Education nationale : le mammouth dégraissé n’a plus que les os

lundi 4 octobre 2010.
 

Monsieur le proviseur est très occupé. Outre la gestion de ses 1 350 lycéens généraux, technologique et professionnel, Philippe Vincent joue les chasseurs de tête, pour combler ses manques. Vendredi 24 septembre, à 14 heures, une jeune femme sort de son bureau. Embauchée. C’est sa 6e vacataire recrutée depuis la rentrée. "La voilà professeur d’économie sociale et familiale pour l’année", lance le proviseur du lycée Freyssinet de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).

Il lui reste encore à "essayer de débaucher un salarié en CDI dans une entreprise voisine du bâtiment. C’est un professionnel de la climatisation qui gagne 2 000 euros et est en CDI. Nous lui proposons 1 700 euros pour venir chez nous et un statut de contractuel". Une réponse positive lui ôterait une épine du pied. Depuis la rentrée, ses élèves de bac pro ont dix-huit heures de "trous" à leur emploi du temps hebdomadaire puisque personne n’a été nommé pour assurer leur discipline principale : le génie thermique et climatique.

"Je n’ai pourtant pas pris l’administration au dépourvu. Il s’agissait du remplacement d’un départ en retraite prévu il y a un an et demi", rappelle-t-il. Mais avec les coupes budgétaires les disciplines rares sont mal servies.

Pourtant, M. Vincent a aussi recruté en matières générales. "Mon avant-dernière embauche a été celle d’une vacataire en italien. Les élèves auront une jeune femme qui prépare le Capes", explique-t-il, avant d’ajouter qu’il a aussi, depuis la rentrée, comblé des demi-services. "Dans l’académie de Rennes, il a été décidé que les nouveaux titulaires n’assureraient que neuf heures par semaine."

En tant que responsable SNPDEN - le principal syndicat des proviseurs -, M. Vincent applaudit la décision. Reste que personne n’a été prévu pour les remplacer... "Je me suis donc débrouillé en donnant des heures supplémentaires à des enseignants chevronnés et ai rappelé pour un mois un tout jeune retraité."

Pendant que M. le proviseur jongle, le collège voisin de Louis-de-Chappedelaine, à Plénée-Jugon, innove. Là-bas, ce sont les parents de deux classes de 5e du collège public qui ont retroussé leurs manches pour trouver l’enseignant de français-latin qui faisait défaut. De son côté, le rectorat a lancé un appel à recrutement auprès de Pôle emploi et de l’université. Des ajustements de rentrée qui montrent que le mammouth est à l’os, qui devra fondre encore de 16 000 à la rentrée 2011


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