De l’affaire Woerth à la crise politique

mardi 20 juillet 2010.
 

Cette fois, c’est presque une caricature.

Nous ne sommes évidemment pas dans une situation révolutionnaire, ni même à la veille d’une telle situation, par contre vraiment, « en haut, ils ne peuvent plus gouverner comme auparavant ».

Dans la saga amusante et parfois tragique de la Ve République, jamais on n’avait encore vu tel spectacle : mercredi F. Fillon fait applaudir -mollement- le ministre Eric Woerth victime d’une « campagne de diffamation ». Et le soir à l’Assemblée, J.F. Copé en tête de meute du groupe majoritaire UMP vote contre la principale disposition d’un texte soumis et défendu par Eric Woerth… L’affaire Bettencourt est à la fois un nouvel épisode de la lutte à mort que se livrent Villepin et Sarkozy, c’est aussi un formidable éclairage politique sur les mœurs quotidiennes des hommes du Président. Trafic de Légion d’Honneur (de Maistres). Trafic d’influence (emploi de la femme d’Eric Woerth chez les Bettencourt). Distribution d’enveloppe aux principaux hommes politiques nécessaires aux intérêts de l’OREAL, en-tête desquels Nicolas Sarkozy.

Le président de la République sert d’abord les électeurs de Neuilly. Certes, Neuilly est en France, mais Neuilly n’est pas la France. Le grand capital a besoin, à l’heure de la crise mondiale, d’un président sérieux et compétent, capable de donner à croire qu’il gouverne au nom de l’ intérêt général. Pas d’un homme de show business.

En France, pour des raisons historiques, politiques, sociales, la « berlusconisation des médias » est difficile à mettre en œuvre. L’éviction de deux humoristes de Radio France s’est traduite par une manifestation de plus de 2000 journalistes et auditeurs. La volonté de contrôler le Monde sur le plan capitalistique et journalistique a échoué. Le candidat de l’affairisme soutenu par A. Minc à France Télévisions n’a pu être nommé par Sarkozy. Echec sur échec.

Le pouvoir vacille comme jamais. Nous avions été les seuls dès l’élection de N. Sarkozy à refuser de voir en lui un « homme fort ». Pour nous, le petit Bonaparte est le plus fragile des présidents de la Ve République. Son électorat d’un jour est composite, sa base électorale limitée aux centres villes et aux beaux quartiers. A l’évidence, des secteurs importants de la bourgeoisie ne se reconnaissent plus dans ce bateleur.

Trop c’est trop !

La faillite des sommets, l’étalage de l’argent, l’argent, toujours l’argent, en « liquide », en liasse, nourrit le ressentiment des couches populaires. D’où l’importance de l’affaire des retraites. Dans ces circonstances, le salariat peut utiliser la journée d’action « unie » du 7 Septembre pour se rassembler. D’autant qu’on ne peut exclure que mis en minorité par sa propre majorité, Sarkozy ne soit contraint de lâcher E. Woerth, au bénéfice d’un nouveau gouvernement.

Il est vain de parodier les mots d’ordre d’hier. Reste que ce gouvernement d’exploiteurs, de voleurs, de corrompus, doit disparaître au profit « d’un gouvernement du peuple », un gouvernement des et au service des salariés, donc de l’intérêt général, un gouvernement honnête et bon marché. C’est ce que pensent la plupart des militants révolutionnaires sérieux. Mais cet objectif semble aujourd’hui impossible à atteindre pour le salariat disloqué, à la défensive dans la plupart des secteurs.

Notre -tout petit- rôle c’est d’accompagner la résistance des travailleurs en nourrissant politiquement l’idée d’un mouvement autonome des salariés, auto organisé, pour balayer toute cette pourriture ; c ’est de contribuer à l’ aider à briser le corset du scandaleux « dialogue social » par lequel responsables syndicaux et politiques cherchent à protéger le gouvernement jusqu’ au bout, pour enliser et briser les luttes Ils sont quelques centaines comme madame Bettencourt à dépenser, en cash, chaque année 2 millions d’euros pour frais de bouche, payer le petit personnel parmi lesquels les dirigeants politiques. Des mesures de saisies, d’expropriations, de nationalisations sans indemnités, de tous ces parasites règlerait d’un coup tous les déficits !

La « vieille taupe » continue de creuser. A nous de faire de la politique.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message