15 morts et 611 blessés Place Tahrir au Caire

jeudi 3 février 2011.
 

Cri d’Egypte "Intervenez vite auprès des décideurs de ce monde"

2 février 2011 4 millions de manifestants en Egypte pour une journée décisive

Vive l’extraordinaire détermination des manifestants égyptiens. Sarkozy complice des assassins ! (article, videos)

1) Comment la situation a dégénéré Place Tahrir

13h25.

Armés de bâtons, les pro-Moubarak repoussent avec violence les anti-régime et sont entrés en force place Tahrir qu’ils tentent d’occuper. Il s’agirait, selon les manifestants, de policiers en civil.

13h30.

Selon des images diffusées par la télévision AL-Jazeera, de violents accrochages se produisent entre les deux clans sur la place.

13h40.

Sur les images diffusées en direct on aperçoit des colonnes de fumée, sans pouvoir distinguer s’il s’agit de gaz lacrymogène ou de début d’incendie. L’armée est très discrète.

13h50.

La confusion la plus totale règne sur la place Tahrir. On assiste à des mouvements de foule dans toutes les directions.

14 heures.

Des hommes à dos de cheval ou de chameaux remontent la place, chargeant la foule. Il semblerait qu’il s’agisse de manifestants pro-Moubarak.

...

15h44 : Sur la place Tahrir, les manifestants pro-Moubarak utilisent trois camions de l’armée afin de constituer une barricade pour attaquer les anti-Moubarak. Al-Jazira, cité par le Guardian, rapporte que les véhicules ont été saisis sans aucune résistance à l’armée dont la présence n’est pas du tout évidente.

15h57 : De la fumée au-dessus de la place Tahrir. Des gaz lacrymogènes auraient été tirés près de l ’une des entrées de la place, selon un journaliste de CNN sur place.

16h20 : Baradei appelle l’armée à intervenir. Al-Jazira annonce qu’ElBaredei appelle l’armée à intevenir place Tahrir où des pro Moubarak sont venus en découdre avec les anti-Moubarak.

16h25 : Interdiction de filmer pour I-Télé. L’envoyé spécial d’I-Télé en Egypte explique à l’antenne qu’il a eu interdiction de filmer les manifestations depuis la chambre de son hôtel. Des responsables sont venus lui interdire de filmer au motif que cela exciterait les manifestants pro-Moubarak.

16h29 : L’armée n’intervient toujours pas. Al-Jazira annonce que l’armée n’intervient toujours pas dans les heurts au centre du Caire même si ElBaradei lui a demandé d’intervenir pour éviter un bain de sang.

16h33 : 15 morts parmi les anti-Moubarak, selon l’opposition. « Nous demandons à l’armée de nous défendre. C’est leur travail. Aujourd’hui, quinze personnes ont été tuées place Tharir par des partisans du gouvernement qui utilisaient des balles réelles. Nous sommes pacifiques, nous voulons la démocratie. Rien d’autre », a déclaré à l’instant à la BBC Ibrahim Zadran, l’un des coordinateur du mouvement d’opposition.

16h37 : Il y a des centaines de blessés place Tahrir. D’après plusieurs correspondants sur place, il y a des centaines de blessés place Tahrir, épicentre de la contestation, où des pro et anti-Moubarak s’affrontent.

16h38 : L’Egypte rejette les ingérences étrangères. Le ministère égyptien des Affaires étrangères rejette les appels des Américains et des Européens en faveur d’un engagement immédiat du processus de transition politique en Egypte, dit un communiqué repris mercredi par l’agence Mena. Ces appels « ont pour but d’envenimer la situation intérieure en Egypte », affirme le communiqué. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que le ministère rejetait les appels qui ont été lancés par les Etats-Unis et plusieurs pays européens.

16h42 : Ban Ki-moon « profondément préoccupé ». Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s’est dit mercredi « profondément préoccupé » par la violence en Egypte et a jugé inacceptables les attaques contre des manifestants pacifiques. « Une nouvelle fois, j’appelle toutes les parties à la retenue », a-t-il dit après une rencontre à Londres avec le Premier ministre britannique, David Cameron. « Les attaques contre des manifestants pacifiques sont inacceptables et je les condamne fermement », a-t-il ajouté.

16h43 : Des pro-Moubarak lancent des bloc de pierre sur les manifestants. Les pro-Moubarak préparent des munitions de toutes sortes pour jeter sur les anti-Moubarak, rapporte la BBC. Un défenseur des droits de l’Homme égyptien explique à la chaîne britannique que les pro-Moubarak sont armés de couteaux ou de pistolets.

2) « TIREZ SUR LES MANIFESTANTS ! » demandent les MÉDIAS ISRAÉLIENS

Fouad Ben Eliezer (Parti travailliste) ne comprend pas ce qui est arrivé, et sur toutes les stations de radio il étale son embarras. Qu’est-il arrivé à son ami Hosni Moubarak ? Pourquoi n’a-t-il pas donné l’ordre aux militaires de tirer sur les masses et ainsi de mettre fin aux « émeutes » ?, tels sont ses propres mots. Compte tenu de sa relation amicale avec le dictateur égyptien, Ben Eliezer est devenu ces derniers jours un analyste éminent des affaires égyptiennes, seulement cette fois, il avoue, par une modestie qui lui est peu coutumière, que tout simplement il ne comprend pas : quelques centaine de morts de plus et tout reviendrait à la normale.

La vérité est que non seulement Ben Eliezer n’a aucune vision et ne comprend rien, mais en Israël tous les « analystes des affaires arabes » et « spécialistes sur les questions du Moyen-Orient » - tous des diplômés des services de renseignements militaires israéliens ou du Mossad – sont bien obligés d’admettre leur ignorance. Une fois encore, nous avons été surpris, comme nous sommes surpris à chaque fois : surpris par le franchissement du Canal de Suez en 1973, surpris par la résistance palestino-libanaise en 1982, par la ténacité du Hezbollah en 2006, par la victoire du Hamas aux élections palestiniennes et ainsi de suite.

Dans ses propos, Ben Eliezer est le reflet de la presse israélienne qui, immédiatement, a pris position : tous avec les forces de l’ordre, contre le mouvement populaire même si, comme en Tunisie, cela veut dire le peuple tout entier. Les masses arabes sont toujours l’ennemi, et les régimes, des partenaires. Le fait que ces régimes soient des régimes autoritaires, meurtriers et corrompus n’est pas du tout vu comme un inconvénient, mais comme le témoignage de leur capacité bienvenue à maîtriser leur population. Pour dire simple : alors que les masses arabes ne sont qu’une horde, un troupeau de sauvages surexcités, leurs dirigeants sont les garants de l’ordre même si, parfois, Israël est contraint d’aller leur faire la guerre.

Autre surprise, et cette fois pour les élites politiques et intellectuelles du monde entier, et pas seulement pour Ben Eliezer et nos « commentateurs » : les masses populaires, du Maroc à l’Iraq, de la France à la Bolivie, n’ont pas lu « La Fin de l’Histoire » Fukuyama, et si jamais elles l’ont lu, elles ont refusé de quitter le cadre de l’histoire : quand elles sont piétinées, poussées à la famine ou humiliées – tôt ou tard, elles se soulèvent et chassent les dictateurs corrompus et arrogants. Même si elle est retardée, la révolution finira par éclater. Pour s’en sortir, mais pas obligatoirement pour gagner, il n’est pas inconcevable que Moubarak écoute les conseils de la presse israélienne et du général Ben Eliezer, et qu’il ordonne aux militaires d’écraser le soulèvement dans le sang.

On peut déjà deviner quel sera le thème de la prochaine étape de la presse et de la campagne de propagande de nos journalistes experts : Al Qaïda. Les dictatures de Ben Ali et Moubarak sont justifiées car elles font barrage à l’Islam militant et derrière les manifestations populaires, on ne trouve pas moins que Ben Laden. Zvi Barel (Ha’aretz, 30 janvier) est l’un des rares journalistes à réfuter l’argument que les Frères musulmans seraient au centre du soulèvement égyptien. Il souligne que leur slogan n’est pas « Allah Akhbar » mais, « A bas le dictateur, A bas la corruption ». Ainsi, en Tunisie, le parti islamique Al Nahda n’a pas joué de rôle dans l’insurrection, ne serait-ce que parce qu’il a encore à se remettre de la répression cruelle de Ben Ali et de ses bandes.

Ce ne sont ni Al-Qaïda, ni les Frères musulmans qui sont derrière les masses en colère au Caire, à Rafah ou à Suez, mais trente années de régime autoritaire, d’oppression, de pauvreté. Tant que les journalistes et les politiciens israéliens n’arriveront pas à le comprendre, ils continueront à se faire surprendre à chaque fois que les masses (un mot « archaïque » depuis longtemps sorti de leur dictionnaire) prendront leur destinée entre leurs propres mains.

Michel Warschawski, le 30 janvier 2011.

Traduit de l’hébreu en anglais par AIC :

http://www.alternativenews.org/engl...

Traduit de l’anglais par JPP pour :

http://www.protection-palestine.org...

3) Patrick Le Hyaric : l’Europe doit condamner « sans retenue » les attaques de M. Moubarak contre son peuple

Je condamne avec force les violentes charges portées par les partisans de M. Moubarak et sa police secrète contre les manifestants au Caire. Plusieurs chaînes de télévision internationales ont fait éclater la vérité sur l’existence de policiers en civil encerclant les manifestants. Personne ne peut croire que ceux-ci aient agi sans avoir reçu d’ordre pour le faire. Ainsi, à peine 24 heures après une tentative désespérée de convaincre son peuple de le garder encore quelques mois, il semblerait que M. Moubarak jette ses dernières forces dans un combat contre son peuple en provoquant le chaos et la guerre civile. Ce sont de nouveaux crimes commis contre le peuple égyptien par M. Moubarak et son entourage.

Au moment même où se déroulent ces violences d’État, nous sommes en débat au Parlement européen sur la situation dans la méditerranée en présence de Mme la baronne Ashton. Malheureusement, la ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne n’a pas eu un mot de soutien clair au peuple tunisien et au peuple égyptien. Pas un mot pour condamner les attaques des sbires de M. Moubarak contre les populations égyptiennes qui manifestent chaque jour pacifiquement. Une nouvelle fois, elle s’est contentée d’appeler à « la retenue », mettant dos à dos les oppresseurs et les opprimés.

C’est totalement inacceptable, c’est très en retrait de ce que dit en ce moment même par exemple la diplomatie allemande et le président des États-Unis. La démocratie et la liberté sont des valeurs universelles. Le président égyptien est lâché par son peuple mais aussi par de nombreux pays à travers le monde.

Tout devrait être fait pour protéger le peuple égyptien et lui permettre de s’exprimer librement, de choisir sa voie d’un changement démocratique sans manœuvre extérieure.

4) MOUBARAK ASSASSIN ! DÉGAGE ! (communiqué NPA)

A l’heure où ces lignes sont écrite, de soi-disant manifestants pro-Moubarak, en réalité des milices de son parti, s’adonnent à la violence dans les rues du Caire. Le bilan est lourd, déjà au moins 500 blessés selon le site lemonde.fr.

La révolution arabe se répend comme une trainée de poudre, elle monte en puissance en Egypte. Plusieurs millions d’égyptiens ont manifesté mardi 1er février au Caire et des grandes villes pour crier haut et fort leur ras le bol de la dictature d’Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 30 ans.

Ils doivent être entendu !

Depuis le 25 janvier, malgré une sanglante répression et le couvre-feu, le mur de la peur est tombé et les manifestations n’ont cessé de grossir et des comités de résistance populaire se mettent en place.

Comme en Tunisie, et dans plusieurs pays arabes, revendications sociales et démocratiques se mêlent : liberté d’expression, contre la vie chère, un emploi pour tous.

Les effets de la crise économique conjugués à la dictature sont devenus insupportables.

Le discours de Moubarak, le 1er février au soir, est une manoeuvre pour gagner du temps et préparer la poursuite de son régime.

Le peuple, la jeunesse, les travailleurs égypyiens ont besoin de notre soutien face à la répression et pour faire face aux manoeuvres des grandes puissances qui ont toujours soutenu Moubarak.

Pour le NPA Moubarak doit partir sans attendre la fin de son mandat présidentiel.

Moubarak, pas touche au peuple Egyptien ! Dégage !


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