"A quoi sert que Sarko, il se décarcasse pour les banlieues ?" ( Le Canard enchaîné )

lundi 25 décembre 2006.
 

Le ministre de l’intérieur vient de recevoir une enquête qui va le "déprimer", écrit l’hebdomadaire satirique et d’enquête dans son édition du mercredi 20 décembre. Réalisée par le Cevipof et la Sofres pour l’intérieur, l’étude conclut que, pour 52 % des 2 039 banlieusards interrogés, ce sont "les propos de Nicolas Sarkozy" qui ont le plus lourdement contribué aux émeutes de novembre 2005.

Suivent d’autres raisons expliquant l’embrasement des banlieues il y a un an : la télévision a "facilité l’escalade", pour 44,5 % des sondés, loin devant "le harcèlement et les violences de la police" (25 %) et le rôle des "mafias" (20 %). Ce dernier avait souvent été mis en avant par Nicolas Sarkozy pour expliquer la coordination des "bandes" qui ont brûlé des voitures, malgré les réserves des renseignements généraux.

Intitulée "Le rapport au politique dans les zones urbaines sensibles après la crise des banlieues", l’étude dit clairement que les banlieusards préfèrent Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy, poursuit Le Canard enchaîné : 58 % d’intentions de vote pour la candidate du PS, contre 37 % pour le candidat à l’investiture de l’UMP (il n’est pas précisé si la question portait sur le premier ou, plus probablement, sur le second tour de l’élection présidentielle). "Elle le domine de la tête et des épaules dans toutes les catégories, ironise l’hebdomadaire : Français dit de souche et électeurs d’origine étrangère."

"Au-delà des contingences politiques, ce rapport livre en 131 pages une image qui ne correspond pas vraiment à la réputation des banlieues", conclut Le Canard enchaîné.

De plus, les ZUSiens (habitants des ZUS) ne se sentent pas plus en insécrité qu’ailleurs, souligne l’hebdomadaire satirique : 45% de sentiment d’insécurité, un poil plus que la moyenne nationale (qui, elle comprend aussi les zones de campagne, pas vraiment touchées par l’insécurité).

Les habitants de zones urbaines sensibles jugent leurs quartiers bien fournis en magasins et transports. Et disent aussi à 72 % qu’ils ont confiance dans la police, un pourcentage qui chute fortement chez les personnes originaires du Maghreb, d’Afrique ou des DOM-TOM, qui déclarent être contrôlées deux fois plus souvent que les "gaulois" (selon l’expression du Canard enchaîné), et que les policiers leur manquent facilement de respect...

Et si on jugeait Nicolas Sarkozy sur ses résultats ?


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