Après Fukushima (11 mars 2007), aucun humain sensé ne peut défendre le nucléaire (119 documents)

jeudi 18 avril 2024.
 

- 119) Océan Pacifique en danger : le Japon va y déverser un milliard de litres d’eau contaminée par Fukushima

- 118) Fukushima, 8 ans de dégâts

- 117) 11 mars 2011 Centrales nucléaire de Fukushima : Tout planta (Jean-Luc Mélenchon)

- 116) Au Japon, plus de quatre ans après : Fukushima, bilan d’une situation sanitaire inquiétante

- 114) Des millions de dollars gâchés mais l’eau et le site de Fukushima ne sont toujours pas décontaminés

- 113) « La population est dans une situation inextricable »

- 112 Les cancers de la Thyroïde chez les jeunes augmente toujours

- 107) Après Fukushima, aucun humain sensé ne peut défendre le nucléaire (J Serieys)

Ukraine : les centrales nucléaires ne doivent pas être l’enjeu de batailles

119) Océan Pacifique en danger : le Japon va y déverser un milliard de litres d’eau contaminée par Fukushima

118) Fukushima, 8 ans de dégâts

117) 11 mars 2011 Centrales nucléaire de Fukushima : Tout planta (Jean-Luc Mélenchon)

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116) Au Japon, plus de quatre ans après : Fukushima, bilan d’une situation sanitaire inquiétante

115) Bilan sanitaire de la catastrophe de Fukushima

L’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) et l’association Physicians for Social responsability (PSR) ont publié le 9 mars 2016 un rapport intitulé « Vivre avec Fukushima depuis 5 ans »

Le 11 mars 2016, le Japon et le monde commémorent le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Plus de 200 000 personnes furent évacuées de la préfecture de Fukushima dans des camps de fortune, où vivent encore quelque 100 000 d’entre elles. Mais les conséquences de la catastrophe s’étendent bien au-delà des limites de la préfecture. Depuis le début, des millions de gens ont été exposés à une augmentation des doses de radiation, principalement dans les zones de fortes retombées radioactives. Les retombées radioactives affectent les personnes à travers l’exposition atmosphérique pendant les émissions de radioactivité ou les tempêtes qui soulèvent de la poussière radioactive, ainsi que via l’exposition directe à un sol et des surfaces contaminés. Tout le monde, y compris ceux qui vivent dans les régions moins contaminées du pays, a également été confronté à la radioactivité contenue dans l’eau de boisson et l’alimentation contaminées. Cette forme d’exposition est extrêmement inquiétante, car les particules radioactives peuvent être absorbées par les organes et les tissus internes et continuer à émettre des rayonnements ionisants pendant des dizaines d’années.

Selon le Premier ministre japonais de l’époque, ce n’est que grâce à une « divine Providence » que le Grand Tokyo, avec ses plus de 30 millions d’habitants, a évité la contamination et l’évacuation. Les autorités ayant omis de distribuer de comprimés d’iode, la population est restée sans protection face à l’iode radioactif, qui peut provoquer cancers thyroïdiens et hypothyroïdisme. Cette tragédie se poursuit encore aujourd’hui. Chaque jour, quelque 300 tonnes d’eau radioactive se déversent de manière incontrôlée dans l’océan. La catastrophe de Fukushima est déjà responsable de la plus grave contamination radioactive des océans dans l’histoire de l’humanité.

Cinq ans après la fusion des cœurs, on ne connaît toujours pas avec certitude ses effets sur la santé de la population japonaise. Premièrement, on ne sait pas exactement combien de radiation a été réellement émise en mars et avril 2011, et combien s’est échappée depuis des ruines des réacteurs et du site de la centrale. Comment l’expliquer ?

Des études indépendantes indiquent parfois des émissions radioactives considérablement plus importantes Tous les isotopes radioactifs n’ont pas été mesurés, en particulier le strontium-90 Les premiers rejets n’ont pas été inclus dans l’évaluation des impacts sanitaires.

En d’autres termes, les informations de base concernant la contamination du sol,de l’océan et de la nourriture sont encore un sujet de controverse entre le lobby nucléaire et les scientifiques indépendants. Deuxièmement, le gouvernement pro-nucléaire du Japon et le tout-puissant lobby nucléaire font tout ce qu’ils peuvent pour minimiser et dissimuler les conséquences de la catastrophe. Même l’Université de Médecine de Fukushima, qui coordonne le programme de dépistage du cancer de la thyroïde, a des liens avec le lobby nucléaire et a reçu de l’argent de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). On a l’impression que l’idée est de refermer au plus vite le dossier de Fukushima et de s’assurer que le public japonais retrouve une attitude positive vis-à-vis de l’énergie nucléaire.

Toutefois, les données montrent un tableau assez différent. Non seulement des fuites radioactives périodiques en provenance des réacteurs dévastés ainsi que des épisodes de recontamination dans toute la région continuent à se produire, mais la perception de l’énergie nucléaire a aussi changé et une majorité de Japonais rejettent désormais le nucléaire. L’étude controversée relative aux cancers de la thyroïde n’a pas envoyé le signal de fin d’alerte tant espéré par le lobby nucléaire. Au contraire, 116 enfants de la préfecture de Fukushima ont déjà été diagnostiqués comme souffrant d’un cancer de la thyroïde agressif et à évolution rapide, ou déjà au stade des métastases. Dans une population de cette taille, on attendrait normalement environ un cas par an. Pour 16 de ces enfants, on peut exclure l’effet du dépistage (screening effect), étant donné que leur cancer s’est déclaré au cours des deux dernières années.

Ce qui est encore plus inquiétant que les résultats de l’étude, c’est qu’à part l’incidence des cancers de la thyroïde chez les enfants de la préfecture de Fukushima, le Japon n’a pas commencé d’autres enquêtes scientifiques à grande échelle sur les maladies liées aux radiations. L’origine d’un cancer est difficile à étiqueter et la cause d’un cancer individuel ne peut être reliée par un lien de causalité à un incident spécifique. Les autorités japonaises sont parfaitement conscientes de ce fait et n’ont pas cherché les augmentations de fausses couches, de malformations fœtales, de leucémies, de lymphomes, de tumeurs solides et de maladies non cancéreuses parmi la population qui a été touchée par les retombées radioactives. Or on sait que le taux d’augmentation de toutes ces maladies avait été significatif après l’accident de Tchernobyl.

Quand nous parlons de la population affectée au Japon, nous la divisons en quatre sous-groupes :

Plus de 25 000 personnes ayant participé au nettoyage et aux secours ont reçu les doses de radiations les plus fortes doses et risqué leur vie, en empêchant l’escalade de la situation sur le site de la centrale. Si l’on en croit les données fournies par l’opérateur TEPCO, une centaine d’ouvriers contracteront un cancer dû aux doses excessives de radiations, cancer qui sera fatal dans 50 pour cent des cas. Cependant, les véritables niveaux de dose sont très probablement bien plus élevés, car l’opérateur n’hésite pas à manipuler les données afin d’éviter les demandes de compensation ; l’entreprise est ainsi capable d’engager des travailleurs temporaires non enregistrés, de trafiquer les dosimètres et même d’avoir recours à des faux grossiers. La population évacuée, soit 200 000 personnes, qui a été initialement exposée à des doses de radiation considérables, vit maintenant pour la majeure partie en-dehors de la préfecture de Fukushima. Les populations non évacuées des zones irradiées continuent à être exposées chaque jour à des doses accrues de radiation. La population du reste du Japon est exposée à des doses accrues de radiation provenant de retombées radioactives minimales, ainsi que d’aliments et d’eau contaminés.

Ce qui est absolument nécessaire à présent, c’est de réaliser une série d’études épidémiologiques pour examiner les conséquences sanitaires de l’exposition aux doses excessives de radiation, en particulier les maladies qui peuvent être détectées et traitées de manière précoce. Ces études doivent être guidées par les enquêtes déjà publiées, exposées dans le présent rapport, sur les animaux , les oiseaux et les insectes touchés par la catastrophe et qui montrent des effets hématologiques, une élévation des taux de mutation dans la seconde génération et une augmentation des taux de mortalité. Mais comme ce genre d’études – et l’image négative de l’énergie nucléaire qu’elles véhiculeraient – ne sont pas politiquement désirables, nous ne connaîtrons sans doute jamais l’ampleur réelle des effets sur la santé de la catastrophe de Fukushima et nous devons nous limiter à faire des estimations fondées sur les émissions radioactives connues ou présumées et sur les voies d’exposition.

Si l’on se base sur les chiffres du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), qui est un organisme pro-nucléaire, qui estimait la dose collective à vie à environ 48 000 personne-Sieverts et si l’on utilise les facteurs de risque reconnus au niveau international dans le rapport BEIR-VII, on peut attendre un excès d’incidence de cancers d’un peu moins de 10 000 au Japon dans les décennies à venir (intervalle de confiance allant de 4 300 à 16 800 cas). Si l’on prend en compte des données et des facteurs de risque plus modernes, les estimations de l’augmentation des taux de cancer sont nettement plus élevées, à savoir quelque 66 000 cas de cancer supplémentaires, dont environ la moitié seraient mortels.

Est-ce beaucoup ? Certainement pas en regard d’une population de presque 127 millions de personnes et un risque “normal” de cancer de 50 % au cours de la vie. Mais est-ce négligeable ? Vu que dix mille personnes vont développer un cancer uniquement suite à une « catastrophe causée par l’homme » à Fukushima (c’est ainsi que l‘a qualifiée la Commission d’enquête indépendante de la Diète nationale), certes non. Le destin de ces personnes et de leur famille n’est ni « négligeable » ni « non significatif », comme voudraient nous le faire croire le lobby de l’industrie nucléaire, l’AIEA et l’UNSCEAR.

Le discours public sur la catastrophe de Fukushima ne doit pas se laisser guider par le profit économique et l’influence politique, mais doit se concentrer sur la santé et destin des populations affectées, ceux qui ont tout perdu, qui craignent pour leur santé et celle de leurs enfants, et qui ne demandent rien de plus que de pouvoir vivre sans la peur incessante des radiations.

Les risques sanitaires pour la population japonaise doivent être étudiés par des scientifiques indépendants et de manière à exclure toute influence indue de la part de l’industrie nucléaire et de ses soutiens politiques. Des études extensives sont nécessaires pour comprendre les conséquences sanitaires sur la population affectée, pour identifier les maladies à un stade précoce et améliorer la protection des générations futures en approfondissant nos connaissances sur les effets des rayonnements ionisants. Le débat sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima va bien au-delà du principe de l’indépendance de la recherche et de la résistance à l’influence des tout-puissants groupes de pression. Il s’agit ici du droit universel de chaque être humain à la santé et à vivre dans un environnement sain.

Dr. Alex Rosen, médecin, vice-président, IPPNW Allemagne

Catherine Thomasson, médecin, directrice exécutive, PSR (États-Unis)

114) Des millions de dollars gâchés mais l’eau et le site de Fukushima ne sont toujours pas décontaminés

Source : Associated Press, 25 mars 2015

Selon un audit officiel du gouvernement japonais, plus du tiers des fonds publics alloués à la décontamination de la centrale de Fukushima après la catastrophe de 2011 aurait été dépensé en vain. Soit plus de 500 millions de dollars. Le rapport dénonce le fait que la majorité du travail de décontamination ait été confié à une seule entreprise, sans transparence ni appel d’offres. Il revient aussi sur les centaines de millions de dollars dépensés pour des machines de décontamination de l’eau fournies par Areva, et qui n’ont quasiment jamais fonctionné.

Parmi les échecs décrits dans le rapport :

Importation française : Parmi les ratages les plus coûteux figure une machine d’un coût de 32 milliards de yens (270 millions de dollars) construite par le géant nucléaire français Areva pour retirer le césium radioactif de l’eau fuyant des trois réacteurs endommagés. Cette machine à problèmes n’a duré que trois mois et n’a traité que 77 000 tonnes d’eau au total, une fraction infime du volume d’eau fuyant de la centrale chaque jour [estimé à 300 000 tonnes, NdE]. Elle a été remplacée depuis par des machines japonaises et américaines.

Dessalement : De l’eau de mer a été utilisée au début de la crise pour refroidir les réacteurs après l’arrêt des systèmes de refroidissement normaux. Des machines d’un coût de 18,4 milliards de yens (150 millions d’euros) fournies par différentes firmes dont Hitachi GE Nuclear Energy, Toshiba Corp. et Areva étaient supposées retirer le sel de l’eau contaminée dans la centrale. L’une des machines n’a duré que 5 jours, et celle qui a tenu le plus longtemps a cessé de fonctionner après six semaines.

Inutile de rappeler que malgré une dépense totale de 1,6 milliard de dollars à ce jour, l’eau et le site de Fukushima ne sont toujours pas décontaminés.

Le système de décontamination de l’eau avait été mis au point par Areva en partenariat avec Veolia et avait été présenté initialement comme un succès par les deux entreprises.

Olivier Petitjean

113) Quatre ans après : « À Fukushima, la population est dans une situation inextricable »

112) Le nombre de cancers de la Thyroïde chez les jeunes augmente toujours à Fukushima

111) Pourquoi ai-je quitté Tokyo (contaminé par Fukushima) ?

110) Les enfants de Fukushima sont gravement malades

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109) Fukushima : plus jamais ça (Jean-Luc Mélenchon)

Ce mardi 11 mars, nous avons commémoré le troisième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le Parti de Gauche s’est mobilisé avec un mot d’ordre : « plus jamais ça ! ». Nous avons été présents sur dix sites nucléaires. Nos élus et nos têtes de listes aux municipales ont été sur le pont. Par exemple Danielle Simonnet et Pascale le Neouannic à la centrale de Nogent située sur la Seine en amont de Paris, Jean-Christophe Selin à la centrale de Golfech dans le Tarn-et-Garonne, Gérard Boulanger à Blaye, Eric Coquerel et Luc Leandri au Tricastin. Ceux-là ont bien rigolé. Ils étaient là une vingtaine, de Drôme, de Vaucluse, du Gard. Mais selon les organisateurs eux-mêmes, Ha ! Ha ! la police était plus nombreuse que les manifestants… Une RG et des gendarmes, tous très aimables avec nous. Pas de contrôles d’identité, Eric et Luc avaient leur écharpe d’élus, mais les numéros d’immatriculation des voitures ont été relevés, néanmoins. J’étais avec notre secrétaire nationale à l’écosocialisme Corinne Morel Darleux pour une conférence de presse à Strasbourg avant son départ pour Fessenheim. Ce jour-là, Jean-Marie Brom, figure centrale de la lutte pour sortir du nucléaire, était à nos côtés comme il l’est sur notre liste pour la municipale de Strasbourg. Je ne fais pas le tour des dix présences. On m’a compris.

Nos dix actions sur les sites nucléaires du pays sont une étape d’affirmation de soi dans la vie de notre formation politique. Notre mot d’ordre est clair : il faut sortir du nucléaire. Les raisons sont maintenant connues. D’abord le risque. Bien sûr, le nucléaire est sûr. Jusqu’à ce qu’il ne le soit plus. Entendons-nous bien : toute activité comporte des risques. Mais dans le nucléaire, le risque n’est pas celui d’un accident vite oublié. C’est le risque d’une catastrophe terrifiante et indélébile, avec des terres et des eaux contaminées pour des siècles, sinon des millénaires, des espaces à jamais incompatibles avec la vie humaine.

La deuxième raison de vouloir sortir du nucléaire, ce sont les déchets que cette activité génère. Nous laissons derrière nous, là encore pour des siècles sinon des millénaires, des montagnes de déchets radioactifs que nous ne savons pas traiter. Cet argument devrait convaincre ceux qui répètent à longueur d’antenne que « la dette publique est une insulte faite aux générations futures ». Mais non ! Mais la dette écologique que nous laissons vraiment ne les émeut pas autant que les intérêts à payer aux banques.

Nous reprenons le bâton de pèlerin pour la sortie du nucléaire. Il y a urgence. Car François Hollande continue de louvoyer. Il avait promis une grande loi sur la transition énergétique pour 2013. Il a ensuite repoussé la promesse à 2014. Le projet de loi devait être présenté en Conseil des ministres début avril. Mais elle ne figure même pas dans la « lettre de cadrage pour la transition écologique » que Jean-Marc Ayrault a envoyée au ministre de l’Ecologie le 18 février dernier ! On est donc en droit d’être très inquiet sur le contenu de cette loi, mais aussi sur son existence même !

Or, ne rien faire, c’est choisir le nucléaire. C’est ce que la Cour des Comptes a dit il y a maintenant plus de deux ans. En janvier 2012, la Cour des comptes estimait que « compte tenu du délai en matière de politique énergétique entre la prise de décision et ses effets, ne pas prendre de décision revient à faire un choix, celui de faire durer le parc actuel au-delà des 40 ans ». En effet, 80% du parc nucléaire français aura 40 ans entre 2017 et 2027, la durée de vie prévue. C’est ce que les spécialistes appellent « l’effet falaise ». Donc si on veut sortir du nucléaire, il faut agir et vite. Car cela demandera du temps et de l’argent.

L’argent est justement un des aspects du débat. EDF estime que le prolongement des centrales au-delà de 40 ans coûterait 55 milliards d’euros. Mais EDF milite pour cette option depuis longtemps. On ne peut donc pas se fier à son seul jugement. L’association Greenpeace a commandé une étude sur les coûts de prolongation de l’exploitation de la vie des réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans. L’étude de Greenpeace aboutit à un coût potentiellement 4 fois supérieur à celui d’EDF. En tout cas, dans une hypothèse de renforcement de la sécurité malgré le prolongement ! EDF a chiffré à un peu moins d’un milliard d’euro par réacteur les travaux nécessaires. Mais selon Greenpeace, le coût pourrait atteindre 4,53 milliards d’euros si on souhaite un degré de sécurité « renforcée ».

Il s’agit d’un enjeu démocratique majeur. La durée que les décisions impliquent, les sommes mobilisées, les risques encourus par la population et le territoire national : tout pousse à un débat approfondi sur le nucléaire en France. Greenpeace demande par exemple que la durée de vie maximale de 40 ans soit inscrite dans la loi pour éviter que le gouvernement, EDF et l’Autorité de Sûreté nucléaire ne puissent décider seuls.

Il ne suffira pas de faire voter une loi nommée « loi pour la transition énergétique ». Le contenu sera regardé de très près. Et pas seulement sur le nucléaire. La mobilisation citoyenne veille au grain. Il y a quelques jours, presque en même temps que Greenpeace, plusieurs ONG écologistes ont ainsi présenté leur « VRAI projet de loi pour la transition énergétique ». Parmi ces associations on trouve Agir pour l’environnement, France Nature Environnement ou encore le Réseau Action Climat.

Bien sûr, le projet mérite un examen approfondi et des discussions. Il est là pour cela. Mais il a d’ores et déjà le mérite de fixer des lignes rouges avant le projet Hollande. Il réclame ainsi des objectifs chiffrés ambitieux comme la réduction de 45% des émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030 et leur division par quatre d’ici 2050. Il fixe une trajectoire d’économies d’énergies et de sortie du nucléaire. Il propose un horizon 100% d’énergies renouvelables en 2050 et les étapes pour l’atteindre. Et il met en avant des propositions que le Front de Gauche défendait dans la présidentielle comme l’allongement de la durée de garantie des produits.

Sans entrer dans les détails, ce qui en ressort confirme notre analyse. La transition énergétique est urgente mais elle nécessitera du temps et donc une planification des changements. Elle ne peut se faire sans une intervention publique forte en investissements financiers comme en moyens humains et techniques. Elle est un formidable moyen de relance de l’activité économique et de l’emploi. Pour le dire autrement, la transition énergétique est donc radicalement incompatible avec la politique d’austérité appliquée aujourd’hui.

Après les travaux du groupe d’experts Negawatt, ce « VRAI projet de loi pour la transition énergétique » valide la méthode de la Révolution citoyenne. Voir des associations prendre en charge la rédaction d’un projet de loi n’est pas une chose fréquente. Bien sûr, la forme du document se présente comme un document rédigé pour qu’il soit accessible à tous. Mais le document est organisé en titres et articles. Comme un vrai projet de loi. C’est la preuve d’une grande volonté de crédibilité et d’une ambition majoritaire.

108) 11 mars 2011 : Notre siècle a trois ans

François Delapierre, PG

Il y a trois ans, le 11 mars 2011 survenait la catastrophe de Fukushima. Ce cataclysme éclatait non pas dans un pays de l’ancien bloc soviétique ou dans une économie balbutiante mais dans un Etat développé, à la pointe des techniques modernes, détenteur d’un parc nucléaire civil parmi les plus importants du monde. Au Japon, personne ne risque d’oublier ce funeste anniversaire. Il est devenu la géographie physique et humaine du pays pour plusieurs générations. Il faudra en effet encore quelques décennies pour que la zone du réacteur soit ouverte à nouveau à la vie. En attendant, les producteurs de riz de la préfecture de Fukushima ont ajouté le compteur Geiger à leurs outils traditionnels.

En France, il est utile en revanche de rappeler cette date. Car elle nous oblige à voir. Désormais on ne peut plus nier la possibilité et la gravité d’une catastrophe nucléaire sur notre sol. Pour la première fois l’institut de sureté nucléaire lui-même l’admet. Il a même tenté d’évaluer les dégâts que subirait alors la France. C’est un acquis même si en la matière les chiffres ne disent pas grand-chose. Mais le plus extraordinaire n’est pas ce travail. C’est qu’il n’avait jamais été fait jusqu’à présent. Voyez-le comme un signe : les dangers du nucléaire ont été mis sous le tapis, consciemment ou non, par la longue chaîne de ceux qui ont intérêt à entretenir le mythe d’une technologie sûre.

Qui sont-ils ? Aujourd’hui, ce sont les comptables d’EDF qui plaident pour l’allongement de la durée de vie des centrales jusqu’à 60 ans. Aucune centrale nucléaire dans le monde n’a jamais atteint 50 ans d’âge. Déjà le nombre d’incidents ne cesse d’augmenter dans les centrales françaises à mesure qu’elles vieillissent. Certes, mais il faut être compétitif ! Il faut arranger le bilan financier d’EDF, même si ce n’est pas encore au niveau d’Enron. Il faut vanter le nucléaire, beau produit d’exportation, comme l’ont fait Hollande et Fabius… dans un Japon endeuillé ! Il faut passer sous silence les coûts réels de la filière, incluant les nouvelles normes de sécurité et le démantèlement, pour ne pas effaroucher la clientèle. Ce sont les noces de cendre du nucléaire et de la politique de l’offre. Quand Hollande appelle à produire n’importe quoi dans n’importe quelles conditions, il trouvera toujours un Proglio, l’homme à qui Sarkozy confia la tête d’EDF, pour lui dire oui et en profiter jusqu’à la tombe.

Le Parti de Gauche a marqué cet anniversaire par une présence de ses dirigeants sur plusieurs sites nucléaires du pays ce 11 mars. Ne vous attendez pas à ce que les médias en parlent d’abondance. Ils s’occupent de choses tellement plus importantes ! Alors faites-le savoir. Car sans opinion éclairée l’intérêt général ne l’emportera jamais dans le domaine vital de l’énergie pas plus que dans les autres. C’est d’autant plus urgent qu’une loi dite de transition énergétique est annoncée pour juin prochain. Il reste encore une promesse de Hollande à renier, celle d’une diminution de la part du nucléaire. Mais au moins une loi parlera. Car la politique énergétique exige à la fois la primauté de l’intérêt général et le souci du long terme, et donc la loi. Elle appelle aussi des citoyens motivés et impliqués dotés de conscience et de mémoire. Le réacteur de Fukushima n’est pas éteint : il nous rappelle la noce de braise qui unit l’écologie et la République, l’écosocialisme et la révolution citoyenne.

Après Fukushima, aucun humain sensé ne peut défendre le nucléaire (J Serieys)

La centrale de Fukushima n’est toujours pas sécurisée

Elle a été "arrêtée à froid" en décembre 2011. Tous les spécialistes internationalement reconnus ont apporté leur concours. Pourtant, les problèmes sont toujours aussi nombreux et aussi graves :

- aujourd’hui il est essentiel de maintenir la température des piscines de stockage a une température raisonnable, sachant que si celle-ci dépassait le seuil de 65°C, la situation deviendrait incontrôlable, et que comparé à ce qui s’est déjà passé à Fukushima, l’ampleur de la catastrophe dépasserait l’imaginable. Le système de décontamination de l’eau utilisée n’ayant jamais donné satisfaction, l’eau de refroidissement est stockée au fur et à mesure dans 930 immenses cuves. Le 10 avril 2013, Tepco informait que le total des eaux contaminées stockées s’élevait à 280 000 tonnes, pour un stockage possible de 331 000 tonnes. Tepco a commencé à déboiser de nouvelles surfaces afin de pouvoir stocker 700 000 tonnes d’eau radioactive d’ici 3 ans.

- la piscine de stockage du combustible usé (264 tonnes), située à 30m de hauteur dans le bâtiment du réacteur N°4, menace de s’effondrer en cas de nouveau séisme. Ce qui pourrait entraîner une réaction en chaîne émettant des matières radioactives "équivalant à 5000 bombes de Hiroshima", d’après le physicien nucléaire Hiroaki Koidé

- Les réacteurs et les piscines de combustible doivent être refroidis en permanence, mais les équipements dédiés ont prouvé leur vulnérabilité : le 18 mars 2013, une panne de courant a frappé l’ensemble du site, qui a été privé d’alimentation électrique pendant 29 h. À l’origine, un faux contact probablement causé par ... un rat !.

- Les fuites se multiplient de mois en mois et l’eau qui s’échappe est fortement contaminée jusqu’à 370 000 Bq par litre. En août 2012, chaque jour 400 tonnes d’eau fortement contaminée prenaient la direction des nappes souterraines et depuis septembre 2012, on a comptabilisé 56 fuites successives : le 18 septembre, le 5 octobre, le 21 novembre, le 10 novembre, le 14 décembre, le 25 et 26 décembre, le 31 janvier, le 18 février, le 28 février.

- Trois des sept réservoirs souterrains fuient également contaminant le sol, les nappes phréatiques et l’océan. Le 5 avril 2013, une nouvelle fuite de 120 tonnes d’eau fortement radioactive s’est produite dans le réservoir souterrain n°2. Le 7 avril, une seconde fuite aurait été découverte dans une autre cuve souterraine.

- 3 000 personnes interviennent chaque jour dans la centrale, mais le niveau extrêmement élevé de radioactivité complique leur travail. Parmi les 24 000 personnes inscrites sur la liste des travailleurs du site, 16 000 sont déjà parties, en particulier pour avoir atteint la dose limite autorisée.

- 160 000 réfugié-e-s des zones d’évacuation forcée vivent toujours un sort dramatique. Les examens de thyroïde effectués sur près de 100 000 mineurs dans la préfecture de Fukushima montrent déjà que 40% d’entre eux présentent une anomalie.

Nucléaire, accidents et communication mensongère

Depuis qu’elle existe, la communication des entreprises et des gouvernements à propos de l’énergie nucléaire relève de la propagande plus que de l’information objective des citoyens.

Depuis qu’elle existe, des accidents prouvent que nous ne maîtrisons pas encore techniquement la fusion nucléaire, d’où le danger permanent que représente cette industrie.

7 octobre 1957 : Incendie d’un réacteur nucléaire à Windscale en Angleterre

26 avril 1986 : La fusion du cœur d’un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl libère une radioactivité aux conséquences catastrophiques

Accident de réacteur nucléaire à Fort Calhoun (USA) : 26 et 27 juin Les eaux en crue s’infiltrent dans les bâtiments de la centrale nucléaire 4 articles

Concernant Fukushima, nous avons eu droit à tout, de la désinformation permanente à la rétention de données en attendant que soit passé le premier tour des législatives et une victoire de la droite.

Nos concitoyens français ne doivent pas se rassurer en se disant que le Japon, c’est loin. Une étude récente de l’INSERM prouve que le nombre de leucémies infantiles est multiplié par deux à proximité des centrales. Que nos concitoyens n’acceptent pas non plus pour argent comptant l’argument du faible coût du nucléaire ; l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) estime qu’un accident grave peut coûter jusqu’à 5800 milliards d’euros !!!

Jacques Serieys

107) Pas un jour ne passe sans l’annonce de nouveaux problèmes

Où va Tepco ? Difficile de répondre à cette question, tant la compagnie d’électricité de Tokyo paraît de moins en moins crédible et de plus en plus dépassée par les événements à la centrale de Fukushima.

Depuis l’aveu le 22 juillet – au lendemain des élections sénatoriales et après plus de deux années de dénégation – de fuites quotidiennes de 300 tonnes d’eau contaminée dans l’océan, pas un jour ne passe sans l’annonce de nouveaux problèmes à la centrale ravagée par le séisme et le tsunami de mars 2011.

Samedi 31 août, l’entreprise admettait que des niveaux de radiation élevés avaient été enregistrés à proximité de réservoirs de stockage d’eau contaminée, sans pouvoir en expliquer la cause. Le niveau de radioactivité d’un réservoir – suffisant pour tuer en quatre heures toute personne qui y serait exposée – s’est avéré dix-huit fois supérieur à celui mesuré il y a dix jours.

Ces dernières révélations illustrent une nouvelle fois les difficultés de Tepco à gérer la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl.

« NOS CRAINTES DEVIENNENT RÉALITÉ »

Lundi 2 septembre, Shunichi Tanaka, le président de l’Autorité de régulation du nucléaire (ARN), a qualifié la situation à la centrale de « particulièrement grave ». « Nos craintes deviennent réalité », a-t-il ajouté en évoquant les derniers chiffres de la radioactivité et appelant Tepco à travailler pour « identifier les risques à venir » afin de ne plus être pris au dépourvu.

Ses remarques suivent les critiques formulées par le gouvernement, qui a nationalisé l’entreprise en juillet 2012 en y injectant 1 000 milliards de yens (7,7 milliards d’euros), et par les pêcheurs, inquiets pour leur activité.

Le 26 juillet, Dale Klein, invité par le Japon à diriger la commission créée en 2012 pour la réforme du nucléaire, avait critiqué la gestion de la catastrophe. « Vous ne savez pas ce que vous faites », avait lancé l’ancien dirigeant de la commission américaine de régulation du nucléaire au directeur général de Tepco, Naomi Hirose. Avant de donner son verdict : « C’est plus de l’incompétence que de la dissimulation. »

Aujourd’hui, 91 % des Japonais souhaitent que le gouvernement gère directement la reprise en main de Fukushima.

« DOUTES SÉRIEUX SUR LA CAPACITÉ DE TEPCO »

C’est dans ce contexte que le 28 août, Hirohiko Izumida, le gouverneur du département de Niigata (nord), a appelé à « la liquidation » de l’entreprise. Ancien expert de l’énergie au ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI), M. Izumida a des « doutes sérieux sur la capacité de Tepco à gérer des centrales nucléaires ».

Il se prononce contre le redémarrage de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, installée à Niigata, sur lequel Tepco compte pour améliorer une situation financière délicate. Ses ventes ont atteint 5 976 milliards de yens (46 milliards d’euros) à l’exercice 2012-2013 clos fin mars, et ses pertes nettes 685 milliards de yens (5,3 milliards d’euros). L’arrêt des réacteurs nucléaires l’a obligée à augmenter la production d’électricité de ses centrales thermiques, ce qui a fait bondir la facture des combustibles fossiles. Si Kashiwazaki-Kariwa ne redémarre pas, la compagnie pourrait devoir augmenter ses tarifs de 8,5 % à 10 % dès janvier 2014.

La situation actuelle de Tepco contraste avec l’avant-Fukushima. L’entreprise, créée en 1951 après la privatisation du secteur de l’électricité, occupait alors une place enviable au Japon et faisait partie des premières compagnies mondiales d’électricité.

Outre un monopole régional et d’importants budgets publicitaires – notamment pour le nucléaire, l’une de ses priorités –, elle était l’un des gros contributeurs du Keidanren, la puissante fédération patronale japonaise. Depuis 1990, elle y disposait d’un poste de vice-président. L’actuel dirigeant de l’organisation, Hiromasa Yonekura, était d’ailleurs un proche de Tsunehisa Katsumata, président de Tepco jusqu’en juin 2012.

L’entreprise au cœur du « village nucléaire » nippon – très critiqué après Fukushima pour sa culture opaque et la collusion entre industriels, universitaires et hauts fonctionnaires – n’a jamais su se départir d’une certaine arrogance. La manière d’appréhender les incidents de Fukushima en est la triste illustration. Et, depuis le début de la catastrophe, dont la résolution prendra au minimum quarante ans et pourrait coûter 44 milliards d’euros, son attitude n’a guère changé.

« MYTHE DE LA SÛRETÉ »

Le 20 juin 2012, l’entreprise a remis son propre rapport d’enquête sur la catastrophe. Conclusion : elle n’avait quasiment rien à se reprocher. Tout était de la faute du gouvernement qui s’était mêlé de ce qui ne le regardait pas.

Les dirigeants de l’entreprise niaient avoir dissimulé la moindre information, expliquaient que personne n’avait imaginé la possibilité d’un tel tsunami et affirmaient n’avoir jamais voulu évacuer le site au moment du drame.

Ils prétendaient également avoir envoyé dès le 13 mars (deux jours après le début de la crise) du personnel à Namie, ville proche de la centrale, pour expliquer la situation. Une affirmation contestée par le maire de la municipalité, Tamotsu Baba.

Les autres rapports sur la catastrophe de mars 2011 sont venus démonter son argumentaire. Le 23 juillet 2012, une étude gouvernementale déplorait une « trop grande confiance » dans le « mythe de la sûreté » des installations nucléaires. Quelques jours auparavant, la commission parlementaire (Naiic) avait critiqué Tepco pour avoir « évité de jouer la transparence » et avait noté que le milieu du nucléaire connaissait, dès 2006, le risque de rupture d’alimentation électrique – principale cause de la catastrophe – en cas de tsunami à Fukushima.

Ces critiques rappellent qu’avant mars 2011 Tepco avait déjà été ciblée pour ses dissimulations. En 2007, la défunte NISA, l’Agence de sûreté industrielle et nucléaire, aujourd’hui remplacée par l’ARN, signalait qu’entre 1978 et 2002 97 incidents, dont 19 jugés « critiques », avaient été cachés aux autorités. Ces affaires concernaient les dix compagnies d’électricité japonaise, mais Tepco était la plus critiquée.

En juillet 1987, la compagnie était de nouveau pointée du doigt pour des retards d’information sur un incendie et une fuite radioactive à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, après un séisme de magnitude 6,8.

De quoi douter de l’engagement pris par l’entreprise en mai 2012 de créer une « nouvelle Tepco », « assumant ses responsabilités » et « développant une culture de la transparence ».

Philippe Mesmer

* LE MONDE | 02.09.2013 à 12h26

106) Situation d’urgence décrétée à Fukushima

Le 7 août 2013, la situation d’urgence a été décrétée à Fukushima due à des fuites radioactives qui contaminent de manière irréversible les nappes phréatiques, l’océan Pacifique ainsi que tout l’environnement autour de la centrale. Tous les jours, ce sont 300 tonnes d’eau contaminée qui se déversent dans le milieu maritime laissant les autorités impuissantes face à l’ampleur de la catastrophe.

Après le mensonge d’État, des révélations au compte-gouttes

En juillet dernier, TEPCO, l’opérateur de la centrale de Fukushima, avait déjà avoué que de l’eau contaminée au strontium, césium et tritium s’écoulait bien dans l’océan Pacifique. Un aveu qui est intervenu au lendemain des élections sénatoriales où le parti de l’actuel premier ministre Shinzo Abe a gagné. Personne n’a cru à un hasard du calendrier, le premier ministre étant un fervent défenseur de l’énergie nucléaire. Si cette information avait été dévoilée avant les élections, la victoire du parti démocrate-libéral aurait sans doute été mise en péril…

TEPCO a été mis en cause dès le début de la catastrophe de Fukushima, notamment sur sa gestion dans les heures qui ont suivi le tsunami et depuis l’opérateur n’a fait que cacher la vérité à la population japonaise, tentant ainsi de masquer l’ampleur du désastre.

Une contamination de l’océan sans précédent

TEPCO a évalué la contamination de l’océan Pacifique entre 20 000 et 40 000 milliards de becquerels depuis mai 2011. Nous sommes donc face à la plus grande contamination en mer de l’Histoire, comme le confirme Jérôme Joly, directeur adjoint de l’IRSN.

Mais la catastrophe de Fukushima est toujours en cours et 300 tonnes d’eau contaminée se déversent chaque jour dans l’océan. Pour tenter de contenir ces fuites, TEPCO a construit une barrière pour empêcher les eaux très radioactives de se répandre dans le Pacifique, mais ces barrières ne sont pas suffisantes et l’eau provenant des nappes phréatiques a commencé à les submerger. De plus, TEPCO a entrepris l’injection de produits chimiques dans le sol, afin de le solidifier pour contenir la radioactivité… En réalité, du simple bricolage, qui ne parvient pas a résoudre la situation, sans compter que ce sont de nouveaux produits très dangereux qu’on libère dans la nature.

Une situation ingérable

Quelles que soient les solutions envisagées par les autorités, la situation est ingérable, car le propre d’une catastrophe nucléaire est de durer dans le temps, il est illusoire de penser que la radioactivité à Fukushima peut être contenue.

Mais le gouvernement japonais refuse toujours une coopération internationale pour gérer cette crise, sans aucun doute de peur que la lumière soit faite sur la situation. Car même si certaines informations sont dévoilées, il est difficile d’établir un réel bilan de l’ampleur des dégâts en terme humain et environnemental.

Réseau Sortir du nucléaire

105) A Fukushima, 300 tonnes d’eau contaminée se déversent chaque jour dans le Pacifique

Voilà des mois que les informations sur les fuites d’eau radioactive issue de la centrale de Fukushima sortent graduellement au grand jour, sans que soient révélés officiellement leur ampleur ou leur impact sur l’environnement. Le gouvernement japonais a finalement rendu publique une estimation de leur quantité, mercredi 7 août : ce sont 300 tonnes d’eau contaminée qui se déversent chaque jour dans l’océan Pacifique, plus de deux ans après la catastrophe nucléaire causée par un séisme et un tsunami, en mars 2011.

Qualifiées de « situation d’urgence » mardi par l’Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA), ces fuites ont été estimées par l’opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), en termes de radioactivité, à vingt à quarante mille milliards de becquerels entre mai 2011 et juillet 2013.

Le premier ministre, Shinzo Abe, un conservateur favorable à la relance de l’énergie nucléaire, a évoqué « un problème urgent qui suscite beaucoup d’inquiétude dans la population », et s’est engagé à accentuer les efforts du gouvernement pour contenir ces fuites – que le gouvernement prévoit de limiter à 60 tonnes par jour à partir de décembre.

POISSONS RADIOACTIFS

A la fin du mois de juillet, Tepco était revenu sur sa théorie selon laquelle l’eau chargée de tritium, de strontium, de césium et autres éléments radioactifs stagnait sous terre, avouant qu’elle atteignait l’océan. A la suite de cet aveu, l’autorité nucléaire japonaise a prévu d’enquêter sur les causes de ces fuites et de surveiller la contamination de l’océan.

Ces rejets dans le Pacifique n’étaient cependant un secret pour personne. En janvier par exemple, un poisson pêché près de la centrale présentait un niveau de contamination radioactive plus de 2 500 fois supérieur à la limite légale – au grand dam des pêcheurs de la région.

Et alors que Tepco assurait encore que l’eau restait bloquée dans les sous-sols, l’opérateur avait enregistré, dans un puits situé entre les réacteurs et la mer, un niveau de radioactivité de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la dose limite admise pour de l’eau de mer – niveau qui grimpait encore au mois de juillet.

CUVES, PRODUIT CHIMIQUE ET FILETS

Ces fuites d’eau radioactive sont issues du refroidissement des réacteurs ravagés. De l’eau douce y est injectée en permanence pour les maintenir à une température inférieure à 50 ºC. Chaque jour, ces opérations produisent 400 tonnes d’eau hautement radioactive, dont une partie est stockée dans des réservoirs souterrains. Tepco a reconnu que certains d’entre eux fuyaient.

Critiqué pour sa gestion de l’accident nucléaire et pour sa communication, Tepco a décidé de prendre diverses mesures pour empêcher ces fuites. Pour l’instant, l’opérateur s’efforce de construire une paroi enterrée entre le site et l’océan, d’étanchéifier les galeries de la centrale, et de construire de nouvelles cuves de stockage à la surface, pour éviter les fuites souterraines. Le quotidien Asahi relevait récemment que le produit chimique que Tepco injectait pour solidifier les sols n’était toutefois pas efficace au niveau des nappes phréatiques.

Tepco compte aussi sur un nouveau système de décontamination de l’eau, l’ALPS (Advanced Liquid Processing System), grâce auquel il espère obtenir l’autorisation du gouvernement de pouvoir la déverser dans l’océan. En attendant, l’opérateur installe des filets pour éviter que les poissons contaminés ne partent trop loin, au risque d’être consommés par d’autres espèces ou pêchés.

Les suites de la catastrophe nucléaire sont loin d’être stabilisées dans la centrale de Fukushima, où les incidents sur le chantier se multiplient, et où l’état des réacteurs endommagés, toujours à la merci d’un séisme, continue d’inquiéter. Le démantèlement complet des installations devrait prendre une quarantaine d’années, et l’Etat a déjà versé près de 30 milliards d’euros à Tepco, qui ont servi à sécuriser le site et à indemniser plus d’un million de victimes. Environ 3 000 ouvriers travaillent dans ce chantier de déconstruction, le plus grand de l’histoire du nucléaire. En juillet, Tepco a annoncé que 2 000 d’entre eux risquaient un cancer de la thyroïde.

Le Monde.fr

104) Au Japon, Tepco cache des informations pour faire gagner la droite

Tokyo Electric Power (Tepco) a été ouvertement tancée par des experts étrangers ce vendredi suite à son manque de communication. Tout laisse à croire que la compagnie d’électricité a attendu la fin des élections sénatoriales pour dévoiler que de l’eau hautement radioactive s’écoule dans l’océan Pacifique qui borde la centrale de Fukushima.

« Je pense honteusement qu’on aurait pu le dire plus tôt » : voilà la réponse qui a été donnée par Naomi Hirose, patron de Tokyo Electric Power (Tepco) aux experts étrangers. Ces derniers se sont indignés ce vendredi après que la compagnie japonaise ait avoué lundi dernier que de l’eau hautement radioactive s’écoulait dans l’océan Pacifique qui borde la centrale de Fukushima ravagée par le tsunami du 11 mars 2011. Cette eau souterraine pleine de tritium, strontium, césium et autres éléments radioactifs ne stagnait pas sous terre, comme Tepco l’avait prétendu pendant des semaines, mais descendait jusqu’à l’océan. L’impact de l’après-Fukushima concernant les transferts via l’océan et la chaine alimentaire marine est énorme. Bien qu’il soit toujours en évaluation on estime tout de même que c’est la contamination radioactive artificielle de l’environnement marin la plus importante qui ait jamais eu lieu.

L’expert américain Dale Klein, ancien président de la Commission de régulation nucléaire des Etats-Unis, a lancé : « Une telle communication est très mauvaise et démontre des lacunes de prise décision ». Barbara Judge, présidente de l’autorité britannique, a également condamné Tepco en précisant que la compagnie japonaise devait redoubler d’efforts sur leur méthode de communication sur les dangers auprès de la population japonaise afin de leur « redonner confiance ». Cette leçon donnée peut revêtir d’une certaine hypocrisie lorsqu’on sait que l’Angleterre dépense au moins 34 milliards de livres (plus de 39 milliards d’euros), selon une estimation de Greenpeace, pour remplacer progressivement l’actuel programme de missiles nucléaires « Trident ». Dont le remplacement, d’ailleurs, viole l’article VI du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires signé en 1968…

Les élections sénatoriales en trame de fond

Le patron de Tepco s’est justifié en prétendant qu’une annonce officielle des faits ne pouvait être effectuée qu’après une solide analyse de nombreuses données. Selon Masafumi Sakurai, membre japonais du comité de suivi, la tactique, erronée, de Tepco, a toujours été "tant qu’on n’a pas complètement vérifié on ne peut pas annoncer". Ce qui peut être une habile façon de dissimuler certains faits, notamment en temps d’élections.

De fait, cet aveu s’est fait au lendemain des élections sénatoriales qui ont été remportées par le parti pro-nucléaire de droite du Premier ministre Shinzo Abe : le parti libéral-démocrate (PLD). Celui-ci déclare que ce n’était « qu’un fâcheux concours de circonstances ». Le patron de Tepco quant à lui assure que Tepco n’avait pas l’intention de reporter l’annonce après le scrutin. On y croit ?

Sophie Morel, membre du Conseil d’administration du réseau « Sortir du Nucléaire » en doute : « La campagne du PLD a été financée par le village nucléaire composé de différents groupes industriels dont Tepco fait parti. Lors de leur campagne, une réelle propagande a été menée. Les militants ont distribué des tracts dans le Nord du Japon en promettant de ne pas relancer les centrales nucléaires dans la région ».

Le parti du Premier ministre, qui s’est donné tant de mal à être réélu, veut clairement mettre à mal les voix qui contestent le nucléaire. Cette victoire aux sénatoriales semble un prélude inquiétant d’autant plus que le PLD est un parti très nationaliste et militariste. Lors de la campagne, Shinzo Abe a annoncé vouloir réviser la constitution pacifiste du pays, adoptée après la Seconde Guerre Mondiale, s’il sortait vainqueur. La porte ouverte non seulement à la réouverture des centrales nucléaires mais aussi au lancement d’un programme nucléaire militaire.

Manon Berthod, L’Humanité

103) Le chef de la centrale de Fukushima vient de mourir

Voici la traduction littérale d’un article d’Associated Press paru dans la presse japonaise ( Juillet 2013) :

Masao Yoshida, l’homme qui a mené la bataille en risquant sa vie à la centrale ruinée, est décédé d’un cancer de l’œsophage. Il avait 58 ans.

Il a vécu la spirale infernale des événements, qui ont conduit aux fusions de trois cœurs nucléaires (NDT : les réacteurs 1, 2 et 3 ont fondu, c’est la piscine de refroidissement de combustibles usés qui a fait exploser le bâtiment réacteur n°4, alors que les réacteurs 4, 5 et 6 étaient à l’arrêt « à froid » depuis plusieurs mois avant le séisme fatidique).

Les responsables de TEPCO (Tokyo Electric Power Co.) ont déclaré que la maladie de Yoshida n’était pas liée à l’exposition radioactive.

Yoshida a dirigé les efforts visant à stabiliser la centrale nucléaire n°1 de Fukushima après le 11 Mars 2011, où le tremblement de terre et le tsunami ont mis ses systèmes d’alimentation en électricité et d’accès à la source froide hors service, provoquant la fusion des 3 réacteurs nucléaires et des fuites de radionucléides massives.

Se rappelant les premiers jours, lorsque les trois réacteurs ont fondu successivement, Yoshida a déclaré plus tard :

« Il y a eu plusieurs moments où je pensais que nous allions tous mourir ici. Je craignais que l’usine ne devienne hors de contrôle et que ce serait fini pour nous. »

Yoshida, un homme franc, de grande taille et doté d’une voix forte, n’avait pas peur de contredire ses supérieurs. Il était également connu pour être une personne bienveillante envers ses collègues.

Même après que le premier ministre Naoto Kan, qui avait été extrêmement frustré par le manque d’information initial et les manipulations de TEPCO, avait déclaré après avoir rencontré Yoshida sur place, qu’il pouvait lui faire confiance.

Yoshida a démissionné de son poste de chef du complexe nucléaire en décembre 2011, en annonçant qu’il était atteint du cancer. Cette démission eut lieu après que les travailleurs aient commencé à mettre le site sous contrôle.

Le porte-parole de TEPCO, Yoshimi Hitosugi a annoncé que Yoshida était décédé au matin du 9 Juillet 2013 dans un hôpital de Tokyo.

Yoshida a apporté une cohésion chez les travailleurs et a gardé leurs esprits à même à survivre à la crise. Il avait exprimé son espoir de retourner travailler pour le rétablissement de la centrale de Fukushima-1, même après être tombé malade ; rapporte le président de TEPCO, Naomi Hirose.

« Il a littéralement mis sa vie en danger face à l’accident », a déclaré Hirose dans un communiqué. « Nous gardons ses vœux à notre cœur et feront tout pour mettre en œuvre la reconstruction de Fukushima, qu’il a essayé de sauver à tout prix. »

Dépêche de l’Associated Press, du Mardi 9 Juillet 2013.

101) Les shadoks de Fukushima

Tout le monde, ou presque, connait cette série animée de Jacques Rouxel mettant en scène de drôles de personnages qui passaient leur temps à pomper… ils sont l’illustration parfaite de ce qui se passe aujourd’hui dans la centrale dévastée de Fukushima.

Et les Shadoks pompaient…

C’est en effet ce que font les employés de Tepco depuis plus de 2 ans, pompant l’eau contaminée qui fuit de toutes parts, et tentant de colmater les fuites d’eau radioactive qui se multiplient.

Comparé au risque réel et considérable que font courir les piscines de stockage, dans lesquels au total 2014 assemblages attendent d’être déchargés, en se rappelant que la piscine centrale contient pour sa part 6375 assemblages supplémentaires, on peut tenter de se rassurer en se disant que ce ne sont que des fuites, et pourtant…

Pour bien comprendre la situation, il faut savoir qu’aujourd’hui il est essentiel de maintenir la température des piscines de stockage a une température raisonnable, sachant que si celle-ci dépassait le seuil de 65°C, a situation deviendrait incontrôlable, et que comparé à ce qui s’est déjà passé à Fukushima, l’ampleur de la catastrophe dépasserait l’imaginable.

Il était prévu un système de décontamination qui permettrait de réutiliser l’eau, mais il n’a jamais donné complète satisfaction.

L’eau de refroidissement est donc stockée au fur et à mesure dans les 930 cuves installées sur le site, et à ce jour, Tepco a atteint les 80% de ses capacités de stockage… il faudra donc bientôt déboiser un autre terrain, afin d’agrandir le site.

Pour Michel de Muelenaere, même si Tepco se veut rassurant, il ne faut pas prendre ça à la légère, et il faut trouver rapidement une solution : « soit les ingénieurs mettent au point un nouveau système de décontamination qui permet de traiter toute l’eau contaminée, soit on accroit la capacité de stockage ».

Un autre problème à surgi : les fuites se multiplient, et l’eau qui s’échappe est fortement contaminée jusqu’à 370 000 Bq par litre.

Dès le 21 novembre 2011, 176 litres avaient fui, puis 96 litres le 10 décembre, et ainsi de suite le 12 décembre, le 14 décembre, le 25 décembre, le 31 janvier, le 18 février, le 3 mars, le 5 avril, le 9 mai, le 14 juin, le 18 juin, le 14 aout, le 17 aout…

A cette date, on estimait que chaque jour 400 tonnes d’eau fortement contaminée prenaient la direction des nappes souterraines et depuis septembre 2012, on a comptabilisé pas moins de 56 fuites successives : le 18 septembre, le 5 octobre, le 21 novembre, le 10 novembre, le 14 décembre, le 25 et 26 décembre, le 31 janvier, le 18 février, le 28 février, à tel point que des esprits taquins finiraient par débaptiser la centrale nucléaire en la qualifiant de passoire.

Le 5 avril dernier, une nouvelle fuite de 120 tonnes d’eau fortement radioactive s’est produite dans le réservoir souterrain n°2, laquelle devait être pompée et dirigée vers un autre réservoir.

Le 7 avril, une seconde fuite aurait été découverte dans une autre cuve souterraine.

Ces réservoirs souterrains contiennent 13 000 tonnes d’eau, et si le réservoir incriminé ne se trouve qu’à 800 mètres de l’océan, Tepco juge peu probable que l’eau radioactive puisse s’y écouler.

Mais quel crédit peut-on encore donner à cette entreprise qui nous a tant habitués à la dissimulation, voire au mensonge ?

Le 10 avril 2013, Tepco informait que le total des eaux contaminées stockées s’élevait à 280 000 tonnes, pour un stockage possible de 331 000 tonnes.

Difficile d’estimer quelle est la réelle quantité d’eau radioactive qui a rejoint les nappes phréatiques ou l’océan, mais ce qui est certain, c’est qu’au moment ou l’on commémore la tragédie de Tchernobyl, avec le nucléaire, qu’il soit civil ou militaire, on n’est jamais à cours de mauvaises surprises..

Finalement, le 10 avril dernier, Tepco a reconnu la gravité de la situation, mettant en place une cellule de crise, et Naomi Hirose, directeur général de la centrale, a assuré « faire en sorte de retirer toute l’eau des réservoirs souterrains d’ici juin 2013 » assurant que « les fuites devraient être pompées au fur et à mesure pour éviter une contamination du sol » en ce qui concerne 3 des 7 réservoirs souterrains.

Mais n’est-ce pas un peu trop tard ?

Le 11 décembre 2012, on comptabilisait 237 000 tonnes d’eau contaminée sur les 320 000 tonnes possibles, et Tepco avait commencé à déboiser de nouvelles surfaces afin de pouvoir stocker 700 000 tonnes de stockage d’eau radioactive d’ici 3 ans.

Olivier Cabanel

Pour continuer la lecture de cet excellent article comprenant des liens pour prouver chaque affirmation, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

Source : http://www.agoravox.fr/actualites/e...

100) 2ème anniversaire de Fukushima : les Japonais dans la rue

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté ce week-end dans tout le Japon pour exiger l’abandon rapide de l’énergie nucléaire. La date est importante ; ce lundi représente le deuxième anniversaire des séisme et Tsunami qui ont provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011, évènements qui ont fait près de 19000 victimes.

A Tokyo, les manifestations ont duré deux jours. Les manifestants se sont rassemblés dans un grand parc du centre pour écouter des concerts ou des discours sonorisés grâce à de l’électricité solaire. Ils ont ensuite défilé en direction du Parlement, en passant par le quartier des ministères, dans le but de remettre une pétition aux députés demandant au Premier ministre japonais Shinzo Abe, au pouvoir depuis les législatives de décembre, le démantèlement de toutes les centrales nucléaires du pays.

D’autres manifestations se sont tenues dans la capitale et le reste du pays. Selon les médias locaux, quelque 150 événements étaient prévus au total entre samedi et lundi. Dans de nombreuses communes touchées par le tsunami, les habitants vêtus de noir ont assisté ce dimanche à des cérémonies de commémoration. A Rikuzentakata, où près de 1.600 personnes ont péri et 217 sont portées disparues, le maire Futoshi Toba a réaffirmé son engagement à reconstruire la ville.

"Il devient de plus en plus important pour nous de manifester. Je le fais pour mes enfants. On ne peut pas leur léguer ce chaos que représente l’énergie nucléaire", déclarait à Reuters une Japonaise de 32 ans, mère de deux enfants, venue défiler devant le ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie en scandant : "Halte au nucléaire ! Protégez nos enfants !" "Les gens et les médias commencent à oublier Fukushima et ce qui s’y est passé".

Le nucléaire au cœur du débat politique

Seuls deux des 50 réacteurs de l’archipel nippon sont actuellement en fonctionnement, le parc nucléaire faisant l’objet de vérifications de sécurité poussées depuis l’accident de Fukushima. Le redémarrage des autres centrales est un clair enjeu politique. M. Abe, dont le Parti Libéral-Démocrate (droite) a de proches relations avec les milieux d’affaires, prône le redémarrage des réacteurs dont la sécurité aura été établie.

Le gouvernement de centre-gauche sortant, dirigé par Yoshihiko Noda et battu dans les urnes en décembre, avait promis pour sa part d’abandonner l’énergie nucléaire d’ici à la fin des années 2030. "Nous exigeons le lancement rapide des procédures de démantèlement des réacteurs et nous opposons à tout projet de construction de nouvelles centrales nucléaires", ont ajouté les organisateurs de la manifestation dans leur communiqué. Selon un sondage récent, 70% des Japonais sont partisans d’un abandon du nucléaire à terme.

En plus des 19000 morts et disparus, la fusion de réacteurs à la centrale de Fukushima Daiichi, due à la panne du système de refroidissement, a entraîné l’évacuation de 160.000 habitants de la région et la mise en place d’une zone d’exclusion dans un rayon de 20 km autour de la centrale, et a contaminé durablement l’environnement terrestre, atmosphérique et maritime.

99) Le Japon deux ans après : Inquiétude sur la thyroïde des enfants de Fukushima

Pour accéder à cet article scientifique, cliquer sur le titre 99 ci-dessus.

98) Huit soldats de la Marine américaine portent plainte contre Tepco, après Fukushima

Huit soldats de la Marine américaine ont porté plainte, vendredi 28 décembre, contre la compagnie japonaise Tepco, qu’ils accusent d’avoir menti sur les niveaux de radiations émanant de la centrale nucléaire de Fukushima en mars 2011.

Ils réclament plusieurs centaines de millions de dollars à la société, estimant qu’elle n’a pas transmis les véritables mesures aux capitaines de l’USS-Ronald-Reagan, engagé dans les opérations de secours après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.

Tepco et le gouvernement japonais "ont toujours assuré qu’il n’y avait pas de danger de contamination par les radiations pour le porte-avions ou son équipage", souligne le texte de leur plainte déposée devant une cour fédérale de Californie.

Les autorités japonaises ont insisté pour dire qu’il n’y avait pas de risque "immédiat" tout en "mentant effrontément à propos de la fusion du réacteur" à la centrale de Fukushima, soulignent les avocats des plaignants.

PREMIÈRE PLAINTE DÉPOSÉE À L’ÉTRANGER

La plainte accuse Tepco de négligence et d’imprudence et demande que la compagnie soit reconnue responsable de l’exposition aux radiations du navire et de son équipage, et aussi d’avoir conçu une centrale qui n’était pas sûre. L’USS-Ronald-Reagan s’est trop approché de la centrale et "les plaignants doivent désormais faire face à une vie entière d’empoisonnement aux radiations et doivent supporter ce qui aurait pu et aurait dû être évité". Une des membres de l’équipage, qui était enceinte lors du déploiement dans la zone, a joint sa fille âgée d’un an à la procédure judiciaire.

Source : Le Monde 28 décembre 2012

97) FUKUSHIMA - le rapport final officiel de la catastrophe en français

Cette édition française se place dans l’esprit qui a prévalu à la rédaction du rapport original, à savoir la diffusion des résultats d’une enquête indépendante des lobbys industriels ou des pressions politiques, avec une grande exigence de transparence et une volonté de diffusion internationale.

Ce rapport d’enquête de 105 pages, commandé par la Diète Nationale (Parlement) du Japon, révèle entre autres que :

- la catastrophe nucléaire de Fukushima est d’origine humaine, alors que TEPCO et toutes les autorités l’attribuaient au tsunami,

- la résistance des réacteurs au séisme était inadéquate,

- il n’existait pas de réponse adaptée aux tsunamis,

- les contre-mesures aux accidents graves étaient non conformes aux standards internationaux,

- l’alimentation électrique externe était très vulnérable,

- les bureaucraties complices ont rendu la catastrophe inévitable,

- l’évacuation des résidents s’est faite dans une extrême confusion,

- la catastrophe aurait pu être encore plus grave.

Il faut bien évidemment lire ce document avec l’idée de ce qui pourrait se passer si une telle catastrophe survenait en France.

Et sa lecture provoque de saines questions :

- pourquoi le gouvernement français a-t-il martelé que la catastrophe nucléaire de Fukushima était due au tsunami ?

- pourquoi les centrales nucléaires françaises sont-elles souvent construites sur des failles et que des minimisations de risques sismiques sont avérées sur certaines d’entre elles ?

- pourquoi l’évacuation des habitants est prévue sur un rayon de 5 km autour d’une centrale accidentée alors qu’à Fukushima l’évacuation a été jusqu’à 30 km ?

- comment concrètement les pastilles d’iode seraient-elles distribuées à toute la population dans un rayon de 30 km autour d’une centrale si un accident arrivait ?

- pourquoi on dit à la population française depuis plus de 30 ans que le nucléaire est sûr alors qu’aucune centrale nucléaire française ne possède de récupérateur de corium ?

- pourquoi les stress-tests effectués sur les centrales nucléaires françaises ont été pointés du doigt par la commission européenne ?

- pourquoi le gouvernement français accepte-t-il encore le risque d’un accident grave et de la disparition d’une région entière de France à cause d’une contamination qui nécessiterait l’évacuation définitive de ses habitants ?

La lecture du rapport de la NAIIC vous donnera également des éléments de réponse à vos propres interrogations.

Source : http://fukushima.over-blog.fr

96) Fukushima, la stratégie de l’oubli

Un livre vient de sortir, « oublier Fukushima » (éditions du bout de la ville), faisant un bilan saisissant, décryptant les manœuvres subtiles de communication de Tepco et de l’Etat Japonais, qui tentent de faire oublier la catastrophe toujours en cours.

Les auteurs ont dressé, dans l’émission de Ruth Stégassy, « Terre à Terre » du 20 octobre 2012, un bilan méticuleux destiné à nous éclairer sur la stratégie mise en place par le gouvernement japonais destinée à faire oublier la catastrophe, démontrant que tout avait mis en œuvre pour tenter de rayer de la mémoire collective ce qui s’était passé.

Les autorités japonaises ont mis en place un scénario en 5 temps : après la catastrophe, la liquidation (en réalité la non-liquidation), l’évacuation, (en fait la non-évacuation), la réhabilitation, fictive elle aussi, pour aboutir enfin à une tentative de banalisation de l’accident.

Cette stratégie d’oubli semble fonctionner relativement bien auprès des médias, lesquels reprennent sans complexes les infos proposées par les gestionnaires de la catastrophe, avec comme but ultime de le proposer comme modèle pour la prochaine fois.

Il s’agit de faire croire au public docile que la sureté des installations nucléaires est assurée, même lors d’un accident majeur et les médias semblent se contenter de la campagne de communication menée conjointement par Tepco et l’état Japonais.

La CIPR, (commission internationale pour la protection radiologique) organisme qui détermine pour toute la planète les normes acceptables en matière de pollution radioactive pour les travailleurs et les habitants, a modifié, quelques semaines après la catastrophe, les normes fixées auparavant à 1 milliSievert/an et les mettant à 20 milliSieverts/an mais la norme n’empêche pas le danger.

Or déplacer ce seuil, c’était offrir au gouvernement japonais la possibilité de ne pas évacuer les millions d’habitants menacés.

Et puis Fukushima apporte une « nouveauté », car contrairement à Tchernobyl, c’est la première fois qu’une catastrophe majeure a été mise sur le compte d’un évènement naturel, même si l’on sait aujourd’hui, que c’est bien suite à une mauvaise gestion de la situation que la centrale a été dévastée.

Autre observation que font les auteurs, c’est surtout le tsunami qui a été mis en cause, et non pas le tremblement de terre, ce qui est bien pratique pour Tepco, puisque du coup, il ne leur est pas reproché d’avoir installé toutes leurs centrales sur des failles sismiques.

Les exploitants des centrales françaises situées elles aussi sur des failles sismiques devraient s’interroger sur la question.

Mais revenons à Fukushima, l’une des questions non résolue à l’heure actuelle concerne le corium : comme l’expliquent les auteurs du livre, ce corium, d’une température de 2500°, s’enfonce inexorablement dans le sol, et on comprend que toutes les tentatives de l’arroser pour le refroidir, sont autant vouées à l’échec que si l’on voulait éteindre un volcan en l’aspergeant d’eau.

Ce corium se compose entre autre de 33 millions de « pastilles », (lien) chacune d’elles équivalent énergétiquement à 1 tonne de charbon, soit 257 tonnes de corium, alors que celui de Tchernobyl n’était que de 70 tonnes.

Pour gérer cette situation, on a fait comme à Tchernobyl, (lien) en envoyant 800 000 hommes, équipés de bottes en caoutchouc, et de lances à incendie, ces hommes étant des habitants de ghettos, considérés comme parias jusqu’en 1871, mais qui continuent encore aujourd’hui à être « la chair à canon » pour ce genre d’entreprise, avec un avantage certain, c’est qu’en cas de disparition de ces forçats du nucléaire, personne ne viendra les comptabiliser.

D’ailleurs, ils disparaissent régulièrement des registres de Tepco sans que l’on puisse savoir ce qu’ils sont devenus, sans laisser de trace, vu le niveau délirant de sous-traitance, lequel peut l’être de 6 ou 7 fois…voire même de 10 niveaux, sous la bonne surveillance des Yakusas…

Quant à l’évacuation, elle n’a pas eu réellement lieu, le choix a été plutôt de définir quel territoire sera finalement, tout comme à Tchernobyl, déserté, et donc interdit : il n’y pas eu de mise en place d’opération d’évacuation, avec utilisation de bus, et la plupart de ceux qui sont partis, sont ceux qui en ont eu les moyens.

Pour éviter l’exode de plusieurs millions de personnes, le gouvernement japonais a donc choisi de déterminer des zones variant entre 3 et 30 kilomètres autour du site, de façon concentrique, sans tenir compte du sens des vents, et de la réelle contamination des sols.

Ils n’ont été en réalité qu’entre 60 000 et 140 000 personnes à partir, allant rejoindre ailleurs des membres de leur famille, mais contrairement au discours officiel, repris par l’AIEA, ils n’ont pas été évacués.

Quant aux personnes qui ont été comptabilisées dans des camps plus ou moins de fortune, ils n’étaient pas tous des rescapés de Fukushima, mais aussi des survivants du tsunami, soit de 60 000 à 80 000 personnes, sans qu’il soit possible de savoir qui sont les uns et qui sont les autres.

Plus inquiétant, ces rescapés ont été placés dans des zones situées parfois seulement à 50 km de la centrale accidentée, et ces rescapés ont réalisé que certaines de ces zones pourtant plus éloignées, étaient plus polluées que celles dans lesquelles ils vivaient auparavant.

A titre d’exemple, il existe une ville de 20 000 habitants du nom de Namie, à 10 km du site, qui n’a reçu aucune consigne officielle d’évacuation, et les habitants ont vite compris qu’ils devaient se débrouiller tous seuls.

Le maire de Namie a d’ailleurs accusé les autorités gouvernementales d’avoir organisé une « espèce de meurtre ».

Le gouvernement japonais avait pourtant à sa disposition le système « Speedy », qui permet de modéliser par anticipation la dispersion dans l’air des radionucléides.

Or les habitants en s’évacuant un petit peu au hasard vont être en réalité confrontés à un danger bien plus grand, car en rejoignant un secteur plus lointain, ils vont se traverser une zone encore plus polluée, ignorant ce que le gouvernement japonais savait, lequel avait seulement prévenus les soldats de l’armée américaine qui s’y trouvaient.

Areva avait pris d’ailleurs les mêmes mesures, donnant l’ordre à son personnel sur place d’évacuer rapidement.

Le gouvernement japonais finira par admettre le principe des « taches de léopard », défini à Tchernobyl, considérant des villages, ou des quartiers de grande ville, pourtant plus éloignées de la centrale, comme des zones tout autant polluées.

Or en décidant de considérer ces zones comme définitivement contaminées, ça permet de geler la situation actuelle, comme si la centrale avait arrêté de polluer, alors qu’elle continue de rejeter la radioactivité sans la moindre interruption depuis près de 20 mois.

C’est dans la même logique de mensonge que le 16 décembre 2011, Tepco affirmera que tout est sous contrôle, que les réacteurs ont été refroidis, et que l’on passe maintenant à la phase de « nettoyage », en parlant même de réhabilitation début janvier 2012.

Mais tout ça n’est qu’une simple affaire de communication s’appuyant sur un calendrier.

Cette « réhabilitation » va surtout consister à mobiliser les citoyens, et a enlever de la terre polluée, très localement, dans un parc public, au pied d’un toboggan, sur des lieux ou il y a beaucoup de passages, en arrosant par ci, par là, déplaçant simplement la radioactivité d’un point à un autre, enterrant une partie de la terre contaminée dans des zones de forêt.

Coté précaution, pour rassurer les populations, des dosimètres ont été mis dans les cartables des enfants, mais les mesures n’empêchent pas le danger.

Lorsqu’elles sont significatives, les préfectures demandent aux enfants d’aller jouer plus loin, mais la question de l’accumulation de la pollution dans le corps des enfants n’est pas vraiment à l’ordre du jour alors que la thyroïde du 1/3 d’entre eux a été affectée.

On demande aux japonais de mesurer un peu partout, dans leur habitation, les légumes achetés, voire même l’intérieur des réfrigérateurs…façon de diluer l’angoisse.

Lorsqu’ils sont conscients d’avoir dépassé la dose admise, ils se rendront lors de leur weekend end, dans des zones moins contaminées, espérant ainsi « équilibrer » les doses reçues dans leur corps.

Ils en viennent même à penser qu’en se mesurant à longueur de journée, ils mourront plus tard que les autres, ceux qui ne se mesurent pas.

Des cet instant, le choix de sensibiliser les citoyens en les poussant à faire leurs propres mesures, déresponsabilise en partie ceux qui tentent de gérer la catastrophe, faisant porter cette responsabilité sur les citoyens.

En attendant, la centrale dévastée continue jour après jour à rejeter la pollution dans l’air, l’eau, et la terre, la piscine du réacteur n°4 contient toujours 514 assemblages dangereux, et le 20 octobre 2012, un incendie s’est déclaré dans l’annexe des unités 1 et 2 de la centrale accidentée

Olivier Cabane | agoravox.fr

95) Plaidoyer pour une interdiction totale de l’énergie nucléaire

(Par Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon en Suisse)

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand honneur et un réel plaisir de participer à cet événement mémorable.

En 1956, la guerre froide était à son apogée, la guerre nucléaire menaçait l’humanité et mon essai qui reçut un prix annonçait que le monde était "au bord de la destruction totale." Aujourd’hui, les conséquences de Fukushima menacent le monde. L’Unité 4 contient 10 fois plus de césium 137 que Tchernobyl. Un fort tremblement de terre pourrait mener à son l’effondrement.

Les Japonais se rendre compte par expérience que l’énergie nucléaire génère des calamités inacceptables. L’effondrement de l’unité 4 pourrait en être une. Le Japon doit assumer le rôle historique de la promotion de la dénucléarisation civile et militaire, à la fois. Ignorer l’état des réacteurs nucléaires de Fukushima c’est continuer à les promouvoir au Japon et à l’étranger. Fukushima ne doit pas être oublié. Au nom des victimes et des 170.000 réfugiés, j’appelle à une interdiction totale de l’énergie nucléaire. Le monde doit se rendre compte que toute contamination radioactive crée un danger immense et permanent pour l’humanité et la terre.

1. Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima ne sont pas moins terribles que des bombes atomiques. Les réacteurs nucléaires sont des "super bombes" potentielles. Aucune arme isolée ne peut rivaliser avec les dommages potentiels que peuvent causer l’unité 4 de Fukushima ou des centres de retraitement nucléaires.

2. L’accident de Fukushima aurait pu être plus catastrophique pour le Japon et le monde. Il faut informer le monde entier sur le danger réel de voir s’effondrer l’unité 4 suite à la survenue d’un tremblement de terre d’intensité 7 sur l’échelle de Richter.

3. Le bon sens n’aurait jamais du permettre la construction de 54 réacteurs nucléaires dans un Japon menacé par de fréquents tremblements de terre et tsunamis. Seuls le manque d’éthique et de sens des responsabilités l’a rendu possible. L’argent et la corruption des gestionnaires des centrales nucléaires ont semé les graines de la catastrophe. Et elle n’est pas limitée au Japon.

4. C’est la même technologie qui produit l’énergie et les armes nucléaires. La prolifération des centrales nucléaires entraîne la prolifération des armes nucléaires, comme nous le voyons aujourd’hui en Corée du Nord et en Iran. Il n’y a que l’interdiction et l’élimination de toute utilisation de technologies de fission nucléaire à travers la planète entière, pour assurer la sécurité des générations futures.

5. Le manque d’éthique et de sens des responsabilités est mis en évidence par l’absence d’une solution viable pour les déchets nucléaires, qui menacent les générations futures. Le Japon « village nucléaire » ou dictature nucléaire envisage le redémarrage et l’exportation de réacteurs nucléaires, remettant ainsi en marche son offensive commerciale pour l’industrie nucléaire japonaise. C’est immoral. Et ne montre aucun sens des responsabilités sur les plans international et intergénérationnel. Hélas, je crains que cela ne dure.

6. Le Japon doit avertir le monde des conséquences d’une politique qui ne met pas en route la dénucléarisation. Il y a huit ans, j’avais prédit que les compagnies d’électricité Japonaise décideraient du sort du Japon. Il y a deux ans lors du Congrès mondial de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) à Bâle, j’ai plaidé pour la mobilisation de la sagesse humaine pour éviter la catastrophe ultime qu’une calamité nucléaire pourrait produire. Malheureusement, ces mises en garde n’ont pas empêché que se vérifient mes craintes.

7. Compte tenu des conséquences d’un accident nucléaire, à l’échelle du monde entier, les pays qui ne possèdent pas les réacteurs nucléaires devraient exiger la dénucléarisation, qu’elle soit militaire ou civile. Et les pays déjà engagé dans l’option de l’énergie nucléaire devraient faire de même.

8. À l’origine, le Japon a une culture ‘maternelle’ caractérisé par l’harmonie et la solidarité. Après la restauration du régime de Meiji, une culture ‘paternelle’ caractérisé par la concurrence et la confrontation sous forme militaire s’installa. L’histoire montre que les cultures paternelles mènent à la catastrophe. Fukushima est le résultat de la suprématie de l’économie, une autre forme de culture paternelle introduite après la seconde guerre mondiale. La culture maternelle de l’harmonie est le remède à la culture paternelle du pouvoir.

9. Les accidents nucléaires entraînent des conséquences illimitées, incontrôlables et inacceptables pour la société humaine. Fukushima rappelle que la possibilité d’une telle catastrophe devrait être complètement nulle. Le grand principe d’un monde sans armes et sans réacteurs nucléaires ne doit pas être oublié. La transition vers une civilisation ‘maternelle’ est une condition sine qua non pour cette vision du monde.

10. L’humanité est aujourd’hui confrontée à une crise de civilisation. La vraie cause en est le manque d’éthique. L’Éthique fondamentale interdirait l’abus et l’épuisement des ressources naturelles, laissant dans son sillage des déchets toxiques indestructibles, de façon définitive, et d’énormes dettes. L’éthique mondiale nécessite la ‘culture maternelle’, qui respecte l’environnement et les intérêts des générations futures.

Trois transitions sont nécessaires : Transformer l’égoïsme en solidarité, la cupidité en contentement et le matérialisme en spiritualité. Les énergies naturelles et renouvelables pourraient largement couvrir les besoins d’une telle civilisation, avec une période de transition complétée par des combustibles fossiles. Nous devons nous préparer à faire les sacrifices à court terme dans nos modes de vie pour la sécurité à long terme de l’humanité et de la terre sans l’énergie nucléaire.

11. La proposition de tenir un Sommet aux Nations Unies, attire désormais davantage l’attention mondiale. Le triple choix de l’éthique planétaire, de la civilisation maternelle et de la dénucléarisation véritable doit devenir une réalité. La vision du président Obama d’un « Monde sans armes nucléaires » doit devenir un monde "Sans armes nucléaires et sans réacteurs nucléaires." Le Sommet d’éthique des Nations Unies en est la première étape concrète. Je souhaite ardemment que le président Obama prenne l’initiative de réaliser ce Sommet et de créer une Journée internationale d’éthique planétaire pour servir de rappel annuel. Préalablement, toute controverse sur le contenu doit être soigneusement évité.

Conclusion : En conclusion, permettez-moi de dire ce qui suit :

La situation critique à Fukushima nécessite la mobilisation de la sagesse humaine à l’échelle la plus large possible. L’impérieuse nécessité de mettre en place une équipe d’évaluation neutre ainsi qu’une équipe de coopération technique internationale est évidente.

Les barres de combustible dans la piscine de refroidissement en décomposition de l’unité 4 doivent être déplacées vers un autre lieu dès que possible. Il s’agit là d’une question de sécurité mondiale qui exige des efforts maximaux qui, malheureusement, ne sont pas mis en oeuvre.

De plus en plus de Japonais s’éveillent aux dangers réels des accidents nucléaires et des réacteurs nucléaires. Le Japon avance donc constamment vers une la réalisation d’une dépendance zéro à l’énergie nucléaire.

« La volonté du ciel et de la terre » est ma traduction de « la Providence comme philosophie », protégeant de l’humanité et de la terre. Elle aidera à réaliser en temps voulu, la vrai dénucléarisation, civile et militaire. La rage de ceux qui ont tout perdu continuera d’animer les mouvements anti-nucléaires au Japon et éventuellement à l’étranger.

Le Japon doit désormais contribuer à la réalisation de la vraie dénucléarisation. Afin que les victimes d’Hiroshima, de Nagasaki et de Fukushima n’aient pas souffert en vain.

CONCLUSION :

Voir informations complémentaires : (5-6-7)

Si nous ne savons pas écouter un propos aussi serein et légitime venu du pays d’Hiroshima et de Fukushima, c’est que nous sommes, je crois, nous-mêmes dangereux pour nos contemporains et pour les générations futures…

Recevrons nous cette information majeure ? Ou ce signal fort étourdissant sera-t-il brouillé par le débat nucléaire franco français qui ne veut et ne peut entendre ? Si on se réfère à la médiocrité des échanges autour de ce sujet, au compromis - renoncement par lequel les verts se sont alignés pour prix de leur ’accord’ avec le PS au maintien de cette filière et à l’engagement renforcé vers l’EPR ; on se dit que les uns ou les autres sont dans la déraison. (8-9-10-11-12)

Nous nous questionnons :

- Sont ce les japonais traumatisés qui sur réagissent ? Ou bien font ils le sacrifice courageux que la raison leur dicte devant l’épreuve du réel ?

- Serions nous dans le même état d’esprit si un Tchernobyl en zone européenne impliquait l’évacuation totale dans un rayon de deux ou trois cent kilomètres ? Regardez la carte et le pourtour de chaque centrale !

Encore un débat éludé... Enterré même pour des raisons électoralistes par les plus chauds partisans des alternatives au nucléaire qui restent chez nous un gadget agité pour calmer l’opinion.

Le monde libéral capitaliste sait extraire de ses industries nucléaires les plus values demandées par ses actionnaires ; souvent au prix de sous traitances réduisant les coûts et la sécurité de l’activité. Dans l’idéologie du progrès qui sert de morale au capitalisme (Mais a un temps été partagée par le ‘socialisme réel’ avant la chute du mur de Berlin, et même après l’accident majeur de Tchernobyl), ceux qui énoncent un ‘Principe de précaution’ sont neutralisés. Le seul discours répandu est celui de la confiance que nous serions censé concéder à ceux qui ont déjà a de multiples reprises démontré leur incapacité à maîtriser la dangerosité du processus de la fission nucléaire, même en usage civil, et ne savent toujours pas traiter les déchets accumulés au péril des générations futures. Ceux là qui usent d’un cynisme a toute épreuve, trouvent parfois l’approbation de scientifiques, eux aussi nourris par la croyance de la maîtrise du savoir et ennemis déclarés de tous les ‘Lanceurs d’alerte’ qui perçoivent la part d’ignorance que masque leur arrogance.

La planète d’aujourd’hui et les générations futures ont sans doute plus besoin de la solidarité et de l’harmonie évoquée par le Pr. Mitsuehi Murata que d’une course effrénée vers la catastrophe au nom de la compétitivité censée nous faire ‘sortir’ de la crise systémique qui est aussi une crise de civilisation.

94) Le Japon veut sortir du nucléaire pour 2030

Le gouvernement japonais a annoncé ce matin qu’il comptait arrêter progressivement sa production nucléaire pour 2030. La décision liée à la catastrophe de Fukushima a été prise après plusieurs mois de débats entre les dirigeants.

Un an et demi après l’accident de Fukushima, le gouvernement japonais vient de prendre sa décision concernant le nucléaire : le pays veut en sortir définitivement.

Ce nouveau plan énergie prévoit l’arrêt progressif des 50 réacteurs du pays, afin qu’ils soient tous éteints en 2030.

Avant Fukushima, 30% de la consommation nationale japonaise était issue du nucléaire. Depuis le tremblement de terre, seulement deux réacteurs sont encore en fonction.Le pays compense avec les importations de gaz naturel.

Le Parti Démocrate du Japon (PDJ), actuellement au pouvoir, a publié la semaine dernière un programme énergétique servant de guide au gouvernement pour sa sortie du nucléaire. Le parti politique y explique que le Japon devra « mettre toutes ses forces dans la balance pour qu’aucune centrale nucléaire ne fonctionne lors de la décennie 2030″.

Après l’Allemagne et la Suisse, le Japon est le troisième pays à vouloir sortir du nucléaire depuis Fukushima.

Laure Karl

93) Mutations chez les papillons de Fukushima : quelles conclusions en tirer ?

Pour accéder à cet article, cliquer sur son titre 93.

92) Fukushima : le rapport qui change tout

Michel de PRACONTAL (Mediapart)

« Le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011 ont été des désastres naturels d’une ampleur qui a choqué le monde entier. Bien que déclenché par ces événements cataclysmiques, l’accident qui s’est ensuivi à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ne peut pas être regardé comme un désastre naturel. Ce fut un désastre profondément causé par l’homme – qui aurait pu et aurait dû être prévu et prévenu. Et ses effets auraient pu être atténués par une réponse humaine plus efficace. »

Ces lignes sont tirées du rapport de la commission d’enquête parlementaire japonaise sur l’accident de Fukushima (Naiic, ou National diet of Japan Fukushima nuclear accident independant investigation), dont une synthèse (en anglais) a été publiée récemment [1]. Ce rapport, peu traité par la presse, brosse pourtant un tableau dévastateur de l’action du gouvernement de Tokyo, des autorités nucléaires japonaises et de Tepco, l’exploitant de la centrale de Fukushima.

On y apprend que les populations ont été évacuées de manière « chaotique », au point que soixante patients hospitalisés sont morts « de complications liées à l’évacuation ». Le rapport révèle que la gravité de l’accident, souvent imputée à la fatalité du tsunami, est due à « une multitude d’erreurs et de négligences délibérées », qui expliquent l’impréparation de Tepco face aux événements du 11 mars 2011. Le rapport de la Naiic montre aussi que le gouvernement a diffusé des informations tronquées et inadéquates, répétant que les radiations n’entraînaient pas « d’effet immédiat pour la santé », et donnant au public « une fausse impression de sécurité ».

La commission parlementaire indépendante s’est appuyée sur une masse considérable d’informations : 900 heures d’auditions ont permis d’entendre 1 167 personnes – dirigeants de Tepco, responsables gouvernementaux, membres de l’autorité de sûreté nucléaire, etc. La commission s’est rendue dans douze municipalités qui se trouvent aujourd’hui dans la zone d’exclusion. Elle a recueilli 10 633 réponses à un questionnaire adressé aux habitants évacués. La commission a aussi relevé plus de mille commentaires de travailleurs qui se trouvaient à la centrale de Fukushima Daiichi, le 11 mars 2011.

Les révélations du rapport de la Naiic ne sont pas toutes inédites, mais c’est la première fois qu’autant d’éléments divergents de la version officielle se trouvent rassemblés dans un même document. Les enseignements qui se dégagent de cette somme d’informations peuvent être récapitulés en six points :

1. Des négligences sont à l’origine de l’impréparation de Tepco

La centrale de Fukushima Daiichi n’était capable de résister ni au séisme ni au tsunami du 11 mars 2011, selon la commission parlementaire. La zone entourant la centrale était considérée comme ayant une activité sismique minimale, et le niveau de résistance au séisme de l’installation était « remarquablement faible ». En 2006, à la suite d’une réévaluation des normes de sûreté anti-sismique, la Nisa, l’autorité nucléaire japonaise, a demandé à Tepco et aux autres exploitants de réexaminer leurs centrales en fonction des nouvelles normes.

Tepco a présenté à la Nisa, en 2008 et 2009, des rapports exposant les mesures de sécurité anti-sismique prévues. La Nisa a accepté ces rapports, alors qu’ils ne concernaient qu’une partie des équipements nécessaires à la sûreté. De plus, alors que les mesures prévues devaient être mises en application au plus tard en juin 2009, « Tepco a décidé en interne et unilatéralement de repousser la deadline à janvier 2016 ».

Au moment du séisme de 2011, Tepco n’avait pas apporté un certain nombre d’améliorations aux réacteurs 1, 2 et 3, bien qu’elles aient été jugées nécessaires par la Nisa. Cette dernière a failli à sa mission en ne rappelant pas l’exploitant à l’ordre. Tepco et la Nisa ont également confirmé que des éléments importants de la tuyauterie du réacteur n°5 n’avaient pas été mis aux normes en 2011. Pour la commission, il est clair que « les renforcements anti-sismiques appropriés n’étaient pas en place au moment du séisme du 11 mars ».

Tepco et l’autorité régulatrice ont fait preuve d’une imprévoyance encore plus importante à propos du risque de tsunami, qui avait été évoqué à plusieurs reprises par des scientifiques. Au moins dès 2006, Tepco et la Nisa disposaient d’informations selon lesquelles un tsunami plus fort que prévu pourrait provoquer la perte totale des alimentations électriques, avec pour conséquence un risque de fusion du cœur d’un ou plusieurs réacteurs.

L’accident a été déclenché par le séisme, pas seulement par le tsunami Selon la commission parlementaire, la Nisa n’a jamais divulgué ses informations sur le sujet, ce qui a empêché qu’une tierce partie puisse connaître la situation. De plus, elle a accepté, en toute connaissance de cause, un mode de calcul qui sous-estimait la hauteur probable des tsunamis susceptibles de se produire. Tepco, de son côté, a considéré qu’un tsunami était de toute façon improbable et a repoussé constamment la mise en place de contre-mesures. Ce que la Nisa a accepté sans donner à l’exploitant aucune instruction.

Conséquence logique de ce qui précède, la centrale de Fukushima Daiichi n’était pas protégée contre un séisme et un tsunami de l’ampleur de ceux du 11 mars 2011, et le personnel n’était pas préparé à y faire face, puisque ces événements ne devaient pas se produire.

2. L’accident nucléaire a sans doute été déclenché par le séisme, et pas seulement par le tsunami

Tepco, ainsi que les autorités nucléaires japonaises, mais aussi internationales et françaises, ont affirmé de manière répétée que la centrale de Fukushima avait bien résisté au séisme, et que c’était le tsunami qui, en détruisant les générateurs de secours, avait déclenché l’accident. Cette affirmation vise à atténuer la responsabilité de l’industrie nucléaire, puisque l’ampleur du tsunami est réputée imprévisible. Mais elle est contredite par plusieurs éléments du rapport.

Primo, comme on l’a vu ci-dessus, le risque d’un tsunami d’une hauteur supérieure à celle que Tepco avait prise en compte a été évoqué dans le passé. Il n’est donc pas exact d’affirmer que l’événement était imprévisible.

Secundo, selon la commission parlementaire, « Tepco a trop rapidement conclu que le tsunami était la cause de l’accident nucléaire en niant que le tremblement de terre ait provoqué des dégâts ». La Naiic estime probable qu’avant l’arrivée du tsunami, le tremblement de terre ait endommagé des équipements nécessaires à la sûreté. De plus, il est possible que sur le réacteur n°1, le séisme ait causé une petite fuite du circuit primaire. Cette hypothèse avait déjà été avancée par la JNES (Japan nuclear energy safety organisation, organisme d’expertise nucléaire).

Même s’il s’agissait d’une fuite mineure, n’ayant pas été détectée, elle a pu en une dizaine d’heures entraîner la perte de dizaines de tonnes de liquide réfrigérant, conduisant à un réchauffement et un début de fusion du cœur du réacteur. Cette hypothèse expliquerait aussi que le cœur du réacteur n°1 ait été endommagé bien avant celui des autres réacteurs, ce qui est difficilement compréhensible si toute la séquence est déclenchée uniquement par le tsunami.

Par ailleurs, la centrale de Fukushima Daiichi disposait d’une source d’alimentation électrique externe, fournie par le réseau d’une autre société, Tohoku Electric, et acheminée par une ligne de 66 kV via le poste de transformation de Shin-Fukushima. Or, le tremblement de terre a coupé la liaison entre ce poste et la centrale, qui a ainsi perdu sa source de courant externe. Et cela, avant que le tsunami ne noie les diesels de secours et les pompes d’eau de mer, privant cinq réacteurs sur six de toute alimentation électrique (un seul, le n°5, a conservé une alimentation en courant continu, mais il n’était pas en production au moment de l’accident, contrairement aux réacteurs 1, 2 et 3).

3. La gestion de la crise sur le site nucléaire a été confuse

Comme on l’a vu, le personnel de la centrale n’était pas préparé à une telle crise, dont la probabilité était considérée comme nulle. De plus, il est facile d’imaginer la difficulté d’intervenir sur un site privé d’éclairage et de communications, inondé et encombré de gravats et de débris divers.

À toute ces difficultés s’en est ajoutée une autre : la mauvaise communication entre l’équipe de Tepco et le cabinet du premier ministre. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les prérogatives de l’un et de l’autre n’étaient pas clairement définies. Le cabinet du premier ministre n’a pas bien compris son propre rôle, d’après le rapport de la Naiic. Il est intervenu dans des prises de décisions qui auraient été plus efficacement gérées par Tepco, notamment à propos de l’ouverture de vannes d’aération et de l’injection d’eau de mer. Le premier ministre Naoto Kan a pris l’initiative de se rendre personnellement sur le site, ce qui a interrompu la chaîne de commande, a ajouté à la confusion et fait perdre un temps précieux.

Qui plus est, en s’occupant d’aspects techniques pour lesquels l’exploitant était mieux placé, le cabinet du premier ministre a incité Tepco à se déresponsabiliser de la situation à la centrale.

Auditionné par la Naiic, le chef de cabinet de Naoto Kan, Yukio Edano (aujourd’hui ministre de l’économie), a déclaré que Tepco avait le projet d’abandonner la centrale après avoir évacué tous ses employés. C’est ce qui aurait justifié l’interventionnisme du cabinet du premier ministre. Selon le rapport de la Naiic, Tepco n’a jamais voulu abandonner le site, et le cabinet de Naoto Kan s’est trop occupé de ce qui se passait à la centrale, au lieu de se focaliser sur sa principale mission : la protection des populations.

4. L’évacuation a été « chaotique »

Dès le début de la catastrophe, le gouvernement disposait d’informations précises sur la répartition des retombées radioactives fournies par le système « Speedi » (System for Prediction of Environmental Emergency Dose Information). Cela aurait dû permettre d’organiser un plan d’évacuation rationnel. Le rapport de la Naiic montre clairement que c’est le contraire qui s’est produit.

Le signe le plus évident du chaos dans lequel se sont déroulées les évacuations est la mort de soixante patients au cours de ces mouvements. Même si ces personnes ne sont pas mortes de l’irradiation, elles sont les premiers victimes des suites directes de l’accident nucléaire. La Commission parlementaire a recueilli de nombreux témoignages d’habitants évacués. Ils sont éloquents, comme l’illustrent quelques exemples.

• « J’ai quitté ma maison avec juste le strict nécessaire. J’ai appris où je devais aller par la radio, alors que j’étais déjà en route. Je suis arrivé au premier lieu d’évacuation indiqué, après 6 heures de voiture pour un trajet qui prend normalement une heure. En chemin, mon fils qui vit loin de Fukushima m’a appelé et m’a dit que je ne devais pas m’attendre à revenir bientôt. C’est seulement alors que j’ai commencé à comprendre ce qui se passait. » (Témoignage d’un habitant de Futaba, ville de 7 000 habitants avant l’accident, située dans la zone d’exclusion de 20 kilomètres autour de la centrale.)

• « Si nous avions entendu ne fût-ce qu’un mot à propos de la centrale nucléaire au moment où l’évacuation a été ordonnée, nous aurions pu réagir raisonnablement, prendre nos objets de valeur et fermer correctement la maison avant de partir. Nous sommes partis en courant, sans rien d’autre que les vêtements que nous portions. » (Témoignage d’un habitant de Okuma, ville de 11 500 habitants avant l’accident, située dans la zone d’exclusion).

• « J’ai été évacué et envoyé sans être informé dans une zone présentant le niveau de radiation le plus élevé. À cause de cela, j’aurai peur pour ma santé jusqu’à la fin de ma vie… Quel cas font-ils de la vie des gens ? Notre maison n’est plus habitable… Le nucléaire devrait être stoppé. Il causera un deuxième Fukushima et il n’y aura plus un seul endroit où vivre au Japon. » (Témoignage d’un habitant de Namie, ville de 22.000 habitants avant l’accident, située dans la zone d’exclusion.)

• « On nous a dit de rester à la maison, et on ne nous a jamais dit d’évacuer. A la TV, tout ce qu’ils ont dit c’est qu’“il n’y avait pas d’effets immédiats sur la santé”, ce qui nous a encore plus effrayés. Rien n’a changé depuis l’accident. Alors qu’il y a très peu de progrès dans la décontamination, il est très étrange que l’ordre d’évacuation ait été déjà levé. » (Témoignage d’un habitant de Minamisoma, à 25 kilomètres de la centrale de Fukushima.)

Au total, environ 150 000 personnes ont été évacuées, mais seuls les habitants de la zone d’exclusion de 20 kilomètres de rayon autour de la centrale ont reçu un ordre d’évacuation rapide. Et souvent aberrant : à peu près 50 % des habitants de Namie ont été évacués temporairement dans des endroits à haut niveau de radioactivité ; et près de 70 % des résidents de Futaba, Okuma, Tomioka, Naraha et Namie ont dû évacuer quatre fois ou plus.

De plus, les données Speedi montrent que de nombreux secteurs au-delà des 20 kilomètres affichaient un niveau de radioactivité élevé et auraient dû être évacués rapidement. Les habitants de la zone comprise entre 20 et 30 kilomètres de distance à la centrale ont été particulièrement mal lotis. Ils ont reçu un ordre de mise à l’abri le 15 mars, alors que l’accident nucléaire a commencé le 12. Et on les a appelés à évacuer volontairement dix jours après, le 25 mars. Autant dire qu’ils ont été exposés à d’importantes doses de radiation, pendant la période où les rejets étaient les plus élevés.

Devant la lenteur des mesures gouvernementales, de nombreux habitants n’ont pas attendu et sont partis de leur propre initiative. Ce qui a amplifié le chaos général.

Parmi les évacués, un grand nombre ont été mal informés et n’ont pas su précisément ce qui se passait. Beaucoup d’habitants n’ont pas reçu d’informations par les canaux officiels : municipalités, radio d’urgence et police. Ainsi, seuls 10 % des habitants de Minamisoma, Iitate et Kawamata ont reçu les informations officielles. Les autres ont été informés par des moyens de fortune.

5. L’information et le suivi sanitaire des populations sont insuffisants

« La Commission conclut que le gouvernement et les régulateurs ne sont pas pleinement attachés à la protection de la santé publique et de la sûreté ; et qu’ils n’ont pas agi pour protéger la santé des habitants et restaurer leur bien-être. »

Cette citation est assez claire. Les populations japonaises sont mal informées des risques des radiations, et leur suivi sanitaire n’est certainement pas à la hauteur de la troisième économie mondiale. Dans un rapport intitulé « Fukushima 1 an après », l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) faisait état de quatre études épidémiologiques lancées après Fukushima.

Or, le mot « épidémiologie » ne figure même pas dans le résumé du rapport de la Naiic. La préfecture de Fukushima a entrepris de suivre les habitants qui dépendent de son administration. Ce suivi comporte des examens de la thyroïde chez les enfants et les jeunes de moins de 18 ans. On sait en effet que le cancer de la thyroïde, particulièrement chez les enfants, est l’une des premières pathologies susceptibles d’apparaître à la suite d’un relâchement de radioactivité (c’est ce qui a été observé à Tchernobyl).

Au stade actuel, 38 114 personnes de moins de 18 ans ont eu un examen de la thyroïde. Pour 13 460 d’entre eux (35,5 %), on a détecté des nodules ou des kystes et, dans 0,5 % des cas, les nodules ou kystes ont une taille importante. Ces données sont publiques, mais aucune information n’a été divulguée sur la nature, bénigne ou maligne, des nodules et des kystes.

Mediapart a interrogé le docteur Hisako Sakiyama, membre de la commission parlementaire indépendante. Elle nous a indiqué que les 184 enfants qui ont des nodules de plus de 5,1 millimètres ou des kystes de plus de 20,1 mm, devraient subir un « deuxième examen », mais ignore combien exactement ont eu ce deuxième examen. À la question de savoir si certains des nodules diagnostiqués étaient cancéreux, elle nous a répondu : « Je ne sais pas, mais les médecins qui s’en occupent le savent probablement. Ils traiteront donc les nodules lorsqu’ils jugeront que c’est nécessaire. »

Cette réponse confirme que l’université médicale de Fukushima, qui supervise ces examens, n’a pas publié d’information complète sur le sujet. De plus, on n’a pas non plus recherché de nodules chez des enfants non exposés aux radiations, de sorte qu’il n’y a pas de base statistique pour savoir si le nombre de cas de nodules relevé à Fukushima est ou non anormal.

Ce suivi peut donc difficilement être considéré comme une étude épidémiologique complète et rigoureuse. On peut ajouter que la préfecture de Fukushima a choisi comme conseiller spécial pour les radiations le docteur Shunichi Yamashita. Ce dernier s’est rendu célèbre en affirmant que les radiations n’entraînent pas de risque de cancer en-dessous d’une dose de 100 mSv (millisieverts).

Cette affirmation revient à dire qu’il n’y a pas d’effet des faibles doses, et contredit toutes les recherches des vingt dernières années. À titre d’exemple, Elisabeth Cardis, du Circ (Centre international de recherche sur le cancer, Lyon), a publié une étude de référence sur les travailleurs du nucléaire de quinze pays (). Cette étude met en évidence un risque de cancers et de leucémies pour une cohorte de plus de 400 000 sujets exposés en moyenne à une dose de 19,4 mSv, et dont 90 % ont reçu moins de 50 mSv [2].

Autrement dit, l’affirmation du docteur Yamashita revient à effacer d’un trait vingt années de recherche épidémiologique. Cela situe son niveau de crédibilité. C’est pourtant ce médecin qui supervise le suivi effectué par l’université médicale de Fukushima…

Ce n’est pas tout. Les estimations des doses reçues par les populations reposent uniquement sur des questionnaires qui ont été envoyés aux évacués, et auxquels une petite minorité à répondu. « Ce n’est pas suffisant pour estimer la véritable dose reçue par les habitants, dit le docteur Hisako Sakiyama. Mais on ne peut pas faire autrement, faute d’avoir effectué des mesures immédiatement après l’accident. Il y avait une occasion de faire ces mesures, mais elle a été perdue. »

En clair, les données dont on dispose sont insuffisantes pour estimer les véritables doses externes reçues par les populations. De plus, les contaminations internes ne sont plus contrôlées (40 000 personnes ont été examinées dans les dix premiers mois, puis ces examens ont été abandonnés). Aucune étude spécifique n’a été lancée pour rechercher une éventuelle hausse des cas de leucémie.

C’est sur la base de ces informations extrêmement incomplètes que deux études ont été récemment publiées, l’une par l’Unscear (United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation, organisme proche de l’industrie nucléaire) et l’autre par l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Les deux études affirment que les effets sanitaires de Fukushima seront faibles et probablement non détectables. Il est certain que l’on ne trouve que ce que l’on cherche, et que l’on trouve rarement ce que l’on s’efforce de ne pas chercher…

6. Les travailleurs du nucléaire de Fukushima ont payé un lourd tribut aux radiations

Ce dernier point lui aussi a été nié par les autorités nucléaires, mais les faits sont têtus. Selon les données de Tepco, reprises dans le rapport Naiic, 167 travailleurs ont reçu une dose cumulée supérieure à 100 mSv, ce qui les expose, selon les travaux d’Elisabeth Cardis, à un sur-risque de 10 % de décéder d’un cancer et de 19 % de mourir d’une leucémie (ces valeurs correspondent à 100 mSv et augmentent rapidement en fonction de la dose).

Mais le nombre de travailleurs concernés par ce risque est très probablement bien supérieur à 167. En effet, les données fournies par Tepco sur les travailleurs sont incomplètes pour deux raisons : d’une part, un certain nombre d’entre eux n’avaient pas de dosimètre ou ont dû le partager avec d’autres travailleurs ; d’autre part, le système de calcul des doses cumulées s’est trouvé hors service.

Selon le docteur Sakiyama, 28 % des employés de Tepco, 25 % des sous-traitant et 35 % des « sous-sous-traitants » n’ont pas reçu d’information sur leur dose cumulée. Ces chiffres portent sur les travailleurs qui ont répondu au questionnaire envoyé par la Naiic, soit d’environ 2 400 travailleurs sur un total de 5 500.

Parmi ces 2400, 710 ne connaissaient pas leur dose cumulée, mais le chiffre réel est plus important puisqu’il y a eu plus de 50% de non-réponses. A cela il faut ajouter un nombre plus petit de travailleurs qui n’avaient pas de dosimètre du tout. En résumé, il y a probablement des centaines d’agents de Tepco et de ses sous-traitants qui ont reçu des doses importantes, mais inconnues à ce jour.

7. Fukushima a été un drame typiquement japonais, ou peut-être pas…

Dans son message d’introduction, le président de la commission parlementaire indépendante, le docteur Kiyoshi Kurokawa, a des mots très durs pour son propre pays : « Il doit être reconnu – très douloureusement – que ce désastre a été “Made in Japan”. Ses causes fondamentales doivent être recherchées dans les conventions enracinées dans la culture japonaise : notre obéissance réfléchie ; notre réticence à questionner l’autorité ; notre propension à “coller au programme prévu” ; notre esprit de groupe ; et notre insularité ; Même si d’autres Japonais avaient été à la place de ceux qui sont respondables de l’accident, le résultat aurait pu être le même. »

Ce passage qui semble marqué par une tendance à l’autoflagellation a aussi le grand défaut de mettre tous les individus au même plan. En somme, Fukushima n’est la faute de personne, c’est celle de la civilisation japonaise. C’est là la seule affirmation du rapport Naiic qui semble fortement contestable. Ceux qui ont suivi l’actualité au moment de la catastrophe de Tchernobyl se souviennent qu’à l’époque, l’accident de la centrale ukrainienne avait été jugé typique du système soviétique. À tel point que l’on a longtemps donné à croire que seul le régime communiste allié à la culture russe pouvait expliquer la catastrophe nucléaire.

Aujourd’hui, les Japonais s’auto-accusent et revendiquent, si l’on peut dire, l’originalité de Fukushima. On pourrait les croire s’il n’y avait pas eu Tchernobyl. La succession des deux catastrophes, et la ressemblance de plus en plus évidente entre elles, sans parler du précédent américain de Three Mile Island, suggère plutôt le contraire : ce qui caractérise un accident nucléaire, ce n’est pas la culture du pays où il se produit, c’est le nucléaire.

MICHEL DE PRACONTAL

Notes

1) Voir : http://naiic.go.jp/wp-content/uploa...

2) voir aussi les explications de l’Irsn sur les faibles doses :http://www.irsn.fr/FR/base_de_conna...

Source : http://www.mediapart.fr/article/off...

91) Fukushima : une catastrophe « d’origine humaine »

L’accident est le résultat « d’une collusion entre le gouvernement, les régulateurs et TEPCO, et leur manque de gouvernance. Ils ont trahi le droit de la nation de se protéger des accidents nucléaires. Par conséquent, nous concluons que l’accident est clairement "fabriqué par l’homme" » (enquête "indépendante" officielle japonaise).

Le rapport de la commission d’enquête japonaise indépendante sur l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi est accablant. Accablant pour tous les acteurs de la filière nucléaire japonaise et au-delà pour les responsables politiques du pays. Certes, l’accident a été déclenché par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Mais ce désastre aurait pu être anticipé et évité, estime le président de la commission, le Dr Kiyoshi Kurokawa.

L’accident est le résultat « d’une collusion entre le gouvernement, les régulateurs et TEPCO, et leur manque de gouvernance. Ils ont trahi le droit de la nation de se protéger des accidents nucléaires. Par conséquent, nous concluons que l’accident est clairement "fabriqué par l’homme" » (‘manmade’ dans le résumé anglais du rapport).

Pas d’anticipation des risques par TEPCO

Les enquêteurs prennent pour exemple le risque d’une coupure générale de courant dans la centrale de Fukushima-Daiichi en cas de tsunami et de montée du niveau de la mer jusqu’au site. Ce risque était connu depuis 2006 par les régulateurs –donc la NISA, l’agence nucléaire japonaise- et TEPCO, l’exploitant de la centrale. Ils savaient aussi qu’il y avait un risque de dommages sévères sur les réacteurs en cas de perte des pompes qui amènent l’eau pour refroidir les réacteurs, soulignent le rapport. « La NISA savait que TEPCO n’avait préparé aucune mesure pour réduire ou éliminer le risque, mais elle n’a donné aucune instructions spécifiques pour remédier à cette situation » peut-on lire dans les conclusions du rapport.

De fait, la perte de courant et la perte du système de refroidissement ont provoqué un enchaînement fatal après le séisme.

Un désastre "Made in Japan"

Très rapidement après le début de la catastrophe nucléaire des voix isolées se sont élevées au Japon, notamment chez des universitaires, pour dénoncer l’action inappropriée de TEPCO et des autorités, avant et après l’accident. Un rapport publié l’an dernier mettait déjà en cause TEPCO et le gouvernement. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA) avait pointé le fait que la centrale était mal préparée au risque de tsunami.

La population japonaise, méfiante, a cherché d’autres sources que celles des autorités. Ce rapport confirme la crise de société provoquée par l’accident de Fukushima et la remise en cause profonde qu’elle suscite.

« Ce que nous devons admettre, même si c’est douloureux, c’est qu’il sagit d’un désastre ‘made in Japan’, écrit Kiyoshi Kurokawa. Ses causes fondamentales se trouvent dans les conventions profondément ancrées de la culture japonaise : notre réflexe d’obéissance ; notre réticence à remettre l’autorité en question ; notre dévotion à ‘coller au programme’ ; notre suivisme ; notre insularité ».

Par Cécile Dumas

http://www.sciencesetavenir.fr/cris...

90) Japon Fukushima Des niveaux élevés de radioactivité ont été relevés dans des thons pêchés sur la côte des Etats-Unis

Une vieille publicité affirmait « le thon, c’est bon », sauf que Fukushima est passé par là, et il va falloir faire plus attention, car des niveaux élevés de radioactivité ont été relevés dans des thons pêchés sur la côte des Etats-Unis.

Péchés au mois d’août 2011, sur les côtes de la Californie, au large de San Diego, après la catastrophe de Fukushima, 15 thons avaient des niveaux de césium 134 et 137 modérément élevés de radioactivité, mais c’est seulement maintenant que nous l’apprenons, grâce à une étude révélée dans la revue « Proceedings of the National Academy of Sciences ».

Daniel J.Madigan de l’Université de Stanford en Californie et Zofia Bazumann et Nicholas S.Fisher de l’université Stony Brook de New York, auteurs de l’étude, tentent de relativiser, affirmant que les niveaux observés sont en dessous de la limite de sécurité japonaise, sauf que ceux-ci ont été relevés quelques semaines après la catastrophe, et que depuis le 11 mars 2011, la centrale sinistrée continue de cracher sa radioactivité autant dans l’air que dans l’eau.

Les niveaux mesurés par les scientifiques américains sont tout de même 10 fois supérieurs à ceux mesurés au même endroit l’année précédente.

Mais au-delà des batailles de normes, il faut noter que, comme l’écrivent ces chercheurs : « ces résultats indiquent que le thon rouge du Pacifique peut transporter rapidement des radionucléides d’un point au Japon vers des écorégions éloignées et démontrent l’importance des animaux migrateurs en tant que vecteur de transport »

On sait aussi que jour après jour, Tepco annonce régulièrement de nouveaux déversements dans l’Océan.

Même s’il est difficile d’en connaitre la quantité, vu l’opacité de Tepco sur le sujet, il vaut mieux s’en tenir à la phrase proposée par le dessinateur humoristique Iturria : « la quantité d’information donnée au public est inversement proportionnelle à la quantité d’eau contaminée déversée dans l’Océan ».

Les premières mesures de radioactivité de l’eau de mer prises quelques heures après l’accident ont été alarmantes : le niveau d’iode 131 était 126,7 fois plus élevée que la norme, celui du césium 134, 24,8 fois supérieure à la norme, et celui du césium 137 (le plus préoccupant puisque sa demi-vie est de 30 ans), 16,5 fois plus.

Les rejets dans l’Océan, c’est un long feuilleton qu’a commencé Tepco, quelques jours après la catastrophe, et le 27 octobre 2011, les experts les avaient déjà estimés à 27 millions de milliards de becquerels (27 PBq) dans le Pacifique.

Le 11 avril 2011, c’étaient 11 500 tonnes d’eau radioactive qui étaient déversé dans la mer, mais ce n’est qu’une petite partie des rejets, lesquels se produisent soit par les fissures des bâtiments, les canalisations défaillantes, ou par les brèches des fosses de maintenance.

Depuis le début de l’année 2012, on ne compte plus les fuites.

Bien sur, Tepco avait annoncé en février 2012 prévoir la construction d’un « plancher sous-marin » pour tenter de contenir la radioactivité sous-marine qui s’échappe régulièrement de la centrale sinistrée.

D’une dimension de 73 000 m2, ce futur plancher, constitué de ciment et d’argile devrait s’achever en juin 2012.

Pour l’instant, à quelques heures du début de ce mois de juin, on n’en sait guère plus, habitués que nous sommes à constater les dissimulations de l’exploitant puisque c’est la valse des menteurs qui continue de plus belle.

Un communiqué de l’agence Reuter nous a appris le 24 mai dernier que les fuites radioactives ont été 2,5 fois supérieures aux estimations communiquées à l’époque, et Tepco admet aujourd’hui « que la fusion probable des 3 réacteurs a rejeté dans l’air quelques 900 000 terabecquerels de substances radioactives ».

Seule certitude, Fukushima a déjà dépassé Tchernobyl sur la question des rejets.

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http://www.bbec.lautre.net/www/spip...

90) Au revoir le nucléaire (Sayonara Genpatsu)

Invité du Salon du livre (qui a fermé ses portes lundi), le prix Nobel de littérature 1994 y a raconté dimanche [1] avoir abandonné le livre sur lequel il travaillait depuis huit ans (au grand dam de son éditeur !). Car « Fukushima m’a confronté à la catastrophe générale ». Depuis le 3/11, il a décidé que son « œuvre porterait sur ce que je vois, sur ce que je découvre et sur l’époque. C’est ce que m’a imposé Fukushima ».

Sous l’égide du Centre national du livre (CNL), il avait été invité à dialoguer sur la question de « La littérature de la catastrophe » avec le journaliste Satoshi Kamata [2], connu pour son engagement dans les luttes sociales. Tous deux se retrouvant aujourd’hui à jouer les fers de lance du mouvement antinucléaire Sayonara Genpatsu (Au revoir le nucléaire).

A la question « que peut faire l’écrivain ? » (après la catastrophe [3]), K. Ôé répond sans détour : « Il peut faire pression et contribuer à faire arrêter les centrales. Ou empêcher leur redémarrage ». Dans l’assistance à la porte de Versailles, nombreux sont les Japonais qui ont applaudi et dit « merci » !

Dans une conférence antérieure, Satoshi Kamata, arborant petit chapeau et humble posture, avait rappelé d’une voix suave qu’il était en train de faire campagne pour réunir « 10 millions de signatures » s’opposant au nucléaire. Pour l’instant, il serait « à la moitié du chemin », en ayant collecté 5 millions. Et il est bien décidé à poursuivre, animé – comme il l’a exprimé à plusieurs reprises, par un « fort sentiment de culpabilité », dû à ce qu’il juge une trop faible mobilisation dans son pays : « C’est le Japon qui est à l’origine de cette catastrophe. Cette réalité m’a fait ressentir une grande honte ». D’où son appel à « l’engagement. Il faut s’indigner ! »

Chacun à sa manière, Kenzaburô Ôé et Satoshi Kamata ont donné la vision si particulière qu’ils avaient de la situation actuelle. Au premier, auteur des célèbres « Notes de Hiroshima » publiées en 1965, il avait semblé que la question du nucléaire – la bombe atomique – « allait devenir de l’histoire ». Or, un mois après le début de la catastrophe de Fukushima, un médecin est venu le voir, raconte-t-il, et lui a dit qu’il s’était trompé lorsqu’il avait écrit il y a plus de quarante ans sur Hiroshima. Ce médecin, avec qui il continue de travailler, lui a fait comprendre que les individus n’avaient pas seulement été « irradiés de l’extérieur », que le drame « n’était pas du tout fini ». Il y avait aussi l’irradiation de l’intérieur (contamination) et « la même chose était en train de se produire à Fukushima. Dans quarante ans, les enfants seront malades ». Autrement dit « ce n’est pas la fin de l’histoire, elle continue », s’étonne douloureusement Ôé.

Quant à Kamata, il fait une comparaison étonnante. La période actuelle lui fait penser à celle « entre les deux bombes » (Hiroshima le 6 août 1945 et Nagasaki le 9 août). Et de rappeler que « le gouvernement japonais n’a rien fait pour que la deuxième bombe ne soit pas lancée. Il n’a pas ordonné la reddition. Ce qui comptait alors, c’était la préservation du système impérial ». Selon lui, ce qui compte aujourd’hui pour le gouvernement, « c’est la préservation du « système nucléaire » et des intérêts des opérateurs ». Du coup, ce qui obsède Kamata, c’est la survenue de la prochaine catastrophe au Japon : « Nous devons soulever la problématique de la prévention d’une deuxième catastrophe nucléaire », insiste-t-il.

Pour mettre concrètement leurs idées à exécution (et réunir les fameuses signatures), il annonce ainsi deux rassemblements à Tokyo : samedi 24 mars, pour « maintenir l’archipel sans nucléaire ». Et aussi le 16 juillet, avec l’objectif de réunir au moins 100 000 personnes afin d’infléchir, si nécessaire, la politique énergétique du gouvernement japonais qui devrait être publiée cet été.

« C’est un miracle que Kenzaburô Ôé, prix Nobel » s’implique, insiste Satoshi Kamata. Ce dernier, 77 ans, se révèle de plus en plus en verve, les yeux perçants derrière ses lunettes rondes. Il cite Milan Kundera qui prône pour l’écrivain la « morale de l’essentiel » [4]

Curieux, à l’occasion d’un pareil débat, nous n’avons aperçu aucun écrivain français connu dans l’assistance.

Dominique Leglu

http://sciencepourvousetmoi.blogs.s...

89) Un an après Fukushima, tous les réacteurs nucléaires sont arrêtés !

Le Japon est sorti (au moins provisoirement) du nucléaire sans revenir à la bougie ni attendre la "transition énergétique" !

Jour historique pour le Japon, message d’espoir pour le monde. Ca y est, ce jour tant attendu par les Japonais est enfin arrivé, le 5 mai 2012, tous les réacteurs nucléaires sont arrêtés ! Pour la première fois depuis 1970. Beaucoup célèbrent cette nuit au Japon.

Avant le 11 mars 2011, 54 réacteurs étaient en service, 14 mois plus tard, ils sont tous à l’arrêt. Certains parce qu’ils ont subi des avaries sérieuses dues au tremblement de terre, d’autres parce qu’ils arrivent dans une phase normale de maintenance, d’autres enfin parce que la population s’y oppose. Le traumatisme de la catastrophe de Fukushima est tellement grand que le peuple japonais fait désormais pression sur les autorités locales pour ne jamais revivre ce cauchemar. Maintenir la pression est encore nécessaire pour que ce jour ne soit pas qu’un mirage. Car le gouvernement entend bien continuer à produire de l’électricité nucléaire. Il a d’ores et déjà donné son accord pour la reprise d’exploitation de plusieurs réacteurs. Un bras de fer va donc s’engager entre la population et l’industrie atomique. Pourtant, le combat antinucléaire a déjà gagné. Cette journée est historique car le Japon vient de démontrer clairement qu’il était possible de se passer de cette énergie destructrice. Le monde entier est maintenant au courant : il n’est pas besoin de revenir à la bougie quand on arrête le nucléaire ! Les pays qui persistent à vouloir utiliser cette énergie ou qui se lancent aveuglément dans le nucléaire devront-ils attendre d’avoir leur propre catastrophe pour comprendre ? (fukushima.over-blog.fr)

Devant l’indigence des propositions des partis politiques de tous bords ou des ONG « écologistes », le temps est venu de rappeler que depuis des années, existe en France un point de vue antinucléaire dissident pour un arrêt immédiat du nucléaire.

Nous ne pouvons nous satisfaire d’une proposition d’accompagnement de la sortie du nucléaire sur 10 ans, 20 ans, 30 ans ou plus, ni des négociations de certains partis politiques visant à des compromis électoralistes qui au final, ne tiennent aucun compte de la dangerosité inacceptable de cette industrie.

Qui pense encore que la catastrophe nucléaire est impossible en France alors que les autorités s’y préparent, que des scénarios de gestion existent depuis quelques années pour la « phase d’urgence », et maintenant pour une stratégie de gestion post-accidentelle à long terme (le CODIRPA) pour les territoires français dont le sol serait durablement contaminé après la fin des rejets ?

Faut-il attendre un nouveau désastre avec ses dramatiques conséquences sanitaires, sociales, économiques, pour sortir de cette impasse nucléaire ? Combien de morts, de territoires contaminés, de centaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs légués aux générations futures avant que le cauchemar ne prenne fin ?

L’arrêt immédiat du nucléaire ne relève pas d’un délire irrationnel, ni d’une utopie. L’arrêt immédiat du nucléaire, c’est du concret, c’est applicable, c’est possible maintenant ! Nous n’avons pas à attendre un développement hypothétique des énergies renouvelables en courant tous les jours le risque d’une catastrophe.

Des solutions existent : arrêt de la production d’électricité pour l’export, de l’auto-consommation de la filière nucléaire, utilisation maximum des capacités hydroélectriques et des centrales thermiques classiques existantes (charbon, fioul, gaz). Nous savons que de nouvelles centrales thermiques au gaz ou charbon peuvent être construites très rapidement, et que le remplacement des centrales nucléaires par du thermique classique n’influera que très marginalement sur les émissions globales de gaz à effet de serre.

Mettre fin au danger des centrales nucléaires n’est pas un problème technique, mais un problème politique qui dépend de l’exigence de la population vis-à-vis de ses représentants. L’incontournable urgence n’est malheureusement pas d’attendre un changement de société ou de modèle économique pour un monde meilleur. L’urgence est de sauver nos vies ! (Coordination STOP-NUCLEAIRE)

www.dissident-media.org/info...

88) Japon Un an après Fukushima, où est passé le Corium ?

Le réacteur n°2 de Fukushima Daiichi contenait 94 tonnes de Corium avant l’accident nucléaire. Le 28 mars 2012, TEPCO a mesuré la hauteur d’eau sensé refroidir ce Corium. Résultat : 60 centimètres. A peine de quoi refroidir un fourneau domestique.

Question évidente : Tepco injectant depuis plusieurs mois 9 tonnes d’eau par heure dans le réacteur, soit 2,5 litres par seconde, où passe cette eau pour qu’il n’en reste presque rien dans la cuve.

Plus surprenant, Tepco a mesuré la température des 60 cm d’eau présents dans la cuve. Résultat : 48,5° à 50°.

Comment expliquer ce faible volume d’eau et sa température très basse pour une cuve ?

Selon Gen4, « la vérité est que les coriums ont depuis longtemps perforé la cuve réacteur (RPV), le confinement primaire (cuve PCV) et secondaire (le radier en béton ou une variante par l’anneau de surpression) et qu’ils se sont finalement réfugiés quelque part sous les bâtiments ». Source de cette citation :(http://www.gen4.fr/blog/2012/03/ale...)

87) Un an après Fukushima, plus qu’un seul réacteur en activité sur 54

Un seul réacteur sur les 54 unités nucléaires du Japon fonctionnait aujourd’hui, après l’arrêt pour maintenance de l’avant-dernière tranche encore en opération un an après l’accident de Fukushima.

Tokyo Electric Power (Tepco), l’opérateur de la centrale accidentée Fukushima Daiichi (nord-est), a stoppé le réacteur 6 de Kashiwazaki-Kariwa, la plus grande centrale nucléaire de l’archipel située dans la préfecture de Niigata sur les rives de la Mer du Japon (centre-nord).

Tepco n’a désormais plus aucune unité en fonctionnement. Seule Hokkaido Electric Power, l’une des neuf compagnies régionales produisant de l’électricité nucléaire au Japon, continuait lundi d’exploiter un réacteur sur l’île de Hokkaido (extrême nord). Cette unité doit toutefois être interrompue à son tour début mai.

[...] Agence France Presse (extraits) 26/03/2012

86) Fukushima Un an après la catastrophe nucléaire, par Kenji Kunitomi

Un an a passé depuis l’immense tremblement de terre et le tsunami qui ont violemment touché et détruit des villes et des villages de la côte Nord-est du Japon. Environ 20 000 personnes sont mortes ou disparues, 341 000 ont été évacuées et de nombreuses personnes qui vivaient dans les zones affectées ont perdus les biens qui constituent les bases de l’existence au quotidien, comme leur maison, les transports publics, la santé, leur emploi et leur communauté.

De plus, l’épouvantable accident nucléaire à Fukushima Dai-ichi (n°1) a entraîné une situation encore plus dévastatrice pour la population de la préfecture de Fukushima. Le nombre de personnes évacuées, près des villes et des villages aux environs de la centrale nucléaire de Dai-ichi a atteint le chiffre de 100 000. Ils ne pourront pas retourner dans leur ville pendant plusieurs décennies, en fait pendant une période indéfinie, à cause de la contamination radioactive de la terre, des rivières, de la mer et de l’air.

Le désastre nucléaire de Fukushima est loin d’être terminé. Les retombées radioactives causées par l’explosion de la centrale nucléaire diffusent continuellement des déchets radioactifs dans les environs de la centrale et cela va engendrer des effets fatals en particulier sur la santé des femmes enceintes et des enfants.

Néanmoins, le Premier ministre Yoshihiko Noda du DPJ (Parti démocratique du Japon) a déclaré en décembre dernier que le « refroidissement du réacteur en fusion de Dai-ichi était achevé ». Cependant, de nombreux experts craignent que cette déclaration du gouvernement n’est d’autres objectif que de d’apaiser la colère grandissante de la population concernant l’accident nucléaire et qu’elle pourrait détourner l’attention des menaces qui sont toujours bien réelles en ce qui concerne la sureté des réacteurs.

Actuellement, 52 des 54 réacteurs japonais sont à l’arrêt principalement pour effectuer une révision périodique ou pour effectuer un contrôle de leur sécurité. Les deux réacteurs encore en fonction vont aussi être arrêtés à la fin du mois d’avril. Pour éviter cette situation, le gouvernement et les capitalistes tentent de faire croire à une possible « pénurie de ravitaillement de l’électricité » dans une campagne qui jour sur l’anxiété populaire et qui laisse entendre que ce serait un désastre pour le bon rétablissement économique du Japon en entraînant une aggravation du chômage, etc…

Pour sauver les centrales nucléaires, le gouvernement DPJ et les capitalistes sont prêt à réactiver de nombreux réacteurs nucléaires après les avoir déclarés sûrs grâce à des “spécialistes” cooptés. Sous pression du lobby nucléaire, le gouvernement a aussi promis le maintien de la politique d’exportation du nucléaire japonais.

Peu après la catastrophe de Fukushima, les japonais ont pris conscience de l’absence de fondements des campagnes sur « la sureté et la propreté » de l’énergie nucléaire. Des mères d’enfants et des jeunes qui n’avaient jamais participé à des manifestations jusqu’à l’accident ont été de plus en plus mobilisés, un phénomène en boule de neige.

Celles et ceux qui se sont mobilisés pour la première fois ont le sentiment très fort qu’ils sont « trompés par les médias dominants » et ils ont rejoints les manifestations à travers les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook.

Depuis septembre dernier, un sit-in et une tente devant le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie ont attiré beaucoup de monde, en particulier « les femmes de Fukushima contre les centrales nucléaires ». Cette tente contre le nucléaire et devenu un des symboles de la colère du peuple contre le gouvernement et la classe dirigeante. Ce phénomène nouveau s’inscrit dans le contexte du mouvement « Occupy the Streets » partout dans le monde, avec ses particularités propres.

La manifestation contre les centrales nucléaires, le 11 septembre dernier, six mois après la catastrophe nucléaire a mobilisé 60 000 personnes à Tokyo. Le 11 mars 2012, les syndicalistes, les militants de la paix, les groupes civiques, les organisations de paysans et de pécheurs appellent à un grand rassemblement contre les centrales nucléaires. Ils demandent des compensations pour toutes les personnes qui ont été affectées, l’arrêt des centrales nucléaires, etc… Il y aura de nombreux rassemblements et manifestations dans tout le pays le même jour.

Nous espérons que ce mouvement social au Japon, en solidarité avec les personnes affectées par le tremblement de terre, le tsunami et la catastrophe nucléaire, permettra un changement des rapports de forces à travers le développement d’un mouvement anti-nucléaire.

Kenji Kunitomi

* Traduit de l’anglais par Danielle Sabai (Site ESSF)

85) Le 11 mars, le Parti de Gauche dit non au nucléaire

Le Parti de Gauche est engagé aux cotés du réseau Sortir du Nucléaire pour l’action commémorative du terrible accident de Fukushima. Alors que le rapport du ministère de l’environnement Japonais indique des contaminations qui peuvent aller jusqu’à 400 fois la normale dans certaines communes, le Ministre Eric Besson a préféré lui, utiliser sa visite sur le site pour conforter le nucléaire français et confisquer une nouvelle fois toute décision aux citoyens.

Cela n’a que trop duré ! Le Parti de Gauche s’est prononcé depuis sa création pour une sortie progressive du nucléaire et demande un référendum sur les questions énergétiques comme le propose le candidat du Front de Gauche Jean Luc Mélenchon.

Le Parti de Gauche soutient l’appel national du réseau Sortir du Nucléaire et sera pleinement impliqué dans les actions de la "chaîne humaine’’ qui auront lieu de Lyon à Avignon. Corinne Morel Darleux, Secrétaire Nationale du Parti de Gauche à l’écologie sera présente à Montélimar le 11 mars pour la tribune politique aux côtés d’Eva Joly (EELV) et de Philippe Poutou (NPA).

Pour en savoir plus : http://chainehumaine.org/

Parti de Gauche

84) Fukushima : niveaux très élevés de radioactivité dans des municipalités de la zone évacuée

Un rapport d’étape du ministère de l’environnement japonais, rendu public vendredi 24 février, confirme des niveaux très élevés de radioactivité dans des municipalités de la zone évacuée autour de la centrale nucléaire de Fukushima, théâtre d’un accident après le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars. Ce document, qui se fonde sur des mesures effectuées entre le début de novembre 2011 et la mi-janvier 2012, vient corroborer les résultats antérieurs.

Le rapport met en avant des niveaux de radioactivité pouvant atteindre 470 millisieverts par an, comme dans la ville de Futaba, au nord de Fukushima, alors que la norme habituelle en conditions normales n’excède pas 1 millisiervert par an. Toutefois, précise le rapport, les taux enregistrés varient énormément, même au sein de la même commune, ce qui prouve une dispersion très hétérogène de la contamination. Ainsi certaines mesures prises à Futaba mettent en avant des niveaux parfois proches de la normale.

RAPPORT FINAL DANS LES PROCHAINES SEMAINES

La zone interdite et évacuée s’étend aujourd’hui sur un rayon de 20 kilomètres autour du complexe atomique de Fukushima-Daïchi, à laquelle s’ajoutent quelques localités plus distantes mais fortement touchées. Le gouvernement japonais entend redécouper cet ensemble en fonction des niveaux de contamination réellement constatés à chaque endroit. Le rapport final du ministère de l’environnement est attendu dans les prochaines semaines. Il devrait déclarer inhabitables les lieux qui présentent une radioactivité supérieure à 50 millisieverts par an.

Une zone dite « de préparation au retour » devrait également être créée là où la dose d’exposition aux radiations est comprise entre 1 et 20 millisieverts par an. Cette aire sera en priorité décontaminée, pour s’approcher le plus possible de 1 millisievert par an, limite légale habituelle. Toutefois, pour rendre les lieux vivables, il faudra aussi remettre en état les infrastructures, fortement endommagées par le séisme et le tsunami et laissées à l’abandon pendant neuf mois.

Une zone « d’habitat limité » est également en projet. Elle devrait voir le jour là où la dose de radiations se situe entre 20 et 50 millisieverts par an. Les localités concernées seront encore interdites plusieurs années, mais la décontamination y sera entreprise pour ramener le niveau en deçà de 20 millisieverts annuels et permettre à plus long terme le retour des résidents.

LEMONDE.FR avec AFP | 24.02.12 | 15h54

83) Mi-févier 2012 Fission nucléaire incontrôlée et dangereuse

La compagnie propriétaire et gestionnaire du site nucléaire de Fukushima Tepco vient de reconnaitre que la température au fond de la cuve du réacteur n°2, en théorie maintenue en dessous de 100 °C, a dépassé les 300°C, et d’annoncer que du Xénon avait été retrouvé dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2.

Cela signifie concrètement, comme en novembre 2011, qu’une réaction en chaîne incontrôlable a eu lieu ces derniers jours et est peut-être encore en cours. En effet, les xénons 133 et 135 se créent lorsqu’il y a une fission nucléaire de l’uranium et leur période radioactive est très courte (9 h pour Xe-135 et 5 jours pour Xe-133). En clair ça veut dire que le réacteur n°2 serait reparti vers la fusion, le corium, les rejets radioactifs et…les risques d’explosion.

Certains veilleurs japonais (http://fukushima-diary.com) citent le cas d’un ingénieur qui a préféré quitter son travail devant cette montée de température, car, pour lui, si la température dépasse les 700°, il y aurait risque d’explosion entraînant l’explosion des trois autres réacteurs situés autour et dont les cœurs ont également fondu.

Les relevés des retombées radioactives à Fukushima montrent une augmentation notable des taux de césium 134 et 137 à partir des mesures effectuées du 11 au 12 février 2012 : en un jour, le césium 134 passe de 4,45 Mbq/km² à 98,2 MBq/km² et le césium 137 passe de 6,46 Mbq/km² à 139 MBq/km².

Source : http://www.pref.fukushima.jp/j/kouk....

82) L’accident nucléaire de Fukushima aurait grandement fragilisé la biodiversité

L’accident nucléaire de Fukushima aurait grandement fragilisé la biodiversité

Comment aurait-il pu en être autrement ? L’accident nucléaire de Fukushima (Japon), le plus grave qu’ait connu l’humanité depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, n’a pas été sans conséquences pour la biodiversité.

Presque onze mois après, tout a été dit et écrit sur cette catastrophe, du moins le croyions-nous… Les études et autres articles consacrés à son impact sur la biodiversité n’étaient jusqu’ici pas légion. On en sait toutefois un peu plus aujourd’hui, et selon nos confrères de l’Irish Times, dont les allégations reposent sur une expertise scientifique récente, les radiations ont immédiatement eu des répercussions négatives sur les oiseaux – quatorze espèces dites communes ont été étudiées – établis en dehors de la zone d’exclusion déterminée par les pouvoirs publics durant la période principale de reproduction, c’est-à-dire de mars à juillet. C’est ce qu’affirment le professeur Timothy Mousseau, de l’Université de Caroline du Sud (États-Unis), et son équipe (constituée de spécialistes américains, japonais et danois), qui se préparent désormais à mener des investigations à long terme pour se faire une idée aussi précise que possible des dommages perpétrés par les rayonnements sur les animaux et les plantes sauvages vivant à proximité de la centrale accidentée.

En attendant peut-être de pouvoir collaborer avec d’autres chercheurs japonais, ils étudient déjà l’impact des retombées radioactives résultant de la catastrophe de Tchernobyl sur les vies animale et végétale depuis 1999. Or, leurs travaux ont fait état d’une réduction globale du nombre d’oiseaux et d’insectes ainsi que d’une augmentation des anomalies, ce y compris dans des contrées présentant des niveaux de radiations compris entre un et trois microsieverts par heure. De quoi supputer de graves bouleversements dans de nombreux écosystèmes japonais, bien au-delà du périmètre de sécurité défini par les autorités…

Des capacités reproductives entamées

« En examinant ces organismes qui ont une espérance de vie inférieure à celle de l’Homme, nous pouvons nous faire une idée de ce qui pourrait arriver aux populations humaines cent, deux cents ou trois cents ans plus tard », a résumé M. Mousseau, qui a notamment pu constater qu’en Ukraine, dans la partie irradiée du pays, les oiseaux ont, outre une fertilité moindre, des cerveaux de taille inférieure à la normale et vivent moins longtemps que leurs congénères qui n’ont pas été exposés aux rayonnements. Et d’ajouter : « À Tchernobyl, tout était top secret. Là-bas, nous ne savons pas précisément comment les choses ont commencé, tandis que dans le cas de Fukushima, nous avons la possibilité de suivre ces organismes depuis le début ».

Si certains scientifiques contestent ses conclusions, soulignant a contrario que certaines espèces animales, notamment d’insectes, ont proliféré à proximité de la centrale ukrainienne, dans des zones devenues inhabitées, elles viennent toutefois corroborer les assertions d’autres experts dont les travaux avaient été relayés en mai dernier par le très sérieux journal Nature. Ceux-ci avaient notamment révélé que les doses de radiations étaient suffisamment élevées pour altérer les capacités reproductives des oiseaux, des rongeurs et des arbres aux abords de Fukushima. Bien que l’accident aurait certainement eu des conséquences écologiques encore plus graves s’il s’était produit au milieu du printemps plutôt qu’au début de la saison de floraison, il est donc à craindre qu’il nuise gravement et durablement à certaines espèces.

La lumière ne sera pas faite de sitôt. Nul besoin cependant d’être expert pour préjuger de la gravité des effets des radiations.

par Guillaume Duhamel, Lundi 6 février 2012

Source de cet article et de nombreux autres sur Fukushima :

http://www.zegreenweb.com/

81) Fukushima : Le système obligatoire de communication de secours n’avait pas été installé

L’avenir de la Compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco) et du nucléaire japonais passe par la confiance retrouvée de l’opinion. L’entreprise propriétaire et opératrice de la centrale accidentée de Fukushima en a grandement besoin, notamment pour faire accepter les hausses de tarifs - 10 % pour les particuliers et 17 % pour les entreprises - qu’elle veut imposer, avec le redémarrage des réacteurs à l’arrêt.

Les dernières révélations sur ses manquements, comme ceux des acteurs de la filière japonaise du nucléaire, ne vont pas y contribuer.

Le 19 janvier, Tepco a admis le dysfonctionnement d’un système de transmission de données au gouvernement. En novembre 2010, quatre mois avant la catastrophe, l’entreprise devait relier à une alimentation de secours un appareil fournissant en temps réel des données sur la température des réacteurs et les niveaux de radiation autour des installations, à l’ERSS et à Speedi, deux systèmes d’informations faisant partie du réseau gouvernemental de prévention des catastrophes.

Or, à l’époque, la connexion n’avait pas pu être établie, car le câble disponible était... trop court ! D’après l’entreprise, la question a été évoquée avec l’organisation japonaise de sûreté nucléaire (JNES), organisme gouvernemental, mais aucune décision n’a été prise. Tepco a par ailleurs reconnu qu’avant la catastrophe, elle ne considérait pas le problème comme une urgence.

Hostiles

Informée du dysfonctionnement après l’accident, l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA) n’a pas cru bon de le faire apparaître dans le rapport intérimaire de la commission d’enquête sur les causes de l’accident de la centrale, dévoilé en décembre.

Autre problème impliquant la compagnie d’électricité, l’absence d’enregistrements des discussions de la cellule de crise mise en place par le gouvernement, Tepco et la NISA après l’accident. Le 24 janvier, le ministre de l’économie, du commerce et de l’industrie Yukio Edano a présenté ses excuses après avoir confirmé cette information.

M. Edano, qui occupait en mars 2011 le poste de porte-parole du gouvernement, a jugé "regrettable" l’absence de ces enregistrements : "Compte tenu de l’impact de la catastrophe sur l’opinion et des attentes de la population, ils auraient dû être réalisés."

La responsabilité de ces enregistrements, obligatoires selon la loi, revenait à la NISA dont un représentant assurait le secrétariat de la cellule de crise. Ce dernier a affirmé qu’il était trop occupé pour s’en occuper. Et, d’après la NISA, l’absence de ces données n’est pas très grave, car les décisions prises ont ensuite été communiquées en conférence de presse.

Ce point a fait réagir jusqu’au quotidien économique Nihon Keizai, pourtant traditionnel soutien de la filière nucléaire. "Ces révélations font craindre que le gouvernement a délibérément évité de réaliser ces enregistrements, écrit-il dans un éditorial du 24 janvier, pour dissimuler à l’opinion certaines informations."

Et le quotidien de faire état de rumeurs selon lesquelles des argumentaires seraient rédigés pour s’assurer que les responsables impliqués donnent la même version des décisions prises par la cellule de crise. "Ces informations, ajoute-t-il, ont pour unique conséquence de saper les efforts réalisés pour restaurer la crédibilité des régulateurs et des opérateurs du nucléaire."

Retrouver la confiance des Japonais, aujourd’hui majoritairement hostiles au redémarrage des 51 réacteurs (sur 54) à l’arrêt, s’annonce donc difficile. D’autant que, d’après le quotidien Mainichi, le gouvernement a également dissimulé un rapport établissant que le Japon disposait de suffisamment de moyens de production d’électricité pour compenser l’arrêt de tous les réacteurs nucléaires et qu’il pourrait passer sans problème l’été, période de pic de consommation.

Le gouvernement aurait agi ainsi pour alimenter la crainte d’une pénurie de courant et convaincre l’opinion d’accepter le redémarrage des réacteurs.

Philippe Mesmer, Le Monde

80) Premier bilan de l’Agence internationale de l’énergie atomique

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a remis un rapport préliminaire sur la catastrophe de Fukushima.

La réaction du Japon à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a été "exemplaire", mais les risques de tsunami ont été sous-estimés, a jugé mercredi l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA), tout en appelant à l’indépendance de l’autorité de régulation nucléaire nippone.

L’alimentation électrique du complexe atomique a été rompue par une vague de 14 mètres de haut, mettant hors service les systèmes de refroidissement des réacteurs, ce qui a provoqué une série d’explosions et une fusion partielle du combustible nucléaire. "Le risque de tsunami a été sous-estimé", a souligné le rapport.

Mais les experts de l’AIEA se sont dits "profondément impressionnés par le dévouement des travailleurs japonais face à cet accident nucléaire sans précédent" et ont jugé "exemplaire" la réaction du Japon.

79) Fin décembre 2011 Au Japon, les rescapés du tsunami se préparent à affronter l’hiver

Alors que la température chute dans le nord-est du Japon dévasté par un séisme et un tsunami géants, des milliers de rescapés, relogés dans des abris temporaires, se préparent à affronter un hiver rigoureux. Beaucoup d’entre eux ont perdu leur habitation lorsque des vagues de plusieurs mètres ont déferlé sur la côte le 11 mars, faisant près de 20 000 morts et disparus et détruisant tout sur leur passage.

Dans le port d’Ishinomaki, l’une des villes côtières les plus touchées, plus de la moitié des 61 000 habitations ont été emportées par le tsunami ou gravement endommagées. Les autorités municipales ont construit plus de 7 000 maisons temporaires qui abritent aujourd’hui environ 6 800 familles.

Ces préfabriqués sont équipés de chauffages, de tatamis, jouissent d’une bonne isolation et sont même dotés de toilettes au siège chauffant, selon un responsable local. Par ailleurs, 6 500 autres familles ont emménagé dans des appartements loués par la municipalité à leur profit. Mais des milliers d’autres n’ont pas eu cette chance.

« NOUS NE SAVONS PAS GRAND-CHOSE »

Les responsables de la ville admettent avoir peu d’informations sur la façon dont plus de 20 000 foyers vont passer l’hiver, sous la neige, avec des températures qui plongent fréquemment sous zéro degré Celsius en décembre, janvier et février. « Elles doivent probablement séjourner avec des proches loin d’ici, ou bien avoir réintégré leur domicile s’il n’a pas été trop abîmé », a déclaré l’un d’eux. « Mais nous ne savons pas grand-chose à leur sujet. »

« Notre maison a été presque complètement détruite dans la catastrophe, mais beaucoup de bénévoles et de menuisiers ont travaillé dur pour la réparer », raconte une mère de famille, Hideko Kamiyama, qui a attendu des mois avant que son rez-de-chaussée, saccagé par un torrent de boue, ne soit réparé. « Notre habitation est réparée à 80 % maintenant et on nous a donné des chauffages et des tapis. » « Des bénévoles m’ont donné aussi des cataplasmes qu’on peut se coller dans le dos pour nous réchauffer. Je pense que je peux maintenant passer l’hiver », assure Mme Kamiyama.

UNE VRAIE MAISON

Les rescapés qui ont été relogés dans des préfabriqués ne se plaignent pas trop de leurs conditions de vie, mais espèrent qu’une solution permanente pourra rapidement leur être proposée. Ces abris temporaires sont prévus pour une durée de deux ans. Certains se demandent si ce sera suffisant.

« La reconstruction d’habitations prend du temps, mais nous ne savons pas vraiment encore combien », explique Yoshinori Sato, employé de la ville d’Ishinomaki. « Une fois qu’on sera fixé, on pourra commencer à dire aux gens à quelle date ils pourront retrouver une vraie maison. »

Le Monde.fr

78) 26 décembre Le rapport d’experts qui accuse Tepco

Un groupe d’experts mandatés par le gouvernement japonais a mis en cause le manque de préparation et d’organisation face à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima provoqué par le séisme et le tsunami du 11 mars dans le nord-est du Japon, selon un rapport publié lundi 26 décembre.

"Il y a eu un problème majeur dans la préparation aux catastrophes nucléaires", souligne le document.

Le fait que la hauteur des vagues du tsunami ait dépassé les prévisions ne saurait servir d’excuse à la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) face à la gestion de l’accident, le pire depuis celui de Tchernobyl en 1986, estiment les enquêteurs.

Expertises insuffisantes

Le rapport intermédiaire accuse Tepco de ne pas avoir correctement évalué et géré la situation, faute de connaissances suffisantes sur les équipements et sur la façon de réagir.

Mauvaise communication, lenteur dans l’information et erreurs dans les consignes d’évacuation

"Tepco ne s’attendait pas à une situation dans laquelle toutes les sources électriques seraient simultanément interrompues dans plusieurs réacteurs à cause d’un désastre naturel, et elle n’a pas formé ses équipes pour répondre à ces circonstances", est-il écrit dans le rapport.

Selon ce document, la fusion du combustible dans les réacteurs et les rejets de substances radioactives auraient pu être limités si les techniciens avaient procédé à des relâchements de pression dans les réacteurs 1 et 3 et commencé à injecter de l’eau plus tôt.

La mauvaise communication entre les équipes de travail à Fukushima a également conduit de petits groupes d’intervenants à prendre des initiatives sans en informer leurs supérieurs.

La réponse du gouvernement au stade précoce de la crise a également été problématique, affirme le rapport qui dénonce l’insuffisance de communication entre les fonctionnaires et le bureau du Premier ministre.

Le ministère de l’Industrie et l’Agence de sûreté nucléaire reprochent à Tepco sa lenteur dans la fourniture d’informations, mais dans le même temps ces autorités n’ont pas envoyé de personnel au siège social de la compagnie, note le rapport.

Le comité pointe également du doigt des erreurs concernant les consignes d’évacuation données aux résidents, certains ayant été poussés vers des zones où les substances radioactives s’étaient davantage propagées.

Version définitive à l’été 2012

En résumé, le rapport affirme que Tepco n’avait pas pris les dispositions nécessaires, considérant comme très faible la probabilité d’un tsunami de cette envergure (plus de 14 mètres), bien que des calculs aient montré que le risque existait bel et bien.

Les douze experts de la commission, créée en mai à l’initiative de Naoto Kan, alors Premier ministre, et présidée par Yotaro Hatamura, professeur d’ingénierie à l’université de Tokyo spécialisé dans l’étude des dysfonctionnements, rendront public un rapport définitif l’été prochain. Le groupe comprend des sismologues, d’anciens diplomates et des magistrats.

Le gouvernement a annoncé le 16 décembre que les réacteurs de la centrale avaient atteint le stade de l’"arrêt à froid", ce qui constitue un tournant dans les opérations d’assainissement et une condition préalable au retour éventuel d’environ 80.000 habitants évacués dans un rayon de 20 km autour du site de Fukushima-Daiichi.

Toutefois, selon un sondage publié lundi par le journal Nikkei, 78% des personnes interrogées contestent que la procédure d’arrêt à froid ait été menée à son terme comme l’a assuré le gouvernement.

Sentiment d’insécurité

Pour nombre de Japonais, l’annonce de la fin de la procédure d’arrêt à froid est prématurée du fait que le démantèlement des réacteurs accidentés et le traitement des conséquences de la catastrophe sur l’environnement prendront encore des années.

"Nous ne pouvons pas être d’accord avec l’affirmation du gouvernement voulant que la situation soit réglée à Daiichi. Les cultures et récoltes sont toujours contaminées à Fukushima. On n’a fait aucun progrès pour ce qui est de réduire le sentiment d’insécurité des habitants", a déclaré Michio Furukawa, maire de la ville de Kawamata (préfecture de Fukushima) et membre de la commission d’experts.

Le gouvernement a indiqué la semaine dernière qu’il faudrait sans doute attendre sept ans pour que l’on puisse contrôler l’intérieur des réacteurs en raison d’un niveau de radioactivité élevé et de contraintes techniques.

Le document d’étape ne détaille pas les dégâts causés directement à la centrale de Daiichi par le séisme qui a déclenché le tsunami, question clé pour déterminer si d’autres réacteurs actuellement à l’arrêt pour inspections peuvent être remis en service afin d’éviter une pénurie d’électricité.

D’après Tepco, le tsunami consécutif au séisme a été la cause principale des dégâts.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé lundi qu’il délimiterait de nouvelles zones d’évacuation d’ici à la fin avril et que les secteurs où les taux de radioactivité annuels sont aujourd’hui supérieurs à 50 millisieverts ne seraient pas jugés propres à être habités avant au moins cinq ans.

78) TEPCO bientôt nationalisée pour payer les dégâts ?

Privatiser les profits et socialiser les pertes : voilà bien la vraie règle d’or du capitalisme.

Nous l’avons constaté depuis 2007 avec le "sauvetage des banques" et sociétés financières (AIG...) par l’argent public.

Il semble bien que le Japon évolue vers cette "solution" avec :

- le versement par l’Etat de 2 trilliards de yens (collectés finalement chez les contribuables et par "l’austérité", bien sûr) pour soutenir les opérations de TEPCO sur Fukusima

- la démission du directeur de TEPCO et son PDG.

Deux extraits de la presse japonaise donnent une idée sur le processus en cours :

Fukushima Minpo (22 décembre) :

TEPCO et le Fond d’aide au dommages nucléaires (mis en place par le gouvernement national) a démarré une discussion le 22 décembre pour remanier la gestion au sommet dans le but de recevoir des fonds publics. Il est probable que tous les dirigeants qui représentaient la compagnie à l’époque de l’accident vont démissionner, y compris le PDG Toshio Nishizawa, qui a été nommé en juin et le directeur Tsenehisa Katsumata. Le nouveau PDG sera choisi dans une société extérieure, alors que le nouveau président sera probablement promu en interne.

Selon l’Asahi Shinbun (21 décembre) et d’autres, le gouvernement national demandera à 70 institutions financières de prêter le total d’un trillion de yens à TEPCO. Le gouvernement demandera à ces institutions de prêter un autre trillion de yens au Fond d’aide avec la garantie du gouvernement national. Le Fond acheminera cet argent à TEPCO, et en retour acquerra plus des deux tiers du capital de la compagnie, il sera donc plus facile pour le Fond de vendre plus tard les dividendes.

Commentaire ci-dessous de http://bistrobarblog.blogspot.com/

Il est devenu apparent que les responsabilités dépasseront bientôt les bénéfices nets de TEPCO.

Les banques sont contentes, car les prêts à TEPCO seront garantis par le gouvernement national – c’est à dire couverts par les contribuables. Les détenteurs d’obligations sont contents, les actionnaires sont contents parce que les capitaux communs ne sont pas dilués et la société ne fera pas banqueroute si elle est ’’nationalisée’’.

Les obligations de TEPCO sont détenues largement par des investisseurs institutionnels car elles ont été considérées comme sûres, émises par une solide et rentable société, TEPCO. Ce n’est plus le cas, mais les grands investisseurs, incluant le Fond de Retraite japonais, ne peut souffrir, n’est-ce pas ?

TEPCO nie que c’est une nationalisation, mais s’il cancane comme un canard et marche en canard, c’est bien un canard. Comme pour célébrer la joyeuse occasion d’être payé par l’argent du Japon et bientôt des contribuables, TEPCO a annoncé une augmentation des tarifs tant pour les entreprises que les individus.

Le peuple japonais va donc payer de multiples manières TEPCO et le gouvernement : augmentation des tarifs, des prix des marchandises, des impôts et impôts sans fin pendant des décennies pour le démantèlement des réacteurs et la décontamination de la préfecture de Fukushima. TEPCO dit sur sa page d’accueil ’’ Comprenez s’il vous plaît la difficile situation où nous nous trouvons’’ . Qu’en est-il de la compréhension de TEPCO vis à vis de la difficile situation dans laquelle il a fourré le peuple japonais ?

Et comme pour la fraude hypothécaire et la ’’saisiegate’, personne ne va en prison.

77) Fukushima 18 décembre Nouvelle fuite radioactive

Conférence de presse de TEPCO du 18 décembre 2011.

On a découvert le 18 décembre une assez grande surface d’eau radioactive à un endroit où on n’aurait pas dû en trouver entre le bâtiment principal de traitement et le bâtiment de traitement des déchets solides. D’abord on a parlé de 125 tonnes d’eau, mais cela a été corrigé bientôt et maintenant c’est 230 tonnes.

La radioactivité de surface de la “ flaque ” d’eau (comme la nomme TEPCO) est relativement élevée, 3 millisieverts par heure.

C’est une tranchée de 50 cm de profondeur, destinée au passage de fils électriques, qui est remplie d’eau. Elle fait 4,50 m de large, 50 mètres de long avec une piscine de 3 mètres de profondeur au bout. Il y a 50 cm d’eau. L’eau coule d’une gaine (de 5 cm de diamètre) de fils électriques à l’intérieur de la tranchée.

TEPCO dit que c’est soit de l’eau d’une nappe phréatique, soit de la condensation. Petite possibilité que l’eau contaminée provienne d’une fuite d’un bâtiment, mais ce n’est pas concluant tant que l’analyse des nucléides n’est pas terminée.

La radioactivité de surface de l’eau fortement contaminée à l’intérieur du bâtiment principal de traitement est de 1000 millisieverts par heure (1 sievert par heure)

L’eau fuit toujours dans la tranchée, mais TEPCO ne connaît pas encore le rythme de la fuite.

76) 12 décembre Un ouvrier en décontamination retrouvé mort sur un site

Un ouvrier de 60 ans faisant des expérimentations de décontamination dans le district de Shimo-Oguni à Date City, préfecture de Fukushima a été retrouvé mort par ses collègues dans un car à 13h le 12 décembre. Une ambulance a été appelée, mais sa mort a été confirmée à 14h.

Le travail de décontamination dans le district de Shimo-Oguni a été le premier à avoir été planifié par le bureau du Cabinet et il a été effectué sous la responsabilité de l’agence de l’énergie atomique japonaise. Le porte-paroles du gouvernement n’avait pas de détails sur le type de travail que faisait cet ouvrier, ou combien de temps l’ouvrier avait travaillé avant sa mort. Les citoyens bénévoles n’étaient pas impliqués dans ce projet de décontamination, selon l’avis du porte-paroles.

Aucune information sur la provenance de l’ouvrier, ou sa situation précédente. Le porte-parole a dit que le gouvernement connaît la cause de la mort, mais parle avec la famille du décédé pour savoir s’il est approprié de la dévoiler. Le porte-parole était extrêmement mal à l’aise en essayant de répondre à la question sur la cause de la mort. Il s’est arrangé pour dire que le décès n’est pas arrivé pendant un travail de décontamination.

75) L’ex-directeur atteint d’un cancer de l’oesophage

L’ex-directeur de la centrale de Fukushima, Masao Yoshida, a demandé à son entreprise Tepco de diffuser publiquementson état de santé.

Maladie : cancer de l’oesophage

Exposition cumulative à la radioactivité (interne et externe) depuis le 11 mars : 70 millisieverts. La limite annuelle d’exposition est de 1 millisievert.

74) Les Japonaises unies contre les mensonges d’Etat

Elles sont en première ligne. Actives au sein d’associations et d’ONG oeuvrant pour la prise en charge des personnes âgées, pour l’éducation, pour la défense de l’environnement ou pour la sécurité alimentaire, les Japonaises animent une solidarité locale exprimée lors de la plus grande manifestation antinucléaire, le 19 septembre à Tokyo.

La majorité des participants était des femmes. Un millier d’entre elles, venues de Fukushima, manifestaient à nouveau le 29 octobre dans les rues de Tokyo pour demander des mesures de protection de leurs enfants, protester contre la collusion de l’administration et des intérêts privés pour minimiser un danger mal évalué, et rappeler les valeurs que l’Etat est censé défendre, à commencer par la protection de la population.

La diffusion de cartes des dépôts de matières radioactives, d’inquiétantes mesures de radiation réalisées plus ou moins officiellement, des informations comme la leucémie aiguë contractée par Norikazu Otsuka, présentateur de la télé qui consommait en direct des produits de la préfecture de Fukushima, alimentent la méfiance des mères japonaises qui n’ont souvent qu’un seul désir : déménager.

« Je n’ai aucune confiance dans ce que dit le gouvernement, confie Kozue Nogami, dont la petite fille est à l’école primaire à Tokyo. Ni dans les médias qui ne font que reprendre le discours officiel. » Ce qui les retient : l’emploi du mari, le prêt pour la maison familiale.

Contraintes de se débrouiller, ces mères créent des blogs pour échanger les informations ou font leurs courses sur Internet, où elles trouvent des produits venant de l’ouest du Japon, présumés plus sûrs. Mme Nogami, dont le budget alimentaire a augmenté de 15 000 yens (145 euros) par mois, oblige sa fille à apporter une gourde d’eau à l’école. Elle aimerait que cette dernière puisse aussi apporter son bento (plateau-repas) pour ne pas avoir à manger à la cantine, mais le proviseur n’y est pas favorable.

Ces gestes simples se heurtent souvent au mur des conventions sociales japonaises, très normatives. Le ministère de l’éducation véhicule l’idée que rien ne prouve l’impact direct des radiations sur la santé. « Tout va bien, ne vous inquiétez pas » est le discours martelé par les autorités et les médias, que les mères ne veulent pas entendre.

Leur mobilisation leur a permis d’obtenir des concessions, comme l’indication de l’origine des aliments - dont la plupart viennent de l’Est et du Nord - et des mesures de radiation dans les écoles.

Chez celles, majoritaires, qui suivent le discours officiel, il suffit de peu pour faire surgir la crainte. « Nous n’avons aucune info, dit une résidente de l’arrondissement de Nakano, proche de celui de Setagaya où de hauts niveaux de radiation ont été relevés. Mes fils mangent à l’école mais je suis inquiète. »

Les initiatives des mères tokyoïtes prennent une autre dimension chez celles de la préfecture de Fukushima. Là, plusieurs font état de symptômes inquiétants chez les enfants : saignements de nez, diarrhées, inflammation de la thyroïde. Ecologiste pratiquant l’agriculture biologique à Kawamata, à 35 km de la centrale accidentée, Sachiko Sato, mère de quatre enfants et activiste du Réseau pour sauver les enfants des radiations, souligne le « fossé entre ceux qui ont quitté la région et ceux qui sont restés ». Ce qui est son cas : elle a envoyé ses enfants dans une autre ville, mais n’a pas quitté sa maison. « La région de Fukushima est un champ de bataille entre ceux qui ont la folie de penser qu’ils peuvent dominer la nature et ceux qui la chérissent », dit-elle.

Mme Sato juge insuffisantes les mesures de surveillance périodique des enfants par une échographie de la thyroïde. Comme beaucoup de Japonais, elle accuse l’Etat d’utiliser les 2 millions d’habitants du département de Fukushima comme cobayes pour collecter des données, tout en affirmant qu’il n’y a pas de danger. Les dosimètres donnés aux enfants ne sont pas nominatifs. Les données rassemblées servent à établir des taux moyens pour la région.

Les victimes de la catastrophe nucléaire se sentent dans la position de celles des victimes des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945, avance Mme Mari Takenouchi, membre de l’Association des atomisés, qui rassemble des victimes du nucléaire depuis Hiroshima jusqu’à Fukushima.

Jusqu’au traité de San Francisco de 1952 qui rendit sa souveraineté au Japon et « conformément aux ordres du général MacArthur, commandant des forces d’occupation », le sort des atomisés « est resté un secret militaire » et « il était interdit aux médecins japonais de les examiner », rappelle le docteur Shuntaro Hida, 94 ans, qui était médecin à l’hôpital militaire d’Hiroshima et a miraculeusement survécu. « A la suite de l’accident de Fukushima, ajoute-t-il, des centaines de parents sont venus me consulter, alarmés par les saignements de nez ou les gonflements de la thyroïde de leurs enfants. Je ne savais quoi leur dire. »

Au-delà du politique, les demandes des Japonaises portent le débat sur le terrain émotionnel plus fondamental du droit à la vie, analyse l’anthropologue David Slater de l’université Sophia à Tokyo. C’est sur ce terrain que se plaçait déjà Michiko Ishimure, institutrice à Minamata, victime dans les années 1950-1960 d’une intoxication au mercure déversé dans la mer, qui fit des milliers de morts et d’enfants handicapés. Par ses livres mêlant romanesque, poésie et journal intime, elle contribua à une lente prise de conscience de cette dramatique pollution industrielle. « A Minamata se sont heurtés deux mondes : celui de pêcheurs qui vivaient en symbiose avec la nature et un autre pour lequel la nature n’était qu’un objet à asservir », disait-elle.

Un demi-siècle plus tard, avec l’image du « champ de bataille » qu’est devenue la belle région de Fukushima (probablement rayée de la carte pour des décennies), Sachiko Sato fait le même triste constat. Aucune leçon n’a été tirée d’un drame révélateur des risques que la course à la rentabilité faisait courir à une population.

Philippe Pons et Philippe Mesmer

73) Message de Fukushima aux amis français

« Je me suis enfuie de Fukushima, ma ville de naissance, avec ma fille et mes parents en laissant mon mari là-bas. D’abord, nous avons été à Tokyo, maintenant nous sommes à Kyoto. Notre famille est obligée de vivre séparément. On a perdu notre région, on ne sait même pas quand l’accident se terminera...

Après l’accident, l’Etat japonais, le préfet de Fukushima et le maire de la ville de Fukushima ne nous ont pas informés de ce qui se passait réellement. Ils n’ont même pas procédé à une évacuation correcte, ils ne nous ont pas du tout protégés.

Donc, nous avons été obligés de nous sauver par nous-mêmes, avec notre propre jugement de la situation.

Des points chauds se sont créés un peu partout dans la ville. Les enfants ne peuvent pas partir de Fukushima et ils portent un masque quand ils sortent dehors. Il leur est interdit de faire du sport, ils vivent avec beaucoup de limitations, sans la liberté que l’on offre aux enfants habituellement.

Notre pays a reçu 770,000,000,000,000,000 Bq de radioactivité, mais le gouvernement fait vivre toute la population comme avant. Ils nous font croire que toutes les normes sont sécurisées. Même si les normes ont été augmentées, même pour les enfants.

Après le 11 mars, Fukushima, le Japon et le monde ont totalement changé. La radioactivité s’est échappée de la centrale nucléaire ; la priorité économique a sali le monde entier.

Qui a décidé que le nucléaire était très sûr ?

Une centrale nucléaire est aussi une grosse machine. Des fois ça peut casser. Mais, quand ca casse, on ne peut plus revenir en arrière.

L’accident de Fukushima est arrivé à cause du tsunami et du tremblement de terre, mais ils ont fait marcher cette énorme machine nucléaire qui ne résiste pas aux tremblements de terre, au grand pays des tremblements de terre qu’est le Japon. Donc, dans ce sens-là, c’est une catastrophe, un désastre totalement artificiel.

On ne peut plus vivre dans la région où on est né.

On ne peut plus manger en étant sûr de ce que l’on mange.

Il faut vivre tout le temps avec une inquiétude pour sa santé.

Tout ça est le résultat du choix de l’énergie nucléaire.

J’ai entendu dire que la France est pro-nucleaire. L’énergie nucléaire a l’air d’être moins chère par rapport à d’autres solutions.

Mais, quand un accident se produit, c’est très cher et dangereux, et quand on voit le problème des déchets...

Plus jamais Fukushima !

Je ne veux pas que vous subissiez la même expérience que nous, car c’est une grande tristesse, de la souffrance et du chagrin...

Arrêtez les centrales nucléaires ! Maintenant !

Et puis, face à cette infâme destinée pour les enfants de Fukushima, face à ce spécialiste qui nous explique que jusqu’à 100 mSv/an c’est sans danger pour notre santé, et aussi face à ce préfet qui l’a invité... secourez-nous !

S’il vous plait....ONEGAI-SHIMASU

Yuko NISHIYAMA »

(Traduction française : Yumiko)

Source : http://fukushima.over-blog.fr/

72) Six mois après Fukushima « Adieu aux centrales nucléaires »

Le 19 septembre, avec pour mots d’ordre « Plus jamais de Fukushima » et « arrêt des centrales nucléaires », Tokyo a abrité la plus grande manifestation contre le nucléaire civil depuis la catastrophe du 11 mars avec, selon les organisateurs, plus de 60.000 participant.e.s, souvent venus en famille. Très colorée, réunissant des intellectuels, associations antinucléaires, ONG, comités citoyens, syndicats, groupes d’extrême gauche, elle a commencé par un rassemblement au parc Meiji avant de partir en trois directions sillonner la capitale [1].

Le succès de cette initiative est très significatif. Il a dépassé les attentes (les organisateurs espéraient 50.000 participant.e.s). Le 11 juin dernier, trois mois après la catastrophe, quelque 70.000 personnes avaient certes manifesté, mais dans plus de 140 localités. Ils étaient alors 20.000 à Tokyo.

Comme l’expliquait la veille du 19 septembre à Asian Times Online, Satoshi Kamata – 73 ans, écrivain et journaliste spécialiste du nucléaire et des mouvements sociaux japonais – « les manifestations au Japon sont un peu différentes d’aux Etats-Unis ou en Europe, où des centaines de milliers de personnes peuvent s’opposer à l’énergie nucélaire. Ici, des mobilisations nationales ont attiré 10.000 ou 20.000 participant.e.s. Cette fois, nous en espérons 50.000. » [2]

Personnalités. Le 19 septembre – intitulé « Sayonara genpatsu », « Adieu au nucléaire » – a été préparé par une semaine nationale d’actions, débutant le 11. L’appel initial avait été formellement lancé par neuf personnalités, dont l’acteur Taro Yamamoto, le musicien Ryuichi Sakamoto, le journaliste Satoshi Kamata, l’auteure Keiko Ochiai et le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe. [3] : « Nous avons toujours été conscients de ce que les êtres humains ne peuvent vivre avec le nucléaire. Nous regrettons profondément que – bien que nous connaissions ce fait – nos voix et nos actions de protestation ont été beaucoup trop faibles.

« Nous sommes déterminés à engager des actions pour ’une société pacifique et durable’, en reconsidérant notre mode de vie qui exploite la nature et gaspille sans limite l’énergie, et en focalisant les énergies naturelles. Dans cette perspective, nous avons définis les objectifs suivants :

« 1. L’abandon des plans de construction de nouvelles centrales nucléaires.

« 2. La fermeture planifiée des centrales nucléaires existantes, y compris celle d’Hamaoka.

« 3. L’abolition [du suréacteur] de ’Monju’ et des centres de retraitements qui utilisent le plutonium, le plus dangereux des éléments radioactifs. »

En sus des signataires de l’appel, une centaine de personnalités se sont engagées pour le 19 septembre, comme le cinéaste Yoji Yamada et le docteur Masazumi Harada connu pour son traitement des victimes de la maladie de Minamata, provoquée par une pollution industrielle au mercure.

Lors du rassemblement, l’un des signataires, le prix Nobel Kenzaburo Oe, a déclaré : « Certains disent qu’il est impossible de se passer d’énergie nucléaire, mais c’est un mensonge. L’énergie nucléaire est toujours accompagnée de destructions et de sacrifices » ; « Nous devons faire savoir aux dirigeants des principaux partis et au patronat japonais notre intention de résister. » [4].

Venus de Fukushima. La présence à la manifestation de nombreux riverains de la centrale de Fukushima Daiichi, contraints d’évacuer leurs domicile pour cause de radioactivité, avait une forte portée politique. Pour Kazuhiro Hashimoto, un employé médical, « si nous n’arrivons pas à sortir du nucléaire maintenant, nous ne pourrons jamais construire un monde sans cette énergie ». « Il sera trop tard pour protester après le prochain accident nucléaire. Nous espérons que celui de Fukushima sera le dernier »

« Six mois après », notait Ruiko Muto, membre d’un groupe citoyen de Fukushima, « nous y voyons plus clair. » « Nous savons maintenant que les faits ne nous ont pas été révélés, le gouvernement ne protège pas la population, l’accident est toujours en cours... mais il y a encore des gens qui promeuvent le nucléaire ». « Depuis le 11 mars, nous devons chaque jours prendre des décisions sur des questions comme faut-il évacuer, faut-il faire porter des masques aux enfants, faut-il faire sécher le linge dehors, faut-il labourer les champs ? »

Yamazaki a évacué Kawasaki (préfecture de Kanagawa) avec son épouse, sa fille et sa petite-fille. Son fils, un pompier, est resté sur place. « Nous voulons revenir chez nous, mais en pensant à ma petite-fille âgée d’un an, nous ne pouvons y vivre tant que la ville n’a pas été décontaminée. Je n’aurai jamais pensé me retrouver à mon âge loin de chez moi. Je suis préoccupé et triste mais, à moins que nous nous engagions dans l’action, rien ne changera jamais. »

« Si je suis ici, note une femme de 40 ans, c’est, pour une part, parce que je m’en veux d’avoir été si indifférente (à la question de l’énergie nucléaire). Je ne peux nul part exprimer ma frustration, mais au moins aujourd’hui je peux la crier. »

Une autre manifestante, âgée de 72 ans et originaire de Koriyama (préfecture de Fukushima) expliquait pour sa part : « Tous les enfants sont partis. Je veux que la ville soit remise en état pour entendre à nouveau leurs rires dans les parcs et les écoles. Je ne peux faire confiance ni en la TEPCO ni dans le gouvernement. Je pense qu’ils cachent encore quelque chose d’embarrassant pour eux. Le fait que nous soyons si nombreux aujourd’hui montre que personne n’a confiance. »

Les parents de Miki Ogawa, 40 ans, habitent non loin de la centrale nucléaire de Hamaoka (préfecture de Shizuoka). Elle vit dans la peur depuis la catastrophe de Fukushima. « J’ai réalisé que le gouvernement nous mentait quand il nous disait que les centrales nucléaires étaient sans danger. » Sa petite sœur réside à Toda (préfecture de Saitama) ; elle n’ose pas sortir son nouveau né par peur des radiations émises de Fukushima Daiichi. « Je veux que le gouvernement abolisse toutes les centrales, insiste Ogawa, pour la sécurité future de nos enfants. Voyant aujourd’hui que tant de monde partage mon sentiment, je pense que nous pouvons l’obtenir ».

Syndicats. Côté mouvement ouvrier, l’initiative de la manifestation fut prise par des syndicats proches du Parti social-démocrate, mais la fédération liée au Parti communiste, Zenrohren (Confédération nationale des syndicats), Zenrokyo (Conseil national des syndicats, indépendante) et des mouvements d’extrême gauche étaient aussi très mobilisés, avec un contingent de plus de 5.000 militant.e.s. Signe des temps et de la pression populaire, le Parti communiste japonais commence à s’investir plus activement dans le mouvement antinucélaire. Il a modifié son programme pour demander la sortie immédiate de l’atome. [5]

« Nous n’avons pas besoin de centrales nucléaires ! », « L’entreprise TEPCO doit payer des compensations aux victimes » scandaient les manifestant.e.s. « Nous voulons que le gouvernement dise clairement quand ils vont cesser d’utiliser l’énergie nucléaire de façon à ce que nous soyons tous soulagés et que nous puissions travailler dur au développement des renouvellables. » déclarait Yasunari Fujimoto. Pour Yoshiharu Saito, résident de Fukushima, « nous, les gens, ne voyons évidemment pas la radioactivité et nous ne pouvons pas la sentir. Mais nous n’avons aucun doute sur ce le fait qu’elle s’étende ».

Les initiateurs de l’appel se donnent pour objectif de réunir 10 millions de signatures pour la sortie du nucléaire. L’opinion publique est en effet de plus en plus hostile à la poursuite de la politique énergétique antérieure. A un sondage effectué par le quotidien Mainichi Shimbun, 65% des personnes interrogées en dehors des zones sinistrées se sont déclarées prête à une réduction de la consommation électrique pour se libérer de la dépendance à l’égard de l’atome.

Pour Satoe Sakai, venu d’Osaka, « c’est aujourd’hui que nous pouvons vraiment changer la politique nucléaire ; c’est le moment le plus favorable pour agir. ». Mais la partie n’est pas gagnée, comme en témoigne le pas-de-deux des experts.

Experts et juges. Le monde des experts, scientifiques et juges est en effet plongé dans l’embarras. Ils doivent faire aujourd’hui un certain mea culpa, en reconnaissant qu’ils ont pris trop facilement parti pour l’industrie nucléaire contre les associations citoyennes. Ainsi, le professeur Haruki Madarame (université de Tokyo) assurait en février 2007 que l’hypothèse d’un accident touchant simultanément deux réacteurs était si improbable qu’elle devait être ignorée – ce fut pourtant le cas de quatre réacteurs à Fukushima ! Des géologues ont « scientifiquement » assurés que les centrales résisteraient au pire des tremblements de terre. Le 22 mars dernier, revenant sur ses affirmations, Madarame a déclaré : « Je réalise maintenant que la façon dont j’ai simplifié la question dans mon témoignage n’était pas correcte. Une révision fondamentale des centrales nucléaires doit être engagée. » Les géologues reconnaissent de même que « le tsunami n’a pas été pris suffisamment en compte dans l’évaluation de la sécurité » des installations. [6]

La Société sur l’énergie atomique du Japon (AESJ) s’est réunie le 19 septembre pour la première fois depuis la catastrophe de Fukushima. A la question « pourquoi a-t-il fallu attendre ce désastre pour réaliser l’existence des problèmes ? », le professeur Akira Yamaguchi a répondu par une litote qui en dit long : « Je pense que nous étions dans un environnement qui ne nous encourageait pas à exercer notre imagination. » Mais il ne faut pas espérer pour autant que les éminents membres de cette société poussent loin l’autocritique. La nécessité même du nucléaire n’a pas été soumis à discussion. Bien au contraire, pour le président Tanaka, « l’énergie nucléaire est indispensable. ».

Gouvernement. Le gouvernement sent la pression. Il prévoyait, avant la catastrophe du 11 mars, d’augmenter la part du nucléaire dans la production d’électricité en la faisant passer des 30% actuels à 50% en 2030. Il doit y renoncer et promettre le développement des renouvellables. Mais il n’en pousse pas moins à la relance de réacteurs aujourd’hui à l’arrêt, il veut maintenir sa politique d’exportation de l’atome et il reste sous l’emprise du puissant lobby nucléocrate. Il n’y aura pas de sortie du nucléaire sans luttes d’ampleur. « Nous devons exercer une forte pression sur le gouvernement par des mobilisations encore plus massives » souligne Kenji Kunitomi, un membre de la Ligue communiste révolutionnaire du Japon.

Pierre Rousset

Source : http://www.europe-solidaire.org/spi...

Notes

[1] Sauf indications contraires, les citations inclues dans cet articles proviennent des agences de presse AFP, AP, Euronews, Kyodo et Reuters ou des quotidiens Japan Times et Mainichi Shimbun. Toutes les sources utilisées ici sont disponibles sur le site d’ESSF.

[2] Interview réalisée par Daniel Leussink, publiée par Asia Times Online, September 21, 2011

[3] Appel disponible en anglais sur ESSF (article 22970).

[4] Voir aussi sur ESSF (article 22948), Kenzaburo Oe : Resignation to and responsibility for Fukushima disaster.

[5] Voir sur ESSF (article 22809) Kenji Kunitomi, Fukushima, 6 Months After : September 19 « Goodbye Nuclear Power Plant » Rally in Tokyo, 10 septembre 2011.

[6] Mainichi Shimbun, 20 Septembre 2011.

71) Fukushima, 6 mois après : la catastrophe continue

Des populations en danger exposées à leur insu, au risque de radiation et de contamination

Ainsi, les Japonais ont brutalement appris que des indices d’une fusion des cœurs - comme la présence de tellurium- avaient été détectés par les experts dès la journée suivant le tsunami. Les faits n’ayant été révélés que trois mois après, la population n’a pas été informée en temps réel des risques majeurs qu’elle encourait. Les autorités japonaises n’ont pas non plus communiqué les premières mesures de radioactivité, permettant d’observer l’évolution et la dispersion du panache radioactif. Ainsi, les tout- premiers habitants évacués, qui s’étaient réfugiés dans la petite ville de Namié, se trouvaient en réalité dans un des lieux où les niveaux de radiation étaient les plus élevés .

Des travailleurs sacrifiés

Tout aussi ahurissante est l’absence d’information sur et à destination des travailleurs sécurisant la centrale de Fukushima Daiichi. On apprend le 30 août le décès d’un ouvrier de la centrale, suite à une leucémie aiguë [2] . Selon Tepco, son décès n’aurait rien à voir avec son activité à la centrale. Pourtant, le témoignage du journaliste japonais Kazuma Obara, qui a effectué une visite « incognito » sur le site, laisse peu d’interprétations possibles : « Le 1er août, Tepco a annoncé qu’un rayonnement de 10 000 millisieverts par heure avait été détecté entre les réacteurs n°1 et n°2, non loin du panneau où les idéogrammes peints en rouge proclament : « D’un même élan du cœur : n’abandonne jamais, Fukushima ». En se tenant une minute et demie à cet emplacement, un ouvrier dépasserait la dose annuelle limite de 250 millisieverts. A l’époque, les ouvriers n’en avaient pas été avertis. On ne leur a d’ailleurs jamais rien expliqué, même suite à cette annonce [3]. » . Aucune nouvelle n’a par ailleurs filtré depuis six mois sur le sort de tous les autres ouvriers contaminés depuis le début de l’accident.

Des zones habitées six fois plus contaminées que Tchernobyl encore habitées

En août, le Pr. Christopher Busby, un scientifique britannique spécialiste de la radioprotection procédant à des mesures à Tokyo, trouve à certains endroits des concentrations en radionucléides aussi élevées que celles observées dans la zone d’exclusion de Tchernobyl [1] .

Les Japonais eux-mêmes font valoir que de multiples endroits non-évacués de la préfecture de Fukushima témoignent d’une concentration en radionucléides plus élevée que dans la zone interdite de Tchernobyl. Deux semaines après le début de la catastrophe, suite à la découverte de concentrations de Césium 137 dans le sol du village de Iitate (à 40 km de la centrale), le Professeur Hiroaki Koide, de l’Université de Kyoto, avait ainsi rappelé qu’en 1986, on avait évacué rapidement tous les endroits où la contamination dépassait 550 000 Bq/m2. À Iitate, ces concentrations ont atteint jusqu’à 3 260 000 Bq/m2 pour le Césium 137

Des malades potentiels non pris en charge

De plus en plus de personnes, y compris à Tokyo, se plaignent de troubles évoquant (les symptômes d’une contamination (http://tinyurl.com/3napbqh) . Comme le décrit Wataru Iwata, les évacués « ne sont pas pris en charge médicalement - même quand, par exemple, les parents amènent leur enfant chez le médecin avec des symptômes suspects comme des saignements de nez. Ils croient que cela ne peut pas venir des radiations car ces gens auraient reçu moins de 100 millisieverts ». 100 millisieverts cumulés : en-deçà, tout est en effet considéré comme « faible dose » par les autorités. Lors d’une conférence à l’ambassade de France au Japon, l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) abonde dans ce sens, en ajoutant que « chacun doit être maintenant acteur de sa radioprotection et chercher à optimiser sa dose individuelle ». [10] Or, comment peut-on conseiller à quelqu’un d’être « acteur de sa radioprotection » si aucune information n’est disponible ? Si rien n’est mis en place pour permettre l’évacuation des populations, seul moyen de limiter efficacement son exposition à l’irradiation externe ?

Une machine gouvernementale de censure

Censure sur la presse [4] , diffusion de faux sites d’information… Le gouvernement japonais a recours à tout un assortiment de moyens pour étouffer la contestation. L’arrivée même de matériel de radioprotection est freinée : en mai, ce sont des milliers de compteurs Geiger envoyés par des pays étrangers qui restent bloqués à l’aéroport de Narita au lieu d’être distribués, donnant lieu à une controverse à la Chambre des Représentants au Japon (http://videos.sortirdunucleaire.org...) .

Éclosent également des discours faisant écho aux conclusions du « Forum Tchernobyl » [5] (une instance qui avait largement contribué à minimiser les conséquences de la contamination, ainsi que l’effet délétère des plus faibles doses, et dont les travaux ont été dénoncés par plusieurs associations [6] ) : le vrai risque ne viendrait pas des radiations, mais du stress lié aux informations sur la radiation. On a ainsi pu entendre lors de la 14ème Conférence internationale de la recherche sur les effets de la radiation qu’il fallait éviter de donner des informations « alarmistes » sur Fukushima afin de ne pas menacer la santé mentale de la population japonaise [7] …

Source : http://groupes.sortirdunucleaire.or...

70) Fukushima, six mois de mensonges et de désinformation

communiqué du réseau Sortir du Nucléaire (9 septembre 2011)

Ce 11 septembre 2011, six mois se seront écoulés depuis le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima.

Six mois que Tepco, l’ensemble du lobby nucléaire, le gouvernement japonais, mentent et désinforment les citoyens du Japon et du reste de la planète. Six mois déjà, à lutter contre l’opacité, à tenter de démêler les fils de la vérité, concernant la situation des réacteurs, la contamination de l’environnement, des habitants et des aliments. A la veille du 11 septembre 2011, nous sommes toujours confrontés à un mur de censure.. Les grandes catastrophes nucléaires de l’histoire, de Mayak à Fukushima en passant par Tchernobyl, se suivent… la désinformation reste entière, et nous, citoyens du Japon et d’ailleurs, sommes les premières victimes. Ce silence doit cesser..

Le Réseau “Sortir du nucléaire“ souhaite ici fournir un aperçu – sans prétendre être exhaustif – de la situation des populations dans la préfecture de Fukushima à ce jour. Ce dossier met en valeurs certains aspects scandaleux de la gestion de la catastrophe par les autorités japonaises qui sont passés inaperçus dans les médias en France. Alors que l’accident n’en est qu’à son commencement, le Japon en a-t-il tiré les leçons ?

Des populations en danger exposées à leur insu, au risque de radiation et de contamination

Ainsi, les Japonais ont brutalement appris que des indices d’une fusion des cœurs - comme la présence de tellurium- avaient été détectés par les experts dès la journée suivant le tsunami. Les faits n’ayant été révélés que trois mois après, la population n’a pas été informée en temps réel des risques majeurs qu’elle encourait. Les autorités japonaises n’ont pas non plus communiqué les premières mesures de radioactivité, permettant d’observer l’évolution et la dispersion du panache radioactif. Ainsi, les tout- premiers habitants évacués, qui s’étaient réfugiés dans la petite ville de Namié, se trouvaient en réalité dans un des lieux où les niveaux de radiation étaient les plus élevés .

Lire la suite du dossier sur groupes.sortirdunucleaire.org

70 ) Traces radioactives dans la glande thyroïde de 45 % d’enfants de la région de Fukushima

TOKYO - Des traces d’éléments radioactifs ont été détectées dans la glande thyroïde de quelque 45% des enfants de municipalités voisines de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima ayant subi des contrôles, a-t-on appris jeudi de source officielle.

Les concentrations d’iode radioactif observées lors de tests effectués il y a cinq mois dans la préfecture de Fukushima (nord-est) ne sont toutefois pas alarmantes, en termes d’impact sur la santé, a précisé un fonctionnaire.

La position officielle du gouvernement est qu’aucun des enfants testés n’a montré des niveaux problématiques de contamination radioactive, a-t-il déclaré à l’AFP, en souhaitant conserver l’anonymat.

Un groupe d’experts gouvernementaux a conduit des contrôles auprès de 1.149 enfants âgés de moins de 15 ans, deux semaines après le séisme et le tsunami du 11 mars qui ont déclenché une série d’avaries à la centrale Fukushima Daiichi et entraîné des explosions d’hydrogène accompagnées d’importants rejets radioactifs.

Au total, 44,6% des 1.080 enfants dont les tests sont valides ont présenté une contamination au niveau de la glande thyroïde, où l’iode radioactif va généralement se fixer, augmentant le risque de développer un cancer ultérieurement.

Selon le fonctionnaire, aucun des enfants ne souffre toutefois de contamination au-delà de la norme déterminée par la Commission japonaise de sûreté nucléaire (0,2 microsievert par heure), niveau à partir duquel est exigé un examen médical approfondi.

La Commission envisage de l’abaisser à 0,1 microsievert par heure, un niveau atteint par un seul des sujets.

Les enfants contrôlés provenaient de trois municipalités (Iwaki, Kawamata et Iitate) où des niveaux particulièrement élevés de radiations avait été constatés après l’accident.

Les résultats des tests ont été communiqués la semaine dernière aux familles dont certaines ont jugé inadmissible d’avoir dû patienter des mois malgré la gravité de la catastrophe nucléaire, la pire au monde depuis celle de Tchernobyl il y a 25 ans.

Les autorités de Fukushima envisagent désormais un suivi permanent pour les 360.000 personnes âgées de 18 ans ou moins qui se trouvaient dans la préfecture au moment de l’accident.

http://www.romandie.com/news/n/_Jap...

69) Août 2011 Niveau record de radiations mesuré à Fukushima

Selon Tepco, le niveau de rayonnement atteint au moins 10 sieverts par heure à proximité de débris accumulés entre les réacteurs un et deux de cette centrale endommagée par le violent tremblement de terre et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon il a près de cinq mois.

Le précédent niveau le plus élevé de radiations dans l’enceinte de la centrale Fukushima Dai-Ichi avait été relevé le 3 juin : il était de trois à quatre sieverts par heure à l’intérieur du réacteur numéro un.

TEPCO INCAPABLE D’EXPLIQUER LA HAUSSE

"Nous sommes toujours en train de vérifier la cause de tels niveaux élevés de radioactivité", a expliqué une porte-parole de Tepco.

Le gouvernement et Tepco prévoient toujours de stabiliser la situation à Fukushima en conduisant les réacteurs vers un état dit d’"arrêt à froid" d’ici au mois de janvier. Diverses actions se poursuivent depuis l’accident pour faire progressivement baisser la température du combustible, notamment grâce à la mise en place d’un système de circulation d’eau de refroidissement.

Environ 80 000 personnes, résidant précédemment à moins de 20 kilomètres de la centrale ou dans des localités ayant été particulièrement contaminées, ont été forcées de quitter leur domicile en raison de risques pour la santé.

Source : http://www.lemonde.fr/asie-pacifiqu...

68) Conséquences au Japon de l’accident de Fukushima Daiichi : une contamination massive, durable et très étendue (CRIIRAD)

Le laboratoire de la CRIIRAD a effectué une mission au Japon du 24 mai au 3 juin 2011 [1]. Le présent document fait état des constatations issues des premiers résultats d’analyse. Les dépôts de césium radioactif sur les sols ont été très importants. Ils génèrent, et vont générer pendant longtemps, un flux de rayonnements gamma responsable de l’irradiation de la population sur des très vastes étendues. En l’absence de mesures de protection, des centaines de milliers d’habitants vont recevoir, du fait de cette exposition externe, des doses de rayonnement très supérieures à la limite de 1 mSv/an. Il faut ajouter à cela l’exposition interne (du fait notamment de l’ingestion d’aliments contaminés) et surtout toutes les doses reçues depuis le 12 mars derniers, des doses qui ont été ont pu être extrêmement élevées au cours de la première semaine du fait de la quasi absence de mesures de protection.

1 / Importance de la contamination à plus de 60 km : l’exemple de la ville de Fukushima

L’irradiation externe conduit à un niveau de risque inacceptable

Les mesures de terrain et analyses de sol effectuées par le laboratoire de la CRIIRAD sur la ville de Fukushima, située à 60-65 km de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, indiquent que les retombées de césium 134 et 137 radioactif sont de plusieurs centaines de milliers de Bq/m2 : 490 000 Bq/m2 sur la pelouse de l’école primaire Moriai ; plus de 700 000 Bq/m2 dans le quartier Watari.

En se désintégrant, les atomes de césium émettent des radiations gamma très pénétrantes. Elles peuvent parcourir dans l’air plus de 60 mètres, c’est ce qui a permis aux américains d’établir une carte des retombées au moyen de sondes héliportées. Ces radiations traversent également les murs et les fenêtres des habitations et irradient les gens dans leur domicile.

Fin mai 2011, les débits de dose relevés par la CRIIRAD dans la ville de Fukushima, à 1 mètre du sol, en extérieur, étaient typiquement plus de 10 fois, voire plus de 20 fois supérieurs à la normale (supérieurs à 1 et 2 μSv/h). L’irradiation est encore mesurable dans les étages des bâtiments. Des mesures effectuées au 4e étage d’un immeuble ont montré un excès de radiation qui augmente lorsqu’on se rapproche des fenêtres (même fermées). A l’intérieur d’une maison individuelle du quartier Watari, la CRIIRAD a mesuré un débit de dose plus de 3 fois supérieur à la normale au contact du tatami dans la chambre des enfants (0,38 μSv/h) et 6 fois supérieur dans le salon à 1 mètre du sol (0,6 μSv/h). Devant la maison, on mesure, 2,2 μSv/h dans le jardin d’agrément et 2,9 μSv/h au niveau de la pelouse d’une école proche (mesures à 1 mètre du sol).

Cette irradiation ne diminuera que très lentement. Elle est due en effet principalement au césium 137 et au césium 134 dont les périodes physiques sont longues (30 ans et 2 ans respectivement). Cela signifie que la radioactivité du césium 137 sera divisée par 2 dans 30 ans. On peut estimer que dans les douze mois à venir, la radioactivité du césium 134 ne sera abaissée que de 30 % et celle du césium 137 de 3%. La radiation ambiante ne sera réduite que de quelques dizaines de %.

Si rien n’est fait, les habitants de la ville de Fukushima pourraient subir dans les douze mois à venir une irradiation externe de plusieurs milliSieverts alors que la dose au-delà de laquelle le risque de cancer mortel est jugé inacceptable par la CIPR (Commission Internationale de Protection Radiologique) est de 1 milliSievert par an, ce qui correspond à 5 décès pour 100 000 personnes exposées.

Or les autorités japonaises ont fixé une limite de dose de 20 milliSieverts comme critère pour décider d’évacuer définitivement ou non les populations. Ceci correspond à un risque de cancer mortel à terme 20 fois supérieur au risque acceptable. Ceci est d’autant plus grave que les habitants de Fukushima ont déjà été fortement exposés. Il faut également tenir compte des doses liées à la contamination interne que ces populations continuent à subir par ingestion de denrées contaminées et des risques liés à l’inhalation de poussières à partir du sol contaminé.

Dans la ville de Fukushima, la CRIIRAD a mesuré par exemple dans la terre prélevée sous les balançoires de l’école primaire Moriai, une contamination en césium 137 + 134 de 370 000 Bq/kg. Ce sol est devenu un déchet radioactif qui devrait être stocké dans les meilleurs délais sur un site approprié.

Une population déjà très exposée aux radiations

La persistance de la contamination en iode 131 des sols prélevés par la CRIIRAD fin mai 2011 dans la ville de Fukushima permet d’évaluer les retombées initiales en iode 131 à des millions de Bq/m2.

L’iode 131 a une période physique de 8 jours, sa radioactivité était donc plus de 600 fois supérieure lors des retombées. Ceci témoigne de la forte contamination de l’air lors de l’arrivée des panaches contaminés en particulier le 15 mars 2011.

Il y avait également d’autres substances radioactives qui se sont largement désintégrées depuis comme le césium 136, le tellure 129, le tellure 132, l’iode 132, l’iode 133, etc.. ainsi que des gaz radioactifs comme le xénon 133 et le krypton 85 qui ne sont pas accumulés dans les sols.

Les habitants de cette ville ont donc déjà été soumis à une contamination interne très importante d’abord par inhalation d’air contaminé et surtout par ingestion de denrées contaminées du fait des dépôts de substances radioactives. Les autorités japonaises n’ont en effet édicté des restrictions de consommation sur la préfecture de Fukushima qu’à partir du 21 et 23 mars (selon les types d’aliments). Les populations ont donc consommé pendant plus d’une semaine des aliments très contaminés, sans aucune restriction ni information. Ils ont pu de ce fait recevoir des doses efficaces de plusieurs dizaines de milliSievert et les doses à la thyroïde dépassant le Sievert.

Pour mémoire, la contamination initiale des épinards par l’iode 131, à 100 km au sud de la centrale était telle qu’en consommant 200 grammes un jeune enfant pouvait dépasser la dose maximale annuelle admissible de 1 milliSievert, à 40 kilomètres au nord-ouest, les végétaux étaient tellement contaminés que cette limite annuelle pouvait être atteinte en consommant 5 grammes de végétaux.

Il est indispensable que les populations touchées obtiennent une évaluation fiable des doses déjà subies et il est impératif de tout faire pour limiter leur exposition à venir.

2 / Ampleur de la zone touchée par les retombées

Les retombées concernent un territoire très étendu, bien au-delà de la zone interdite de 20 km et bien au-delà de la préfecture de Fukushima. En fonction des conditions météorologiques, les masses d’air contaminé se sont déplacées sur des centaines de kilomètres et les précipitations (pluie et neige) ont entrainé les particules radioactives au sol. Les dépôts de césium 134 et 137 entraînent une contamination durable.

Ceci est confirmé par les prélèvements de sol et par les mesures de débit de dose réalisées [2] par la CRIIRAD (à 1 mètre du sol), du 24 mai au 3 juin 2011. On mesure en effet :

0,47 μSv/h à Marumori (préfecture de Miyagi), à environ 60 km au nord de la centrale. Le niveau naturel calculé [3] est de 0,1 μSv/h et les retombées [4] en césium 137 et 134 de plus de 95 000 Bq/m2.

0,33 μSv/h près de Hitachi (préfecture d’Ibaraki) environ 88 kilomètres au sud de la centrale. Le niveau naturel calculé est de 0,07 μSv/h et les retombées en césium de plus de 50 000 Bq/m2.

L’iode 131 est encore détecté dans le prélèvement du 25 mai.

0,28 μSv/h à Ishioka (préfecture d’Ibaraki) à environ 160 km au sud sud-ouest de la centrale. Le niveau naturel calculé est de 0,06 μSv/h et les retombées en césium de plus de 48 000 Bq/m2.

Il existe donc, tant au niveau des préfectures d’Ibaraki que de Miyagi, des secteurs sur lesquels le tauxde radiation artificiel est plus de 4 fois supérieur au niveau naturel. Cela représente donc pour une personne qui passe 50 % de son temps en extérieur, une dose ajoutée sur les douze prochains mois susceptible de dépasser la dose maximale annuelle admissible de 1 milliSievert par an, sans tenir compte, ni de l’irradiation externe induite à l’intérieur des bâtiments, ni de la contamination interne par ingestion de nourriture contaminée ou par inhalation des particules radioactives remises en suspension.

Ces résultats contredisent les informations relayées par l’Autorité de Sureté Nucléaire française qui écrit dans un communiqué du 28 juin 2011 : « A l’extérieur du site, la décroissance des débits de dose mesurés dans l’environnement continue. A Fukushima, le 7 juin, le débit de dose était 1,6 μSv (microSievert)/h. Les 45 autres préfectures présentent des débits de dose inférieurs à 0,1 μSv/h ».

Au niveau de la ville de Tokyo, l’exposition résiduelle par irradiation externe est susceptible de conduire à une exposition non négligeable. La CRIIRAD a mesuré par exemple 0,14 μSv/h début juin, dans le parc Wadabori-Koen, à Tokyo (à environ 235 km de la centrale). Dans ce parc, le niveau naturel calculé est de 0,06 μSv/h et les retombées en césium 134 et 137 de plus de 14 000 Bq/m2. Il faudrait disposer de données pour toute l’agglomération.

C’est pourquoi la CRIIRAD demande aux citoyens japonais d’exiger la publication de cartes détaillées des retombées et de la contamination résiduelle, à l’échelle de tout le pays, et avec une précision suffisante, c’est-à-dire correspondant à des retombées en césium à partir de 1 000 Bq/m2 et non pas de 300 000 Bq/m2 comme sur les cartes publiées le 6 mai 2011.

Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité

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CRIIRAD- 471, Av. Victor Hugo, 26000 Valence - France—+ 33 (0)4 75 41 82 50 -+ 33 (0)4 75 81 26 48

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CRIIRAD

Notes

[1] Un premier bilan des investigations a été présenté lors de conférences de presse à Fukushima (30 mai) et Tokyo (31 mai et 1er juin 2011) et sont exposées dans un compte rendu disponible sur le site de la CRIIRAD (en Anglais) : disponible sur ESSF (article 22247) : Fukushima : Preliminary comments — CRIIRAD mission in Japan.

[2] Mesures réalisées par Christian Courbon, Bruno Chareyron (laboratoire CRIIRAD) et Wataru Iwata (ONG Japonaise Project 47) au moyen d’un compteur proportionnel compensé en énergie, modèle LB123 de marque Berthold.

[3] La contamination étant détectable partout y compris à Tokyo, il est difficile de déterminer le taux de radiation naturel en l’absence de contamination. A partir d’analyses de sol ayant permis de mesurer l’activité des radionucléides naturels émetteurs gamma, le laboratoire de la CRIIRAD a recalculé le débit de dose naturel théorique (composante tellurique et contribution du rayonnement cosmique).

[4] Il s’agit de retombées estimées à partir des concentrations en césium 137 et césium 134 mesurées sur la strate 0-5 cm d’une carotte échantillonnée sur un terrain plat, non remanié et donc susceptible d’avoir correctement conservé le dépôt intervenu en mars 2011. L’activité surfacique donnée est une estimation préliminaire par défaut car l’analyse des strates 5-10 cm et des fractions > 2 mm se poursuit.

67) Fukushima : 2 millions de personnes suivies médicalement pendant trente ans !

Vendredi 5 août. A la veille de la commémoration du 6 août 1945, date de l’explosion de la bombe d’Hiroshima, c’est une annonce extraordinaire concernant plus de 2 millions de personnes à Fukushima, que rapporte notre confrère spécialisé « Science » dans son dernier numéro daté du 5 août [1]. Nous nous permettons ici de traduire quelques éléments du premier paragraphe de l’auteur Dennis Normile. « Les chercheurs [à Fukushima] vont lancer une étude épidémiologique parmi les plus ambitieuses jamais menées sur les effets des radiations à faibles doses […] [2] La population ciblée comprend tous les résidents de la préfecture de Fukushima, soit plus de 2 millions de personnes ». Et cette étude va durer (au moins) « trente ans » [3]. De surcroît « tous les 380 000 jeunes de moins de 18 ans recevront un examen de la thyroïde ». On sait en effet que l’iode radioactif émis par la centrale puis inhalé a pu aller se fixer sur cette glande, et entraîner une irradiation pouvant provoquer, à terme, le développement d’un cancer. Notre confrère précise par ailleurs que le plan a été dévoilé, « par la préfecture de Fukushima le 24 juillet » lors d’une réunion spéciale. Sachant que le 25 juillet, au niveau national, a été annoncée l’attribution d’un budget d’1,2 milliard de dollars pour la santé publique et des études à long terme.

Science a ensuite mené une longue interview sur deux pages avec le directeur de cette étude au très long cours, Seiji Yasumura, 52 ans, gérontologue à l’université de médecine de Fukushima. Nous ne saurions la paraphraser, mais nous retiendrons de l’entretien que pour le Dr Seiji Yasumura, en menant cette étude, plus que faire de la recherche « pure », il est question, en priorité, d’évaluer les besoins sanitaires. Il semble évident, dans le même temps, qu’une pareille étude va apporter des éléments précieux de compréhension des effets de la radioactivité. Comme il le dit très clairement dans une de ses réponses : « Confirmer que les faibles doses ont des effets ou pas [sur l’organisme] est une des missions [de cette analyse]. » Encore faudra-t-il que les résultats en soient communiqués. Et l’on sait bien à quel point les enquêtes épidémiologiques sont difficiles, longues et ... souvent controversées. Ainsi, avant que l’on puisse affirmer clairement telle ou telle relation de cause à effet (exemple : tel niveau de radiation a entraîné tel type de cancer), il faut un traitement très sérieux des données globales. Et que leur pertinence soit bien mise en évidence. On sait, par exemple, à quel point a été contestée, ces dernières années, l’utilisation des données post-Hiroshima (sur l’effet des radiations), considérées par beaucoup comme non pertinentes pour la compréhension de l’effet de « faibles doses » de radioactivité sur l’organisme.

L’annonce que vient de rapporter notre confrère Science, où il est par ailleurs question de soutien « mental » pour ceux qui en auraient besoin, peut cependant rassurer un peu. Après cette catastrophe – qui dure encore, et dont il est bien difficile de dire quand elle s’arrêtera – dans un pays hautement technologique et doté d’hôpitaux de haut niveau, la population, particulièrement meurtrie autour de la centrale, sait qu’elle va bénéficier d’un suivi [4]. Qu’elle n’est pas abandonnée dans l’indifférence. Mais il va certainement falloir beaucoup de courage aux médecins quand il s’agira un jour, pour eux, de faire connaître leurs résultats, en toute indépendance.

P.S. : A noter par ailleurs aujourd’hui, le limogeage de trois personnages importants du nucléaire japonais - le chef de l’Agence pour l’énergie, le directeur de l’Agence de sûreté industrielle et nucléaire et un vice-ministre du ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Meti) qui supervise ces agences. L’onde de choc de la catastrophe produit graduellement ses effets politiques.

Dominique Leglu

Notes

[1] Vol. 333 no. 6043 pp. 684-685. Le magazine américain Science, un des journaux scientifiques les plus influents au monde est édité par l’Association américaine pour l’avancement des sciences(AAAS). http://www.sciencemag.org/content/3...

[2] A lire dans le prochain numéro de Sciences et Avenir n°775 (sortie le 25 août), 4 pages sur la question controversée des « normes » en matière de radioactivité, en particulier l’épineuse question des faibles doses.

[3] Comme annoncé dans le titre anglais : « Fukushima begins 30-year odyssey in radiation health ».

[4] Dans la note de blog précédente (Fukushima (suite 41), nous nous interrogions : « On ne sait pas non plus ce qui va advenir de dizaines voire centaines de milliers de personnes ayant subi cette radioactivité (maladies, évacuation sans espoir de retour…). » Voir Fukushima : La grande leçon de Fukushima pour la France.

Source :

http://sciencepourvousetmoi.blogs.s...

66) Fukushima Juillet 2011 : la crise nucléaire est encore loin d’être maîtrisée

Le Japon traverse en ce moment une période de fortes chaleurs, les japonais doivent donc se restreindre pour éviter le black-out. Ils ont pour consigne de consommer moins d’électricité pour compenser l’arrêt des réacteurs nucléaires, hors de fonction depuis la catastrophe de Fukushima. Dans les gares, les escalators ont donc cessé de fonctionner, dans les bureaux les lumières sont désormais le plus souvent éteintes et bon nombre de nippons ont été forcés de prendre des congés. Une nécessité absolue à l’heure où seulement 19 des 54 réacteurs que compte le Japon fonctionnent et où le gouvernement peine à gérer correctement la crise nucléaire que le pays traverse actuellement.

Et pour cause, la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), qui revient tout juste de mission au Japon, dénonce les « carences graves » des autorités japonaises dans la gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima. D’après Bruno Chareyron, membre de la Commission, la population n’a pas été évacuée sur un périmètre suffisant et nombreux sont les japonais qui n’ont pas reçu de pastilles d’iode dans les délais nécessaires. « Bien au-delà de la zone interdite de 20 kilomètres autour de la centrale, il y a des doses de radioactivité qui induisent des risques de cancer inacceptables » a-t-il déclaré. « On tolère sur place un risque de cancer vingt fois supérieur à celui communément admis » a-t-il poursuivit.

Et il semblerait que désormais, les japonais veulent définitivement se séparer du nucléaire. D’après un sondage publié dans le quotidien nippon « The Nikkei », sept japonais sur dix sont opposés au redémarrage des réacteurs nucléaires qui ont été arrêtés après le séisme et le tsunami du 11 mars dernier. Et l’avis des japonais semble faire échos à celui des municipalités nippones. En effet, 80% d’entre elles ont exprimé des réserves quant à la reprise d’activité de ces centrales nucléaires. Pour convaincre sa population, l’Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle a donc décidé de mettre en place une campagne de prévention expliquant que des drames tels que celui de Fukushima peuvent être évités avec des mesures de sécurité appropriées.

Mais pour l’heure, à la centrale de Fukushima 1, l’opération de décontamination des eaux radioactives est toujours aussi chaotique. Hier, un robinet mal ajusté a entrainé l’arrêt du système. L’opération a cependant pu reprendre deux heures plus tard. Mais les 120 000 tonnes d’eau radioactives accumulées dans l’usine sont loin d’être traitées. En effet, TEPCO (Tokyo Electric Power Energy) a déclaré qu’en ce moment, le système d’exploitation n’est qu’à 55% de ses capacités. Mais ce qui inquiète le plus l’exploitant japonais, c’est sans doute cette fuite dans le réacteur n°2 de la centrale, plus précisément, dans une tranchée située à seulement 180 mètres de l’océan, incident pour le moment maitrisé. Chaque semaine apporte ainsi de nouveaux chapitres à une histoire bien partie pour durer…

par Delphine Thebault

Source :

http://www.zegreenweb.com/sinformer...

65) Fukushima Aidez-nous à faire évacuer les enfants

Pour visionner la video de ce message, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous.

http://www.universalsubtitles.org/j...

64) A 60 km de Fukushima, la radioactivité est 4 fois supérieure à la limite légale

Des niveaux de radioactivité jusqu’à quatre fois supérieurs à la limite légale ont été mesurés dans les sols de la ville de Fukushima, à 60 kilomètres de la centrale nucléaire accidentée, selon des associations de résidents. Elles réclament désormais l’évacuation des enfants et des femmes enceintes de la ville, pour éviter les risques sanitaires.

Une des mesures effectuée dans cette cité de près de 300 000 habitants a fait état d’un taux de césium radioactif de 46 540 becquerels par kilogramme, alors que le taux maximum légal est de 10 000 becquerels au Japon. Un niveau qui dépasse le seuil à partir duquel les autorités soviétiques ont procédé à l’évacuation des populations après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, selon les associations à l’origine des analyses.

« LA CONTAMINATION DES SOLS S’ÉTEND »

Les trois autres prélèvements effectués dans le sol de la ville de Fukushima ont fait apparaître, après analyse, des taux compris entre 16 290 et 19 220 becquerels par kilogramme.

« La contamination des sols s’étend dans la ville », a prévenu l’auteur des analyses, Tomoya Yamauchi, professeur à l’université de Kobé spécialiste des radiations. « Les enfants jouent avec la terre, ils jouent donc avec des substances hautement radioactives », a-t-il ajouté, soulignant qu’il fallait procéder à des évacuations « au plus vite. »

Quelque 160 000 personnes riveraines de la centrale ont évacué leur maison depuis l’accident nucléaire. Environ la moitié a regagné son domicile depuis mais les autres, qui vivaient dans un rayon de 20 km du site pour la plupart, ne sont pas retournées chez elles.

Provoqué par le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant qui ont dévasté le nord-est du Japon le 11 mars, l’accident de la centrale Fukushima Daiichi (Fukushima n° 1) a entraîné d’importants rejets radioactifs dans l’atmosphère, l’eau de mer et les sols de cette préfecture.

* LEMONDE.FR avec AFP |

63) Fukushima : le gouvernement nous refait-il le coup de Tchernobyl ?

Depuis l’accident de Fukushima, les nouvelles ne filtrent plus. Pourtant, une nouvelle centrale nucléaire est arrêtée et c’est tout le Japon qui marche au ralenti. Analyse d’Eugène, du Bloc économique et social.

Depuis qu’une nouvelle centrale nucléaire, en bord de mer et de technologie identique à celle de Fukushima, a été stoppée, le Japon tourne au ralenti. La centrale de Hamaoka fournissait de l’électricité pour le centre du Japon. Trop vieille et déjà en cours d’arrêt avant l’accident, l’arrêt du dernier réacteur est un coup dur pour les Japonais. Actuellement seuls 19 réacteurs nucléaires sur 54 sont en activité au Japon. Des mesures terribles ont dû être prises. L’industrie automobile ne travaille plus le jeudi et le vendredi, à la place ils travaillent le samedi et le dimanche. Cette astuce permet de lisser les consommations électriques sur toute la semaine. Si cette mesure ne suffit pas, d’autres industries pourraient subir le même sort.

On ne reconnait vraiment plus le Japon : les climatiseurs sont forcés à l’arrêt pour la plupart ou fixé à 28 °C, ainsi les ventres de ventilateurs ont bondi de 70 %. Les couloirs des entreprises restent désespérément éteints, les heures supplémentaires réduites au maximum, les horaires de travail ont été décalés plus tôt le matin, les lumières ne brillent plus dans les villes, les escalators sont à l’arrêt. Le nombre de trains a été diminué, bref un ralentissement global du Japon jamais vu jusqu’alors.

Si ces mesures fortes ont été prises, c’est que le risque d’une coupure totale et très longue existe en cas de trop forte consommation. L’impact sur l’économie du Japon sera immense. Il y aura également un impact sur les autres économies mondiales.

Les autres nouvelles ne sont pas non plus rassurantes : Du thé vert en provenance du Japon et radioactif à été stoppé à Roissy : une contamination au césium de 1 038 Bq/kg, supérieure au niveau maximal admissible défini au niveau européen, qui est de 500 Bq/kg pour ce type de produit. Une étude récente montre que les urines des Japonais vivant à 40 km de la centrale accidentée sont contaminées à l’iode radioactif et au césium radioactif. Le taux relevé est de 3,2 milli sieverts (nous avons en France 0,14 µSv dans l’air actuellement du à l’accident, soit 23 000 fois moins !). Quatre villes ont été évacuées à plus de 60 km de la Centrale à cause des taux élevés de radiations radioactives. Actuellement 80 000 personnes ont dû quitter leurs maisons autours de Fukushima.

Pendant ce temps là à Fukushima, on construit le début d’une arche destinée à limiter les rejets de pollution radioactive. Rien a voir avec l’arche de béton de Tchernobyl construite pour 40 ans seulement. Ici ce sera une construction encore plus provisoire.

L’usine de décontamination de l’eau d’arrosage de Fukushima, mise en service le 17 juin 2011 et arrêtée 5 heures après pour cause de trop forte radioactivité, a été remise en service hier, le 1er juillet 2011. C’est rassurant. D’autant que l’eau très fortement contaminée à continué de s’accumuler durant la panne et qu’elle a dû dépasser largement les capacités de stockage. Des rejets en mers ont donc dû encore être faits. Rien ne transpire sur ce sujet dans la presse. Le processus de décontamination utilisé montre l’immaturité de l’industrie nucléaire mondiale : pas moins de 4 entreprises internationales (Areva, Kurion, Hitachi et Toshiba) participent aux étapes de décontamination et parfois avec des procédés inventés ou adaptés pour l’occasion. Première étape : déshuilage (Toshiba), deuxième étape : précipitation, floculation et décantation (Areva), troisième étape : filtration (Kurion), quatrième étape : désalinisation de l’eau (Hitachi), puis enfin : stockage des boues radioactives. Kurion est en fait une startup créée il y à peine un an… C’est le système de Kurion qui a forcé la mise à l’arrêt du processus le 17 juin. Tout cela ne fait pas très sérieux.

http://www.marianne2.fr/Fukushima-l...

62) Japon : L’invasion des radionucléides

Un témoignage à écouter absolument, celui de Laurent Mabesoone, habitant à Nagano depuis 15 ans, papa d’une petite fille de 2 ans. Comment comprendre l’indicible réalité des habitants du Japon ? Ecoutez-le.

« Il n’est pas possible de réagir d’une façon normale face à une menace qui n’a rien d’humain. … Les radionucléides sont partout : dans les bacs à sable des enfants, dans l’alimentation, dans l’air. Ils sont là pour toujours, à l’échelle humaine. … Le déni de réalité de la population japonaise n’est pas seulement dû au côté obéissant des Japonais, il est dû au fait que c’est une menace qui est totalement différente de tout ce qu’on peut connaître. … 24 000 ans de demi-vie pour le plutonium, voilà ce qu’on a créé. Au Japon, on crée 1000 tonnes par an de déchets hautement radioactifs au plutonium. … On a perdu le sens de la mesure. La technologie nous a rattrapés, on n’est plus humain. Quand il arrive quelque chose, c’est la menace la plus inhumaine qui existe. Vous n’avez plus nulle part où vous réfugier. Et ça va durer des années. Et vous avez une épée de Damoclès quand vous avez des enfants. Arrêtons ça ! »

Source : http://fukushima.over-blog.fr/

Laurent Nagano a créé un mouvement pour dénoncer l’utilisation de l’énergie nucléaire au Japon. Il s’appelle « Le ruban jaune ». Chaque vendredi, ceux qui s’engagent avec lui s’habillent en jaune pour rappeler le vendredi 11 mars 2011, ce jour où la catastrophe a commencé.

Voir la vidéo (7min25) :

http://www.youtube.com/watch?v=WBC5...

61) Fukushima : l’usine de décontamination des eaux arrêtée cinq heures après sa mise en service ( Le Monde.fr)

L’usine de décontamination des eaux radioactives construite à la centrale nucléaire de Fukushima (nord-est du Japon) a été arrêtée cinq heures à peine après sa mise en route, en raison du niveau trop élevé de radiations, a annoncé samedi 18 juin l’opérateur de la centrale. Des pièces du système qui absorbent le césium radioactif doivent être changées beaucoup plus tôt que prévu en raison du niveau trop élevé de radiations, ont indiqué des responsables de Tokyo Electric Power (Tepco). L’opérateur n’a pas précisé quand l’usine de contamination recommencerait à fonctionner.

« Nous étudions encore la cause » de ce niveau trop élevé de radiations, a indiqué Junichi Matsumoto, le responsable des opérations nucléaires au sein de Tepco. Selon l’entreprise japonaise, des boues radioactives sont entrées dans le système de retraitement ou les eaux traitées sont plus radioactives que ce que Tepco ne l’imaginait au départ.

Quelque 100 000 tonnes d’eau hautement radioactive se sont accumulées dans les bâtiments des réacteurs et des turbines de la centrale depuis le séisme et le tsunami du 11 mars. Ces effluents empêchent les ouvriers de pénétrer dans les installations pour réactiver des circuits de refroidissement du combustible nucléaire.

L’usine de décontamination devait normalement être capable de traiter 50 tonnes d’effluents par heure, soit 1 200 tonnes par jour, en divisant la radioactivité par un facteur de 1 000 à 10 000 fois. La chaîne de décontamination de l’usine est basée sur les procédés du groupe nucléaire français Areva et de la société américaine Kurion.

Source :

60) La décontamination de l’eau à Fukushima, une priorité (Le Monde.fr)

Les 110 000 tonnes d’eau radioactive qui inondent actuellement la centrale accidentée de Fukushima doivent être impérativement décontaminées, sous peine de se déverser dans la mer d’ici à une semaine.

Tokyo Electric Power (Tepco ), l’opérateur de la centrale, avec l’aide du groupe français Areva, de la société américaine Kurion et d’autres entreprises, a testé une installation qui doit permettre de décontaminer l’eau servant à refroidir les réacteurs endommagés par le séisme et le tsunami du 11 mars.

Un obstacle de dernière minute est apparu jeudi, une fuite ayant été décelée dans une cuve utilisée pour absorber le césium. L’équipement doit être remplacé et Tepco espère démarrer le processus de décontamination d’ici à vendredi soir.

À COURT D’ESPACE

Si le système ne fonctionne pas, la centrale pourrait être à court d’espace dès le 20 juin pour contenir l’eau radioactive qui pourrait ainsi se déverser dans l’océan Pacifique.

En dépit de ces obstacles, Tepco ne devrait pas modifier son calendrier qui prévoit de parvenir à l’« arrêt à froid » des trois réacteurs endommagés de Fukushima en janvier 2012 – bloquer le processus d’ébullition des barres de combustible afin de débuter le nettoyage du site, qui pourrait prendre plus de dix ans.

Début avril, Tepco avait déversé 10 000 tonnes d’eau radioactive en mer pour libérer de l’espace, mais la décision avait été vivement critiquée, par la Chine et la Corée du Sud notamment.

LEMONDE.FR avec Reuters 17 juin 2011

59) A Koriyama, 300.000 habitants, situé à 60 kilomètres de Fukushima, la radioactivité est montée en flèche

58) Fukushima : un véritable tchernobyl

Variant suivant les zones touchées de 300 000 à 30 000 000 becquerels par mètre carré, 
la contamination aux césiums 134 et 137 égale celle des territoires les plus atteints d’Ukraine.

La catastrophe de Fukushima égale-t-elle dans son ampleur celle de Tchernobyl ? Pour l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), « la comparaison est pertinente ». À l’appui de cette affirmation, l’institut cite des niveaux de contamination observés dans la zone d’évacuation de 20 kilomètres autour de la centrale japonaise et au-delà qui atteignent ceux des territoires ukrainiens et biélorusses les plus touchés par la catastrophe de 1986. La cartographie des retombées établie sur la base de mesures réalisées par les experts du département de l’énergie des États-Unis pour le compte des autorités japonaises ne laisse aucun doute. Elle dessine (voir ci-contre) une large bande de territoire longue de plusieurs dizaines de kilomètres, située au nord-ouest de la centrale et fortement contaminée au césium 134 et au 137. Les taux de radioactivité mesurés y varient de 300 000 becquerels par mètre carré pour les plus faibles jusqu’à 30 000 000 becquerels par mètre carré pour les plus élevées.

Les populations qui vivent dans les zones contaminées sont exposées à un double risque. Celui d’une irradiation externe en cas d’exposition au rayonnement du césium 134 et du 137 et celui d’une irradiation interne en cas d’ingestion d’aliments contaminés. « Les doses reçues par jour peuvent s’avérer très faibles. C’est la durée d’exposition qui pose problème », explique Didier Champion, directeur de l’environnement à l’IRSN. « Pour la première année, une personne exposée à un rayonnement lié au césium 134 et 137 de 600 000 becquerels par mètre carré accumule une dose de 10 millisieverts. » C’est la moitié moins que la dose annuelle autorisée pour un travailleur du nucléaire intervenant en zone contaminée mais c’est une dose à laquelle il convient de ne pas exposer des personnes fragiles comme les femmes enceintes ou les enfants.

Didier Champion précise que si un événement comparable à celui de Fukushima se produisait en France, l’IRSN conseillerait au gouvernement d’évacuer les populations vivant dans les zones contaminées par du césium 134 et 137 dès lors que le seuil de 600 000 becquerels serait atteint. L’application de cette règle par le Japon devrait conduire à évacuer des populations qui vivent au-delà de la zone de 20 kilomètre autour de la centrale. Selon un rapport de l’IRSN et cité par l’AFP, 70 000 personnes, dont 9 500 enfants de moins de quatorze ans, seraient ainsi concernées. Le rapport attire particulièrement l’attention sur le sort de 26 000 habitants qui risquent d’être exposés à une dose annuelle supérieure à 16 millisieverts.

Interrogé sur la mise en cause au Japon et en Europe de la sincérité des informations délivrées par les autorités japonaises et concernant les niveaux de contamination et les zones concernées, Didier Champion se montre sceptique. « La carte de la contamination au césium a été dressée par les Américains », explique-t-il. Quant aux mesures de radioactivité effectuées à Tokyo par des laboratoires indépendants, il juge les écarts avec celles annoncées par le gouvernement nippon pas suffisamment importants pour justifier un doute.

La situation peut-elle encore s’aggraver  ? Tout dépend de la capacité de Tepco à sécuriser les piscines de stockage du combustible usé et les réacteurs endommagés de la centrale de Fukushima afin d’empêcher toute nouvelle contamination. L’opération devrait prendre encore plusieurs mois mais les autorités japonaises et Tepco espèrent parvenir à juguler les rejets radioactifs d’ici à juillet.

Pierre-Henri Lab, L’Humanité

57) Fukushima : censure au Japon et remous à Tepco

Fukushima : la direction de Tepco quitte le navire

Ce vendredi 20 mai 2011, Tepco a annoncé le « retrait » de son PDG, Masataka Shimizu. Démission ou limogeage ? Les informations se contredisent selon les sources. Quoi qu’il en soit, Masataka Shimizu va être remplacé par le directeur général de Tepco, Toshio Nishizawa. Très (trop ?) discret depuis le 11 mars, date de la catastrophe, TEPCO n’a eu de cesse de camoufler l’étendue des dégâts, cumulant mensonges, incompétence et contre-vérités sur la gravité de la situation japonaise.

Quand le navire prend l’eau…

La chute de TEPCO ne se jauge pas uniquement aux quantités affolantes de radioactivité rejetées. En dissimulant pendant des mois la gravité de l’accident, connue depuis le début, la firme a créé le scandale. Par ailleurs, pour l’exercice fiscal 2010 clos fin mars 2011, les pertes de Tepco sont estimées à 1 247 milliards de yens, soit 10,7 milliards d’euros. Tepco a d’ailleurs perdu 83% de sa valeur boursière. Pour l’exercice 2011 qui a commencé le 1er avril, l’entreprise prévoit de nouvelles pertes, dues aux dédommagements des victimes de l’accident nucléaire, que le gouvernement devrait aider à régler. Alors que le Japon est officiellement entré en récession, le pays semble constituer un cas d’école : le nucléaire, 25 ans après Tchernobyl, reste un gouffre financier pour les économies qui l’adoptent.

… Vive les énergies renouvelables !

Paradoxalement, le Japon pourrait pourtant devenir un modèle de sortie du nucléaire. Dans la droite lignée du discours prononcé devant les médias la semaine dernière par le Premier Ministre Japonais, où il était question de reconsidérer la politique énergétique du Japon, des experts énergétiques s’accordent sur le fait que la catastrophe de Fukushima pourrait donner l’occasion au pays de se concentrer sur ses ressources nationales en développant les énergies renouvelables.

Quoi qu’il en soit, le Réseau « Sortir du nucléaire » estime que ce changement – partiel – de direction ne suffira pas à améliorer la gestion calamiteuse que Tepco a de la catastrophe nucléaire, pas plus que rétablir la transparence que tout un peuple exige et mérite.

Source :

Communiqué de presse Sortir du nucléaire

56) Tepco commence à avouer l’ampleur du désastre

Trois cœurs de réacteurs de Fukushima ont fondu, vient d’avouer Tepco, l’opérateur qui en possède et en gère 17 sur le territoire japonais. La société Tepco, dont le passé est jalonné de mensonges, assure qu’elle a découvert cette réalité il y a deux jours. Tout juste si le communiqué de l’entreprise n’ajoute pas « par hasard ».

Alors que la plupart des spécialistes, y compris ceux qui se recrutent dans la sphère pro-nucléaire, ont expliqué depuis longtemps que ces coeurs de réacteurs avaient fondu et que leurs enceintes de confinement n’étaient plus étanches, parce que largement fissurées. Les conséquences de cette réalité avouée mais évidemment pas pardonnée sont très nombreuses.

L’aveu ne vient pas par hasard : le 24 mai, une équipe de vingt experts de l’Agence international de l’énergie atomique (AIEA) doit commencer une inspection des dégâts et de l’état des lieux prévue pour durer une dizaine de jours.

Quelle que soit l’indulgence bien connue de l’AIEA, elle ne pouvait que constater, puis faire savoir, que Tepco ment depuis l’accident sur ce qui se passe dans ses installations. Ce que commencent à laisser entendre les journaux japonais pourtant plus ou moins étroitement liés aux milieux industriels et nucléaires.

C’est ainsi que le quotidien Yomiuri Shimbun, 11 millions d’exemplaires et plutôt de droite, et son concurrent l’Asahi Shimbun, 12 millions d’exemplaires et vaguement plus à gauche, laissent filtrer quelques critiques et quelques informations ne visant plus seulement à rassurer la population pour le compte du gouvernement.

Le réacteur n°1, le plus touché depuis le début, a fondu très rapidement lorsqu’il a atteint une température de 1 800 degrés. Tout le combustible est concerné, et non pas la moitié comme le prétendait Tepco ; ce combustible forme un magma (le corium) qui continue à ronger le béton séparant le réacteur du sous-sol. Or, il n’existe aucun moyen de mettre fin à cette réaction lente. Laquelle peut finir par répandre la radioactivité dans le sous-sol et entretient évidemment les rejets radioactifs dans l’atmosphère.

Les réacteurs 2 et 3 sont pratiquement dans le même état : tout simplement parce que la centaine de générateurs mobiles installés sur des camions n’ont jamais pu s’approcher des réacteurs en raison de la très haute teneur en radioactivité régnant à proximité des installations. Tepco a pourtant toujours prétendu que ces spécialistes avaient réussit à rétablir l’alimentation électrique...

En fait, les ingénieurs n’ont pu, au risque de leur vie, que faire pénétrer dans les salles de commande un petit câble électrique : il leur a permis de ne plus inspecter les dégâts à la seule lueur de lampes de poche.

Autre aveu de Tepco : ce n’est pas le tsunami qui a provoqué l’arrêt automatique des réacteurs mais le tremblement de terre. Une constatation qui concerne les réacteurs de Fukushima et ceux qui sont désormais à l’arrêt et pour lesquels aucune information fiable n’est disponible. Un doute plane désormais sur la réalité des précautions anti-sismiques et leur efficacité.

Pour les trois réacteurs, la température des coeurs oscille entre 1000 et 1200 degrés, la mesure étant approximative en l’absence d’équipements fiables. Comme à Tchernobyl, la réaction nucléaire se poursuit sans qu’il soit possible d’intervenir et sans qu’un terme puisse être fixé à cette situation.

En Ukraine, 25 ans après l’accident, il subsiste une chaleur résiduelle dans le coeur du réacteur accidenté. Sur le site de Fukushima, les 600 tonnes d’eau déversées chaque jour sur les piscines, les réacteurs et leurs cuves ne paraissent pas modifier la situation, les ingénieurs de la Tepco avouant officieusement qu’il ne savent pas si cet arrosage sert à quelque chose.

En revanche, il est certain que les centaines de milliers de tonnes d’eau déversées, une fois hautement contaminées, gorgent le sous-sol de toute la centrale et gagnent les nappes phréatiques. Elles s’écoulent toujours en grande partie vers la mer où l’interdiction de pêche est progressivement élargie, les eaux polluées commençant à descendre vers d’autres villes et vers Tokyo.

Tepco, qui n’en est plus à une mensonge près, assure que la situation sera stabilisée dans les trois réacteurs au mois de janvier 2012 et qu’elle va remettre en route les systèmes de refroidissement. Non seulement cette promesse a déjà été faite il y a un mois, mais comme en plus ces systèmes sont totalement détruits, l’opération est impossible dans les trois réacteurs.

D’autant plus que les techniciens, même lourdement équipés de combinaisons de protection et de bouteilles d’oxygène, ne peuvent séjourner dans les zones irradiées qu’une dizaine de minutes avant d’être mis au repos pour plus d’un mois. Evidemment, les volontaires de se bousculent pas...D’autant plus qu’une nouvelle explosion peut se produire à n’importe quel moment.

Les ultimes conséquences relèvent de l’évidence : les trois réacteurs et le périmètre de la centrale continuent de contaminer une zone de plus en plus importante puisque des « taches » de radioactivité sont désormais signalées à 55 kilomètres de la centrale.

La dangerosité de Fukushima risque de perdurer au moins une vingtaine d’années si un énorme sarcophage - au coût pharaonique - n’est pas mis en place.

Source :

http://www.politis.fr/Fukushima-Tep...

55) FUKUSHIMA : les barres de combustibles du réacteur n°1 avaient fondu seulement 5h30 après le tsunami

La compagnie électrique Tepco a finalement reconnu que les barres de combustibles du réacteur numéro 1 avaient fondu seulement cinq heures et demie après le tsunami. Et des éléments de preuves, provenant de sources internes à Tepco mais pas encore officialisées, indiquent que les réacteurs 2 et 3 également ont fondu, le numéro 3 s’étant même effondré dans sa cuve. "Cela remet en cause la gestion de crise de l’opérateur, qui a hésité à utiliser l’eau de mer pour refroidir les réacteurs", estime l’Asahi Shimbun.

Tepco avait jusqu’ici affirmé que seulement 55 % du combustible d’un même réacteur étaient endommagés, mais il admet désormais que le cœur du réacteur numéro 1 a finalement complètement fondu pour former du corium, ce qui implique une forte détérioration de la cuve contenant cette matière en fusion. Cela explique aussi que de l’eau radioactive s’en échappe massivement. Mis à part les réactions d’internautes qui laissent éclater leur colère sur la Toile, l’essentiel de la population reste calme. "Si cette information avait été donnée une ou deux semaines après le séisme, beaucoup de personnes auraient certainement fuit. Mais à force d’être sans cesse exposé à des nouvelles inquiétantes concernant l’accident de Fukushima, les Japonais ont peut-être fini par y devenir insensibles", analyse le Sankei Shimbun.

Source :

http://www.courrierinternational.co...

54) Le réacteur n°1 de la centrale japonaise est arrivé à un point critique : le combustible radioactif pourrait percer la cuve...

Le cauchemar de Fukushima perdure au Japon, plus de deux mois après le séisme et le tsunami qui ont déclenché une catastrophe nucléaire sans précédent. Alors qu’un système de refroidissement avait été installé dans le réacteur n°1 de la centrale, dont le cœur est partiellement fusionné, une fuite d’eau radioactive, assez importante pour remplir une piscine olympique, a obligé l’opérateur Tepco à admettre que la situation est loin d’être sous contrôle dans la centrale endommagée.

Le fond de la cuve résistera-t-il ?

D’après les dernières mesures, une bonne partie de l’eau injectée dans la cuve aurait fui dans les galeries souterraines jusqu’à la mer, laissant les barres de combustible à l’air. Tepco affirme que les barres se sont simplement « déformées » sous l’effet de la chaleur.

Toutefois, la température au fond de la cuve, qui s’élève à 120°C, laisse penser qu’une partie du combustible a fondu, formant un corium, une sorte de boule de combustible concentré. A l’heure actuelle, on ignore si ce corium peut transpercer la cuve, voire la dalle de béton située en dessous. Mais lors d’un point de presse en fin de semaine dernière, Junichi Matsumato, directeur de Tepco, a avoué que le fond de la cuve du réacteur n°1 était percé.

Ce scénario était redouté par les experts, comme Roland Desbordes, le président de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) l’expliquait à 20 Minutes en mars dernier :

« Si le refroidissement des réacteurs nucléaires échoue, leur coeur pourrait fondre. Les pastilles d’uranium s’accumuleraient alors au fond de la cuve, formant un corium, sorte de grosse boule de métal en fusion. Ce corium pourrait alors transpercer la cuve, puis la dalle de béton en dessous de la centrale, et enfin la roche et la terre avec des conséquences sur les nappes phréatiques et les sols en général. »

Malgré cela, Tepco et l’agence japonaise de sûreté nucléaire visent toujours à stabiliser d’ici à janvier 2012 la situation à Fukushima-Daiichi par l’« arrêt à froid » des réacteurs. L’arrosage continue, nécessitant sept tonnes d’eau par jour, et du béton est injecté dans les enceintes pour tenter de colmater les brèches et éviter les fuites d’eau radioactive dans la mer.

Tepco a également annoncé le 13 mai qu’un sarcophage allait être construit pour recouvrir la centrale de Fukushima et éviter la prolifération de produits radioactifs dans l’environnement, comme cela a été fait à Tchernobyl. Les travaux de construction du sarcophage en acier de 55 mètres de haut, 47 mètres de long et 42 mètres de large autour du réacteur n°1 devraient commencer en juin.

Mais pour les habitants de la région de Fukushima, il sera difficile d’enterrer les dégâts déjà causés par la centrale : dimanche 15 mai, 7.800 personnes ont été évacuées de localités situées au-delà de la zone d’exclusion de 30 km autour de la centrale. Samedi, un homme d’une soixantaine d’années qui travaillait à la centrale de Fukushima-Daiichi est décédé. C’est le troisième employé dans ce cas depuis l’accident.

Source :

http://www.20minutes.fr/article/724...

53) Fukushima : Accident maximal dans le réacteur n°1

Article du 12 mai 2011 sur le blog de Dominique Leglu directrice de "Science et avenir"

On s’en doutait depuis longtemps, mais voir la chose admise par l’opérateur TEPCO de la centrale Fukushima fait un effet sidérant : le cœur fondu du réacteur n°1 a percé sa cuve en de multiples endroits ! Ou pour le dire avec les circonvolutions de l’opérateur : « des trous ont été créés par le combustible nucléaire fondu au fond de la cuve du réacteur n°1 » (1). C’est, en clair, l’accident maximal pour un réacteur de ce type. L’enceinte ultime, autrement dit la cuve pressurisée dans laquelle est enfermé le combustible nucléaire, cuve censée être le dernier rempart contre l’émission de radioactivité vers l’extérieur, est rompue !

Selon l’agence de presse Kyodo news, TEPCO a déclaré « avoir trouvé de multiples trous sur plusieurs centimètres dans de la tuyauterie soudée ». Une situation qui n’étonne pas plus que cela un spécialiste de la soudure qui nous avait dit à quel point il redoutait le phénomène. Il nous a expliqué, ce dont nous le remercions, pourquoi il appréhendait depuis le début ce genre de problème majeur : « les 4 réacteurs et les appareillages environnants vont se retrouver à l’état de passoires ! » pronostiquait-il. En effet, il s’inquiétait de la réaction des métaux de la cuve – et des diverses tuyauteries- quand ils sont soumis aux très hautes températures dues à la fonte du réacteur, mais aussi quand - ce qui fut le cas- ils sont soumis à une corrosion intense (due au sel qui fut injecté quand l’eau de mer a été employée pour le refroidissement).

En particulier, il avait attiré notre attention sur la fragilité des aciers inoxydables utilisés à la centrale de Fukushima. Ce spécialiste ne voyait pas comment l’inox employé à Fukushima (le 304L selon la terminologie des spécialistes (2)) allait pouvoir résister, notamment dans le « cuvelage du réacteur lui-même. Les fissures, elles sont en train de courir ! » assurait-il. C’est un problème archi-connu (et redouté !) par tous les chaudronniers du monde ». Et de préciser que « le seul inox qui tient le coup (904L (3)) n’a connu qu’un réel essor qu’après 1995, dans l’industrie en général, avec une petite entrée dans le nucléaire, qui ne peut pas facilement intégrer ces nouveaux matériaux. Les études métallurgiques sont très poussées et demandent du temps ».

Le problème est d’autant plus inquiétant que cet inox se retrouve aussi ailleurs dans la centrale, notamment dans les casiers des assemblages de combustibles (dans les piscines qui ont été dramatiquement endommagées – en particulier dans les unités 3 et 4 mais encore ailleurs (soufflets de dilatation qui enserrent le tore de l’enceinte de confinement, matériau des tiges de contrôle cruciformes etc.)

Comme si cela ne suffisait pas, on avait appris dès hier par une dépêche (Reuters) venant de Tokyo qu’un nouvel écoulement d’eau radioactive vers l’océan avait « peut-être été décelé », en provenance « du réacteur n°3 ». Annonce étonnante, sachant que l’eau très contaminée qui s’était déversée il y a plusieurs semaines dans l’océan venait alors d’un autre réacteur, le n°2 (dont l’enceinte de confinement a manifestement été fissurée très tôt dans la catastrophe lors d’une explosion non vue en images).

En résumé, à l’heure qu’il est, on se demande si tous les réacteurs (pas seulement le n°1 mais peut-être aussi les n°2 et N°3) ne sont pas en train de « tomber en miettes » - leurs structures métalliques étant de plus en plus défaillantes, après que les structures en béton ont été ébranlées et fissurées lors des explosions qui ont eu lieu dès les premiers jours de la catastrophe. On se demande aussi comment une unité de refroidissement, telle que celle envisagée par Areva (4) pourra bien être raccordée à ces structures vacillantes. Il y a dix jours, en effet, l’entreprise française, par la voix de Thierry Varet, son directeur technique ( BU valorisation AREVA), expliquait vouloir décontaminer l’eau (5) qui a abondamment servi à refroidir les réacteurs et les piscines et installer un circuit fermé pour la ré-utiliser. Comment faire un circuit fermé avec une (des) cuve(s) de réacteur transformée(s) en passoire ? Surtout, comment s’approcher de ces lieux extrêmement radioactifs – vu la non étanchéité de l’ensemble - pour éventuellement « reboucher » les trous ? Qui va s’approcher ?

Deux mois après la catastrophe, on se demande encore autre chose : pendant combien de mois (d’années ?) va-t-il falloir continuer à refroidir les lieux, accumulant toujours plus d’eau contaminée. Cela signifie-t-il qu’il va falloir rejeter à nouveau celle-ci « volontairement » dans l’océan, comme cela a été fait pour plus de 10 000 tonnes (eau dite alors « faiblement contaminée ») il y a quelques semaines ? C’est un véritable cauchemar qui continue.

1) http://english.kyodonews.jp/news/20...

2) Cet inox (dit austénitique) de résiste pas aux ions chlorure du sel (le sel a pour formule chimique Na Cl ou chlorure de sodium )

3) Le "DUPLEX" (904L) : un « austéno-ferritique », mélange de deux structures cristallines.

4) http://www.newscastwire.com/fr/org/...

5) On ne sait pas exactement combien de dizaines de milliers de tonnes (90 000 ? 100 000 ?) d’eau doivent actuellement être décontaminées, en coagulant les particules radioactives de façon à les séparer de l’eau ainsi « purifiée ». Eau qui ensuite pourrait être ré-utilisée.

52) Japon : un des réacteurs de Fukushima est plus endommagé qu’on ne le croyait

Un des réacteurs nucléaires de la centrale japonaise de Fukushima est plus lourdement endommagé qu’on ne le croyait jusqu’à présent, ce qui pourrait compliquer les opérations de stabilisation.

Les experts ont découvert que le niveau de l’eau autour du coeur du réacteur numéro 1 est nettement plus bas qu’ils ne le pensaient, ce qui signifie que les barres de combustible ont été entièrement exposées et que les fuites radioactives dans la chambre ont été plus importantes qu’anticipé.

Toutefois, la température à cet endroit demeure nettement inférieure aux niveaux dangereux parce que l’opérateur de la centrale, TEPCO, continue d’injecter de l’eau pour refroidir les barres.

Cette eau s’échappe ensuite apparemment de l’enveloppe de confinement pour s’accumuler ailleurs dans la centrale.

Du carburant nucléaire partiellement fondu pourrait aussi s’être infiltré jusque dans l’enveloppe de confinement, mais les responsables assurent qu’il n’y a aucun risque qu’il puisse s’échapper de l’enceinte de ciment du réacteur.

Ces découvertes risquent de compliquer les plans annoncés en avril, qui prévoyaient la fermeture du réacteur d’ici neuf mois.

Source :

http://www.google.com/hostednews/ca...

51)L’expert nucléaire du 1er ministre démissionne, refusant le mépris des vies humaines, en particulier des enfants

Effondré et en larmes, Toshiso Kosako, le conseiller du 1er ministre en affaires nucléaires a annoncé sa démission lors d’une conférence de presse émouvante. Ses préconisations seraient ignorées et la santé de centaines d’écoliers sacrifiée par le relèvement des doses admissibles de radioactivité. Toshiso Kosako, qui enseigne à l’université de Tokyo, a annoncé sa démission le 1er mai 2011 du poste de conseiller chargé des questions nucléaires auprès du premier ministre japonais, Naoto Kan.

Kosako a expliqué qu’il ne pouvait cautionner les niveaux inappropriés d’exposition limite aux radiations que le gouvernement a fixé pour les écoles élèmentaires situées dans la région de la centrale de Fukushima. Ce niveau devrait passer à 20 millisiverts, un taux d’exposition que Kosako estime 20 fois trop élevé, en particulier pour des enfants, qui sont plus vulnérables que les adultes aux radiations.

Il a ajouté qu’il était également opposé à l’élévation des limites d’exposition des radiations reçues par les travailleurs de la centrale, que le gouvernement veut promulguer selon CBC.

Samedi la TECO (Tokyo Electric Power Co.) a révélé que deux travailleurs avaient reçu jusqu’à 250 millisieverts. Vendredi, l’ancien directeur de l’Institut Nucléaire Japonais, monsieur Michio Ishikawa, a declaré à la télévision que des barres de combustible usagé avaient fondu à Fukushima.

"C’est une guerre qui se joue en ce moment, une guerre contre les radiations. La réponse de TEPCO à la situation est horrible !"

Ce nouvel incident écorne encore davantage la crédibilité d’un gouvernement de plus en plus critiqué par les japonais pour sa communication lénifiante et son inertie dans la crise. Les photos réalisées par des drones sur le batiment 3 montrent que la partie supérieure de l’enceinte de confinement ainsi que la piscine contenant le combustible déchargé ont été volatilisés. La cuve du réacteur (en jaune) est maintenant nettement visible alors qu’elle devrait étre enfermée dans un confinement de béton.

Des débris hautement radioactifs ont été trouvés à proximité, indiquant qu’une phase de décontamination est indispensable, vraisemblablement similaire à celle qui a coûté la santé à des centaines de soldats à Tchernobyl.

Pour y parvenir, l’URSS avait, elle aussi, relevé de façon très théorique et opportuniste les doses admissibles.

Source :

http://www.agoravox.fr/actualites/i...

50) « Pour travailler à Fukushima, il faut être prêt à mourir »

Pour accéder à cet article cliquer sur ce titre 50.

49) Attention, un deuxième Fukushima n’est pas exclu

par Miho Matsunuma, universitaire japonais

Six semaines après le séisme et le tsunami qui ont causé un grave accident à la centrale nucléaire de Fukushima, le climat au Japon semble être à l’union nationale pour la reconstruction et la reprise du travail.

Les grands médias japonais ont pris l’initiative de cette mobilisation et dénoncent, dans le même temps, le gouvernement et Tepco, l’exploitant de la centrale. Mais que faisaient-ils jusqu’à la veille de l’accident ? La publicité est leur ressource financière principale et les entreprises d’électricité ainsi que les constructeurs des centrales sont une bonne clientèle. Par ailleurs, de grands quotidiens ont mis à la « une » la communication ministérielle qui expliquait la nécessité et la sûreté de l’énergie nucléaire. Au Japon, pour parler du nucléaire civil (à l’opposé du nucléaire militaire), on a inventé l’expression d’« utilisation du nucléaire pour la paix », que la presse n’a cessé de reprendre.

Mais le pays n’affronte pas le problème fondamental, qui est de savoir pourquoi les Japonais ont construit, depuis quarante-cinq ans, plus de 50 réacteurs nucléaires, sans prendre en compte les failles sismiques sous-marines de l’Archipel ?

Les Japonais ne peuvent pas s’excuser de n’avoir pas su. Le Japon n’est pas un régime soviétique, ni une dictature, mais un pays qui a des institutions démocratiques, des élections et une presse libres. Fukushima n’est pas le premier accident nucléaire. Des citoyens et des scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises, sans être écoutés. Dans ce pays où règnent l’ordre et le conformisme, les minorités ont du mal à se faire entendre. Les Japonais, dans leur majorité, ont cru volontiers les discours officiels sur la nécessité et l’avantage de l’énergie nucléaire parfaitement maîtrisée.

Alors que faire des centrales qui sont en activité dans le pays ? Le Japon est situé au carrefour de trois grandes plaques tectoniques et, étant donné le manque de compétences et de crédibilité des autorités nucléaires japonaises, la probabilité d’un deuxième et d’un troisième Fukushima n’est pas impensable. Et le problème n’est plus seulement japonais : notre planète vit avec des bombes à retardement.

Malgré les circonstances, la priorité du Japon est de rétablir son économie. Le PDG de Toyota, Akio Toyoda, a évoqué, devant ses employés, la nécessité de « travailler aussi dur que possible pour reconstruire le pays et soutenir la croissance » (Le Monde du 8 avril). Si l’accord est unanime pour reprendre le travail, le débat sur la sortie du nucléaire n’est pas visible : c’est précisément d’électricité qu’on manque le plus pour redémarrer la production.

Suicide collectif

Depuis le séisme, en France, on applaudit souvent la « dignité » des Japonais, qui se remettent au travail sans pleurer ni se plaindre ; autrement dit, cette « dignité » est à la fois une résignation (puisque c’est une catastrophe naturelle inévitable) et un effort collectif pour rebondir. Le système japonais qui cherche la croissance illimitée ne respecte pas les droits de la personne et il se moque éperdument de la planète. Le pouvoir est entre les mains de menteurs incompétents et irresponsables. C’est le résultat de soixante-cinq ans de démocratie japonaise.

Le Japon est incapable de se regarder objectivement et de changer de l’intérieur. En outre, depuis le début de l’accident, l’énorme écart entre les informations étrangères et les informations japonaises est plus que choquant.

Comme le Japon ne peut pas et ne veut pas changer de l’intérieur, il faudrait que s’exerce une pression de la communauté internationale pour que le Japon n’entraîner toute l’humanité dans un suicide collectif. Certains de mes amis français me disent que les Japonais ne sont pas seuls en cause. C’est vrai, mais cela n’excuse pas les erreurs humaines impardonnables. Et comme le Japon n’est pas le seul pays nucléarisé, la question se pose pour bien d’autres Etats.

Les autorités politiques et industrielles internationales, la France en tête, qui sont impliquées dans le nucléaire, ont de bonnes raisons pour soutenir les centrales et admirer la « dignité » japonaise. Les citoyens du monde devraient, eux, tirer des leçons de cet accident honteux.

Miho Matsunuma, historienne de la France contemporaine, maître de conférences à l’université de Gunma, à Maebashi (Japon)

MATSUNUMA Miho

Source : Le Monde, édition du 28 avril 2011

48) Peut-être 417 000 cancers supplémentaires d’ici 2061

Le professeur Chris Busby secrétaire scientifique de l’European Committee on Radiation Risk (ECRR), a donné les résultats de la première étude scientifique ("The health outcome of the Fukushima catastrophe Initial analysis from risk model of the European Committee on Radiation Risk") concernant la projection (provisoire au 1/4/2011) des calculs et du chiffrage de l’incidence des cancers à prévoir suite aux retombées des particules radioactives dans certaines régions du Japon. Voir : www.youtube.com/watch ?v...

Utilisant les données de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) et des sites internet officiels japonais, l’ECRR a employé deux méthodes pour estimer les nombres de cas de cancers dans certaines zones contaminées. L’ECRR a comparé ces résultats aux évaluations dérivées de la modélisation de la CIPR (International Commission on Radiological Protection).

Cette étude a été réalisée en utilisant les bases de la "Tondel méthode" qui sont issues des travaux du Professeur Martin Tondel chercheur à l’université de Linköping (Suède) dont le groupe de chercheurs a réalisé une étude pilote sur l’incidence radiations/cancers sur la période de 10 ans post Tchernobyl.

Les critères d’études sont essentiellement basés sur les différences de niveaux de contamination de la terre par les retombées radioactives et la constatation que les maladies ont augmenté de 11% pour chaque 100 kBecquerels supplémentaires par m2. Le professeur Chris Busby a appliqué cette méthode aux facteurs correspondants à la zone jusqu’à 100 kilomètres des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima où l’AIEA a rapporté, en moyenne, 600 kBq de radioactivité par m2 (600 kBq/m2).

Il est recensé une population de 3,3 millions de personnes réparties dans la zone des 100 kilomètres, le résultat prévoit pour cette zone en 10 ans une augmentation de 66% des cancers au delà du taux normal (pré-accident). Ceci implique les chiffres suivants : 103 329 cancers supplémentaires seront dus aux expositions dans la zone de Fukushima entre 2012 et 2021.

En application de la méthode scientifique "Tondel" comprise sur l’anneau entre 100 km et 200 km de Fukushima, la population est de 7.8 millions, mais avec une concentration inférieure des retombées de particules radioactives, les calculs aboutissent à 120 894 cancers supplémentaires d’ici 2021.

En ce qui concerne les résidents permanents qui ont fait le choix de rester dans la zone de confinement et suivante (celle au-delà des 20 km à l’origine, avec extension de 20 à 30 km début avril en zone d’exclusion) et qui n’avaient pas obligation d’évacuation, les chiffres des cancers s’établiront à 224 223 en dix ans.

La deuxième méthode de calcul d’évaluation est dérivée des facteurs de pondérations conseillés par l’ECRR sur la base des différentes manières dont les différents radionucléides se comportent dans les systèmes biologiques. Les résultats de cette méthode prévoient 191 986 cancers supplémentaires dans le cercle de 0 à 100 km et 224 623 dans l’anneau externe. La moitié de ces derniers cas de cancers arriveront probablement dans les dix premières années et le reste entre 10 et 50 ans. Pour les résidents permanents (ceux qui n’auront pas évacué la zone et hors zone d’exclusion de 30 km) et qui seront les plus impactés, les taux et les chiffres selon la deuxième méthode seront de 416 619 cas de cancers dont 208 310 apparaîtront dans les dix premières années.

Il est constaté une bonne concordance des résultats entre les deux méthodes.

Source :

http://www.dissident-media.org/info...

47) Nouveau record de radioactivité enregistré à Fukushima au Japon, le 17 avril 2011

Les niveaux d’iode radioactive sont montés jusqu’à 6 500 fois au-dessus du niveau légal, selon des échantillons prélevés dans l’eau de mer au large de la centrale de Fukushima. Cette hausse de la radioactivité a été détectée après une réplique de force 5 ,9 sur l’échelle de Richter, une de plus qui a secouée la région proche de Fukushima et celle de Tokyo.

Avant cette réplique, la radioactivité était 1 500 fois supérieure à la normale et l’Agence de la sûreté nucléaire japonaise avait demandé aux opérateurs de centrales de renforcer leur système de protection antisismique afin d’éviter, comme à Fukushima, une panne des systèmes de refroidissement des réacteurs.

Cette nouvelle hausse de la radioactivité signale de nouvelles fuites d’eau hautement radioactives, en provenance des enceintes des réacteurs n°2 et n°3, selon des experts indépendants. Les mesures, effectuées dans l’eau de mer, montrent une forte contamination du milieu marin......

http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20...

46) 16 avril : Des réactions de fission dans la piscine n°4

Attention, danger ! C’est vers la piscine de l’unité n°4 de Fukushima que les regards convergent aujourd’hui avec une nouvelle inquiétude. S’y déroulent des réactions en chaîne dégageant une très forte radioactivité ! Des niveaux “100 000 fois supérieurs à la normale”, selon l’agence de sûreté nucléaire japonaise NISA. C’est ce que l’on peut comprendre après l’annonce postée ce 14 avril sur son site (1) par l’opérateur TEPCO de la centrale de Fukushima.

L’opérateur y présente en effet les résultats d’une “analyse de 200 ml d’eau prélevée le 12 avril dans la piscine n°4” (où 195 tonnes d’eau ont été injectées le 12 avril selon l’AIEA (2)). Ces résultats, obtenus le 13 avril et annoncés ce 14 avril montrent que, outre du césium 137 et du césium 134 découverts dans cette eau, de l’iode 131 y a été retrouvé. Or l’iode 131, rappelons-le, a une demi-vie de 8 jours seulement. Autrement dit, si on le retrouve en quantité – ce qui est le cas, 220 000 Bq/litre – cela signifie qu’il a été créé depuis peu de temps (à noter qu’une mesure dans cette même piscine faite le 4 mars, c’est-à-dire avant le démarrage des événements catastrophiques, n’en avait pas détecté). Et s’il a été créé depuis peu de temps, cela signifie que des réactions de fission ont lieu dans le combustible qui est entreposé.

Rappelons que le réacteur n°4 était à l’arrêt avant le séisme puis le tsunami. Tout le combustible usagé du réacteur avait été déposé dans la piscine. Et l’on a appris aujourd’hui (3) qu’outre ce combustible usagé, du combustible “neuf” s’y trouve aussi : “204 barres de combustible non usagé” (outre 1331 barres de combustible usagé). Des niveaux qui pourraient être également dus, a-t-elle estimé, à l’injection dans la piscine d’eau de pluie contenant des quantités de particules émettrices de radioactivité.

Interrogé à ce sujet, l’ingénieur nucléaire américain Arnie Gundersen (que nous avions cité dans le blog du 15 mars (4)), nous a dit voir dans la présence d’iode 131 dans la piscine n°4 une « énorme annonce » (« BIG news »). De même que la présence de combustible neuf, car il peut devenir « critique » (connaître des réactions de fission) « plus facilement que le combustible usagé ». Selon lui, ce pourrait être « la raison pour laquelle cette piscine n’est plus remplie d’eau. Des changements mineurs dans la géométrie des casiers (dans lesquels sont normalement contenues les barres de combustible) pourraient être la cause de la reprise de criticité dans le combustible neuf. Je le sais, car mon groupe de travail a fait des calculs de criticité dans ce type de casiers pendant des années ».

Devant la dangerosité de ces barres de combustible, on se demande bien comment l’opérateur va pouvoir manipuler ce combustible, afin de le confiner et stopper le relargage de radioactivité qui doit avoir lieu en ce moment même. Il a été annoncé « le déploiement d’un petit drone (hélicoptère) pour voir s’il est possible d’extraire ce combustible » (selon TEPCO, ce survol a été effectué ce 14 avril entre 10h17 et 12h25). La tâche est rendue extrêmement difficile vu les niveaux de radioactivité : rayonnements gamma, mais aussi et peut-être surtout bouffées de neutrons extrêmement dangereuses dont il est très difficile de se prémunir (de même qu’il est difficile de mesurer exactement le niveau de rayonnement au moment où il est émis, lors ds réactions de fission). Sans oublier le phénomène d’ « effet de ciel », déjà cité dans ce blog, sorte de rebond du rayonnement sur les couches atmosphériques qui peut le rabattre vers le sol en des endroits imprévus.

Outre les énormes difficultés d’évacuation de dizaines de milliers de tonnes d’eau radioactive, les travailleurs dans la centrale se retrouvent donc aujourd’hui avec un problème majeur à régler sur l’unité n°4. Sans que l’on connaisse, par ailleurs, jusqu’où peut aller le relargage de produits de fission particulièrement dangereux.

1) http://www.tepco.co.jp/en/press/cor...

2) http://www.iaea.org/newscenter/news...

3) http://english.kyodonews.jp/news/20...

4) « Lanceur d’alerte » qui a fondé une entreprise baptisée Fairewinds Associates, et qui a participé à en particulier aux enquêtes sur la centrale de Vermont Yankee, de même type que celle de Fukushima (réacteur à eau bouillante construit par General Electric).

Source :

http://sciencepourvousetmoi.blogs.s....

45) L’accident nucléaire de Fukushima au niveau de Tchernobyl

L’Agence japonaise de sûreté nucléaire a relevé le degré de gravité de la catastrophe de Fukushima au maximum de 7. Trois répliques sismiques assez fortes ont par ailleurs secoué le pays depuis lundi.

Le Japon a relevé le niveau de l’accident nucléaire de Fukushima au niveau 7, soit le maximum de l’échelle des événements nucléaires et radiologique (Ines), ce qui ne s’était pas produit depuis Tchernobyl. Ce niveau 7 signifie qu’un « rejet majeur de matières radioactives » s’est produit avec « des effets considérables sur la santé et l’environnement ». « Il s’agit d’une évaluation préliminaire qui doit être entérinée par l’Agence internationale de l’Energie atomique », a déclaré un responsable de l’agence japonaise de sûreté nucléaire (Nisa).

À noter que l’estimation de la gravité de l’accident nucléaire porte sur la situation globale et non sur la situation actuelle. « En terme de volume d’émissions radioactives, nos estimations les évaluent à environ 10% de celles émises par Tchernobyl », a expliqué le responsable japonais. Certaines personnes estiment qu’elles pourraient à terme être plus importantes puisqu’elles se poursuivent et que la situation n’est toujours pas maîtrisée. Auparavant, l’accident de Fukushima était classé au niveau 5 par les autorités. En France, l’Autorité de sûreté nucléaire l’avait déjà relevé au niveau 6.

44) 11 avril : Déclaration rassurante du gouvernement japonais mais électricité à nouveau coupée dans la centrale

"Le risque que la situation à la centrale nucléaire se détériore et qu’elle débouche sur une nouvelle fuite radioactive majeure s’est considérablement réduit."

"Il est évident que la centrale n’est pas en état de fonctionner normalement", a reconnu le porte-parole. "Nous devrons continuer à demander aux résidents d’évacuer dans le cas où un tel incident arriverait (..) Mais nous pensons que ce risque est devenu beaucoup plus réduit comparé à la situation une semaine ou même deux semaines après le séisme."

Quelques heures plus tard, ce 11 avril, la TEPCO donnait une information beaucoup moins optimiste.

"L’alimentation électrique de trois réacteurs de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima a été coupée lundi, après un nouveau violent séisme dans cette région du nord-est du Japon", a annoncé l’opérateur Tokyo Electric Power (Tepco).

http://www.romandie.com/ats/news/11...

43) Fukushima est entré en fusion, c’est confirmé

42) 7 avril : Les ingénieurs tentent d’éviter une explosion à Fukushima

Les techniciens japonais ont commencé à injecter de l’azote dans le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi pour tenter d’éviter une explosion d’hydrogène et prévenir une catastrophe nucléaire de grande ampleur.

L’opération a été lancée mercredi soir plusieurs heures après le colmatage d’une fuite d’eau radioactive qui s’échappait du réacteur n°2 voisin.

"Il est nécessaire d’injecter de l’azote dans l’enceinte de confinement du réacteur et de réduire le risque d’une explosion d’hydrogène", a déclaré un responsable de l’exploitant de la centrale, Tokyo Electric Power Co (Tepco), lors d’une conférence de presse.

La probabilité de voir se produire de nouvelles explosions d’hydrogène, après celles qui ont secoué les réacteurs n°1 et n°3 au début de la crise, est "extrêmement faible", a-t-il ajouté.

Selon Tepco, l’enveloppe extérieure de la cuve du réacteur n°1 pourrait avoir été endommagée.

"Dans ces conditions, si nous continuons à refroidir les réacteurs avec de l’eau, la fuite d’hydrogène en provenance de la cuve du réacteur pourrait s’accumuler et atteindre un niveau proche de l’explosion", a-t-il ajouté.

Si la fuite radioactive du réacteur n°2 a été colmatée, Tepco est toutefois obligé de déverser dans l’océan Pacifique une partie de l’eau radioactive qui sert à refroidir le coeur des réacteurs et éviter une aggravation de la situation.

Un premier "délestage" de 11.500 tonnes sur les 60.000 stockées sur le site est en cours. L’opération devrait se poursuivre jusqu’à vendredi. Elle n’aura pas de conséquences sanitaires pour les populations, a assuré l’Agence du sûreté nucléaire et industrielle.

La situation dans les six réacteurs de la centrale est loin d’être maîtrisée près d’un mois après le séisme et le tsunami dévastateurs du 11 mars qui ont endommagé la centrale de Fukushima, estiment les experts du nucléaire.

Les techniciens japonais travaillent toujours d’arrache-pied pour relancer les pompes de refroidissement dans quatre des réacteurs endommagés. La priorité est de rétablir le niveau d’eau dans les centrales et les piscines de refroidissement pour éviter la surchauffe des barres de combustible et une fusion du coeur du réacteur.

Un taux d’iode radioactif 4.800 fois supérieur, puis 600 fois supérieur à la norme légale a été mesuré dans la mer. Le niveau de radiation de l’eau restant dans les réacteurs est pour sa part cinq millions de fois supérieur aux normes légales.

Sur le plan sanitaire, l’inquiétude est montée d’un cran avec la découverte par le ministère chinois de la Santé de traces d’iodes radioactifs dans des épinards cultivés dans trois provinces chinoises.

Pékin et la Corée du Sud se sont plaints à plusieurs reprises de ne pas avoir été informés du projet de Tepco de rejeter dans la mer de l’eau radioactive.

"Nous avons des consignes des ministères du Commerce et des Affaires étrangères afin de mieux travailler ensemble pour que des explications détaillées soient fournies aux pays voisins", a dit à la presse le secrétaire général du gouvernement nippon, Yukio Edano.

Le gouvernement envisage de contrôler plus étroitement la vente des produits de la pêche après la découverte de poissons contaminés. L’Inde a interdit mardi l’importation de produits alimentaires en provenance du Japon.

Tepco a par ailleurs commencé à verser des dédommagements à des municipalités pour venir en aide aux personnes évacuées ou qui ont été touchées par des émissions radioactives.

La catastrophe qui a plongé le Japon dans une crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale a fait 28.000 morts et disparus.

Source :

http://www.lexpress.fr/actualites/2...

41) Danger d’explosion à la centrale nucléaire de Fukushima

Alors que des explosions d’hydrogène ont déjà fortement endommagé le bâtiment extérieur de deux des six réacteurs, les experts redoutent les effets de l’accumulation d’hydrogène au niveau du réacteur n°1. Ils comptent essayer de combattre la chaleur en injectant de l’azote.

Fuites de matériaux contaminés (parmi lesquels l’eau qui sert à tenter de refroidir les réacteurs), bâtiment et systèmes de contrôle endommagés, et chaleur persistante des barres de combustibles : la situation à l centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, endommagée par le séisme et le tsunami du 11 mars, reste hors de contrôle.

L’opérateur Tepco envisage désormais d’injecter de l’azote dans le réacteur 1 afin d’éviter une possible déflagration. Les experts présents dans la centrale craignent en effet que la quantité d’hydrogène continue à augmenter jusqu’à provoquer une explosion par contact avec l’oxygène dans l’air. Des explosions d’hydrogène ont déjà fortement endommagé le bâtiment extérieur de deux des six réacteurs de Fukushima Daiichi, sans toutefois porter atteinte au coeur de l’installation. Une nouvelle source d’inquiétude, alors qu’une fuite d’eau hautement radioactive qui se déversait dans l’océan en face de la centrale vient tout juste d’être colmatée. Après plusieurs jours d’efforts infructueux pour boucher une brèche de 20 cm dans une fosse technique située au bord de l’océan Pacifique, les techniciens de Tepco ont trouvé la solution mardi en injectant dans le sol du verre soluble (silicate de sodium), un agent chimique qui a pour propriété de se solidifier au contact de l’eau.

De l’eau contaminée toujours rejetée en mer

Un volume important d’eau très contaminée, provenant du réacteur 2, s’échappait jusqu’alors jour et nuit de cette fosse, à un rythme estimé à sept tonnes par heure. Cette fuite était à l’origine d’une élévation importante du taux d’iode radioactif 131 dans les prélèvements d’eau de mer, à proximité de la centrale. Mais le risque de contamination de l’environnement marin n’est pas pour autant écarté, soulignent les experts. Les opérations de rejet en mer de 11.500 tonnes d’eau faiblement radioactive, selon Tepco, se sont en effet poursuivies ce mercredi, pour la troisième journée consécutive, en face de la centrale et à 250 kilomètres seulement de la mégapole de Tokyo et de ses 35 millions d’habitants.

L’évacuation de cette eau dans l’océan, où les radioéléments sont censés se diluer, est nécessaire afin de libérer des cuves de stockage destinées à être remplies d’eau hautement radioactive qui s’est accumulée dans les installations et les galeries techniques des réacteurs 2 et 3. Cette eau polluée contient notamment de l’iode 131, dont la durée de vie se réduit de moitié tous les huit jours, et surtout du césium 137, qui lui reste actif pendant des décennies. Les experts craignent que la chaîne alimentaire marine ne soit contaminée en amont, à travers le plancton qui est consommé par les poissons.

Afin de rassurer la population, le gouvernement a fixé un taux limite de radioactivité pour les produits de la mer, similaire à celui établi pour les légumes. Au-delà de 2000 becquerels/kg pour l’iode 131 et de 500 becquerels pour le césium 137, les poissons seront considérés comme impropres à la consommation. Reste que les rejets massifs d’eau polluée dans l’océan risquent de peser encore sur les exportations de produits frais du Japon.

L’Inde a décrété mardi une interdiction totale des importations de produits alimentaires japonais, pour une durée de trois mois éventuellement renouvelable. Il s’agit du premier pays à appliquer une telle décision, alors que la Chine, Taïwan, Singapour, la Russie et les Etats-Unis ont limité leurs interdictions aux produits venant de certaines régions du Japon.

L’Union européenne, qui a introduit depuis le 24 mars des contrôles à l’entrée des produits venant de ces régions, a décidé d’abaisser le niveau de radioactivité autorisé en s’alignant sur les normes du Japon, déjà très sévères.

L’UE appliquait jusqu’ici les plafonds de radioactivité fixés en 1987, après Tchernobyl.

http://lci.tf1.fr/monde/asie/2011-0...

Echec du colmatage du réacteur n° 2 de Fukushima – Rejet de milliers de tonnes d’eau contaminée Risque d’explosion

Pour accéder à l’article, cliquer sur le titre ci-dessus.

39) Une radioactivité plusieurs millions de fois supérieure à la normale dans le Pacifique près de Fukushima

Une radioactivité plusieurs millions de fois supérieures à la limite légale a été mesurée ces derniers jours le long des côtes japonaises près de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, a-t-on appris mardi 5 avril auprès de TEPCO.

L’opérateur de la centrale a précisé que des échantillons prélevés le 2 avril dans l’eau de mer près d’un des réacteurs contenait de l’iode à des niveaux 7,5 millions de fois supérieurs à la limite admise.

Deux jours plus tard, ce chiffre était de cinq millions. TEPCO a affirmé dans un communiqué que cette contamination n’aurait pas un "impact immédiat" sur l’environnement.

Ces prélèvements ont été effectués dans des zones plus rapprochées de la centrale qu’auparavant, et ne reflètent donc pas nécessairement une aggravation de la situation...

La centrale de Fukushima est fissurée et de l’eau radioactive s’écoule directement dans le Pacifique, dont le rivage n’est distant que de quelques dizaines de mètres. Une brèche de 20cm a été découverte ce week-end dans le béton d’une fosse de maintenance.

Lundi, TEPCO a commencé à rejeter 11.500 tonnes d’eau radioactive accumulée dans les installations accidentées par le tsunami du 11 mars. La procédure devrait durer deux jours.

Source :

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

38) 5 avril : Risque d’explosion à Fukushima ?

Selon la télévision suisse romande, risque d’explosion de vapeur ans la centrale comparable à une explosion volcanique - fusion partielle de certains réacteurs déja en cours - TEPCO assure qu’une telle explosion est impossible. Le titre de TEPCO à devissé de 11,5 % à la bourse de Tokyo.

Ce qui est étonnant, au dela de l’info qu’on n’a pas entendu en France, c’est le même correspondant de Radio France, Frédéric Charles (ici avec le pseudo Georges Hangartner) qui donne l’info. Pourquoi RF n’a pas repris l’info ???

37) Fukushima : Les liquidateurs à l’assaut de la fissure

L’exploitant de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi endommagée par le séisme et le tsunami du 11 mars au Japon s’efforçait dimanche de combler la fissure à l’origine d’une fuite radioactive qui s’écoule dans l’océan Pacifique...

Le combustible toujours en surchauffe

La situation reste précaire sur le site de Fukushima. Les barres de combustible sont toujours en surchauffe et une radioactivité 4.000 fois supérieure à la limite légale a été détectée au large de la centrale. "Nous ne sommes pas sortis de la situation d’urgence, mais elle est à peu près stabilisée. La principale préoccupation des Japonais est de savoir quand la fuite de substances radioactives s’arrêtera", a souligné dimanche Goshi Hosono, collaborateur du Premier ministre Naoto Kan, qui s’est rendu pour la première fois la veille dans la zone dévastée.

Des polymères pour boucher la fissure

Tepco a annoncé samedi la découverte de cette fissure dans un puits de béton du réacteur n°2 où la radioactivité atteint 1.000 millisieverts par heure.Du béton y a été injecté en vain et Tepco va tester dimanche des polymères absorbants. Ces matières sous forme de poudre forment un gel au contact de l’eau et offrent d’énormes capacités d’absorption. Les polymères, mélangés à de la sciure et du papier journal, doivent servir à boucher une conduite par laquelle s’infiltre l’eau contaminée dans la fosse fissurée. Aucune autre fissure n’a été découverte lors de l’examen des cinq autres réacteurs de la centrale.

D’autres moyens pour refroidir les réacteurs

L’Agence de sûreté nucléaire réfléchit en outre à d’autre moyens que l’eau pour refroidir le coeur des réacteurs et éviter une fusion catastrophique. Un système improvisé qui projetterait une fine brume sur les barres de combustible est notamment à l’étude, a ajouté Hidehiko Nishiyama. Des pompes à béton, parmi les plus grandes du monde, ont été envoyées des Etats-Unis, d’Allemagne et de Chine pour vaporiser de l’eau sur les combustibles de Fukushima. Il s’agit de camions dotés d’un immense bras articulé normalement utilisé pour couler du béton sur des chantiers de bâtiments élevés. Les plus grands peuvent atteindre 70 mètres. A Fukushima, le béton est remplacé par de l’eau.

Une plate-forme flottante en acier de 136 mètres de long et 46 mètres de large devrait par ailleurs arriver dans les prochains jours en face de Fukushima Daiichi (N°1). Ses réservoirs d’une capacité de 10.000 tonnes doivent servir à évacuer l’eau radioactive infiltrée dans les installations du site. L’immense plate-forme était auparavant amarrée dans une base de loisirs nautique à Shizuoka (sud-ouest de Tokyo) où elle servait notamment de ponton pour les pêcheurs.

De la résine synthétique est aussi vaporisée depuis peu pour fixer au sol les poussières radioactives qui se sont éparpillées lors des explosions à Fukushima. L’objectif est de limiter leur dispersion dans la région. Déjà 2.000 litres de résine avaient été vaporisés dimanche sur une surface de 500 m2 près du réacteur 4. Les ouvriers prévoient d’en répandre 60.000 litres sur deux semaines.

36) RETOMBEES SUR LA FRANCE des rejets radioactifs de FUKUSHIMA (par la CRIIRAD)

35) La situation s’aggrave début avril 2011

Les niveaux systématiquement élevés de radioactivité relevés en mer au large de la centrale atomique de Fukushima-Daiichi, dans le nord du Japon, signifient probablement que des substances radioactives s’écoulent en permanence dans la mer, a déclaré jeudi l’Agence de sûreté nucléaire japonaise.

"C’est une possibilité", a reconnu le directeur général adjoint de cette agence, Hidehiko Nishiyama, lors d’une conférence de presse, en ajoutant qu’il ignorait où pouvaient se produire les fuites radioactives.

L’agence a indiqué jeudi que la radioactivité dans l’eau de mer au large de la centrale avait augmenté et était désormais 4.385 fois supérieure à la limite admise. Il s’agit du taux le plus élevé d’iode radioactif relevé en mer depuis le tsunami du 11 mars, qui a gravement endommagé la centrale.

Mercredi 30 mars, l’agence de sûreté nucléaire parlait d’une radioactivité au même endroit 3.355 fois supérieure à la limite admise. L’agence a suggéré d’autre part au gouvernement japonais d’envisager d’étendre la zone d’évacuation décrétée autour de la centrale accidentée.

Pour l’heure, les habitants ont été évacués dans un rayon de 20 km autour de l’installation. Des voix se sont élevées ces derniers jours pour que les autorités élargissent cette zone, compte tenu de la situation toujours inquiétante à la centrale. Le gouvernement s’est borné pour l’instant à encourager les habitants de la zone comprise entre 20 et 30 km autour de la centrale de partir mais il ne leur a pas expressément ordonné de le faire. Il leur a en revanche vivement conseillé de rester calfeutrés chez eux.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait savoir mercredi que la radioactivité enregistrée à Iitate, un village situé à 40 km de la centrale, dépassait l’un des critères retenus pour l’évacuation des habitants.

Le Premier ministre Naoto Kan, auquel est reprochée une gestion médiocre de la crise la plus grave qu’ait affrontée le pays depuis 1945, a dit d’ores et déjà envisager d’élargir la zone d’évacuation pour contraindre 130.000 habitants à partir, en plus des 70.000 qui ont déjà été déplacés...

Un analyste a évalué que Tepco pourrait recevoir des demandes d’indemnisation d’un montant total de 130 milliards de dollars si les graves difficultés perduraient longtemps à Fukushima.

A l’étranger, des traces "infimes" d’iode radioactif ont été décelées dans un échantillon de lait dans l’Etat de Washington, situé sur la côte ouest des Etats-Unis. Les agences sanitaires américaines soulignent que l’iode 131 a une période (ou demi-vie) très courte, d’une huitaine de jours, et que le niveau décelé dans le lait devrait de ce fait diminuer relativement vite. L’iode 131 peut être dangereux pour la santé parce qu’il est absorbé aussitôt par la glande thyroïde, où il peut provoquer un cancer.

http://www.lepoint.fr/monde/la-situ...

34) Fukushima : Un mort tellement radioactif qu’on ne peut l’enterrer

Les autorités policières ont confirmé avoir renoncé à recueillir le cadavre d’un homme retrouvé à Ôkuma, préfecture de Fukushima, à l’intérieur de la zone de 10 km de rayon autour de la centrale N°1 de Fukushima. Il a été estimé que son transport était impossible en raison du taux élevé de radioactivité présenté par le cadavre.

Considérant qu’il est possible qu’il reste dans la zone d’autres cadavres ne pouvant être pris en charge, les mêmes autorités ont déclaré "examiner les mesures appropriées".

D’après ces autorités, le corps fut retrouvé le matin du 27 dans un chantier à l’air libre à 5 ou 6 km de la centrale, par les forces de l’ordre précédemment informées. On a mesuré qu’il fallait retirer du corps tout entier une couche de radioactivité d’au moins 100 000 CPM (nombre de rayonnements par minute). On a renoncé à recueillir le corps car, en plus du risque radioactif auquel seraient soumis ses transporteurs, il risquait entre autres choses de contaminer le lieu où il serait accueilli.

Le corps a été enfermé dans un sac et entreposé provisoirement dans un bâtiment proche.

http://acdn.france.free.fr/spip/bre...

33) Privatisation, rentabilité maximum et plutonium... La catastrophe nucléaire du Japon n’est étonnante que pour les gens mal informés

32) SYNDICAT JAPONAIS ZENZOREN « engager la discussion avec nous sur l’avenir du nucléaire"

31) Du plutonium découvert ce 28 mars dans le sol de Fukushima

Du plutonium a été détecté dans le sol à cinq endroits de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi, dans le nord-est du Japon, a annoncé lundi 28 mars l’opérateur du site, Tokyo Electric Power (Tepco), qui pense que le plutonium provient du combustible d’un des réacteurs qui ont été endommagés par le puissant séisme du 11 mars et par l’énorme tsunami qui a suivi.

Quelques heures plus tôt, Tepco avait indiqué que de l’eau fortement radioactive s’était échappée des bâtiments des réacteurs, une découverte qui fait craindre une pollution massive autour du site, notamment de la mer, toute proche. "Nous avons trouvé de l’eau accumulée dans des puits de regard d’une tranchée souterraine débouchant à l’extérieur du bâtiment, avec un niveau de radioactivité supérieur à 1 000 millisieverts par heure", a indiqué un porte-parole de la société Tokyo Electric Power (Tepco). Ces puits sont situés à une soixantaine de mètres de l’océan Pacifique et l’eau contaminée pourrait avoir ruisselé jusqu’au rivage, a-t-il précisé. C’est la première fois que les ingénieurs de Tepco annoncent la présence d’eau polluée à l’extérieur.

Lundi, l’Agence japonaise de sûreté nucléaire a ainsi annoncé avoir mesuré un taux d’iode radioactif 1 150 fois supérieur à la norme légale dans l’eau de mer prélevée à trente mètres seulement des réacteurs 5 et 6. Jusqu’à présent, les tests, réalisés par l’opérateur Tepco, étaient pratiqués au sud de la centrale Fukushima 1, à la sortie des réacteurs 1 à 4, les plus endommagés, où le taux d’iode 131 était dimanche à un niveau près de 2 000 fois supérieur à la normale.

Source : http://www.lemonde.fr/japon/article...

30) Film de la centrale de Fukushima ce 28 mars 2011

La ressemblance avec Tchernobyl est de plus en plus frappante. Principale différence :il semblerait que les 2 premiers jours TEPCO ait tout fait pour sauver ces réacteurs ( et donc les profits ) plutot que de sacrifier les réacteurs et sauver les japonais d’une catastrophe.

Pour accéder au film, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

http://www.youtube.com/watch?v=cRBb...

29) Fukushima : « Le cœur du réacteur n° 2 a fondu » – Découverte d’eau extrêmement radioactive

Le Monde.fr 27 mars 2011

Hausse de la radioactivité et évacuation à Fukushima

La découverte d’eau extrêmement radioactive dans le réacteur n° 2 de la centrale nucléaire de Fukushima-1 a provoqué une nouvelle évacuation des techniciens s’employant à relancer le processus de refroidissement de la centrale, dimanche 27 mars. Tepco, l’exploitant de la centrale, a confirmé que le taux de radioactivité dans l’eau qui s’est accumulée dans la salle des turbines de ce réacteur est de 1 000 millisieverts par heure.

Tepco a reconnu s’être trompé en annonçant dimanche matin un niveau de radioactivité « 10 millions de fois plus élevé » qu’en temps normal dans une nappe d’eau qui s’est échappée du réacteur 2. Tepco a convoqué d’urgence une conférence de presse après que le nombre de « 10 millions » eut été repris en boucle par les médias. En revanche, l’annonce d’un taux mesuré de « 1 000 millisieverts par heure » dans l’eau retrouvée au sous-sol de la salle de la turbine est exact, a assuré Tepco.

PSYCHOSE

Olivier Isnard, expert de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), estime que Tepco a annoncé cette information « de manière maladroite ». « Parler de millions de fois supérieur à la normale, c’est plus vendeur que de donner des chiffres bruts, a-t-il dit à l’AFP. Ce niveau de radioactivité est juste une preuve directe que le cœur du réacteur a fondu ».

En effet, un porte-parole de Tepco a confirmé qu’il « existe une forte probabilité pour que les barres de combustible aient été endommagées », autrement dit que le cœur du réacteur ait subi des dommages importants. Jeudi, trois ouvriers, chaussés seulement de bottines en caoutchouc, ont été irradiés en marchant dans une flaque d’eau très fortement radioactive lors d’une intervention dans la salle de la turbine du réacteur n° 3. Deux ont dû être hospitalisés avec des brûlures aux pieds. « A ce niveau de 1 000 millisievert par heure, un travailleur qui y passe une heure s’expose à des effets certains sur la santé », a expliqué Olivier Isnard.

« JE NE PEUX PAS ÊTRE PLUS OPTIMISTE QUE LA RÉALITÉ »

Tepco a annoncé que des experts doivent désormais déterminer où évacuer l’eau contaminée pompée dans trois réacteurs. « Nous allons installer une pompe et évacuer l’eau vers un condensateur », a précisé le responsable, ajoutant qu’il comptait commencer les opérations « dans la journée » de dimanche. Enfin, l’exploitant de la centrale a décidé de ne plus utiliser de l’eau de mer pour refroidir une partie des réacteurs, craignant que des dépôts de sel entravent le processus de refroidissement. Après avoir arrosé les réacteurs d’eau salé pendant deux semaines, Tepco a décidé d’utiliser désormais de l’eau douce.

Conscient du risque toujours important d’un désastre nucléaire, le porte-parole du gouvernement japonais n’était guère optimiste, dimanche. « Nous aimerions pouvoir donner un programme clair sur quand cela va être résolu, et ceux qui travaillent sur le site pensent la même chose, a déclaré Yukio Edano. Mais je ne peux pas être plus optimiste que la réalité ».

RADIOACTIVITÉ EN HAUSSE AU LARGE DE FUKUSHIMA

Deux des six réacteurs sont maintenant considérés comme stabilisés à Fukushima-1, mais les quatre autres, qui émettent par intermittence de la vapeur ou de la fumée, suscitent des inquiétudes. Outre le réacteur n° 2, le réacteur n° 3 est surveillé de très près. Les autorités japonaises ont cru que le fort taux de radioactivité dans ce réacteur, qui concentre le plus d’inquiétude en raison de son état précaire, signifiait que la cuve était peut-être endommagée. L’Agence de sûreté nucléaire japonaise a ensuite estimé que cela pouvait provenir d’opérations de dégagement de vapeur menées pour faire retomber la pression, ou d’une fuite d’eau dans les tuyaux ou les valves.

Le taux de radioactivité dans le littoral au large de la centrale de Fukushima a encore augmenté, selon des mesures de l’Agence japonaise de sûreté nucléaire. A 300 mètres du rivage, le degré d’iode 131 était dimanche 1 850 fois supérieur au niveau habituel, alors qu’il était 1 250 supérieur samedi. Hidehiko Nishiyama, responsable de l’agence, a répété que les particules de radioactivité seront dispersées et diluées et ne constituent de ce fait pas un danger pour la vie marine ou la consommation de poissons. Reste la crainte de diffusion du césium 137, une substance radioactive dont la concentration ne se réduit de moitié que tous les 30 ans. Tepco dit avoir mesuré une concentration presque 80 fois supérieure à la limite légale de cette substance. La zone d’exclusion de 20 kilomètres autour de la centrale a déjà provoqué l’évacuation de près de 177 000 habitants.

A Tokyo, dimanche matin, la dose de radioactivité ambiante était de 0,22 microsievert par heure, soit six fois la normale pour la ville. Cela reste néanmoins dans la fourchette de la moyenne mondiale de radioactivité naturelle, comprise entre 0,17 et 0,39 microsievert/heure. Selon les derniers bilans fournis par les autorités japonaises, le séisme et le tsunami qui ont frappé l’île le 11 mars ont fait 10 489 morts et 16 621 disparus. Plus de 240 000 personnes étaient toujours logées dans des campements provisoires.

28) Fukushima : eau fortement radioactive à l’extérieur du réacteur 2

De l’eau fortement radioactive a été découverte à l’extérieur du bâtiment abritant le réacteur 2 et sa turbine dans la centrale nucléaire de Fukushima, a annoncé lundi un porte-parole de l’opérateur, Tokyo Electric Company (Tepco).

"Nous avons retrouvé de l’eau accumulée dans des puits de regard d’une tranchée souterraine débouchant à l’extérieur du bâtiment, avec un niveau de radioactivité supérieur à 1.000 millisieverts par heure", a-t-il indiqué. Ces puits sont situés à une soixantaine de mètres de l’océan Pacifique et l’eau contaminée pourrait avoir ruisselé jusqu’au rivage, a-t-il précisé. Il a ajouté que de l’eau contaminée avait également été trouvée à l’extérieur des bâtiments des réacteurs 1 et 3, mais à des niveaux de radioactivité très inférieurs.

Tepco sollicite l’aide d’experts français

L’opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, aurait par ailleurs demandé "l’appui" de groupes industriels publics français pour faire face à la crise sur ce site, a déclaré lundi le ministre français de l’Industrie Eric Besson, pour qui la situation est "critique". "Tepco, pour la première fois, je m’en réjouis (...), a demandé l’appui des industriels français concernés, en la circonstance EDF, Areva et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique, ndlr). C’est une bonne nouvelle qu’ils le fassent", a déclaré le ministre sur RTL.

Tokyo dénonce une erreur inacceptable de Tepco

Le gouvernement japonais a jugé lundi "inacceptable" une erreur sur le niveau de radioactivité commise par l’opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, où les opérations de refroidissement sont entravées par des fuites dangereuses. "Sachant que la surveillance de la radioactivité est une condition majeure pour assurer la sécurité, ce type d’erreur est absolument inacceptable", a fustigé Yukio Edano, le porte-parole du gouvernement. "Le gouvernement a ordonné à Tepco de ne pas recommencer", a-t-il ajouté.

Dimanche, Tepco avait annoncé qu’un niveau de radioactivité 10 millions de fois plus élevé que la normale avait été mesuré dans de l’eau échappée de la centrale. Ce chiffre alarmiste avait été repris en boucle par les médias japonais et du monde entier, alimentant davantage la psychose concernant la centrale de Fukushima Daiichi (Fukushima N°1).

27) Catastrophe nucléaire : fuites inquiétantes à Fukushima et pollution très radioactive en mer ce 26 mars 2011

Le Japon a annoncé samedi avoir mesuré des niveaux d’iode radioactif 1.250 fois supérieurs à la norme légale en mer près de la centrale en péril de Fukushima, renforçant les craintes d’une rupture de l’étanchéité d’un ou plusieurs réacteurs.

http://www.romandie.com/ats/news/11...

Après le réacteur 3 de Fukushima, inquiétudes pour le réacteur 1

De l’eau hautement radioactive a été découverte dans le réacteur 1 de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima accidentée à la suite du tremblement de terre du 11 mars suivi d’un tsunami, a annoncé l’exploitant.

Deux des six réacteurs de la centrale semblent stabilisés, mais l’exploitant Tokyo Electric Power Co (Tepco) et l’agence nationale japonaise de sûreté nucléaire ont annoncé vendredi soir que de l’eau hautement radioactive avait été découverte dans le bâtiment du réacteur n°1.

"Nous en ignorons la cause", a déclaré un responsable de Tepco lors d’une conférence de presse. Cette découverte a entraîné un nouveau retard dans les efforts déployés pour stabiliser les réacteurs, a dit un autre responsable.

Hidehiko Nishiyama, de l’agence japonaise de sûreté nucléaire, avait dit peu auparavant que le taux élevé de radioactivité signifiait que le réacteur était peut-être endommagé.

Mais il a déclaré par la suite à des journalistes : "Cela pourrait provenir d’opérations de décompression (de la vapeur) et il pourrait y avoir des fuites d’eau provenant de tuyaux et de valves, mais aucune donnée ne suggère qu’il y ait une fissure".

A Vienne, l’Agence internationale de l’Energie atomique a annoncé que deux techniciens hospitalisés pour avoir été exposés à un taux très élevé de radiation en travaillant sur le réacteur n°3 pourraient bientôt quitter l’hôpital mais que la source exacte de l’eau qui les a contaminés reste mystérieuse.

FISSURE DANS LA CUVE DU REACTEUR ?

Les deux hommes, qui s’efforçaient de refroidir le réacteur ont, avec un collègue, été exposés jeudi à des niveaux de radioactivité 10.000 fois plus élevés que la normale, ce qui pourrait alimenter l’hypothèse d’une fissure dans la cuve du réacteur 3.

"D’après les informations en provenance du Japon, ils pourront très probablement quitter l’hôpital lundi. D’un point de vue médical, s’ils avaient quelque chose de grave, ils ne pourraient pas sortir lundi", a déclaré vendredi lors d’une conférence de presse Rethy Chem, directeur pour la santé humaine à l’AIEA.

Il a ajouté qu’il était aussi exagéré de qualifier de brûlures les blessures aux pieds dont souffraient les techniciens, bien qu’il soit évident qu’ils ont été contaminés.

On pense que les sous-traitants qui travaillaient dans le bâtiment n’ont pas tenu compte des alertes émises par leur dispositif de détection des radiations.

"Les conditions dans l’endroit où ils travaillaient ont changé. Les doses auparavant étaient faibles (...) et ils ont pensé qu’il s’agissait d’une fausse alerte", a expliqué Elena Buglova, responsable à l’AIEA.

"Il n’y a pas eu beaucoup des changements à la centrale Fukushima Daiichi ces dernières 24 heures. Certaines tendances positives se poursuivent mais il reste des domaines d’incertitude qui sont cause de graves inquiétudes", a déclaré pour sa part Graham Andrew, de l’AIEA.

Des responsables japonais ont laissé entendre que la cuve du réacteur 3 pourrait être endommagée, avant de juger cette hypothèse peu probable.

Prié de dire comment une radioactivité élevée pourrait s’échapper si la cuve n’est pas endommagée, Andrew a avancé qu’elle pourrait provenir de la vapeur dégagée par le réacteur en surchauffe.

"Il y a d’autres mécanismes même lorsque les cuves sont intactes qui fournissent une voie d’échappement hors du réacteur", a-t-il dit, ajoutant que des responsables de l’AIEA soupçonnent qu’il pourrait y avoir des dégâts, mais que le Japon n’a fourni aucune information en ce sens.

Pour Andrew, la radioactivité semble provenir du combustible du réacteur et non des piscines contenant le combustible usagé, qui avaient aussi été sources d’inquiétudes.

Dix-sept techniciens ont reçu des doses élevées d’irradiation depuis le début de l’opération, a précisé l’AIEA.

Yoko Kubota

Avec Michael Shields et Sylvia Westall à Vienne ; Nicole Dupont pour le service français

http://www.lepoint.fr/fil-info-reut...

26) Assistance des sinistrés et responsabilités de la TEPCO

Akira Kasai est député du Parti communiste japonais (PCJ), en charge de la commission d’aides en direction des sinistrés. La catastrophe nucléaire amplifi e les problèmes. Il souligne tout particulièrement l’inconséquence de la multinationale Tepco.

Quelle est la situation dans les zones frappées par la catastrophe ?

AKIRA KASAI. Nous sommes face au plus grand sinistre que le pays ait jamais connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La police fait état de plus 9 400 morts et de plus de 15 000 disparus. Le nombre de sinistrés est estimé à 300 000. Ils ont été évacués dans les 16 départements du pays. Leurs conditions de vie sont très difficiles. Nombre de villes et de villages de la côte du Pacifique ont été dévastés. Et nous n’avons pas encore évalué toutes les destructions. Sur le plan du nucléaire, les dernières nouvelles indiquent une fumée noire se dégageant du 3e réacteur. À juste titre, la population est inquiète et angoissée. Pour ce qui concerne le Parti communiste japonais (PCJ), nous nous mobilisons au maximum pour aider la population. À ce propos, je tiens à remercier le Parti communiste français, l’Humanité et ses lecteurs, la population française pour la solidarité dont ils font preuve à notre égard.

On évoque de très difficiles conditions d’approvisionnement dans les régions frappées par la catastrophe…

AKIRA KASAI. Nous sommes confrontés à de grosses difficultés pour transporter du matériel et des vivres dans chaque centre de réfugiés. Les conditions d’accès sont encore compliquées. Mais surtout, nous affrontons une pénurie de carburants qui perturbe les circuits de distribution. Il y a des améliorations mais on est toujours loin du niveau des besoins du terrain. Le PCJ a créé une commission nationale de secours en direction des sinistrés. Chaque département a son propre comité afin d’apporter au mieux l’aide. La coordination nationale permet d’évaluer les choses pour optimiser l’envoi des aides. Nous avons lancé une collecte qui nous a permis de recueillir, au plan national, 250 millions de yens (1 euro = 114 yens). Ainsi, nous avons envoyé 30 millions de yens aux trois départements les plus touchés : Miyagi, Hiwate et Fukushima.

La catastrophe nucléaire complique-t- elle davantage l’assistance aux victimes du cataclysme ?

AKIRA KASAI. Bien évidemment. Nous sommes face à la double difficulté d’acheminer les aides pour les populations sinistrées et de contenir un accident nucléaire. Nous devons faire face sur ces deux fronts. Les organismes et les administrations concernés, les fabricants de réacteurs, des scientifiques spécialisés et indépendants en matière de sûreté nucléaire sont mobilisés au sein d’une commission gouvernementale. Selon nous, la priorité des priorités est de protéger la vie et la santé des Japonais. Il faut, sans attendre, informer la population avec la plus grande transparence. C’est primordial. Les gens doivent pouvoir bénéficier de contrôles sanitaires et d’une assistance médicale face aux risques de radioactivité. Nous avons d’ailleurs besoin de pastilles d’iode pour protéger les populations des radiations et éviter des maladies de la thyroïde. En la matière, le gouvernement doit prendre toutes ses responsabilités. De la radioactivité a été détectée dans les aliments. Tepco et le gouvernement doivent faire face à cette insécurité alimentaire.

Que vous inspirent les excuses présentées par Norio Tsuzumi, l’un des vice-présidents du groupe Tepco ?

AKIRA KASAI. La responsabilité de Tepco est très grave. La gestion du gouvernement également. Car nous pouvions anticiper l’accident nucléaire et les catastrophes naturelles. Après l’expérience du tremblement de terre au Chili, nous nous devions d’être prêts à faire face à une catastrophe de cette échelle. En dépit des avertissements, Tepco a refusé de prendre en compte les risques existants. Il a propagé le mythe selon lequel ce genre d’accident ne pouvait se produire au Japon. Ce qui l’a conduit à développer ses activités sans entendre l’opinion des experts et de la population. Nous sommes face à des catastrophes naturelles mais il y a aussi des responsabilités humaines. Nous insistons sur ce point pour que cela ne se reproduise plus. C’est pour cela que nous proposons un débat public démocratique sur l’avenir énergétique du pays. Deux points sont essentiels : la sûreté énergétique et un changement de politique énergétique mettant l’accent sur les énergies renouvelables et sûres. Nous devons sortir de la dépendance à l’énergie nucléaire. Pour cela, il faut un consensus national.

Le Japon est un pays riche et développé. De quelle solidarité a-t-il besoin ?

AKIRA KASAI. Sur le plan matériel, l’aide internationale manifestée a été importante. Nous vous en sommes très reconnaissants. Sans doute faudra-t-il encore du temps pour évaluer plus finement nos besoins et la coopération internationale nécessaire. La mobilisation nationale est très importante. C’est même une priorité car nous sommes face à une situation incomparable aux précédentes catastrophes.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ROSA MOUSSAOUI ET KENZO FUKUMA, JOURNALISTE JAPONAIS. (publié dans L’Humanité du jeudi 24 mars 2011)

25) 23 mars Fukushima : fumée noire au-dessus du réacteur n°3, les ouvriers ont été évacués

Alors qu’une fumée noire s’élève au-dessus du réacteur N°3 de Fukushima, les ouvriers de la centrale nucléaire japonaise ont été évacués temporairement.

Selon l’opérateur, il est impossible à ce stade de déterminer si la fumée s’échappe du réacteur lui-même ou du bâtiment contenant la turbine.

La salle de contrôle du réacteur 3 est la première à avoir été partiellement remise sous tension mardi soir grâce à une alimentation externe qui a remis en marche son éclairage.

Le réacteur 3 a été très endommagé par une explosion. Il est chargé en combustible MOX, un mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium dont les rejets sont particulièrement nocifs.

24) 22 mars Alerte radioactive sur le Japon : les vents repoussent les masses d’air contaminé vers les zones habitées

Ainsi que nous l’indiquions dès samedi, les conditions météorologiques sont désormais très défavorables pour la population japonaise. Les rejets radioactifs de la centrale de FUKUSHIMA DAIICHI sont dirigés vers l’intérieur des terres et non plus vers le Pacifique.

• ELEVATION DU NIVEAU DE RAYONNEMENT SUR LA PREFECTURE D’IBARAKI

A environ 100 km au sud de FUKUSHIMA DAIICHI, les débits de dose sont en nette augmentation sur la préfecture d’IBARAKI : depuis le 17 mars, ils se situaient entre 0,1 et 1 µSv/h.

A TAKAHAGI, l’augmentation a commencé ce lundi 21 mars vers 9 h heure locale (soit 1h en France).

Le débit de dose a été multiplié par 10 entre 11h30 et 14h : de 0,37 µSv/h à 3,7 µSv/h.

Evolution des niveaux de rayonnement dans le temps : voir pdf ci-joint

Il n’y a toujours aucune donnée sur la contamination de l’air. On ne peut donc rien dire de précis sur le niveau de risque sanitaire. Si ce n’est répéter que des mesures de l’activité volumique de l’air sont indispensables. Si les autorités japonaises n’ont pas l’équipement nécessaire, la communauté inter- nationale doit y remédier immédiatement. Cela aurait déjà dû être fait. Ces informations ne pourront pas être reconstituées.

• CONTAMINATION DE L’AIR A TOKYO

La contamination de l’air à Tokyo est passée pour l’iode 131, de 0,1 Bq/m3 d’air le dimanche 20 mars sur la période 00h à 8h (16h à 0h00 Heure France) à 15,6 Bq/m3 le lundi 21 mars entre 8h et 10h. Les niveaux ont légèrement décru depuis : 8 Bq/m3 entre 14h et 16h (soit 6h-8h HF). Il est cependant peu probable que la baisse soit significative au cours des prochaines heures vu les simulations météorologiques.

Le laboratoire de la CRIIRAD réitère sa mise en garde du 17 mars dernier : les activités en iode radioactif sont sous-évaluées car les analyses portent sur des filtres à poussières qui ne retiennent que les aérosols, pas les gaz. Or les iodes radioactifs (iode 131, 132 et 133) sont principalement présents sous forme gazeuse. Il est assez probable qu’il faille multiplier les activités par 10 pour avoir une meilleure appréciation du niveau de risque.

Précision importante : l’air contient également des gaz rares radioactifs (du krypton 85, du xénon 133 ..) Il faudrait déterminer l’activité du tritium, des isotopes du ruthénium, du tellure, du strontium. Il faudrait également savoir s’il contient des transuraniens, des émetteurs alpha très radiotoxiques comme les plutoniums 238,239 ou 240 ou encore l’américium 241. Déjà demandé par la CRIIRAD il y a une semaine !

POUR RAPPEL : sur la période du mardi 15 mars minuit au mercredi 16 mars 18h (heures locales), soit 42 heures de suivi, les activités étaient les suivantes :

Iode 131 : 14,9 Bq/m3

Iode 132 : 14,5 Bq/m3

Césium 134 : 3,4 Bq/m3

Césium 137 : 3,2 Bq/m3

L’augmentation était maximale le 15 mars, entre 10h et 12h, avec un pic de radioactivité sur les poussières prélevées à 11h :

Iode 131 : 241 Bq/m3

Iode 132 : 281 Bq/m3

Césium 134 : 64 Bq/m3

Césium 137 : 60 Bq/m3 (soit plus de 10 millions de fois le niveau antérieur aux accidents nucléaires)

Pour l’instant, l’activité de l’air à Tokyo reste inférieure à ces valeurs (qui fort heureusement ont rapi- dement décru). Il faut souhaiter que la situation ne se dégrade pas. Rappelons que le risque encouru pas la population doit être évalué en cumulant les expositions dans la durée et l’ensemble des contributions (irradiation externe, inhalation et ingestion).

• LA SITUATION DOIT ETRE SUIVIE EN TEMPS REEL

Il faut suivre la situation heure par heure. Le niveau d’exposition des personnes dépend :

1/ de l’intensité des émissions radioactives qui ne sont pas contrôlées et pour lesquels aucun chiffre n’a été publié depuis 10 jours !

2/ de la direction et de la force des vents qui déterminent les zones affectées par le passage des masses d’air contaminé. L’exposition des personnes dépend alors de la quantité de rayonnements émis par le panache radioactif (mesurée en µSv/h) et de la nature et de l’activité des produits radioactifs présents et donc inhalés par les habitants (activité de chaque radionucléide mesurée en Bq/m3 d’air).

3/ de la survenue des pluies ou de la neige qui intensifient les dépôts au sol. Ceux-ci vont augmenter l’exposition externe : augmentation du rayonnement émis par les particules radioactives et les gaz dissous accumulés au sol et surtout augmentation de la contamination de la chaîne alimentaire (déjà très élevée dans les produits à risque voir ci-dessous).

• LA CONTAMINATION DES ALIMENTS

Cela fait plus d’une semaine que la centrale nucléaire de FUKUSHIMA DAIICHI rejette des produits radioactifs dans l’atmosphère. Les analyses de produits alimentaires révèlent des niveaux de radioactivité extrêmement élevés dans des épinards et dans du lait (chiffres officiels).

Les normes sont largement dépassées et les produits concernés doivent impérativement être retirés du marché. Les informations qui nous parviennent indiquent que des mesures de retrait sont effectivement prises par les autorités japonaises. Il est important de conseiller aux habitants des zones affectées de ne pas consommer les produits à risque (légumes à large feuilles, lait et fromages frais notamment). Si certains de ces produits sont indispensables (lait pour les enfants par exemple), il faut organiser des approvisionnements en aliments non contaminés (selon les zones, l’évacuation est probablement plus appropriée).

Les résultats relatifs aux épinards sont d’autant plus inquiétants que la zone de prélèvement (nord de la préfecture d’IBARAKI) est située entre 80 et 120 km au sud de la centrale nucléaire. Les informations diffusées dimanche matin par la CRIIRAD faisaient état de niveaux de contamination pouvant atteindre 15 000 Bq/kg en iode 131, soit plus de 7 fois la limite de contamination de 2 000 Bq/kg.

Sur des échantillons collectés le 18 mars 2011 à Hitachi (préfecture d’IBARAKI), l’activité de l’iode 131 est de 54 100 Bq/kg soit des niveaux de contamination 27 fois supérieurs à la limite en vigueur au Japon . Les activités mesurées dans ces épinards sont suffisamment élevées pour que l’ingestion de quantités limitées de produits conduise au dépassement de la limite de dose maximum admissible de 1 mSv/an (limite de dose pour la population).

Dans le tableau ci-dessous, nous avons calculé, sur la base des coefficients de dose efficace reconnus au niveau international, l’activité d’iode 131 (en Bq) qui, si elle est ingérée, délivre à l’organisme une dose égale à la limite de dose maximum admissible de 1 mSv/an. Les valeurs sont plus basses pour les enfants, notamment du fait des particularités anatomiques : une même activité ingérée délivre une dose supérieure étant donné que la dose correspond à l’énergie délivrée par unité de volume et que leurs organes sont plus petits. Il suffit qu’un enfant en bas âge ingère 5 000 Bq d’iode radioactif pour qu’il reçoive une dose de 1 mSv ; pour un adulte, la quantité nécessaire est 8 fois supérieure (45 500 Bq).

Tranches d’âges Coefficients de dose en Sv/Bq Activité d’iode 131 ingéré pour 1 mSv Quantité d’épinards à 54 100 Bq/kg pour atteindre 1 mSv

Moins de 1 an 1,80E-07 5.556Bq 0,103Kg

1 à 2 ans 1,80E-07 5.556Bq 0,103Kg

2 à 7 ans 1,00E-07 10.000Bq 0,185Kg

7 à 12 ans 5,20E-08 19.231Bq 0,355Kg

12 à 17 ans 3,40E-08 29.412Bq 0,544Kg

Plus de 17 ans 2,20E-08 45.455Bq 0,840Kg

Si une famille de la circonscription d’IBARAKI consomme des épinards à 54 100 Bq/kg, il suffira qu’un jeune enfant en ingère 103 g, un enfant de 5 ans 185 grammes et un adulte 840 grammes pour atteindre en quelques repas, quelques jours la limite annuelle. Sans compter les doses accumulées du fait de l’inhalation, de l’ingestion d’autres aliments et de l’exposition par la radioactivité des sols contaminés, etc.

CRIIRAD Communiqué du 21 mars – 11 h00

http://www.criirad.org/actualites/d...

24) Hidekatsu Yoshii : « Séisme, tsunami, nucléaire… un triple choc pour le Japon »

Député communiste japonais, en charge du dossier nucléaire au sein du PCJ, Hidekatsu Yoshii estime que l’arrogance du groupe privé Tepco a aggravé l’impréparation face à la catastrophe naturelle.

Quel est, à ce jour, le bilan du séisme et du tsunami  ?

Hidekatsu Yoshii. Au niveau géographique, 20% du territoire national a subi l’impact de la catastrophe. Près de 520 000 personnes ont été évacuées. Le nombre de morts et de disparus est évalué, pour l’heure, à plus de 11 500.

Le gouvernement japonais a-t-il réagi assez vite et de manière appropriée  ?

Hidekatsu Yoshii. La mobilisation des autorités n’est pas du tout à la hauteur des attentes de la population. Ni Tepco, la compagnie d’électricité qui exploite les centrales de Fukushima, ni le gouvernement n’avaient imaginé un scénario si catastrophique. Ils n’étaient pas du tout préparés à une telle situation. Tepco se disait convaincue que ses centrales nucléaires étaient sûres à 100%. Cette multinationale vivait dans le mythe d’une sécurité absolue. Cette arrogance a aggravé l’impréparation face à la catastrophe naturelle.

Comment évaluez-vous la gravité 
de cette catastrophe nucléaire  ? 
La comparaison avec Tchernobyl 
est-elle pertinente  ?

Hidekatsu Yoshii. Après ce séisme de magnitude 9, toutes les installations nucléaires ont cessé de fonctionner. Les réacteurs se sont arrêtés automatiquement. Mais après cela, les problèmes ont commencé, surtout sur le site de Fukushima Daiichi, qui pose aujourd’hui problème. Seuls les réacteurs 1, 2 et 3 étaient en service lorsqu’est survenu le séisme. Les réacteurs 4, 5 et 6 étaient en cours de maintenance. Mais même à l’arrêt, les barres de combustible nucléaire continuent à diffuser de la chaleur. Dans ce cas-là, si l’on ne fait rien, la température monte, avec un danger de fusion du noyau du réacteur. On ne peut pas se passer de système de refroidissement. Or le séisme a dégradé la pompe qui alimente la centrale en eau de refroidissement. Quant au circuit de secours, il a été mis hors d’usage par le tsunami. Le moteur de secours s’est arrêté, stoppant le système secondaire d’injection d’eau de refroidissement. Par conséquent, la barre de combustible, sortie de l’eau, s’est échauffée, faisant monter la pression. La technologie utilisée à Fukushima est très différente de celle de Tchernobyl. Mais laissée en l’état, les barres de combustible en fusion dans le cœur du réacteur peuvent déclencher des conséquences incalculables.

Le séisme et le tsunami peuvent-ils, seuls, expliquer cette catastrophe nucléaire  ? La responsabilité 
de l’exploitant est-elle en cause  ?

Hidekatsu Yoshii. D’un point de vue géographique et géologique, nous avons l’expérience des tremblements de terre. Dès lors, se pose la question de la pertinence de la construction de centrales nucléaires au Japon. Tepco, comme le gouvernement japonais, se disaient convaincus de la supériorité de la technologie utilisée. Ensemble, ils ont entretenu le mythe de la sûreté nucléaire japonaise. Le Parti communiste japonais (PCJ), au contraire, a toujours mis en garde contre la menace de séisme et contre ses possibles conséquences en termes de sûreté nucléaire. Face à cet argument, Tepco et le gouvernement japonais ont toujours fait valoir que des systèmes de secours existaient. Mais sous la pression du tsunami, tous les verrous ont sauté. C’est toute une chaîne de défaillances qui a mené à cet accident nucléaire.

Tepco a un long passé de dissimulation des incidents nucléaires. Cette multinationale 
a-t-elle fait passer le profit avant 
la sécurité  ?

Hidekatsu Yoshii. Tepco n’a réagi que très tardivement au dernier accident nucléaire survenu en 1999 dans un réacteur de Tokai-Mura, sans doute pour protéger certains secrets. Cette culture du secret entourant la filière électronucléaire, cette opacité se sont aggravées depuis le 11 septembre 2001 au nom de la « lutte antiterroriste ». Tepco a tardé à nous délivrer des informations. Lorsque la pression est montée à l’intérieur du réacteur, ce qui nécessitait des rejets de vapeurs radioactives, ils n’ont rien dit et rien fait dans un premier temps, craignant qu’une radioactivité anormale ne soit détectée. C’est la raison pour laquelle ils ont laissé la vapeur s’accumuler dans la centrale jusqu’à un seuil limite. Voilà ce qui a provoqué les explosions. Dès le début, Tepco a tenté de dissimuler les dysfonctionnements des systèmes de refroidissement. Deuxième problème, la compagnie a d’abord hésité à injecter de l’eau de mer pour refroidir le combustible, par crainte de le rendre inutilisable. Toutes les dérives et les silences de Tepco s’expliquent par sa hantise de la rentabilité. À chaque incident, à chaque accident, ils ont menti à la population. Mais cette fois-ci, il n’y a pas d’échappatoire possible. La responsabilité de cette entreprise est directement mise en cause.

À ce stade, quelles peuvent être 
les conséquences sur les populations et sur l’environnement  ?

Hidekatsu Yoshii. Séisme, tsunami, catastrophe nucléaire… des communautés humaines sont aujourd’hui confrontées à un triple choc. Nous avons l’expérience d’Hiroshima et de Nagasaki. Nous connaissons l’impact dramatique des radiations sur les êtres humains, sur la nature, sur l’agriculture. Pour toutes ces raisons, le PCJ prône une sortie progressive du nucléaire, avec un investissement massif dans les énergies renouvelables.

Comment le Japon peut-il se relever d’un tel cataclysme  ? 
De quelle solidarité internationale a-t-il besoin  ?

Hidekatsu Yoshii. Il faudra aider des centaines de milliers de personnes, qui ont tout perdu, à reconstruire leur vie. Déjà, la communauté internationale fait preuve d’une grande solidarité, avec l’envoi d’équipes de sauveteurs et d’équipes médicales. Nous en sommes très reconnaissants. Il nous faudra ensuite reconstruire l’économie japonaise sur de nouvelles bases, avec de nouvelles politiques énergétiques, en mettant sous contrôle ces multinationales qui agissent n’importe comment au nom de la rentabilité maximale.

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui L’Humanité Traduction Kenzo Fukuma

23) Amélioration en trompe-l’œil à Fukushima ce 21 mars 2011

Alors que le premier ministre japonais, Naoto Kan, estimait, lundi 21 mars, que la situation à la centrale nucléaire de Fukushima s’améliorait peu à peu, que l’opérateur Tokyo Electric Power (Tepco) annonçait que les six réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima 1 étaient raccordés au réseau électrique, une fumée commençant à s’échapper du réacteur 3 a douché l’espoir.

Aussitôt, Tepco a annoncé une évacuation partielle du personnel présent dans la centrale nucléaire. Les réacteurs 3 et 4, les plus gravement endommagés par le séisme et le tsunami survenus le 11 mars, avaient été raccordés lundi. Tepco doit encore évaluer les dégâts infligés aux systèmes de refroidissement des réacteurs et à d’autres éléments de la centrale avant de tenter de les relancer.

TEPCO ACCUSÉ D’AVOIR MAQUILLÉ DES RAPPORTS DE CONTRÔLE

Une dizaine de jours avant le séisme et le tsunami qui ont ruiné le nord-est du Japon et abîmé la centrale Fukushima n° 1, Tepco avait remis un document aux autorités dans lequel il reconnaissait avoir faussé les données des registres de contrôle. L’entreprise avait précédemment assuré avoir vérifié une trentaine de pièces qui, en réalité, n’avaient pas été contrôlées. Tepco a avoué notamment qu’une carte d’alimentation d’une valve de contrôle de température de réacteur n’avait pas été inspectée durant onze ans, bien que les techniciens, qui s’étaient contentés d’un contrôle de routine, aient indiqué le contraire. Les contrôles ont été également insuffisants sur d’autres pièces, dont des éléments relatifs au système de refroidissement et au groupe électrogène de secours.

"Le plan de contrôle des installations et la gestion de la maintenance étaient inappropriés", en a conclu l’Agence de sûreté nucléaire, ajoutant que "la qualité des inspections était insuffisante". Avant la catastrophe, le gendarme du secteur avait enjoint à Tepco de corriger sa conduite et de dresser un nouveau plan de maintenance d’ici au 2 juin. L’agence prévoit de lancer des investigations plus poussées une fois la crise passée. Pour avoir déjà maquillé des rapports en 2002, Tepco avait dû stopper temporairement pour inspection ses 17 réacteurs nucléaires à eau bouillante (BWR), dont ceux des centrales de Fukushima. Cette affaire avait forcé le PDG et son bras-droit de l’époque à démissionner.

En 2007, après un séisme dans la région de Niigata, près de la mer du Japon, Tepco avait dû mettre à l’arrêt sa plus grande centrale nucléaire, Kashiwazaki-Kariwa, qui compte sept réacteurs. Il a été reconnu ensuite que les fuites radioactives sur cet immense site avaient été plus importantes que Tepco ne l’avait initialement reconnu. Dans la situation présente, les différends perceptibles entre Tepco et les autorités ne facilitent pas non plus la transparence des informations ni le travail des techniciens, qui prennent des risques sur place pour stopper l’escalade.

21) Radioactivité inquiétante au Japon ce 17 mars 2011

Source : laboratoire japonais sur la radioactivité

Des mesures partielles réalisées par un laboratoire japonais sur la radioactivité à Tokyo donnent des « résultats inquiétants », jusqu’à un million de fois supérieures à la normale.

En moyenne sur 42 heures, l’activité de l’iode 131 s’élève à 14,9 becquerels par mètre cube (Bq/m3), celle de l’iode 132 à 14,5 Bq/m3, celle du césium 134 à 3,4 Bq/m3 et celle du césium 137 à 3,2 Bq/m3, analyse la Commission de Recherche et d’Information indépendantes sur la Radioactivité (Criirad), qui se base sur une série de mesures effectuées mardi et mercredi par le Tokyo Metropolitan Industrial Technology Research Institute.

L’air « contient nécessairement » d’autres particules radioactives, indique la Criirad. « En situation normale, le seul radionucléide que l’on s’attend à mesurer dans l’atmosphère est le césium 137 », en raison d’une contamination résiduelle après la catastrophe de Tchernobyl, mais à un taux environ « un million de fois inférieur », souligne l’association.

Pic de radioactivité mardi

La Criirad, basée à Valence (France), relève également, en suivant l’évolution des concentrations sur ces deux jours, « que le niveau de radioactivité de l’air a très fortement augmenté sur Tokyo le 15 mars, entre 10H00 et 12H00, avec un pic de radioactivité sur les poussières prélevées à 11H00 ». A ce moment, quelques heures après une explosion d’hydrogène dans le bâtiment abritant le réacteur deux de la centrale de Fukushima, l’activité du césium 137 aurait atteint 60 Bq/m3, « soit plus de 10 millions de fois le niveau antérieur aux accidents nucléaires », commente l’association.

Tentatives désespérées pour refroidir les réacteurs

Le Japon lutte par tous les moyens pour tenter de refroidir les réacteurs de la centrale de Fukushima. Pour la première fois, quatre hélicoptères de l’armée japonaise ont déversé ce matin plusieurs tonnes d’eau de mer sur les réacteurs les plus endommagés, principalement le réacteur nº3. Des autopompes de la police ont également tenté d’arroser le réacteur, sans succès. Des camions spéciaux de l’armée ont par la suite pris le relais. L’objectif était notamment de remplir la piscine de combustible usagé qui a été endommagée par une explosion et des incendies. Les autorités n’étaient pas en mesure dans la soirée de déterminer si l’opération avait permis de remplir la piscine, faute de pouvoir l’observer de visu. « Nous étudions avec attention les relevés », a simplement indiqué le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.

Des experts étrangers estiment également que la piscine du réacteur 4 est désormais quasiment asséchée, ce qui a pour effet de provoquer des niveaux « extrêmement élevés » de radiations. La fusion de ce combustible pourrait entraîner des rejets de radioactivité de même ampleur que la catastrophe de Tchernobyl, estiment-ils.

http://www.lesoir.be/actualite/mond...

20) Japon 17 mars 2011 : la lutte pour refroidir les réacteurs se poursuit

A l’aide d’hélicoptères et d’un canon à eau, les autorités japonaises luttaient jeudi par tous les moyens pour tenter de refroidir des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima afin d’éviter une catastrophe nucléaire. Quelque 30’000 litres d’eau ont été déversés.

De nombreux Suisses ont manifesté le désir de quitter le Japon. Ils rentreront dans des avions de ligne au départ de Tokyo ces trois prochains jours. Le Conseil fédéral a recommandé à tous les Suisses de quitter le nord-est du Japon au vu de la situation, qualifiée d’"imprévisible". Actuellement, 1890 Suisses se trouvent au Japon. Jusqu’à jeudi, 1606 d’entre eux ont pu être contactés par l’ambassade, les 105 personnes habitant dans la région de crise incluses.

En Suisse, il devient difficile de se procurer un compteur Geiger pour mesurer la radioactivité : les appareils sont épuisés chez le détaillant en électronique Conrad et les fournisseurs européens ne peuvent pas répondre à la demande.

A Fukushima, quatre hélicoptères de l’armée ont déversé dans la matinée toute cette eau sur les réacteurs 3 et 4. L’objectif était de remplir la piscine de combustible usagé du réacteur 4 qui a été endommagée par deux incendies.

Il restait de l’eau dans cette piscine de stockage de barres de combustible, a fait savoir l’opérateur de la centrale endommagée Tepco. Un incendie s’était déclaré mercredi dans le bâtiment abritant le réacteur. Cette piscine est désormais quasiment asséchée, ce qui a pour effet de provoquer des niveaux "extrêmement élevés" de radiations.

Le groupe nucléaire Areva et la compagnie d’électricité EDF ont affrété un avion transportant du matériel de protection contre la radioactivité et 100 tonnes d’acide borique. Cette substance chimique permet d’empêcher la réaction nucléaire.

La fusion de ce combustible pourrait entraîner des rejets de radioactivité de même ampleur que la catastrophe de Tchernobyl, selon des experts.

Un froid intense et d’importantes chutes de neige ont encore dégradé les conditions de vie et de travail pour les 500’000 sinistrés du séisme et du tsunami.

Des millions de Japonais sont privés d’eau, d’électricité, de chauffage et de nourriture en quantités suffisantes.

Le bilan officiel du séisme et du tsunami s’établissait jeudi à 5178 morts et 8606 disparus.

http://www.romandie.com/infos/ats/d...

19) Une autruche dirige notre pays (par Jean-Luc Mélenchon

Nicolas Sarkozy ne prend pas la mesure de la catastrophe en cours et de ses conséquences. Il passe à côté du sens de l’évènement que représente pour l’humanité toute entière le désastre au Japon.

La France ne peut se croire dispensée de réfléchir et d’agir alors qu’elle compte davantage de centrales nucléaires que le Japon. La sortie du nucléaire et la planification écologique sont dorénavant des figures imposées de l’agenda des sociétés contemporaines.

Jean-Luc Mélenchon

18) Japon : course contre la montre à Fukushima

A l’aide d’hélicoptères et d’un canon à eau, les autorités japonaises luttent jeudi par tous les moyens pour tenter de refroidir des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima afin d’éviter une catastrophe nucléaire.

Ces efforts tiennent en haleine le monde entier et un nombre croissant de pays demandent à leurs ressortissants de s’éloigner de la zone à risques, et même de Tokyo.

L’alimentation électrique de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima pourrait être rétablie partiellement dans l’après-midi, a rapporté l’agence de sûreté nucléaire japonaise, citée par l’agence Kyodo. Au sixième jour après le séisme et le tsunami qui ont provoqué l’arrêt de la centrale et une panne de son système de refroidissement, des hélicoptères ont largué de l’eau sur les réacteurs 3 et 4 pour tenter de prévenir un accident nucléaire majeur.

Le rétablissement de l’électricité pourrait permettre de remettre en route les pompes refroidissant les les réacteurs et de remplir les piscines dans lesquelles sont entreposées des barres de combustible irradiées. Pour la première fois depuis le début de la crise, quatre hélicoptères de l’armée japonaise ont déversé dans la matinée environ 30.000 litres d’eau sur les réacteurs 3 et 4. Les résultats de cette opération n’étaient pas connus à la mi-journée. L’objectif était notamment de remplir la piscine de combustible usagé du réacteur 4 qui a été endommagée par deux incendies.

Cette piscine est désormais quasiment asséchée, ce qui a pour effet de provoquer des niveaux "extrêmement élevés" de radiations, a déclaré mercredi le président de l’Autorité américaine de régulation nucléaire (NRC), Gregory Jaczko. La fusion de ce combustible pourrait entraîner des rejets de radioactivité de même ampleur que la catastrophe de Tchernobyl, selon des experts.

Les ouvriers de l’opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), aidés de pompiers et de policiers, devaient également essayer d’atteindre le réservoir en recourant à un camion citerne équipé d’un canon à eau.

L’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a estimé mercredi que les prochaines 48 heures allaient être cruciales. Le président américain Barack Obama a proposé d’envoyer davantage d’experts nucléaires au Japon.

Un froid intense et d’importantes chutes de neige dans la nuit ont encore dégradé les conditions de vie et de travail pour les 500.000 sinistrés du séisme et du tsunami et les 80.000 secouristes mobilisés dans le nord-est. Des millions de Japonais sont privés d’eau, d’électricité, de chauffage et de nourriture en quantités suffisantes.

Le bilan officiel du séisme et du tsunami s’établissait jeudi à 5.178 morts et 8.606 disparus. Mais dans la seule ville d’Ishinomaki, le nombre de disparus s’élèverait à 10.000, selon un responsable local.

L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo est reparti à la baisse jeudi, perdant 2,09% à la mi-séance. Le yen a atteint pour sa part un nouveau record depuis la Seconde Guerre mondiale face au dollar, des investisseurs spéculant sur l’éventuel rapatriement massif de fonds par les compagnies d’assurance japonaise.

Source : AFP

17) Situation des réacteurs nucléaires au Japon suite au séisme majeur survenu le 11 mars 2011

Point de situation du 16 mars 2011 à 9 heures

Source : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)

Depuis le précédent point d’information du 15 mars 2011 à 22h00 sur la situation de la centrale de Fukushima Daiichi, les informations obtenues par le centre technique de crise de l’IRSN permettent d’établir l’état suivant des installations.

Des doutes subsistent sur l’inventaire des éléments combustibles stockés dans les piscines des réacteurs n°1, 2, 3 ainsi que sur leurs conditions de refroidissement.

La piscine du réacteur N°4 est en ébullition. A défaut d’appoint d’eau, un début de dénoyage des assemblages combustibles interviendra sous quelques jours. L’assèchement de la piscine conduirait à terme à la fusion du combustible présent. Dans un tel cas, les rejets radioactifs correspondants seraient bien supérieurs aux rejets survenus jusqu’à présent. Vers 6h00 (heure locale) le 16 mars 2011 (22h00 heure de Paris le 15 mars 2011), les intervenants n’ont pas pu s’approcher de la piscine compte tenu d’un débit de dose ambiant trop important (de l’ordre 400 mSv/h).

Les températures des piscines des réacteurs n°5 et n°6 augmentent lentement. Sans refroidissement, ces piscines pourraient entrer en ébullition sous quelques jours. Selon des informations à confirmer, des groupes électrogènes diesels supplémentaires seraient mis en place afin d’assurer le refroidissement de ces piscines.

Deux incendies, dont les origines sont inconnues, se sont déclarés sur le réacteur n°4 et auraient été maîtrisés rapidement.

Vers 13h00 heure locale (5h00 heure de Paris), un dégagement de vapeur est visible sur le réacteur n°3. L’origine de ce dégagement n’est pas confirmée par le gouvernement japonais.

Actuellement, le vent souffle du nord-ouest. Météo France prévoit un vent provenant d’avantage de l’ouest pour les deux prochains jours.

La radioactivité ambiante dans les environs de Tokyo reste à des niveaux non significatifs en termes d’impact radiologique.

Peu avant 5h00 heure de Paris, l’exploitant TEPCO a procédé à une évacuation temporaire de son personnel.

La compréhension détaillée actuelle de la situation des réacteurs affectés par le séisme est décrite ci-dessous.

Réacteur n°1

Selon l’exploitant, 70% du cœur du réacteur est endommagé. L’injection d’eau de mer dans la cuve serait maintenue afin d’assurer le refroidissement du cœur qui reste cependant partiellement dénoyé. L’eau contenue dans la cuve se décharge dans l’enceinte de confinement via une soupape.

L’enceinte de confinement est maintenue intègre. Des dépressurisations de l’enceinte de confinement sont réalisées. Chaque ouverture entraîne de nouveaux rejets de produits radioactifs dans l’environnement.

L’IRSN a examiné les scénarios susceptibles de se produire en cas de rupture de la cuve et estime que cela entrainerait très rapidement la rupture de l’enceinte de confinement. Un accroissement des rejets radioactifs, accompagné de phénomènes explosifs (combustion), serait à craindre. L’injection d’eau en cuve doit donc absolument être maintenue.

L’IRSN ne dispose d’aucune information (niveau et température) sur l’état de la piscine de combustible.

Réacteur n°2

Selon l’exploitant, 33% du cœur du réacteur est endommagé. L’injection d’eau de mer dans la cuve est maintenue afin d’assurer le refroidissement du cœur qui reste cependant partiellement dénoyé. L’enceinte de confinement est endommagée. Cela implique des rejets radioactifs non filtrés dans l’environnement.

L’IRSN a examiné les scénarios susceptibles de se produire en cas de rupture de la cuve et estime que cela entraînerait très rapidement la rupture de l’enceinte de confinement. Un accroissement des rejets radioactifs, accompagné de phénomènes explosifs (combustion), serait à craindre. L’injection d’eau en cuve doit donc absolument être maintenue.

L’IRSN ne dispose d’aucune information (niveau et température) sur l’état de la piscine de combustible.

Réacteur n°3

Le cœur du réacteur est partiellement endommagé. Le gouvernement japonais émet des doutes sur l’intégrité de l’enceinte de confinement à la suite d’un dégagement de vapeur actuellement visible. L’origine de ce dégagement de vapeur reste à confirmer.

L’IRSN a examiné les scénarios susceptibles de se produire en cas de rupture de la cuve et estime que cela entraînerait très rapidement la rupture de l’enceinte de confinement. Un accroissement des rejets radioactifs, accompagnés de phénomènes explosifs (combustion), serait à craindre. L’injection d’eau en cuve doit donc absolument être maintenue.

L’IRSN ne dispose d’aucune information (niveau et température) sur l’état de la piscine combustible.

Réacteur n°4

La partie supérieure du bâtiment est endommagée. La piscine est en ébullition (cf. ci-dessus).

Réacteurs n°5 et 6

Les piscines de stockage des combustibles présentent une élévation de température, les assemblages sont à ce stade maintenus sous eau. En cas d’absence de refroidissement, le découvrement des assemblages combustible pourrait survenir dans quelques jours.

Piscine de désactivation commune du site

Cette piscine contiendrait de l’ordre de 6000 assemblages. Bien que ces assemblages aient un temps de refroidissement plus important que ceux stockés dans les piscines de désactivation des réacteurs, ils doivent néanmoins être également refroidis. L’IRSN ne dispose pas d’information sur l’état de cette piscine.

Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)

16) Fuir le débat ne protège pas contre les risques nucléaires (par Martine Billard)

15) Japon : L’intérêt général humain explose à la conscience de l’esprit le plus buté (par Jean-Luc Mélenchon)

14) Accident nucléaire au Japon (15 mars) : Bruxelles parle d’"apocalypse"

Le commissaire européen à l’Energie, Günther Oettinger, a qualifié mardi 15 mars l’accident nucléaire au Japon d’"apocalypse", estimant que les autorités locales avaient pratiquement perdu le contrôle de la situation dans la centrale de Fukushima.

"On parle d’apocalypse et je crois que le mot est particulièrement bien choisi", a-t-il déclaré devant une commission du Parlement européen à Bruxelles.

"Pratiquement, tout est hors de contrôle", a-t-il ajouté. "Je n’exclus pas le pire dans les heures et les jours à venir".

Source : http://www.romandie.com/ats/news/11...

13) Etat des 10 réacteurs de Fukushima ce 15 mars après-midi

Source : Agence Kyodo

Réacteur 1 - Défaillance du refroidissement, fusion partielle du réacteur, laché de vapeur, explosion d’hydrogène, pompage d’eau de mer.

Réacteur 2 - Défaillance du refroidissement, pompage d’eau de mer, exposition totale des barres de combustibles quelques temps, enceinte de confinement endommagée, crainte de fusion.

Réacteur 3 - Défaillance du refroidissement, crainte d’une fusion partielle du réacteur, laché de vapeur, pompage d’eau de mer, explosion d’hydrogène, haut niveau de radiation mesuré aux alentours.

Réacteur 4 - En maintenance pendant le séisme, incendie possiblement causé par une explosion d’hydrogène dans le bassin contenant les barres de combustibles usagés, crainte de baisse du niveau des eaux de refroidissement.

Réacteur 5 - En maintenance pendant le séisme.

Réacteur 6 - En maintenance pendant le séisme.

Fukushima Daini

Réacteur 1 - Défaillance du refroidissement, circuit de refroidissement fermé.

Réacteur 2 - Défaillance du refroidissement, circuit de refroidissement fermé.

Réacteur 3 - Circuit de refroidissement fermé.

Réacteur 4 - Défaillance du refroidi

12) Risque de Tchernobyl à Fukushima

"Nous sommes au-delà du niveau de Three Mile Island (niveau 5) sans atteindre Tchernobyl, on est certainement à un niveau intermédiaire, mais on ne peut pas exclure qu’on arrive au niveau de la catastrophe de Tchernobyl" André-Claude Lacoste, président de l’Autorité française de sûreté nucléaire ce lundi 14 mars 2011

11) 14 mars Japon : explosions en série, le scénario de l’accident nucléaire majeur se répète (par Greenpeace France)

Tokyo Electric Power a annoncé que deux explosions se sont produites sur le réacteur n 3 de Fukushima Daiichi. C’est déjà dans cette centrale qu’un réacteur avait été touché par une explosion samedi.

“Le Japon se trouve dans une situation d’une gravité inédite. Jamais plusieurs réacteurs d’une même centrale n’ont subi de telles avaries. C’est très dur pour un pays, qui a déjà tant de plaies à panser“, déclare Sophia Majnoni, de Greenpeace France. “Les conséquences restent à déterminer, mais elles peuvent être dramatiques. Le réacteur n°3 touché cette nuit fonctionne avec un combustible particulièrement dangereux, le Mox, ce qui donne une ampleur plus importante à cet accident.”

Que signifient ces explosions ?

Sans grande surprise, malheureusement, le scénario de l’accident nucléaire majeur se répète de réacteur en réacteur depuis deux jours. Le refroidissement de plusieurs réacteurs connaît des problèmes, le cœur se met alors à surchauffer, la pression et la température augmentent. L’hydrogène se concentre et provoque des explosions, qui soufflent le bâtiment du réacteur et endommagent très probablement l’enceinte de confinement protégeant le cœur, qui, lui, continue à chauffer.

“Tel que c’est parti, les difficultés de refroidissement prennent de l’ampleur et touchent les réacteurs les uns après les autres, et il est à craindre que la fusion totale du cœur de ces réacteurs ne soit qu’une question de temps“, reprend Sophia Majnoni.

Quelles conséquences ?

Difficile à dire, les autorités communiquant très peu d’informations. Ce qui est sûr, c’est que le Mox est un combustible issu du retraitement des déchets, composé de plutonium, l’un des radiotoxiques les plus puissants qui existent. Pour le Japon, c’est Areva, qui fabrique ce combustible à l’usine de Melox, à Marcoule (vallée du Rhône). Le Mox est ensuite acheminé par bateau au Japon. Une nouvelle traversée se prépare, dans le secret, pour la semaine du 4 avril, au départ de Cherbourg (Manche).

Une situation très inquiétante

Le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima Daiichi n’est toujours pas refroidi. Le bâtiment du réacteur du n°3 vient d’exploser. Le réacteur n°2 se trouve lui aussi en grand danger. À 100 km plus au nord, la région de la centrale d’Onagawa a été placée en état d’urgence. Dans la centrale de Tokaï à environ 100 km au nord de Tokyo, un des réacteurs connait lui aussi des problèmes de refroidissement.

Et la France dans tout ça ? Le gouvernement crie cocorico !

Tout en essayant de minimiser la crise japonaise dans les médias, les ministres français prêchent en faveur du système nucléaire français. Ils nous expliquent que, contrairement aux autres pays, nous aurions une autorité de sûreté compétente et que le plus improbable aurait été pris en compte lors de la construction de nos centrales, etc. Les partisans du nucléaire nous rejouent la carte l’exception française

“Éric Besson, Henri Guaino, Nathalie Kosciusko-Morizet : les membres du gouvernement ont un comportement indigne, ils font le service après-vente d’Areva et laissent entendre que le Japon, réputé pour sa sûreté nucléaire, avait pris des risques là où la France n’en prend pas“, note Sophia Majnoni. “Certes, la situation sismique n’est pas comparable entre ces deux pays, mais la prise de risque est réelle ici aussi. Rappelons qu’en 1999, la centrale du Blayais (Gironde) a frôlé l’accident grave lors de la tempête qui avait secoué tout le pays. Et que la centrale de Saint-Laurent, au bord de la Loire, a déjà subi deux accidents de niveau 4, avec fusion partielle du cœur, en 1969 et 1980. Avec le nucléaire, le risque zéro n’existe pas, rien n’est prévisible ni maîtrisable en cas d’accident !”

Source :

http://presse.greenpeace.fr/energie...

10) L’effroi nucléaire s’ajoute au tsunami (par Attac France)

Le nombre de victimes du séisme et du tsunami qui frappent le Japon n’est pas encore connu : il sera élevé, même si les constructions anti-sismiques et la préparation de la population à de tels événements ont pu limiter certains dégâts et ont empêché la panique. La force de la vague a emporté les constructions humaines : c’est une catastrophe naturelle, amplifiée par la concentration des populations. Malgré l’immensité des pertes et destructions, ces effets-là du tsunami restent à l’échelle de la pensée et de l’action humaines et des moyens à mettre en œuvre pour secourir d’abord et reconstruire ensuite.

Il en est autrement de la catastrophe nucléaire en cours, dont nous ne connaissons encore ni l’intensité ni l’ampleur. Alors que les dangers pour les populations sont déjà attestés, nous en sommes réduits à des spéculations, à des commentaires répétitifs d’experts et de politiques soucieux de ne pas rejouer la scène du nuage bloqué aux frontières, et surtout aux aléas des combustibles nucléaires en fusion et de la météo. Cela tient bien sûr à l’opacité propre à cette activité, du fait des intérêts économiques et stratégiques qui lui sont attachés. C’est pourquoi les seuls résultats actuels de mesures de radioactivité, très alarmants, sont fournis par des experts indépendants. Mais cela tient aussi à l’impuissance à comprendre et maîtriser un processus d’emballement que les techniciens, qui luttent avec l’énergie du désespoir et avec les moyens du bord, ne contrôlent plus.

Cette catastrophe est le fruit de l’arrogance de pouvoirs qui pour des motifs divers – économiques, politiques, scientifiques – ont imposé aux populations des modèles énergétiques qui défient la raison humaine.

Face au désastre que vit le peuple japonais, l’heure est d’abord à l’expression de la solidarité internationale sous toutes ses formes. Mais l’heure est aussi à la colère et à la détermination. Cela suffit ! Assez de ces discours autistes et irresponsables sur le thème « chez nous ça n’arrivera jamais » ! Notre solidarité implique l’élargissement et le renforcement des mouvements citoyens qui demandent un débat public sur les choix énergétiques, la sortie du nucléaire et de ce modèle de développement prédateur. Il faut entamer dès aujourd’hui une réduction radicale des consommations énergétiques et la sortie définitive du nucléaire qui se révèle, une fois de plus, mortellement dangereux.

Attac France, Paris, le 14 mars 2011

2) Japon : L’intérêt général humain explose à la conscience de l’esprit le plus buté (par Jean-Luc Mélenchon)

9) Three Mile Island, Tchernobyl, Fuckushima... Combien de tragédies faudra t il encore avant de sortir du nucléaire ?!

Face à la tragédie qui frappe le Japon, le Parti de Gauche apporte tout son soutien à la population.

Déjà durement touchée par une catastrophe naturelle, elle est maintenant victime d’un deuxième désastre, nucléaire celui là.

Le système de refroidissement du réacteur de Fukushima Daiichi 1, suppposé garantir la sécurité en cas de séisme, est à l’origine de cette nouvelle catastrophe. Suite aux arrêts automatiques enclenchés par le séisme, celui ci ne s’est pas enclenché comme il l’aurait du. Et ce matin, faute de refroidissement, une explosion a provoqué l’effondrement du toit de la centrale. Les plus grands doutes subsistent sur le réacteur lui même, qui serait en fusion.

Au départ du à une catastrophe naturelle, c’est donc bien désormais à un accident et un dysfonctionnement de la centrale auxquels on assiste.

Le périmètre de sécurité de 10 km établi dans un premier temps de la centrale prêterait à sourire, si la situation n’était pas si dramatique pour tout l’archipel. Selon le réseau Sortir du Nucléaire, des fuites de radioactivité très importantes ont lieu depuis des heures. La radioactivité reçue en une heure par une personne se trouvant sur le site égale la dose admise pour une année entière. 11 centrales ont été arrêtées en urgence, 5 réacteurs connaissent des problèmes graves de refroidissement démultipliant le risque d’un accident nucléaire, 45 000 personnes ont été évacuées.

Alors que partout dans le monde, on s’apprête à célébrer le triste anniversaire des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, le Parti de Gauche pose la question : combien de tragédies faudra t il avant de prendre la décision de planifier la sortie du nucléaire au lieu de prévoir son extension au mépris de toute sécurité ?

Corinne Morel Darleux

8) Le Japon tremble encore pour son nucléaire (juillet 2007)

7) 26 avril 1986 : La fusion du cœur d’un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl libère une radioactivité aux conséquences catastrophiques

6) 13 mars 2011 :Le Japon sous la menace nucléaire après le séisme : deux centrales nucléaires en état d’urgence.

15H00

L’état d’urgence est déclaré dans une deuxième centrale nucléaire touchée par le fort séisme qui a frappé le Japon vendredi, et où un niveau élevé de radioactivité a été enregistré, annonce l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Il s’agit de la centrale d’Onagawa.

14H30

L’Agence météorologique japonaise met en garde contre le risque élevé de réplique de magnitude 7 ou plus jusqu’à mercredi matin, évaluant sa probabilité à 70%.

13H30

Selon un communiqué de l’ambassade de France au Japon, deux scénarios sont possibles quant à la situation de la centrale nucléaire de Fukushima.

Le premier : « Une mise sous contrôle des centrales », qui aurait pour conséquence « un risque négligeable [de contamination radioactive, ndlr] pour l’agglomération de Tokyo ». Ce scénario « est actuellement privilégié par les autorités japonaises et par un grand nombre de scientifiques », précise le communiqué.

Le second : « L’explosion d’un réacteur avec dégagement d’un panache radioactif. Ce panache peut être sur Tokyo dans un délai de quelques heures, en fonction du sens et de la vitesse du vent. Le risque est celui d’une contamination. »

L’ambassade de France évoque également la « probabilité d’un nouveau séisme de force 7 localisé dans le nord Kantô », relayant un message de l’Agence météorologique japonaise.

« Cette probabilité est de 70% dans un délai de trois jours et de 50% dans les jours suivants. »

Paris conseille aux Français de s’éloigner de Tokyo.

« Il paraît raisonnable de conseiller à ceux qui n’ont pas une raison particulière de rester sur la région de Tokyo de s’éloigner de la région du Kantô pour quelques jours », en conclut l’ambassade, qui déconseille « fortement à nos ressortissants de se rendre au Japon et nous recommandons fortement de reporter tout voyage prévu. »

L’ambassade indique également avoir pu contacter 116 des 137 ressortissants français présents dans le nord-est du pays, ravagé par le séisme et le tsunami.

Source :

http://humanite.fr/12_03_2011-japon...

5) Japon le 13 mars : angoisse grandissante autour des risques d’explosion de réacteurs nucléaires

Le système de refroidissement de la centrale de Tokai serait en panne, laissant craindre une nouvelle explosion. Plus tôt, l’état d’urgence avait été déclaré pour la centrale d’Onagawa, alors que des doutes subsistait toujours pour le réacteur n°3 de Fukushima.

Le système de refroidissement de la centrale de Tokai s’est arrêté dimanche 13 mars, laissant craindre une nouvelle explosion, d’après l’agence de presse japonaise Kyodo.

Niveaux de radioactivité anormalement élevés à Onagawa

L’état d’urgence avait été déclaré plus tôt dans une autre centrale nucléaire touchée par le fort séisme qui a frappé le Japon vendredi, d’après l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

"Le premier (c’est-à-dire le plus bas) état d’urgence dans la centrale d’Onagawa a été signalé par la Tohoku Electric Power Company", a déclaré l’agence onusienne. Les trois réacteurs du site nucléaire d’Onagawa "sont sous contrôle", d’après les autorités japonaises, a ajouté l’AIEA.

Après le tremblement de terre de vendredi, un incendie s’était déclaré dans la centrale d’Onagawa, dans un bâtiment abritant une turbine. Il avait rapidement été maîtrisé. "L’alerte a été déclarée à la suite de niveaux de radioactivité enregistrés dépassant les niveaux autorisés dans la zone près de la centrale", explique l’AIEA."Les autorités japonaises tentent de déterminer la source des radiations".

Risque d’explosion

Le Japon vit sa plus grave crise depuis la Seconde guerre mondiale, avait estimé plus tôt le Premier ministre Naoto Kan.

Le gouvernement japonais a reconnu qu’une fusion pourrait être en cours dans les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima. Les autorités ont mis en garde contre un nouveau risque d’explosion qui pourrait se produire dans le réacteur 3, en raison de l’accumulation d’hydrogène. Des radiations se seraient échappées de ce même réacteur.

Panne du système de refroidissement

Le porte-parole du gouvernement Yukio Edano a fait savoir que le niveau d’eau pour le refroidissement de ce second réacteur avait baissé. Le combustible aurait par conséquent été exposé, ce qui le ferait fondre, d’après la chaîne japonaise NHK.

"On ne peut pas exclure qu’une explosion puisse se produire", a déclaré le porte-parole du gouvernement Yukio Edano. D’après lui, des travaux sont en cours pour éliminer la vapeur et faire baisser la pression à l’intérieur du caisson. De l’eau y est également injectée, enrichie d’acide borique, pour limiter les réactions chimiques au niveau des barres de combustible. Yukio Edano avait auparavant déclaré que l’opération de pompage de l’eau de mer pour refroidir le réacteur numéro 1 de la même centrale se déroulait selon les prévisions, d’après NHK. Il semblerait que les barres de combustibles soient déjà dans l’eau, toujours selon la chaîne.

"Pas de conséquence sur la santé"

Le Premier ministre japonais Naoto Kan a reconnu dimanche que la situation restait grave. Le gouvernement japonais se veut toutefois rassurant. D’après lui, la situation est contrôlable, à condition de réduire la pression à l’intérieur et d’alimenter en eau pour réduire la température. "La situation n’a pas de conséquence sur la santé", a également déclaré le porte-parole gouvernemental. Les niveau de radioactivité mesurés sur le site sont pourtant repartis à la hausse pendant la nuit de samedi à dimanche.

De "petites quantités" de matières radioactives ont été détectées à l’extérieur du dôme du réacteur numéro 3, à des niveaux similaires enregistrés à proximité du réacteur numéro 1, selon NHK. Elles seraient une conséquence des opérations de baisse de pression.

Une radioactivité de 1 204,2 microsieverts par heure aurait été enregistrée à la centrale de Fukushima, toujours d’après la chaîne qui rapporte les propos du porte-parole gouvernemental. L’opérateur Tepco de la centrale Tokyo Electric Power (Tepco) précise que cette dernière rejette des radiations radioactives.

22 personnes irradiées

22 personnes ont été exposées aux radiations après l’explosion qui s’est produite dans le réacteur 1 de la centrale de Fukushima, rapporte NKH dimanche.

Les autorités sanitaires effectuent des mesures de radioactivité sur les personnes qui vivent près de la centrale de Fukushima, explique encore la chaîne publique japonaise. Une série de problèmes

Une explosion s’était déjà produite samedi dans le réacteur 1 de la centrale, située dans le nord-est du Japon, après le violent séisme qui a frappé le pays vendredi. D’après des experts extérieurs, la déflagration de samedi était "vaisemblablement due à l’hydrogène généré et accumulé lors des opérations de décompression de l’enceinte de confinement".

Samedi, le réacteur avait rencontré une série de problèmes : baisse du niveau d’eau, défaut de refroidissement, montée de température, augmentation anormale de pression.

200.000 personnes évacuées

Plus de 200.000 habitants ont été évacués d’une zone de 20 kilomètres de rayon autour de cette centrale, et d’un périmètre de 10 kilomètres entourant la centrale Fukushima N°2, située à 12 kilomètres de la première.

Dans la ville même de Fukushima, distante de 80 kilomètres des centrales, de nombreux Japonais se précipitent pour acheter des stocks de vivres, tandis que les pompes à essence sont déjà à sec. "Les gens ne sont pas paniqués mais nerveux, la centrale nucléaire fait peur", explique un habitant. "Je vais prier pour que la centrale nucléaire n’explose pas".

Coupures d’électricité

La compagnie d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco), qui dessert la région Est du Japon, va planifier dès lundi des coupures régionales de courant par rotation, en raison de l’arrêt de certaines centrales.Tepco a reçu l’autorisation du gouvernement, afin d’éviter que des régions entières soient soudainement plongées dans le noir.

L’opérateur prévoit de répartir les zones qu’elle dessert en cinq groupes et d’interrompre successivement la fourniture de courant par tranches de 3 heures, entre 10 heure du matin et 18 heure.

Tokai

Source :

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

4) Veillée antinucléaire et de solidarité avec le peuple du Japon ce dimanche 13 mars 2011

Le Parti de gauche soutient l’appel au rassemblement de Sortir du Nucléaire pour demander la sortie du nucléaire et soutenir la population japonaise.

Rendez vous massif ce soir DIMANCHE 13 MARS à 18h30 au Trocadéro (métro Trocadéro - lignes 6 et 9) à Paris

Jean Luc Mélenchon et Martine Billard, co-présidents du Parti de Gauche, seront présents à cette veillée antinucléaire et de solidarité avec le peuple du Japon, avec de nombreux-ses élu-e-s et militant-e-s du PG

CORINNE MOREL DARLEUX

3) Communiqué de presse du réseau Sortir du nucléaire (11 mars 2011)

Source :

http://www.sortirdunucleaire.org/

Il y a actuellement au Japon 2 centrales nucléaires en situation d’urgence et l’usine de retraitement de Rokkasho fonctionne sur des générateurs de secours :

- La centrale de Fukushima n°1 connaît un problème d’ordre mécanique du système de refroidissement du coeur nucléaire (1). Près de 2000 personnes habitant dans les environs, dans un rayon de trois kilomètres, doivent être évacuées (2). Les autorités ont renforcé l’état d’urgence nucléaire, et les médias japonais font état d’une fuite radioactive.

- La centrale d’Onagawa, où le processus de refroidissement du coeur nucléaire ne se déroule pas comme prévu (3)

11 réacteurs nucléaires ont été arrêtés en urgence pendant le séisme. On ignore comment sont actuellement refroidis ces 11 réacteurs arrêtés en urgence, dont il faut absolument refroidir le combustible sous peine d’une fusion nucléaire du coeur.

Plusieurs questions demeurent sans réponse :

- Les réacteurs sont-ils toujours alimentés en électricité par des sources d’énergie extérieures ou bien sont-ils alimentés par des groupes électrogènes ?

- Combien de temps peuvent-ils tenir, sans source électrique externe, pour refroidir les coeurs nucléaires sans risquer la fusion nucléaire ?

- Les 5 centrales nucléaires japonaises de la côte Pacifique ont-elles été inondées par le tsunami ?

Ce séisme dévastateur montre que le nucléaire est un colosse aux pieds d’argile.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que les tremblements de terre n’arrivent pas qu’en extrême-orient. Nous avions révélé en juillet 2007 que les centrales nucléaires françaises n’étaient pas aux normes sismiques et qu’EDF avait falsifié les données sismiques de ses centrales nucléaires pour ne pas supporter des travaux de mise aux normes trop onéreux (4). Cette situation perdure aujourd’hui.

Notons que les autorités ont rejeté mercredi dernier la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace), pourtant située dans une zone qui a connu des secousses sismiques de magnitude importante par le passé (5).

Les centrales nucléaires de bord de mer de la France ne sont pas non plus protégées des tsunamis et tout particulièrement la centrale nucléaire du Blayais qui a connu une inondation dramatique en décembre 1999.

Par ailleurs, le Réseau "Sortir du nucléaire" a rédigé une note sur les dégâts occasionnées par un séisme sur la plus grande centrale nucléaire au monde à Kashiwazaki-Kariwa au Japon en juillet 2007 (6).

Il est plus qu’urgent de sortir du nucléaire.

2) Fukushima 13 mars : "Un accident inédit dans l’histoire du nucléaire"

Source :

http://www.lemonde.fr/planete/artic...

Bruno Comby est ingénieur de l’Ecole polytechnique et ingénieur en génie nucléaire de l’Ecole nationale supérieure de techniques avancées de Paris. Après avoir travaillé notamment pour EDF, il est maintenant expert indépendant, et préside l’Association des écologistes pour le nucléaire.

Depuis le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon le 11 mars, il suit particulièrement les événements touchant les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima, obtenant des informations par des ingénieurs vivant au Japon et travaillant dans l’industrie nucléaire du pays. Il explique quelle est la situation sur place, dimanche 13 mars.

Comment la centrale de Fukushima en est-elle arrivée à cette situation ?

Le site de Fukushima est situé près de la mer, et compte dix réacteurs, répartis entre Fukushima Dai-Ichi (où se trouvent des réacteurs numérotés de 1 à 6, du plus ancien au plus récent) et Fukushima Dai-Ni (numérotés de 1 à 4). Pendant le tremblement de terre, dès les premières secousses, la procédure d’urgence a fonctionné et les réacteurs se sont immédiatement arrêtés, conformément aux procédures d’urgence. Cela exclut les risques de réaction en chaîne incontrôlée ou d’explosions dramatiques de type Tchernobyl.

Mais la situation est réellement exceptionnelle à Fukushima, dans le sens où une série d’événements ont par la suite empêché les systèmes de refroidissement de fonctionner. D’abord, les lignes électriques qui alimentaient de l’extérieur ce système ont été coupées en raison des dégâts provoqués par le séisme. La centrale s’est retrouvée coupée du monde. La procédure prévoyait alors que des groupes électrogènes de secours (plusieurs par réacteurs et fonctionnant au diesel), prennent le relais et assurent le fonctionnement du refroidissement.

Puis, un quart d’heure plus tard, le tsunami est arrivé, et l’eau a sérieusement endommagé ces groupes électrogènes. Résultat, plus aucun système de refroidissement ne fonctionne depuis vendredi, sur les dix réacteurs. C’est inédit dans l’histoire du nucléaire, et c’est là que se trouve le principal risque aujourd’hui.

Qu’est-ce qui explique l’explosion survenue samedi au réacteur n° 1, et les rejets radioactifs observés sur le site ?

Lorsqu’un réacteur n’est plus refroidi, le scénario est implacable : la température monte, jusqu’à un point où les matériaux autour du cœur fondent et libèrent de la matière radioactive. Le point positif, et très important, reste que les enceintes de confinement autour de ces réacteurs, en béton armé et d’une épaisseur d’un mètre, n’ont pas été endommagées, à en croire toutes les informations dont nous disposons.

Toutefois, à l’intérieur des enceintes de confinement de Fukushima, la pression augmente et continue d’augmenter à l’heure où je vous parle, en raison des matériaux et des gaz portés à haute température. Pour éviter que cette pression trop importante ne mette en danger la solidité du confinement, les ingénieurs sur place ont décidé de relâcher une partie des mélanges gazeux se trouvant à l’intérieur. C’est le cas pour six réacteurs actuellement, dont les numéros 1, 2 et 3 à Fukushima Dai-Ichi.

Le problème intervient lorsque les cœurs des réacteurs ont fondu à l’intérieur de ces enceintes : c’est ce qu’il s’est déjà passé au sein des réacteurs numéros 1 et 3 à Dai-Ichi. Dans les gaz relâchés se trouvent alors de l’hydrogène, des iodes radioactifs et du césium 137, des particules radioactives dont la présence a été confirmée samedi à la centrale. L’hydrogène réagissant violemment à l’oxygène, c’est ce dernier qui a provoqué l’explosion des bâtiments à l’extérieur des enceintes de confinement, heureusement sans endommager ces dernières.

Quels sont les risques pour la suite ?

Sans systèmes de refroidissement fonctionnels, il est loin d’être exclu que d’autres cœurs de réacteurs, en plus du n° 1 et du n° 3 de Dai-Ichi, fondent et soient irrémédiablement endommagés. Aux dernières nouvelles, la situation la plus préoccupante concerne le réacteur n° 2. Son cœur n’a pas fondu, mais le niveau d’eau y est beaucoup trop bas, et il semble que l’utilisation d’eau de mer ne suffise pas.

S’il fond, il faudra (comme pour les réacteurs numéros 1 et 3 de Dai-Ichi) relâcher la pression à l’intérieur des enceintes de confinement, alors que la radioactivité y est importante. Ce qui entraînera de nouvelles émissions radioactives dans l’atmosphère autour de la centrale, et de potentielles explosions dues à l’hydrogène. En tout, ce scénario est envisageable pour 6 réacteurs sur 10. Les 4 autres étaient en maintenance et déjà à l’arrêt avant le séisme, leur température ne présente pas de danger aujourd’hui.

Quels sont les dangers de ces rejets radioactifs ?

D’après les mesures effectuées samedi sur la centrale, au niveau du réacteur n° 1, la radioactivité est montée jusqu’à un niveau d’exposition de 1015 micro-sieverts par heure. Il s’agit d’un seuil 10 000 fois plus important que celui de la radioactivité naturelle, mesurable, avec des variations, à tous points de la planète. Par contre, il s’agit d’un niveau inférieur à celui nécessaire pour qu’on observe des effets immédiats sur l’organisme.

Avec 1 015 micro-sieverts par heure, il faudrait que quelqu’un soit exposé plus de cent heures d’affilée pour qu’on voie apparaître, dans le sang, des traces de contamination. Le problème immédiat concerne donc principalement les ingénieurs travaillant sur la centrale pour tenter de maîtriser les événements, et qui sont en présence du césium relâché : il nous manque cependant les mesures exactes, et en provenance de tous les réacteurs, pour dire à quels dangers ils sont exposés.

L’environnement et la population autour de la centrale sont-ils menacés ?

A l’heure actuelle, cet accident à Fukushima n’a pas de conséquences sur la santé publique et environnementale à l’échelle locale. Les autorités ont pris la bonne décision en ordonnant la distribution d’iode et l’évacuation autour de la centrale dans un rayon de 20 kilomètres.

Le césium 137 de Fukushima a certes une durée de vie de trente ans, et on en retrouvera bien quelques traces infimes sur plusieurs milliers de kilomètres de distance, mais de manière extrêmement dispersée, et avec un niveau de radioactivité qui n’influera pas sur les organismes vivants. Mais tout cela peut bien sûr évoluer : il s’agit d’une photographie valable pour la situation actuelle, dont nous ne savons pas quel sera l’aboutissement.

Pouvait-on éviter ces événements ?

Il s’agit d’un accident très grave, et à mon sens plus grave que l’accident de Three Mile Island (île en Pennsylvanie, aux-Etats-Unis, où s’est produit un accident le 28 mars 1979 dans la centrale nucléaire) puisque nous en sommes déjà à deux réacteurs fondus en vingt-quatre heures. Mais Fukushima fait face à une situation complètement inédite, avec un enchaînement de circonstances qui n’était pas prévisible parmi les pires scénarios des ingénieurs, en raison de l’intensité inédite de la catastrophe naturelle.

Et si je qualifie la situation de très grave, c’est bien à l’échelle d’une centrale nucléaire, et non pas à l’échelle humaine : il n’y a pour l’instant, heureusement, aucun cas de contamination radioactive mortelle autour de Fukushima. Pour le Japon, c’est bien sûr un problème très important, mais dont les contours actuels font qu’il reste mineur et avant tout industriel, comparé au nombre de victimes et à l’ampleur des défis que doit affronter le pays avec les dégâts du séisme.

Propos recueillis par Michaël Szadkowski

1) Séisme au Japon (11 et 12 mars) : le toit du réacteur nucléaire de Fukushima s’est effondré (video)

9h25 :

Le toit et les murs du bâtiment du réacteur de Fukushima se sont effondrés, a annoncé la préfecture locale.

Les télévisions nippones conseillent aux riverains de se calfeutrer, dans un périmètre « plus large que les 10 km de zone évacuée ». Les experts et les journalistes de la chaîne conseillent aussi aux personnes à l’extérieur de se protéger les voies respiratoires avec une serviette mouillée et de se couvrir au maximum pour éviter les contacts directs de la peau avec l’air.

9h00 :

Une explosion a été entendue à la centrale nucléaire de Fukushima N°1, dans le nord-est du Japon, et un nuage blanc s’élève au-dessus du site. Plusieurs employés ont été blessés par la déflagration. Cette installation est située à 250 kilomètres au nord de Tokyo.

Video de l’explosion :

http://www.youtube.com/watch?v=fs...


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