Bonjour Monsieur.
* Vous terminez votre message par l’appel suivant "Mr le modérateur ... soyez démocrate et passez cet article au lieu de jouer la carte de l’islamisme qui vous dévore l’Europe en ce moment..."
En tant que modérateur du site, je choisis de "passer votre article". Mon but n’est évidemment pas de contribuer à diffuser votre sionisme raciste anti-arabe mais d’en constater le fondement totalement erroné d’un point de vue rationnel.
De plus, je fais confiance aux juifs attachés aux valeurs humaines pour porter le combat démocratique, y compris en Israël. Peut-être, vous-même un jour comprendrez que la guerre et le mépris d’un autre peuple ne mènent nulle part sauf aux pires horreurs.
3a) Votre message est très méprisant à l’encontre des "Arabes" :
* très méprisant à l’encontre des Arabes des premiers siècles musulmans que vous traitez de "bandes d’orientaux fanatiques et arriérés"
* très méprisant à l’encontre des Arabes actuels, "bande d’arabes islamistes", naturellement organisés dans des "Etats arabes qui sont tous des dictatures sanguinaires et dynastiques."
Monsieur,
Vous êtes probablement aveuglé par une haine dont je ne connais la cause mais qui vous fait passer à côté de la réalité.
le monde arabe a connu des civilisations intéressantes dès l’Antiquité
la civilisation musulmane du 8ème au 11ème siècle n’est pas, pour l’essentiel, animée par des "orientaux fanatiques et arriérés". En matière d’organisation politique et administrative, d’architecture, de vie littéraire et scientifique, de philosophie, de médecine, d’institutions judiciaires... elle est bien plus avancée que l’Europe chrétienne. Elle assure une transition entre l’Antiquité et la Renaissance.
Averroès, philosophe musulman, géant de la pensée
Dans les années 1950 et 1960, le monde arabe ne correspondait pas à vos caractérisations globalisantes "bande d’arabes islamistes" et "dictatures sanguinaires et dynastiques". J’ai connu au début des années 1970, des courants progressistes arabes et des leaders progressistes arabes. Dans un contexte mondial régressif, ils ont été cassés par les forces religieuses traditionalistes et autoritaires, par la bourgeoisie comprador, par les Etats Unis et Israël.
votre propos sur les Arabes naturellement portés vers la dictature vient de recevoir un démenti net au travers des mouvements et révolutions de 2011. Or, qui a le plus défendu les dictateurs, non les peuples arabes mais Israël.
J’ajoute un point pour éviter tout malentendu. Je distingue la population des pays "arabes" et les croyants musulmans du fascisme islamiste, forme particulière du fascisme religieux également présent en Israël :
Le fascisme clérical (cléricalo-fascisme)
3b) Votre message m’a interrogé. Qui êtes-vous ?
Probablement natif d’Afrique du Nord au vu de votre signature électronique Amazir ("berbère libre"), au vu de votre adresse mail Siffax (roi numide de l’Antiquité), au vu de nombreuses références de votre message.
De religion juive, ça c’est clair.
Peut-être habitant Israël au vu par exemple de l’heure où le message a été posté (5 heures du matin).
A coup sûr, votre message est imprégné par l’idéologie du choc des civilisations. Dès la première phrase, vous dites comprendre les reproches adressés par M. Chitour à Israël parce qu’en tant qu’Algérien il est frère arabe des Palestiniens.
Personnellement, je ne suis ni Algérien, ni Israélien, ni Amazigh. Je me considère d’abord comme un progressiste attaché à la liberté, l’égalité et la fraternité de tous les humains, un militant socialiste internationaliste.
C’est à ce titre que sur ce site j’essaie de contribuer à informer sur la civilisation juive et les persécutions subies par les juifs dans l’histoire.
Histoire du peuple juif. Point de vue d’un historien israélien
31 mars 1492 : L’expulsion des juifs d’Espagne au nom de la pureté du sang
De l’antisémitisme aux causes de la Shoah (modestes remarques)
De l’antisémitisme chrétien à la shoah ?
La Résistance juive face au fascisme (2 articles)
19 avril 1943, début de la révolte du ghetto de Varsovie (par Maurice Rajsfus)
C’est à ce titre que sur ce site j’essaie de contribuer à informer sur la persécution des Amazigh et sur leurs droits culturels
Algérie : 4e colloque sur la Kahina, reine berbère
Charte d’Agadir Relative aux Droits Linguistiques et Culturels
Multiculturalisme et démocratie dans le monde musulman (Interview avec Moha Ennaji)
Lybie et Afrique du Nord : Pour une ère nouvelle (par Congrès mondial amazigh)
Libye : persécution des Amazighs
C’est à ce titre que j’essaie de contribuer à informer sur la persécution des Palestiniens et le sociocide en cours perpétré par Israël
Palestine Israel : Deux législatives en 2006 pour une guerre et un sociocide ? Que faire ?
Des personnalités israéliennes contre le sociocide du peuple palestinien : "l’appel dOlga"
3c) Vous dites que les arguments de M. Chitour ne sont pas crédibles
Si tel était le cas, vous apporteriez les preuves de cela sur quelques-uns des nombreux arguments qu’il avance. Or, vous n’en réfutez aucun :
ni sur l’origine du sionisme
ni sur le lien historique extrêmement faible entre Hébreux de l’Antiquité et Juifs d’aujourd’hui
ni sur la longue citation de l’historien israélien Schlomo Sand qui constitue le coeur de l’article
ni sur le racisme d’Israël aujourd’hui
ni sur la négation des droits des Palestiniens par Israël depuis sa création
ni sur l’orientation communautariste nationaliste fascisante de Benyamin Netanyahou
Surtout vous ne répondez pas à la question d’actualité posée par son article :
le projet de loi israélien du 27 mai 2009 punissant d’un maximum d’un an de prison la négation du droit d’Israël à exister en tant qu’Etat exclusivement juif est-il acceptable par la communauté internationale ?
Peut-on accepter de considérer la terre de Palestine comme naturellement et définitivement juive par choix divin de Yahwe alors que les Palestiniens habitant le lieu ont des ancêtres ancrés localement depuis des millénaires (et en grosse partie descendant des Hébreux et peuples voisins). De ce point de vue, l’Iran et Israël ont de nombreuses ressemblances. Je vous signale que je ne considère pas non plus le Maroc, l’Algérie et la Tunisie comme naturellement et définitivement musulmans. La séparation entre Etat et religion me paraît être un fondement essentiel pour un Etat démocratique.
3d) Qui est progressiste ?
De toute évidence, vous vous considérez progressiste et démocrate alors que les "Arabes" seraient conservateurs et attachés à la dictature.
Avez-vous conscience qu’en ne combattant pas le projet d’Etat juif sur les terres de Palestine, c’est vous qui défendez un communautarisme tribal religieux comme on n’en voit guère sur la planète (Arabie saoudite...) ?
Un Etat juif où seuls les juifs pourraient bénéficier du statut de citoyen et des avantages afférents est totalement contradictoire :
avec l’acquis progressiste de la laïcité
avec l’acquis progressiste du droit du sol comme fondement de la nationalité et de la citoyenneté
avec l’acquis progressiste de l’universalisme
avec tout l’acquis républicain et démocratique
Un Etat juif où seuls les juifs pourraient bénéficier du statut de citoyen et des avantages afférents représente un seuil
vers l’éradication des Palestiniens pourtant nés en Palestine devenue Israël pour une bonne part
vers la négation des Accords de l’ONU en 1947, vers la négation des Accords d’Oslo et de Camp David, vers la négation de tout Etat palestinien sur la Cisjordanie et Gaza (frontières de 1967) avec Jérusalem Est comme capitale.
vers un Etat d’apartheid que les progressistes, l’ONU et un jour les milliards d’humains n’accepteront pas pour des raisons morales et politiques
Dans ces conditions, ne vous trompez pas, Marwan Barghouti est bien plus progressiste que vous, que Nétanyahou, que Lieberman...
3e) Choc des civilisations ou universalisme démocratique, social et laîque
Je suis moralement heurté par votre conception du monde fondée sur le choc des civilisations et le rattachement inéluctable de chacun à une identité tribale de naissance. Ainsi, pour vous, le professeur Chitour serait logiquement opposé à Israël parce qu’il est Algérien, donc Arabe.
Je ne suis pas un bon connaisseur des textes religieux ; ceci dit, vous occultez complètement la dimension universaliste comme composante de la multiple tradition juive, dimension universaliste qui explique en partie le caractère très longtemps progressiste du milieu juif par rapport aux sociétés dans lequel il vivait.
« Ouvrez les portes pour que puisse entrer un peuple juste, gardien de la loyauté. » (Isaïe, XXVI, 2)
La Torah fut donnée dans un endroit sans attaches. Car si la Torah avait été donnée dans le Pays d’Israël, les Israélites auraient pu dire aux nations du monde : « Vous n’y avez pas part. » Mais puisqu’elle a été donnée dans le désert, publiquement et au grand jour, dans un lieu ouvert à tous, quiconque souhaitait l’accepter pouvait se présenter ( la Mikhilta de R. Yishmael) .
Les juifs ont considérablement souffert du communautarisme national et religieux. Il serait très dommageable pour la judéité comme pour l’ensemble de l’humanité que cela débouche seulement sur un repli communautariste national et religieux faisant de la défense des gouvernants d’Israël le seul paradigme du bien et du mal.
Ma grand-mère paternelle me parlait beaucoup d’une juive hongroise âgée qui était venue se réfugier pendant la Seconde guerre mondiale au second étage dans la maison dont nous étions également locataires. Croyez-vous que c’était par solidarité communautariste nationale ou religieuse ? Non, seulement par un élan de fraternité, d’entraide, de complicité aussi entre humains par delà les identités de naissance.
3f) Non, notre site ne "joue pas la carte de l’islamisme"
De nombreux articles peuvent en témoigner :
Fatwa à mourir de rire : de Mickey condamné à mort à la têtée entre collègues
L’islamisme contre les femmes partout dans le monde
Je voudrais conclure en vous signalant que vous vivez dans un monde irréel en affirmant que " l’islamisme dévore l’Europe en ce moment...". Je considère l’islamisme comme un fascisme religieux au même titre que bien des rabbins israéliens, au même titre que plusieurs régimes de la constellation fasciste des années 1925 à 1945. Les djihadistes représentent évidemment aujourd’hui un danger à éradiquer mais amalgamer tous les Algériens, Marocains, Tunisiens, Lybiens, Egyptiens, Palestiniens... à leur délire et à leur barbarie correspond à leur projet et ne fait que les renforcer.
Jacques Serieys
par Amazir
bonjour Mr.Chitour, je vois bien que vous vous occupiez bien des causes des autres,puisque c’est le cas avec celle des palestiniens qui sont à des milliers de kilomètres de votre pays(l’Algérie),bon je vous comprend en même temps ce sont vos frères arabes. Vous réfutez la judaïté ,bien qu’évidente de l’État d’Israël,et même de l’existence de peuple juif ! vous confondez la race et la religion,être juifs n’est pas une race,la preuve vivante l’humoriste franco-kabyle,Mr Dany boon(david Hamidou) s’était converti dernièrement au judaïsme,et tout le monde sait que il ya eu beaucoup de conversion parmis les juifs de la diaspora ,,ce qui est naturel vous voulez qu un peuple soit pure à 100% après des siècles d’errance... !!!?mais ce qui sont convertis croit à L’Éternel à Yahwe...ont partis de la religion juive,et c’est vrai que dans le judaïsme moderne les condition de conversion sont très stricte,mais celà ne fait pas d’Israël un État criminel,voyez surtout les 22 États "Arabes" qui sont tous des dictatures sanguinaires et dynastiques.
En outre,puisque on parle de légitimité,vos arguments ne peuvent pas êtres crédibles,bref vous ne pouvez pas être crédible :L’Algérie(dont vous êtes citoyen),le Maroc et la Tunisie, préfabrications françaises qui sont dans leurs constitutions actuelles définis comme étants des pays Arabes et musulmans ce qui est un mensonge historique(tout le monde le sait même vos pseudos frères égyptiens vous le rappel curieusement ),c’est une confiscation des terres Amzigh(berbères),par une bande d’orientaux fanatiques et arriérés, au détriment des vrais africains de nord les Amazighs,justement puisque vous parlez de la Dyhia allons-s-y.. des arabes venus de la péninsule arabique en 647 pour envahir l’Afrique de nord et l’islamiser avec le sabre,ça fait 14 siècle,pas plus loins que les 2000 ans de peuple juif,,,donc votre légitimité est revoir, cher Monsieur ,,,l’apartheid et le racisme institutionnalisés des états actuels de l’Afrique de nord cela ne vous émeut pas,et ne peut pas être parmis vos préoccupations,,remarque ce ne sont pas vos frères. les amazigh d’Algérie par exemple les Kabyles,qui sont d’environs 7 millions aujourd’hui,parlant le kabyle, qui sont chez eux depuis l’antiquité,,,qui étaient décisif dans la libération de ce pays de colonialisme français,les français le savent,et qu est ce qu ils ont récolé :le pays de leurs pères qu ils ont libéré de colonialisme leur a été confisqué par une bande d’arabes islamistes qui ont remplacés la France,un nouveau colonialisme s’installe celui des arabes ;une dictature arabo-islamique,vous savez bien que 7 millions de kabyles et quelques autre millions d’autre berbère en Algérie(autochtones de cette terre) n’ont pas le droit d’enseigner leur langue,ni de vivre leur culture librement...on reconnait leurs existence avec un articles 2-bis timidement après des morts et des tortures..,la répression économique ,politique,l’assassinat(130 jeunes kabyles mitraillé par les gendarme de la république couscoussière Algérienne en 2001,plus 5000 blessé et )....la liste des crimes qui continuent à ce jours est longues comme l’histoire de cette région... le génocide des peuples amazighs autochtones en Afrique de nord continue à ce jours par les politiques criminelles des États illégitime en place.
Alors ,avant de discuter la légitimité des juifs en Israël(qui est je vous rappel la seul démocratie moderne au moyens orients),et de vous donner une image de justicier,parlons déjà de la votre en Algérie et en Afrique de nord,êtes vous légitimes sur la terre nord Africaines en tant que Arabes et musulmans.Cette terre est celle de Cyprien ,Tertullien d’Augustin de Khaldun..d’Abane...avant d’être celle d’Ali Belhaj et ses sbires et des Bouteflik-istes corrompues et ignrads comme vous... Alors moi je vous dis vous n’êtes pas légitime,et vous n’êtes pas qualifié pour juger le peuple juif ,ni Israël. les problèmes de Palestine ne me concerne partout simplement.
Ps : pour Mr le modérateur de parti de gauche soyez démocrate et passez cette article au lieu de jouer la carte de l’islamisme qui vous dévore l’Europe en ce moment...
par le Pr Chems Eddine CHITOUR Ecole Polytechnique Alger
Ce 27 mai 2009, un projet de loi est passé à la Knesset (parlement israélien) prévoyant jusqu’à un an de prison à l’encontre de quiconque nierait l’existence d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique. Je suis persuadé que telle est la logique du sionisme et de l’Etat d’Israël depuis 1947. Or, cette logique implique un processus de négation des Palestiniens présents sur cette terre et même inéluctablement au moins un risque de sociocide, sinon de génocide (Gaza et une partie de la Cisjordanie). Cette analyse est cohérente, incontournable, évidente vu la politique suivie par l’Etat d’Israël. Dans ces conditions, je trouve les réactions internationales au vote de la Knesset extrêmement faibles. Ayant seulement trouvé sur le web ce texte d’un enseignant algérien, je choisi de le mettre en ligne sur notre site même si je n’aurais pas développé le sujet de la même manière (Jacques Serieys).
Le 15 février 1896 apparaît dans la vitrine d’une librairie de Vienne un ouvrage mystérieux :, « L’Etat juif » d’un journaliste autrichien Theodore Herzl, le théoricien du sionisme codifié au Congrès de Bâle. Révolté par les manifestations de l’antisémitisme français- affaire Dreyfus-, Herzl estime absolument nécessaire la constitution d’un « abri permanent pour le peuple juif », thèse qu’il reprend dans son livre L’État des Juifs. Il y expose les trois principes fondamentaux du sionisme : l’existence d’un peuple juif ; l’impossibilité de son assimilation par d’autres peuples ; d’où la nécessité de créer un État particulier, qui prenne en charge le destin de ce peuple. A ces trois fondements du sionisme, le Congrès de Bâle de 1897 ajoute un quatrième : le droit des Juifs à s’installer en terre d’Israël, donc dans la région palestinienne de l’Empire ottoman. De là débute le sionisme et du même coup le malheur des Palestiniens.
Voilà donc pourquoi Benjamin Nethanyahou - qui se revendique du sionisme pur et dur- remet au gout du jour la nécessité de faire reconnaitre Israël comme un Etat juif. Le 27 mai 2009, un projet de loi punissant d’un maximum d’un an de prison la négation du droit d’Israël à exister en tant qu’Etat juif, a franchi une première étape à la Knesset. Ce texte interdisant la publication de tout « appel à nier l’existence d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique, lorsque le contenu d’une telle publication pourrait avoir comme conséquence de provoquer un acte de haine, de mépris ou de déloyauté » envers Israël doit encore être soumis à d’autres votes du Parlement et être revu par une commission avant d’être adopté définitivement. On l’aura compris, c’est la première phase d’une deuxième Nakaba, puisque les Arabes israéliens n’auront pas vocation à rester dans un Etat juif.
Qu’est-ce qu’au juste un Juif ? Pour le philosophe Armand Abécassis, le judaïsme est confronté aujourd’hui à une grave crise d’identité ! Le sionisme politique n’est pas synonyme d’Israël : Herzl, son fondateur, avait d’abord accepté l’idée d’installer les juifs en Ouganda ! Le sionisme religieux, c’est d’abord la volonté d’installer le monde juif, sa mémoire, sa culture, sa religion sur son territoire d’origine. (...) Israël doit rester laïc. Le prêtre au temple, le roi au palais. Mais ce n’est pas le judaïsme qui gagne en Israël, c’est un certain esprit religieux, recroquevillé sur lui-même par peur de la modernité.(1) Alain Gresh et Dominique Vidal donnent différents sens au mot juif : nom (ou adjectif) dont la seule définition fait l’objet, depuis longtemps, de débats très complexes, tant sont nombreuses et souvent contradictoires les conceptions de la « judéité ». À la question : « Qu’est-ce qu’un Juif ? » les réponses sont en effet diverses. De longues polémiques se sont naturellement développées sur ce thème, en Israël. La Loi du retour, adoptée dès 1950, stipule que chaque Juif a le droit de venir en Israël. Ce droit a été complété par la loi sur la nationalité, votée en 1952, qui accorde automatiquement la nationalité israélienne à tout immigrant profitant de la loi du retour, donc juif. Mais qui considère-t-on comme tel ?
Dans la Palestine antique, un groupe juif de type national s’était formé. Mais l’effondrement des royaumes juifs sous les coups successifs des Assyriens et des Babyloniens, la colonisation romaine, et surtout l’écrasement de la révolte de Bar Kokhba, en 135 ap. J.-C., le dispersèrent. Tandis qu’un petit noyau demeurait en Terre sainte, le gros des populations juives s’éparpillaient tout autour de la Méditerranée, souvent en s’assimilant à leurs pays d’accueil. D’autres, profondément imprégnés de leur identité, parvinrent même à convertir, parfois massivement, leurs hôtes.:l’État juif d’Arabie du Sud, au VIe siècle, ou bien encore l’État juif des Khazars en Russie du Sud-Ouest, au VIIIe siècle, se constituèrent par le ralliement des souverains et de leurs sujets. Arthur Koestler, dans La Treizième tribu, affirme ainsi que la plupart des Juifs d’Europe centrale descendent des Khazars, donc de Turco-Mongols convertis puis dispersés en terre slave...Il en alla de même en Afrique du Nord, en Espagne, en Gaule, en Germanie, en Asie, etc.
Les Juifs d’aujourd’hui n’ont donc, vraisemblablement, aucune filiation avec les Hébreux C’est dire, du même coup, combien l’appel au concept de race relève à la fois de l’ignoble et de l’absurde. La vieille anecdote du Juif français parti en Chine pour y retrouver ses frères répond, sur le mode de l’humour, à cette pseudo-théorie. Arrivé enfin à Shanghai, notre homme, dans une ruelle obscure, découvre la synagogue, et y pénètre. Les Juifs chinois, qui y prient, d’abord étonnés, se font peu à peu menaçants. Alors il leur crie : Mais je suis juif, comme vous. Et eux, lui montrant leurs yeux bridés, de rétorquer : Mais tu n’as pas le type ! Une simple visite en Israël convaincra d’ailleurs le plus dubitatif des lecteurs de l’extraordinaire diversité des types « juifs, aussi vaste que celle des peuples des quelque cent cinquante pays dont sont issus les Israéliens... »
Le concept même de « peuple juif » est, à cet égard, pour le moins discutable. À défaut d’une réalité ethnique et sachant que l’angle religieux s’avère restrictif, sur quels éléments s’appuierait-il ? (...) Et l’on connaît cette lettre dans laquelle Léon Blum, en 1950, s’associe à l’« effort admirable » d’Israël qui assure désormais une patrie digne de tous les Juifs qui n’ont pas eu comme moi la bonne fortune de la trouver dans leur pays natal. Même assimilés, les Juifs, pourtant, existent. Soit qu’ils soient désignés comme tels : C’est l’antisémite qui crée le Juif, affirmait Jean-Paul Sartre.(2)
L’historien israélien Schomo Sand, professeur à l’université de Tel-Aviv, auteur d’un ouvrage courageux « Comment le peuple juif fut inventé écrit : « Les Juifs forment-ils un peuple ? Contrairement à une idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David ». Shlomo Sand ne remet pas pour autant en cause la légitimité de l’existence et de la souveraineté de l’Etat d’Israël ; cependant celui-ci se discrédite, soutient-il, par son caractère exclusivement ethnique, engendré par le « racisme » des idéologues sionistes. « Tout Israélien, écrit-il, sait, sans l’ombre d’un doute, que le peuple juif existe depuis qu’il a reçu la Torah dans le Sinaï, et qu’il en est le descendant direct et exclusif (...) D’où vient cette interprétation de l’histoire juive ? Elle est l’oeuvre, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, de talentueux reconstructeurs du passé, dont l’imagination fertile a inventé, sur la base de morceaux de mémoire religieuse, juive et chrétienne, un enchaînement généalogique continu pour le peuple juif. Les historiens sionistes n’ont cessé, depuis, de réitérer ces « vérités bibliques », devenues nourriture quotidienne de l’éducation nationale. Mais voilà qu’au cours des années 1980, la terre tremble, ébranlant ces mythes fondateurs. Les découvertes de la « nouvelle archéologie » contredisent la possibilité d’un grand exode au XIIIe siècle avant notre ère. (...) A défaut d’un exil depuis la Palestine romanisée, d’où viennent les nombreux Juifs qui peuplent le pourtour de la Méditerranée dès l’Antiquité ? De la révolte des Maccabées, au IIe siècle avant notre ère, à la révolte de Bar-Kokhba, au IIe siècle après J.-C, le judaïsme fut la première religion prosélyte. Les Asmonéens avaient déjà converti de force les Iduméens du sud de la Judée et les Ituréens de Galilée, annexés au « peuple d’Israël ». Partant de ce royaume judéo-hellénique, le judaïsme essaima dans tout le Proche-Orient et sur le pourtour méditerranéen. De même, les chroniqueurs arabes nous apprennent l’existence, au VIIe siècle, de tribus berbères judaïsées : face à la poussée arabe, qui atteint l’Afrique du Nord à la fin de ce même siècle, apparaît la figure légendaire de la reine juive Dihya el-Kahina, qui tenta de l’enrayer. Des Berbères judaïsés vont prendre part à la conquête de la péninsule Ibérique, et y poser les fondements de la symbiose particulière entre juifs et musulmans, caractéristique de la culture hispano-arabe.(...) La conversion de masse la plus significative survient entre la mer Noire et la mer Caspienne : elle concerne l’immense royaume khazar, au VIIIe siècle. (...) Israël, soixante ans après sa fondation, refuse de se concevoir comme une république existant pour ses citoyens. Près d’un quart d’entre eux ne sont pas considérés comme des Juifs et, selon l’esprit de ses lois, cet Etat n’est pas le leur. En revanche, Israël se présente toujours comme l’Etat des Juifs du monde entier. (...)" (3)
Imbu alors de l’idéologie de la race supérieure de droit divin, Israël pratique envers ses propres citoyens, juifs falasha, indiens et surtout arabes israéliens un apartheid qui n’a rien à envier au racisme le plus primaire et au langage zoologique dont parle Franz Fanon. Ainsi Brahim Senouci écrit : " (...)
* Raciste, le rabbin israélien Yitzhak Ginsburg affirmant au Jerusalem Post le 19 juin 1989 que « le sang juif et le sang des goys (non-juifs) ne sont pas les mêmes » et en concluant que « tuer n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives » ?
* Raciste, Ehud Barak qui, le 28 août 2000 (Jerusalem Post du 30 avril 2000), ose cette comparaison : « Les Palestiniens sont comme les crocodiles, plus vous leur donnez de viande, plus ils en veulent » ? (...)(4)
Nous citons aussi l’analyse pertinente de Pierre Stambul, juif tolérant et qui brave l’ire de ceux qui pensent que tout ce que fait Israël ne doit pas être jugé. Retraçant le parcours de l’OLP et l’erreur de Arafat d’avoir reconnu Israël sans que celui-ci ne reconnaisse l’Etat de Palestine, il tente de démonter la mécanique israélienne. « Sur le fond, écrit-il, il n’y a pas de différence entre le nettoyage ethnique de 1948 (800.000 Palestiniens expulsés de leur pays au moment de la Naqba, la catastrophe) et la conquête suivie de la colonisation de 1967. (...) L’ONU a reconnu Israël, toutes grandes puissances confondues. elle a accepté qu’Israël se proclame État juif. Par contre, l’ONU n’a jamais reconnu les annexions de 1967 et a même voté plusieurs résolutions demandant un retrait israélien. (...) Les négociateurs palestiniens ont été naïfs à Oslo. Ils ont reconnu Israël, mais n’ont obtenu qu’une reconnaissance de l’OLP. Qu’ils soient exilés ou réfugiés au Proche-Orient, voire plus loin, la majorité des Palestiniens n’espèrent plus rien du processus politique d’Oslo. Du coup, ils en reviennent à la question de la Naqba, à l’illégitimité de la création d’Israël. La revendication qui était celle de l’OLP avant 1988 (un seul État, laïc et démocratique en Palestine) reprend de la vigueur. (...) » « Il n’y a qu’une seule façon de régler cette guerre, c’est d’en revenir au droit. L’occupation, le nettoyage ethnique, l’interdiction faite aux réfugiés de revenir chez eux, les discriminations, les assassinats, les emprisonnements massifs sont des crimes. Au départ, il y a un crime fondateur, celui de 1948, et toute paix juste commencera par la reconnaissance de la Naqba. Toute négociation devra porter sur les moyens de "réparer" ce crime. Si les Juifs israéliens resteront, "l’ État juif" doit disparaître. Le droit international ne reconnaît que les États de tous leurs citoyens. Définir un Etat sur une base "raciale", ethnique, nationale ou religieuse est discriminatoire et les Israéliens ont fait la démonstration sanglante du caractère discriminatoire de l’ État juif vis-à-vis des Palestiniens. (...) Il faut contrer en permanence la propagande israélienne qui assimile la critique radicale de l’Etat juif à de l’antisémitisme ».(5)
Le premier test du président Obama vis-à-vis d’Israël s’est soldé apparemment par un échec. Benyamin Netanyahou est venu lui dire niet à toutes les propositions. Pas d’Etat palestinien, pas de gel des colonies. Par contre, il demande l’aide des Etats-Unis pour démolir l’Iran. Au passage, il annonce qu’il faut que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un Etat juif. Cette affirmation lourde de sens, n’a soulevé en Occident aucun tollé, voire réserve. C’est le silence radio. La situation est pourtant favorable pour le président américain. On se souvient que le gouvernement Clinton ne portait pas dans son coeur Benyamin Netanyahou, considéré comme un menteur et un tricheur. De plus, il semble que le soutien à Israël de la part des Américains ne soit plus aussi monolithique, le Congrès américain et la communauté juive - ont désormais un nouveau visage. La semaine dernière, 64 députés américains ont supplié Obama de répondre le plus vite possible à la crise humanitaire qui sévit dans la Bande de Ghaza. Trente-deux membres du Congrès ont signé une proposition de résolution engageant le Congrès à soutenir l’administration américaine dans ses efforts en faveur d’une solution fondée sur deux Etats. Il est loin le temps où Martin Indyk, ancien ambassadeur américain en Israël, explique que si les hommes politiques américains tentaient de restreindre l’aide économique et militaire en vue d’obtenir des concessions de la part des Israéliens, « [ils recevraient] une lettre du Congrès avec pas moins de 87 signatures de sénateurs et 87% du Congrès disant ne vous avisez surtout pas de faire cela ! ». (...) En fait, la stratégie de Benyamin Netanyahou est cohérente : un Etat juif ne peut abriter que des Juifs. Non seulement il n’y aura pas droit au retour des réfugiés de 1948 ou de leurs descendants, mais si Israël arrive à s’introniser Etat juif, les Arabes israéliens vont donc, par la force des choses aller dans ce banthoustan que sera - le piège de l’Etat palestinien. Le temps ne joue pas en faveur des Palestiniens et des Arabes car Israël ignore toutes les résolutions depuis 1948, même l’initiative saoudienne de 2002 est ignorée. Pour ce qui est de Jérusalem, la judaisation à marche forcée de la partie arabe est un réel motif d’inquiétude. Israël veut-il la paix ou est-ce la guerre qui lui donne une réelle existence ?
1.Armand Abécassis : « Qu’est-ce qu’être juif ? » Le Point 22/12/2007 N°1838
2.Alain Gresh, Dominique Vidal : Qui est « juif » ? quel sens donner à ce mot ? IDH Toulon
3.Shlomo Sand : « Comment le peuple juif fut inventé », LDH Toulon. mardi 27 janvier 2009
4.Brahim Senouci, - Mercredi 22 avril 2009
5.Pierre Stambul : Etat juif ou société de tous ses citoyens ? http://www.protection-palestine.org...
30 mai 2009 Pr Chems Eddine CHITOUR Ecole Polytechnique Alger
Lundi 1 Juin 2009
Date | Nom | Message |