, ceci suppose en effet que les attributions des agents ne suivent pas simplement une partition mais qu’elles se prêtent davantage à une modélisation en treillis—ou “latticielle”—plutôt qu’en arbre, c’est-à-dire où appartenances multiples et chevauchements sont possibles (Freeman & White, 1993), parce que la taxonomie des concepts révèle elle-même une hiérarchie multiple.
Cette définition de communauté épistémique doit ainsi permettre une certaine flexibilité, au sens où chaque agent ou concept doit pouvoir appartenir simultanément à plusieurs communautés.
D’où la définition : une communauté épistémique est un ensemble d’agents et de concepts, tels que les agents partagent tous ensembles tous les concepts (ou bien, dualement, les concepts sont tous partagés par tous les agents), de manière maximale, c’est-à-dire qu’il n’est pas possible de trouver davantage d’agents qui partagent ces mêmes concepts, ou davantage de concepts qui soient partagés par ces mêmes agents."
Source : Réseaux épistémiques : formaliser la cognition distribuée Camille Roth_ http://epubs.surrey.ac.uk/1592/1/fu...
Pour définir correctement la coopération, il est nécessaire d’intégrer trois points de vue : coopération homme/système, coopération entre divers agents, coopération d’un point de vue du système global La mise en action de l’intelligence collective nécessite la coopération . Mais comment définir la coopération ?
Caractéristiques de la coopération :
• Implique la participation de plusieurs agents (humains ou non) pour la résolution d’un problème : point du vue système global,
• Ayant un objectif commun o Total : point de vue du système global, o Partiel : point de vue des agents,
• Possédant des moyens de communication : point de vue des agents et point de vue de la coopération homme/système,
• Possédant des capacités de décomposition du problème à résoudre en sous problèmes : point de vue du système global et des agents,
• Chaque agent ayant des compétences / connaissances pour la réalisation de tâches : point de vue des agents,
• Possédant une fonction de répartition et de contrôle de l’allocation de tâches à des agents (allocation de ressources) : point du vue du système global.
Afin de pouvoir assurer une bonne coopération entre chaque agent, une coordination et/ou collaboration s’imposent entre eux.
Mais quelle différence existe-t-il entre coopération, collaboration, coordination ?
En matière de coordination, l’analyse ne peut être faite que de deux points de vue : système global et agents. En effet, on parlera plus de communication homme/système que de coordination homme/système.
D’un point de vue des agents, Thomassen et Lorenzen (2001) voient la coordination comme une mise en cohérence des actions des agents qui entreprennent différentes activités, réduisant au minimum les coûts de division du travail.
D’un point de vue du système global, Rose et al (2002) définissent la coordination comme l’ensemble des règles et des procédures qui assurent le fonctionnement d’un groupe.
La coordination est nécessaire à la coopération.
En revanche si les membres d’un groupe n’arrivent pas à se coordonner, on parlera alors plus de collaboration que de coopération.
La coordination :
• Possède une fonction de répartition et de contrôle de l’allocation des tâches : point de vue du système global,
• Fait partie intégrante de la coopération au même titre que la communication.
Nous venons donc de voir que coordination et collaboration sont complémentaires pour une activité coopérative.
Source : 3.A Qu’est ce que la coopération ? Etat de l’art Thèse de doctorat (HDR) : Des Systèmes Interactifs d’Aide à la Décision Aux Systèmes Coopératifs d’Aide à la Décision :Contributions conceptuelles et fonctionnelles Pascale Zaraté Institut National Polytechnique de Toulouse (INPT) 2005
Il est possible d’appréhender le fonctionnement d’une organisation et d’envisager des stratégies de changement de celle-ci en utilisant la démarche systémique.
Au lieu de faire un résumé abstrait de la démarche systémique, on propose ici un lien qui permet d’accéder à une vidéo – conférence sur la mise en place de stratégies de changement organisationnel dans l’entreprise.
Un cours de management qui utilise la systémique. Cela donne aussi un exemple de la manière dont les DRH peuvent formaliser les relations dans l’entreprise considérée ici comme un système. http://www.sstemique.com/systemique...
Voici une bonne synthèse sur la systémique : http://www.afscet.asso.fr/SystemicA...
On y définit la triangulation systémique.
Remarquablement adaptée à la phase d’investigation d’un système complexe, la triangulation va observer celui-ci sous trois aspects différents mais complémentaires, chacun lié à un point de vue particulier de l’observateur.
•L’aspect fonctionnel est surtout sensible à la finalité ou aux finalités du système. On cherche spontanément à répondre aux questions : que fait le système dans son environnement ? A quoi sert-il ?
•L’aspect structural vise à décrire la structure du système, l’agencement de ses divers composants. On retrouve là la démarche analytique avec cependant une nuance de poids : l’accent est mis bien davantage sur les relations entre composants que sur les composants eux-mêmes, sur la structure que sur l’élément.
•’aspect historique (ou génétique ou dynamique) est lié à la nature évolutive du système, doté d’une mémoire et d’un projet, capable d’auto-organisation.
Seule,l’histoire du système permettra bien souvent de rendre compte de certains des aspects de son fonctionnement. Pour les systèmes sociaux, c’est même par elle qu’il convient de démarrer l’observation.
a) Les réseaux cognitifs.
Ce sont des réseaux constitués d’individus et de groupes ou communautés, associations... partageant leur savoir, construisant ensemble des projets, notamment des projets de... société, des programmes... de gouvernement. On dépasse donc, de loin, le simple champ de l’informatique !
Mais quelque soit la finalité de ce type de réseau, un travail de groupe reste un travail de groupe et un travail coopératif reste un travail coopératif ! De sorte qu’il est possible de prendre en compte l’expérience et l’expertise des acteurs qui ont, notamment avec l’outil Internet, compétence en ce domaine.
Les ressources essentielles sont ici les connaissances. Les acteurs peuvent être des utilisateurs ou des contributeurs. Certains nœuds du réseau peuvent détenir d’importantes ressources lorsqu’ils sont experts. Il peut alors exister des liens de dépendance entre experts et non experts.. L’ensemble des ressources du réseau forme une expertise collective et cette expertise est distribuée
"Une expertise collective fortement distribuée se présente comme une manière originale de combiner des formes d’interdépendance cognitive dans des types de réseaux à taille variable. Dans un réseau cognitif, par définition, les agents sont interdépendants en un sens banal : ils échangent des connaissances pour en acquérir de nouvelles." (communauté épistémique et réseau cognitif Bibio du libre).
On retrouve alors la question de la coordination coopérative : "Cette conception de la communauté pose alors le problème : comment passe-t-on d’une coopération locale au sein d’une équipe de partenaires à une coordination étendue au sein d’une communauté ?.... La morphologie des coordinations repose sur des dynamiques d’échanges non planifiés....La stabilisation d’une communauté épistémique suppose une forme d’articulation entre une activité de production de connaissances et une augmentation significative des coopérations."
Ce type de réseau existe dans les communautés open source. Depuis près de 20 ans, une certaine expertise s’est développer sur la manière de faire fonctionner un réseau où les nœuds sont des petites communautés ou des experts qui réfléchissent collectivement.
On peut indiquer ici quelques références relatives à cette question sur le web.
Les réseaux coopératifs : enjeux et problématiques. http://www.cedrea.net/Les-reseaux-c...
Michel Cornu qui a investi beaucoup de son temps de vie au travail coopératif en réseau. On peut trouver téléchargeable en ligne son document La coopération, nouvelles approches, (123p) et la teneur de son site montre combien est ouvert l’esprit de JM Cornu : http://www.cornu.eu.org/
Il est fondateur de la FING et le site Groupe Intelligence collective de la FING apporte des informations concrètes sur les problèmes de coordination, phénomènes de groupe dans le travail coopératif... http://ic.fing.org/texts/schema
Réseaux de discussion hétérogènes et pluralisme cognitif http://revista-redes.rediris.es/htm...
La pensée en réseau : nouveaux principes cognitifs pour un devenir post humain ? de Josset Raphaël
b) Les réseaux sociaux.
On se contente ici d’indiquer quelques ressources intéressantes sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux :les origines de l’analyse des réseaux sociaux http://eco.ens-lyon.fr/sociales/res...
Représentation graphique de la communication organisationnelle par les réseaux sociaux, exemple des échanges électroniques : http://www.strategie-aims.com/event...
Les réseaux sociaux chez Simmel : http://socio.ens-lyon.fr/agregation...
Analyse des réseaux sociaux : http://fr.wikipedia.org/wiki/Analys... Réseau social : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A...
10 – Quelques pistes d’application de l’étude précédente à La France Insoumise.
Avant d’envisager des améliorations des formes organisationnelles existantes ou d’en créer d’autres, il faut déjà faire un inventaire objectif de ce qui existe. D’un point de vue statique, en se référant aux statuts des composantes ou sous-groupes et à leurs manières de s’organiser pour déterminer la nature de ces éventuelles sous structures. (Voir 3.1).
D’un point de vue dynamique, on peut répertorier lors de la mise en action d’un travail collectif au sein du mouvement quelles sont les formes organisationnelles utilisées.
Cela permet aux acteurs une objectivation, une mise à distance de leurs pratiques organisationnelles et de prendre conscience d’éventuelles insuffisances. D’une manière plus fine, il est possible de définir le type de pouvoir qu’exerce un acteur ou un groupe d’acteurs sur d’autres. Le statut d’élu, par exemple, peut avoir une incidence. Ce type d’expertise peut être réalisé au sein de chaque sous-groupe, organisation membre ou associée de La France Insoumise.
A quel niveau se situent les inter–relations entre les sous-groupes ? National, régional, local ? Existe-t-il des connexions permanentes, épisodiques ? Quelles places sont faites à la verticalité et à l’horizontalité dans l’articulation entre les différentes instances locales et nationales ?
Existe-t-il une centralité organisationnelle ?
Il s’agit de mettre à plat le réseau communicationnel existant entre les acteurs de chaque groupe et entre les groupes eux-mêmes. Cela suppose notamment une approche topologique et axée sur la qualité de l’information circulant entre les acteurs.
L’outil Internet, notamment la qualité des sites, peut faire l’objet d’un bilan spécifique prenant en compte l’avis des utilisateurs.
A partir des bilans précédents et d’objectifs définis collectivement, chaque sous-groupe (que l’on pourrait, appeler module ) a la possibilité d’imaginer, en utilisant les outils vus ci-dessus, d’autres formes organisationnelles ou plus modestement de modifier ou compléter les formes existantes. La même réflexion pourrait s’exercer entre chaque module pour améliorer leur coopération et donc leur efficacité collective. Il est probable que cela nécessiterait une augmentation de la connectivité entre les acteurs
Les citoyens et groupes locaux de LFI ont-ils l’intention de travailler ensemble pour approfondir et mieux faire converger leurs analyses ?
La finalité est-elle simplement électorale : gagner le plus de sièges possibles au niveau local et national et se les répartir ? Reconstituer ainsi une bureaucratie politique ?
L’objectif commun est-il vraiment de prendre le pouvoir politique pour transformer profondément la société ? Nombreux citoyens se posent ce genre de questions du fait de la professionnalisation de la vie politique qui peut rapporter des gains financiers et avantages importants.
Si la finalité est effectivement la prise de pouvoir politique et économique, le mouvement doit s’appuyer sur 5 opérateurs stratégiques : avoir un programme et un projet de société alternatifs, avoir une audience importante et être compris du plus grand nombre, promouvoir des actions au niveau local et national pour défendre les intérêts de la population, placé au centre de son action la formation des militants et des citoyens, prendre toute disposition pour préserver l’unité du mouvement et du peuple.
Donc même si la bataille électorale joue un rôle important, La France Insoumise ne devrait pas se réduire à une machine à gagner des voix pour gagner des sièges.
Le problème qui se pose pour LFI est de mobiliser le maximum de citoyens mais cela nécessite des coordinations locales et nationales.
Organiser des assemblées locales de citoyens est facile à dire mais moins facile à faire si l’on veut impliquer, concrètement au niveau local, toutes les forces disponibles pour qu’une telle assemblée ne soit pas un fiasco et ne réunisse que des gens déjà convaincus
Les différentes approches précédentes de la notion de coopération indiquent que les acteurs politiques doivent faire preuve d’un certain nombre de qualités pour construire une œuvre commune.
La liste des qualités suivantes ne résulte pas de considérations morales ou subjectives mais de nombreuses années de recherche interdisciplinaire, Nous avons simplement transposé les résultats pour le bon fonctionnement du mouvement La France Insoumise.
– Ils doivent posséder une certaine compétence pour assurer les tâches de toutes sortes qu’ils se fixent ou que l’on leur confie et notamment pouvoir contribuer efficacement à la formation politique de leurs concitoyens.
– Ils doivent être conscients et lucides sur leur propre système de représentation du monde et notamment du monde économique et politique. En particulier, ils doivent connaître parfaitement le programme l’Avenir en commun et le projet de société qui le sous-tend.
Ils doivent avoir une bonne connaissance du système de représentation du monde des autres acteurs politiques notamment de ceux qui ne sont pas membres de leur mouvement. Cela nécessite aussi une connaissance des principales positions politiques des différents partis. Cela permet alors à chacun d’avoir des "accointances" avec son ou ses coéquipiers établies sur des bases claires.
– Chaque acteur doit faire preuve d’un esprit de collaboration et être ouvert sur les autres.
– Au niveau de la communication, il évite de bloquer ou de déformer les informations reçues, et inversement, il s’abstient d’émettre des informations ambiguës ou inexploitables.
– Les acteurs du mouvement doivent s’assurer que le langage qu’ils utilisent est bien compris des autres. Compte tenu de la diversité des cultures politiques, des mots comme "antilibéral" , "anticapitalisme", "exploitation", "sortir du traité de Lisbonne", par exemple, peuvent revêtir des sens différents selon les interlocuteurs. Ceci nécessite alors discussion pour ajuster les significations assignées à ces mots.
– Chaque acteur doit pouvoir réfléchir sur ses propres représentations, pouvoir les modifier en fonction des apports des uns et des autres et des modifications éventuelles de l’environnement.
– Chaque membre doit faire preuve d’initiative, identifier les actions non coopératives et prendra des dispositions pour les neutraliser. Il doit être réactif par rapport à la structure dans laquelle il opère, c’est-à-dire proposer la modification de certains liens structurels devenus inadaptés compte tenu de l’avancée d’une résolution de problèmes par exemple ou d’une modification de l’environnement.
- Chaque acteur doit pouvoir identifier les situations de concurrence ou de conflit explicites ou larvées qui peuvent survenir parfois de manière imprévisible. On pourrait encore se référer à l’étude ci-dessus pour trouver d’autres qualités de comportement.
J’insiste sur le fait suivant : ces "préceptes" ne sont pas des assertions morales de bonne conduite : je n’ai repris, en les adaptant quelque peu, que les modélisations utilisées en intelligence artificielle pour faire fonctionner des systèmes experts coopératifs, notamment des groupes de robots ou des entités logicielles en réseau, pour effectuer des tâches diverses et complexes. Rappelons que les consignes de comportement n’émanent pas forcément d’un centre mais peuvent émaner de n’importe quel agent du réseau.
Faute d’avoir respecté ces préceptes, les groupes anti libéraux des années 2005 – 2007 et le Front de Gauche ont implosé puis disparu.
L’intérêt des SMA est de montrer scientifiquement que les attitudes égocentriques et claniques sont anti coopératives et sont des facteurs d’échec de l’action collective.
Ces comportements coopératifs artificiels ne sont pas de simples vue de l’esprit mais sont implantés dans des systèmes industriels divers nécessitant une grande fiabilité. Pour ne pas alourdir mon texte, je n’ai pas mentionné les multiples implantations industrielles qui figurent dans les thèses citées. Ces modélisations ont nécessité la compilation de nombreuses années de recherches en sociologie, psychologie, neurosciences, informatique.
Si je devais ajouter à ces qualités deux autres, je dirais :
– chaque acteur insoumis devrait avoir un esprit dialectique, c’est-à-dire appréhender la réalité avec ses contradictions, la multiplicité de ses aspects et son caractère changeant (sa dynamique historique par exemple).
– et d’autre part avoir une pensée systémique, c’est-à-dire, "une façon de voir les phénomènes et les corrélations complexes dans leur intégralité selon une approche interdisciplinaire". (définition de International Project Management Association )
Pour un exposé de ce qu’est la dialectique notamment matérialiste, on peut se reporter aux liens suivants : http://www.marxists.org/francais/po... http://jeanzin.fr/ecorevo/philo/heg...
Jacques Généreux a brillamment expliqué comment la philosophie politique libérale reposait sur des idées erronées scientifiquement et complètement déconnectées des apports récents des sciences humaines contemporaines. Le capitalisme n’intègre la science que là où c’est rentable pour lui : dans les technologies, les techniques d’organisation des entreprises, la publicité, etc. Mais les organisation politiques des libéraux sont aussi archaïques que leur philosophie. La philosophie politique sur laquelle est construite La France Insoumise est en revanche beaucoup plus moderne en donnant une grande place à l’intelligence collective couplée à l’initiative individuelle.
Mais une réflexion reste à mener sur sa structure et son fonctionnement organisationnels.
La France Insoumise devrait créer des dispositifs pour construire une intelligence collective populaire digne de ce nom. Quelles en seraient les ressources ?
a) Les ressources citoyennes internes.
Evidemment d’abord les capacités de réflexion et les connaissances de ses propres militants, le savoir accumulé par sa formation, par son expérience professionnelle, et éventuellement par son expérience syndicale, associative politique et tout simplement par son expérience de vie.
Un membre de LFI, adhérent syndical ou membre d’une association, par exemple, constitue un vecteur de transfert de savoir de son syndicat de son association vers le mouvement. Il est lui-même déjà dépositaire une intelligence collective puisque les positions d’un syndicat d’une association sont votées collectivement lors de congrès ou d’assemblée générale.
Un membre de LF I peut être aussi un universitaire spécialiste d’un domaine LF I particulier et dont une partie du savoir peut être transférée, par ses interventions, à FI
Le travail réalisé par un élu, notamment un parlementaire, contribue aussi à cette intelligence collective.
D’autre part, tout le travail qui a contribué à l’élaboration du programme l’Avenir en commun accompagné de ses livrets, les universités populaires, les différentes interventions sur YouTube pour populariser le mouvement contribuent aussi à cette intelligence collective.
Les différentes actions menées au niveau local ou national par le mouvement enracinent cette intelligence collective dans la réalité de la vie des gens.
Ainsi, le mouvement tire son énergie et ses ressources au sein même de son organisation par l’agir et le penser des individus qui le composent.
b) Les ressources associatives externes.
La France Insoumise puisse aussi ses ressources dans les plates-formes de différentes associations et syndicats. Il en est ainsi par exemple pour la détermination de l’éventail des salaires de 1 à 20 préconisé par la CSE, pour les mesures anticorruption en s’appuyant sur les travaux de l’association Anticor , pour les mesures à prendre concernant la transition énergétique s’appuyant sur les fusions de l’association Néga Watt, etc. Pour les problèmes de la Justice ou de l’enseignement, il est possible d’intégrer les analyses et les revendications du SNM et de la FSU. Les études des associations comme ATTAC, Copernic, Greenpeace, Acrimed ou les d’une O.N.G. comme Oxfam peuvent être aussi prises en compte..
c) Les ressources organisationnelles internes
La mise en réseau des groupes locaux entre eux permettrait d’organiser des assemblées locales de citoyens pour débattre de sujets choisis ensemble. Cette coordination permettrait aussi de mutualiser les moyens militants et de dynamiser les forces locales. L’existence du programme l’Avenir en commun constitue une base collective efficace. Des cahiers de propositions citoyennes alimenteraient une base de données d’intelligence citoyenne qui seraient véhiculées via Internet.
Ces collectifs locaux de réflexion et d’action constituerait en quelque sorte des « socio – neurones »
Un socio-neurone ne se réduit qu’à un seul individu lorsqu’il s’agit d’un expert d’un domaine particulier. Ce peut être un universitaire, un parlementaire auteur de rapports d’information, un artiste maîtrisant parfaitement son domaine, Un professionnel qualifié et expérimenté dans un domaine particulier, etc.
Les intellectuels qui contribuent par leurs connaissances à l’émancipation de la classe dominée s’appellent, selon Gramsci, des intellectuels organiques de la classe exploitée.
Le travail de ses intellectuels fait partie de cette intelligence collective populaire.
Ces socio – neurones peuvent s’interconnecter selon différentes architectures sans que chacun ait forcément un pouvoir sur les autres.
Les outils conceptuels présentés précédemment permettent de concevoir différentes architectures et réseaux de communication permettant une libre circulation des flux d’information
Il appartient au mouvement de concevoir ces architectures.
Considérons un exemple : il est possible de faire converger les différents flux d’information de groupes locaux d’un département donné vers un groupe de synthèses informationnel au niveau départemental sans que ce groupe ait à lui seul quelconque pouvoir de décision : on a alors une structure étoilée qui n’exclut pas un flux bidirectionnel.
Ce groupe départemental animé par une équipe peut faire la synthèse des informations reçues et émettre des propositions diverses. On obtient alors un socio – neurone départemental.
De la même manière, on peut interconnecter les différents socio – neurones départementaux d’une même région : on peut obtenir alors un (ou deux) socio– neurone(s) régional (régionaux).
On peut enfin interconnecter différents socio – neurones régionaux et obtenir ainsi un socio – neurone national. On obtient ainsi une convergence de structure étoilée qui donne une structure en grappe. Si l’on attribue un pouvoir décisionnel à chaque étage, on obtient une structure classique de type pyramidal. Mais notre description ici ne concerne que des nœuds informationnels. Les groupes sont en quelque sorte des groupes de liaisons.
Mais la structure devient globalement neuronale si l’on interconnecte une partie des groupes d’un même niveau. Ainsi différents groupes locaux peuvent être reliés entre-eux, différents groupes départementaux peuvent être reliés entre-eux et différents groupes régionaux aussi.
On obtient alors différents plans horizontaux de circulation de l’information.
On a en quelque sorte 3 couches de socio – neurones interconnectés.
Il existe de telles structures dans le cerveau humain.
Une telle structure était évidemment impensable avant l’Internet.
d) L F I puise aussi ses ressources dans son environnement social et est génératrice de réseaux
La France Insoumise est un mouvement ouvert, ce qui signifie que chaque adhérent expert ou non peut aller chercher ses informations et ses connaissances là où cela lui paraît utile : rapports officiels, les médias écrits ou audiovisuels critiques, alternatifs ou non, dans les différentes organisations associatives syndicales et politiques, etc.
En même temps que LF I collecte de l’information auprès de certaines organisations syndicales par exemple, elle peut contribuer à la construction de réseaux de différentes natures.
Prenons un exemple. Un collectif local de LF I s’informe auprès de différents établissements scolaires d’une ville ou d’un canton des conditions de travail des élèves et des enseignants, l’une des manières consiste à consulter les différentes sections syndicales locales ou à défaut quelques enseignants de chaque établissement voire des parents d’élèves. On constitue ainsi un carnet d’adresses téléphoniques et Internet.
Une synthèse des informations obtenues est réalisée et diffusée sous forme imprimée par un 4 pages . Si la situation le nécessite, une action locale peut être organisée par des groupes locaux de LF I en relation avec les enseignants.
LF I lors de la distribution de ce document aux enseignants et rediffusé à diverses adresses par ces derniers, leur permettant ainsi de construire un réseau local.
Ainsi le mouvement fait d’une pierre 3 coups : il augmente son audience non seulement auprès des enseignants mais aussi de la population à partir de problèmes concrets, il stimule l’action non seulement des enseignants mais des citoyens, il contribue à la mise en réseau de forces dispersées. C’est une illustration particulière de ce que signifie « fédérer le peuple ».
La mise en réseau de ces socio–neurones ferait émerger une intelligence collective populaire nécessaire à la construction de ce que Jacques Généreux appelle société de développement humain..
Le programme de L F I ne s’arrête pas avec les élections de 2017.
L’Avenir en commun constitue une base de réflexion, de résistance , de propositions et d’actions collectives pour voir plus loin qu’une ligne d’horizon électorale
Le problème fondamental qui se pose pour la survie de notre société et son progrès face à la machinerie destructrice du capitalisme global est le suivant : comment créer les zones d’articulation et de coordonnation à l’intérieur d’un même rassemblement, d’une même constellation de réseaux (écologistes par exemple), entre constellations différentes (altermondialistes ou autres) ?
Comment les structures en réseau peuvent aider à fédérer le peuple au-delà des organisations politiques et syndicales traditionnelles qui ont montré, emprisonnées dans leurs rivalités, leur impuissance pour transformer la société ? Sur le fond, cette question peut prendre aussi la forme suivante.
La classe dominée, du point de vue idéologique est divisée en 2 groupes : un groupe conscient politiquement et convaincu de la nécessité de changer de système, un deuxième dont l’imaginaire politique est aliéné par une dépolitisation ou un formatage par l’idéologie libérale dominante diffusée par les médias tous azimuts.
La mise en place démocratique d’un nouveau système économique et politique mettant l’humain au centre et même la survie de l’humanité, dépend de la capacité du premier groupe à devenir majoritaire numériquement et de son aptitude à émanciper politiquement une bonne part des membres du second groupe.
Pour cela il lui faut un haut niveau de formation sur les 5 fronts de son action et une grande puissance organisationnelle.
Les outils conceptuels présentés ici permettent de résoudre ces problèmes : il suffit de prendre le temps d’y réfléchir et d’utiliser le savoir des experts en ces domaines, le savoir et l’expérience des différents organes du mouvement social.
Comme l’a bien montré Jacques Bidet, l’hégémonie de la classe dominante repose sur 2 piliers : la propriété et l’organisation. La grande bourgeoisie tire sa force organisationnelle de l’utilisation du savoir des experts et de ses liens familiaux, parfois ancestraux.
Nous terminons donc en citant un extrait du livre de Michel Pinçon et Monique Pinçon Charlot, sociologues du CNRS (actuellement retraités) spécialistes de la sociologie de la bourgeoisie (titre du livre cité, Ed. La Découverte) :
"Les grandes familles sont unies entre elles. Ces liens forment un réseau, une trame serrée, qui rassemble leurs membres dans une vaste confrérie. Au sein de celle-ci, l’une des techniques sociales les plus utilisées consiste dans la maîtrise des arbres généalogiques complexes du milieu. À l’évocation du nom d’une personne, il importe de la situer dans la structure des alliances et des cousinages. D’où le succès d’un ouvrage comme le Bottin mondain, fort utile aux mémoires défaillantes. Dans ces familles, la reconstitution d’arbres généalogiques, dont la difficulté majeure réside dans l’entremêlement des branches, constitue un jeu de société où certains excellent (p49). (...) La multiterritorialité de la grande bourgeoisie revêt une dimension internationale. (...) Les grandes familles ont construit des réseaux internationaux comme le montre l’exemple des Rothschild. Leur implication dans la vie économique, leurs intérêts dans de nombreuses sociétés à travers le monde, qui sont au fondement de leur richesse, vont de pair avec ce cosmopolitisme distingué qui est l’une de leurs caractéristiques. C’est un processus de plus en plus observable aujourd’hui, qui s’accélère et qui prend de nouvelles dimensions. Personne, au demeurant, n’est mieux préparé que la grande bourgeoisie à cette internationalisation de la vie des affaires. L’accumulation capitaliste va de pair avec une internationalisation des affaires et des réseaux. Il ne fait pas de doute que le processus s’amplifie, dans la logique même du capitalisme " (p69-70).
Note : pour se procurer les livres de Vincent Lemieux :
Le pouvoir et l’appartenance. Une approche structurale du politique. 208 pages. Taru en 2006. Vincent Lemieux. Presses de l’université de Laval. https://www.pulaval.com/produit/le-...
Réseaux sociaux et structures relationnelles. Emmanuel Lazara http://197.14.51.10:81/pmb/Que%20sais%20je/Communication/Reseaux%20sociaux%20et%20structures%20-%20Lazega%20Emmanuel.pdf
Hervé debonrivage
Hervé Debonrivage
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