Le fête des goinfres du Fouquet’s est finie !

mardi 5 avril 2011.
 

Deux dimanches électoraux de suite, de noirs nuages sont venus assombrir le bal des oligarques. Comme nous n’y dansons pas et n’y tenons aucun rôle, pas même celui du domestique qui peut au moins lorgner les restes, nous sommes contraints d’imaginer leurs mines consternées. Ils font bombance depuis si longtemps qu’ils n’envisagent même pas d’arrêter de ripailler ! En plus, après la victoire de Sarkozy célébrée au Fouquet’s en 2007, la fête des goinfres avait atteint de nouveaux sommets. Avec l’arrivée de cette droite décomplexée qu’ils attendaient depuis si longtemps, rien ne semblait pouvoir s’opposer à leurs appétits. D’ailleurs Sarkozy a bien fait le travail pour lequel ils l’avaient choisi. Il s’est montré sourd aux cris de rage que le pays a poussé dans la rue comme dans les urnes, mais l’oreille aux aguets pour satisfaire ses maîtres. La France commençait enfin à ressembler aux USA et les patrons français qui sont déjà les mieux payés d’Europe salivaient à l’idée de s’aligner sur leurs homologues états-uniens.

Au bal des oligarques, on crie et on rit d’autant plus fort qu’il faut conjurer les spectres qui rodent. Le cauchemar de la grande révolution de 1789 et de cette nuit du 4 août rappelée encore récemment par Copé n’a jamais cessé d’hanter les possédants. D’autant que leur droit illimité à accumuler a été grossièrement suspendu par de fréquentes irruptions populaires, en 1870, en 1936, en 1945, en 1981... En France, la droite économique vit donc avec la peur de classe dans un coin de tête. Ceci explique pourquoi des personnages en apparence pacifiques, des « démocrates sincères », se jettent au premier coup de canon dans les bras d’hommes de main de la pire espèce pour peu que ceux-ci leur promettent de mater le peuple. La France a inventé à la fois la révolution et la contre-révolution, la Commune et les premiers fascistes.

Les jours d’élection ne sont donc pas les plus tranquilles pour les oligarques. Ce fichu peuple réapparaît alors sur la scène. Ils se fichent pas mal des élections au sein de collectivités locales mises méthodiquement hors d’état de proposer une quelconque alternative. Mais la présidentielle suivie des législatives de 2012, c’est une autre paire de manches. Leur pouvoir social dépend du contrôle direct et indirect qu’ils exercent sur le pouvoir politique. Tout était donc prêt dimanche pour passer vite à autre chose : une guerre en Libye, un sondage dès 20h01 sur la présidentielle de dans 15 mois, l’abstention promise à 70%... Mais rien de tout cela n’aura su effacer le choc.

Sous sa violence, la droite a explosé en une myriade de stratégies contradictoires. Il y a ceux qui pensent que Sarkozy peut encore gagner. Mais les uns appellent à la confrontation avec le FN pour regagner le terrain idéologique qui lui a été concédé tandis que les autres veulent braconner sur ses terres. Il y a ceux qui pensent que Sarkozy a perdu. Ils préparent déjà la présidentielle suivante ou envisagent de le pilonner pour le contraindre à se retirer. Il y a ceux qui vont envisager l’alliance avec le FN. La ligne du ni-ni élyséen ne fait qu’exprimer l’incapacité du leader à trancher ces débats. Il y a enfin ceux qui se disent que puisque la droite a perdu il faut maintenant s’assurer de l’élection d’un candidat de gauche qui soit lui aussi lié à l’oligarchie et s’emballent pour Strauss-Kahn, ses faits d’arme au FMI, ses amis publicistes et avocats d’affaires, ses ronds de serviette au club de l’Industrie.

Une crise de cette ampleur ne se règle pas par une alternance à la papa. D’ailleurs le Front de Gauche est à part le FN la seule autre force qui progresse en voix par rapport aux régionales de l’an dernier, obtenant autant de nouveaux votants au premier tour que le FN. Nous attirons car nous avons pris le parti du peuple contre les oligarques, parce que nous voulons en finir avec régime croulant en convoquant une Constituante qui débouchera sur une Sixième République parlementaire, parce que nous sommes décidés à ouvrir enfin le chantier du partage des richesses dilapidée dans l’accumulation obscène des oligarques.

JEUDI, 31 MARS 2011


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