Après le camouflet le coup de massue

samedi 27 mars 2010.
 

Une large majorité pour la gauche rassemblée. La Corse passe 
à gauche.
à peine un électeur sur trois soutient Sarkozy. Les Français veulent du changement !

Nicolas Sarkozy, qui était muet depuis le soir du premier tour, espérait sans doute que le coup d’accélérateur d’une campagne de peur du terrorisme et de l’insécurité allait atténuer l’effet de la claque du 14 mars. En ce premier jour du printemps, les Français ont au contraire voulu remettre le couvert. Les résultats non définitifs sonnent comme un terrible réquisitoire. Les listes UPM-NC n’ont recueilli que 33 % des suffrages, contre 55 % pour les listes de gauche. Le Front national, réactivé par la politique du président de la République et sa campagne sur l’identité nationale, avait provoqué douze triangulaires. Au total, il recueille autour de 9 % des suffrages.

Après le premier tour, dynamique à gauche

On mesure l’ampleur de la défaite dès les premiers chiffres annoncés. EN Île-de-France, la région capitale, la liste PS-Europe Écologie-Front de gauche obtient plus de 57 % des voix, Valérie Pécresse mord la poussière, or elle est ministre de l’Enseignement supérieure et incarne ainsi le sarkozysme. Le président de la République avait averti  : « Élections locales, conséquences locales. » Autodéfense qui prête à sourire, car les Français avaient en tête l’avenir des retraites et le chômage quand ils ont déposé leur bulletin dans l’urne. Et, selon l’institut BVA, ils ne se font pas de grandes illusions, à 55 %, sur la volonté du chef de l’État d’entendre le message des urnes. Aussi était-il nécessaire de brandir à nouveau le carton rouge. Cette gifle magistrale survient dans un climat de morosité, d’inquiétude et d’incompréhension qui s’est confusément traduit par un taux d’abstention record, à peine amélioré par rapport à dimanche dernier.

L’entre-deux-tours ne fut guère plus incitatif pour redonner de l’éclat au débat politique que les trois mois précédents. Après le premier tour, la dynamique se trouvait du côté de la gauche dont les principales composantes disposaient d’une confortable avance (PS  : 29 %, Europe Écologie  : 12 % et Front de gauche  : 6 %). Des accords ont permis de fusionner les listes de la gauche rassemblée dans la plupart des régions, à la notable exception du Limousin et de la Picardie, où le PS a joué la désunion et en Bretagne, où socialistes et écologistes ne sont pas parvenus à s’accorder. Dans l’île de La Réunion, la liste socialiste s’est maintenue contre Paul Vergès, président sortant (PCR), facilitant puissamment la tâche de l’UMP, ce qui a entraîné la perte, pour la gauche, de ce département d’outre-mer. Dans le Limousin, où la liste du Front de gauche avait obtenu plus de 10 % au premier tour, il semble que les électeurs aient soutenu sa démarche unitaire et lui aient accordé plus de 19 % des voix.

Le Front national, qui a été réactivé par la relance de thèmes xénophobes par l’Élysée et par la campagne de divisions sur le thème de l’identité nationale, n’aura guère servi les intérêts électoraux de Nicolas Sarkozy mais la remontée des Le Pen, père et fille. Présents dans douze triangulaires, les listes d’extrême droite étaient créditées en début de soirée de 9 %. Mais le président du FN dépassait les 24 % en Paca, alors que sa fille Marine obtenait autour de 22 % dans le Nord - Pas-de-Calais.

La gauche sort renforcée des élections. On ne connaissait pas, hier, à l’heure du bouclage, l’issue du scrutin en Alsace. Symbole de la victoire des listes de gauche, la Corse tourne le dos à la droite et un communiste, Dominique Bucchini, devrait au terme des accords devenir le président de l’Assemblée territoriale alors que le radical de gauche, Paul Giacobbi, dirigera l’exécutif. Le besoin d’unité et de riposte a contribué au succès des listes de la gauche rassemblée. Le Front de gauche a contribué à donner de la combativité à une campagne atone. Une nouvelle étape s’ouvre aujourd’hui.

Jean-Paul Piérot


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