Plan :
1) Les législatives palestiniennes du 25/01/2006
2) Les législatives israéliennes du 28/03/2006
3) L’impasse des solutions
3a) Le projet de l’ONU en 1947
3b) Un Etat démocratique laïque aux citoyens égaux sur toute la Palestine historique
3c) Deux Etats. Les Accords d’Oslo
3d) Vers un sociocide des Palestiniens ?
4) Sarkozy, Bush, Olmert : Même combat
5) Que faire ?
Introduction
Le 25 janvier 2006, les citoyens palestiniens ont élu leur "Conseil législatif". La victoire en sièges du Hamas a été utilisée par Israel et ses alliés pour étouffer encore plus la population palestinienne. Pendant que l’aide de l’Union européenne était bloquée et que les médias décrivaient faussement les Palestiniens comme majoritairement islamistes, Tsahal (armée israélienne) frappait sans relâche la bande de Gaza. A la première réaction minime de Palestiniens, l’ouragan des bombes s’est déversé.
Le 28 mars 2006, les citoyens israéliens ont élu leur "Knesset". Leur vote a également représenté un profond bouleversement politique et un glissement à droite nationaliste communautariste. Qu’en a dit la presse occidentale ? qu’il s’agissait d’un glissement au centre, vers la paix, de l’électorat israélien. Cette presse a mal préparé les lecteurs à comprendre l’évolution actuelle.
1) Les élections palestiniennes du 25/01/2006
Chassé de la majorité de ses terres, souvent acculé à la misère dans des camps de détresse, subissant un joug de type colonial, handicapé par d’innombrables entraves durant sa campagne électorale, le peuple palestinien a montré lors de ces législatives ( 74,5% de participation) une maturité démocratique saluée par tous les observateurs internationaux.
En pourcentage, le Hamas a obtenu 42,2%, le Fatah 39,8% et la gauche palestinienne (FPLP, FDLP, PPP, FIDA, Mustapha Barghuti) environ 10%.
Quelles sont les principales raisons de cette poussée électorale du Hamas au sein d’un peuple longtemps considéré comme majoritairement laïque au sens français ?
la volonté délibérée d’Israel, depuis 60 ans, d’empêcher l’existence d’un Etat palestinien et même d’une société civile palestinienne, de décrédibiliser toute organisation et tout dirigeant palestinien, de tuer ou emprisonner tout dirigeant charismatique progressiste (comme Marwan Barghuti) n’a, pour le moment, laissé d’autre solution aux Palestiniens que l’exil, la misère, le sociocide ou la mort au combat. Dans une telle situation, la résistance du Hamas et sa mythologie religieuse des martyrs trouvaient un écho naturel.
la poussée de l’intégrisme islamiste dans le Moyen Orient est confortée en Palestine et au Sud Liban par le fait que le lamentable Iran des mollahs apparaît comme le seul pays du monde à défendre réellement les justes droits des Palestiniens.
la communauté internationale n’ayant pas imposé à Israel un minimum de protection des réseaux institutionnels de la société civile palestinienne ( hôpitaux, enseignement, action sociale, adduction d’eau, police...), il était inévitable que se développent des solidarités sociales de type communautariste religieux. L’arrêt des aides depuis les législatives ne pouvait que renforcer cet état de fait parmi les populations économiquement les plus fragiles
les Accords d’Oslo ont enfermé l’OLP dans une impasse. Une bonne partie de la population palestinienne avait cru en la nécessité d’attendre patiemment les fruits de ces accords. Or, quel bilan peut-elle tirer aujourd’hui sinon que l’OLP a vendu à Oslo les droits des Palestiniens sans aucune contrepartie pour des paroles, paroles, paroles ?
la crédibilité pour les Palestiniens des Accords d’Oslo puis de la Feuille de route reposait au moins sur la reconnaissance internationale et par Israel de leurs dirigeants élus et une marge de manoeuvre pour que ces dirigeants puissent faire progresser leurs conditions de vie et leurs droits démocratiques. Longtemps Israel et les Etats Unis ont prétendu, contre toute réalité des faits que Yasser Arafat représentait un verrou empêchant la paix. Quant à Mahmoud Abbas, pourtant très ferme contre les attentats et autres opérations militaires anti-israéliennes, pourtant très ferme dans la défense de la feuille de route, il a vu son autorité sans cesse minée, bafouée, ridiculisée par Israel, les Etats Unis et leurs "alliés". Dans ces conditions, tout validait la position du Hamas hostile à ces accords ; tout préparait sa victoire électorale.
la critique de l’Autorité palestinienne par le Hamas au plan économique et social visait juste mais surtout ne pouvait que toucher la population palestinienne vivant majoritairement dans des conditions de vie inhumaines.
Après l’échec des directions arabes nationalistes de type nassérien, la gauche a eu plusieurs occasions pour s’ancrer dans la région au travers de partis de masse. Mais le lien fort de l’Internationale Socialiste avec le sionisme n’en laissait pas la possibilité, affaiblissant une force comme l’OLP (dont Fatah), membre observateur de l’IS.
Au Moyen-Orient comme ailleurs, la faillite de l’URSS et du communisme stalinien ainsi que l’impasse minoritaire des gauches radicales issues de Mai 68 n’ont pas non plus permis le développement d’une gauche anti-impérialiste dans ce coeur de la stratégie américaine que représente le Moyen-Orient. Il est vrai que l’assassinat de dirigeants par Israel n’a pas aidé leur progression. Par contre, longtemps, Israel et les Etats Unis n’ont guère inquiété le Hamas.
2) Les élections israéliennes du 28 mars 2006
Ce vote a représenté un bouleversement aussi important que du côté palestinien avec un glissement à droite qui présageait le pire. Cela se reflète dans la composition actuelle de la Knesset (120 députés).
l’extrême droite militariste, raciste et expansioniste a doublé ses voix, son nombre de députés passant de 12 à 21 députés.
les partis communautaristes religieux, aux rabbins, dirigeants et militants souvent proches de l’extrême droite, progressent aussi de 16 à 19 députés. Il s’agit du parti religieux orthodoxe Shas (communautariste séfarade) et du parti religieux Yahadout Hatorah (communautariste ashkénaze).
Cette poussée vers l’extrême droite se réalise alors que la droite elle-même a légèrement progressé. De 38, elle compte aujourd’hui une quarantaine d’élus à la Knesset. L’ancien Likoud, plus proche que jamais de l’extrême droite en conserve 11 à 12 et Kadima (ultra-libéral sécuritaire), dirigé par Olmert, 28. Avec Kadima, à nouveau, le grand parti de droite dont Israel a besoin, se crée grâce à l’apport de forces venues du Parti travailliste. Pour comprendre la puissance et la folie paranoïaque de cette droite, il faut savoir qu’elle entretient des liens privilégiés avec le "think thank" de Georges Bush, très proche du Likoud et lié à lui.
Le centre gauche et la gauche ne disposent plus que de 20 députés pour les travaillistes (aujourd’hui au gouvernement avec Olmert) et 4 pour le Meretz.
Une liste des "retraités" a capté une partie de l’exaspération sociale des milieux populaires israéliens (7 élus aujourd’hui soutenant Olmert).
La Ligue arabe unie obtient 4 sièges, le Front démocratique ( dirigé par le Parti Communiste Israélien) 3 sièges et l’Alliance démocratique nationale 3 également.
3) L’impasse des solutions
Globalement, les milliers de Juifs restés en Palestine durant la domination pluriséculaire arabo-musulmane sur le Moyen-Orient ont connu une situation moins difficile qu’en Europe. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et la volonté de création de l’Etat d’Israel, la domination israélienne a été par contre, particulièrement sévère ; plusieurs "solutions" ont été avancées pour une cohabitation plus pacifique et plus démocratique. Nous allons ici nous limiter aux trois principales.
3a) Première solution ( un compromis territorial dans une sorte d’Etat binational) : Après 1945, l’ONU débat du moyen de permettre, sous protection et aide internationale, l’existence d’un Etat juif pour accueillir une population meurtrie par la Shoah sans voler aux Palestiniens toute leur terre et leurs biens personnels (d’autant plus qu’ils n’étaient pour rien dans la Shoah). Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations Unies vote sur deux projets : soit un Etat fédéral soit la création de deux Etats liés, l’un arabe (palestinien), l’autre juif. La deuxième solution obtient une majorité et une frontière tracée. Avant même l’entrée en application de cet accord, Israel déclenche une offensive unilatérale alliant terrorisme de masse, destruction des biens, expulsion des habitants et occupation militaire coloniale. Des centaines de milliers de Palestiniens sont ainsi chassés de leurs maisons et de leurs villages, fuyant de tous côtés (Liban, Jordanie, Egypte, Europe, Syrie, Irak, Afrique du Nord, Etats Unis...) souvent accueillis dans des camps de tentes aux conditions de vie indignes. Pire, le nouvel Etat d’Israel s’entend avec l’émir Abdallah pour plier les Palestiniens restants sous le joug du royaume féodal hachémite de Jordanie qui les décimera sans vergogne en 1970. Depuis, l’ONU a voté d’innombrables résolutions ni acceptées ni appliquées par Israel.
3b) Deuxième solution ( Un Etat démocratique laïque commun pour les Juifs, les Palestiniens et autres) : Dans la foulée de la grande poussée progressiste mondiale des années 1967-1975, l’OLP de Yasser Arafat propose comme modèle constitutionnel un Etat démocratique républicain non confessionnel et non ethnique considérant tous les habitants de la Palestine historique comme des citoyens égaux élisant leur Parlement. A l’époque, toutes les organisations palestiniennes apportent leur soutien à cette perspective. Mais elle se heurte à la nature sioniste ethnique d’Israel, aux aspirations nationales populaires israéliennes et aux projets impérialistes américains au Moyen Orient. La gauche israélienne et le "mouvement juif organisé" n’entament guère de discussions sur ce sujet, encore moins avec les Palestiniens. La presse déforme la proposition palestinienne comme un moyen de "nier" Israel. L’Organisation de Libération de la Palestine va donc changer de perspective stratégique.
3c) Troisième solution ( deux Etats) : En 1988, le Conseil National Palestinien réuni à Alger prend en compte la volonté presque unanime des Israéliens de vivre dans un Etat d’Israel "ethniquement juif". Yasser Arafat fait ratifier par une large majorité l’objectif de construire, aux côtés de cet Etat, un Etat palestinien souverain sur les maigres terres non annexées par Israel jusqu’en 1967 puis occupées (Gaza, Cisjordanie).
Ce troisièmeprojet amène aux Accords d’Oslo, sur lesquels voici le juste bilan tiré par Michel Warchawski, personnalité de la gauche altermondialiste israélienne :" Les Accords d’Oslo étaient censés mener à la réalisation de l’objectif des deux Etats souverains. Dans l’opinion publique israélienne cette perspective avait largement percé et s’était imposée à une partie importante de la direction travailliste. Pourtant, tout en négociant avec l’OLP des accords intérimaires supposés mener à la fin du contrôle israélien sur les territoires occupés en 1967, les divers gouvernements israéliens poursuivaient, voire accéléraient, la colonisation de ces mêmes territoires. Rapidement, la réalité de la colonisation définissait les limites du territoire sur lequel Israel était prêt à voir se constituer un Etat palestinien indépendant, réduisant la Cisjordanie à une série de cantons isolés les uns des autres sur 50 à 60% des terres occupées en 1967). Les "blocs de colonies" étaient de fait annexés à Israel, rendant la perspective d’un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie et Gaza caduque.
3d) Vers un sociocide des Palestiniens (destruction de ce peuple comme entité politique nationale, comme groupe politique national et comme société).
Il faut bien reconnaître, qu’en cet été 2006 la politique israélienne et américaine donne de plus en plus de crédibilité à cette hypothèse historique qui ouvrirait bien mal le troisième millénaire.
La guerre israélienne de 1948 était déjà un programme unilatéral de purification ethnique.
Depuis 1967, l’objectif du sociocide a pris des formes plus variées pour tenir compte de l’opinion internationale et des meilleurs moyens d’affaiblir les Palestiniens ( formes militaires mais aussi politiques, économiques, sociales, culturelles, psychologiques...).
En l’absence de volonté de la communauté internationale d’imposer à Israel un minimum de compromis autre que le sociocide , cet Etat a progressé sans cesse dans cette voie créant une situation sans solution pour la population désignée comme "ennemie".
Vu l’absence d’implication politique de la communauté internationale, vu l’état du rapport de force et leurs conditions de vie catastrophiques, vu les emprisonnements, assassinats, destructions de maisons et dépossessions permanents :
- soit de très nombreux Palestiniens acceptent de quitter la Palestine laissant les Israéliens seuls de la Méditerranée au Jourdain
- soit ils acceptent un statut d’apartheid ( quelques minuscules bantoustans surveillés de près par l’armée israélienne et dont l’économie serait totalement dépendante de cette puissance occupante)
- soit ils se défendent militairement par de petits coups de main comme l’enlèvement des soldats de Tsahal en juillet.
Mais chaque minuscule opération militaire de Palestiniens est utilisée par Israel :
- pour présenter médiatiquement "les Juifs" comme toujours menacés, persécutés et isoler encore plus les Palestiniens dans l’opinion internationale en faisant jouer le rappel de la Shoah.
- pour persécuter, écraser, déposséder, expulser encore plus les Palestiniens.
4) Sarkozy, Bush, Olmert : Même combat
Nicolas Sarkozy s’est positionné en soutien ultra inconditionnel d’une utisation massive de la force par Israël avant que Jacques Chirac n’en revienne à une position "gaulliste" sur le Moyen-Orient.
Retenons des propos de Nicolas Sarkozy à la radio et à la télévision son leitmotif : Israël "a non seulement le droit mais le devoir de se défendre".
Retenons aussi, à son sujet, la déclaration du ministre israélien d l’immigration (Ze’ev Boïm) citée par Le Monde du 22 juillet : " J’ai remercié Nicolas Sarkozy pour sa défense d’Israël et lui ai transmis les félicitations d’Ehud Olmert. Sarkozy est revenu sur le fait que le Hezbollah était le responsable de l’agression. Il m’a demandé : de combien de temps l’Etat d’Israël a besoin pour finir le travail ? Je lui ai répondu : une semaine à dix jours."
Ainsi donc : écraser des populations civiles sous les bombes, les enfants déchiquetés, un million de pauvres gens fuyant sur les routes... c’est "finir le travail". Ce type de mépris peut un jour nous concerner. Notre souhait que la gauche l’emporte aux prochaines présidentielles n’est pas abstrait. Nous nous battrons pour que cet individu ne soit jamais président de la République.
Revenons à présent sur l’argumentation qu’il développe :
Le "Hezbollah est responsable de l’agression". C’est lui qui a commencé.
Son commando est venu du Liban
Donc, Israël a le droit de se défendre et d’écraser le Liban
Sous un angle historique, on ne peut faire des Palestiniens ou des musulmans libanais "le responsable de l’agression", "celui qui a commencé". En effet, les populations palestiniennes étaient très majoritaires en 1945 dans la Palestine historique ; ils ont subi la création de l’Etat d’Israël et leur expulsion. Ils ont ensuite souffert longtemps pratiquement sans résistance espérant une solution émanant des Etats arabes ou de la communauté internationale. C’est seulement lorsqu’ils ont constaté la violence de leur oppression et l’impasse dans laquelle ils se trouvaient que des actions minoritaires ont commencé.
Dans les rapports entre Israël et le Liban, c’est le premier qui a souvent pris l’initiative d’actions terroristes ou militaires de grande ampleur sur le territoire du second qui, de toute façon, n’avait pas la force de faire autrement. C’est un commando israélien qui a détruit 13 avions de ligne sur l’aéroport de Beyrouth en 1968. C’est Israël qui a longtemps occupé ce Sud Liban, qui occupe encore le Golan et les fermes libanaises de Chebaa dans ce secteur. Ajoutons que l’aviation militaire israélienne a toujours violé quotidiennement l’espace aérien libanais.
Les défenseurs d’Israël répondront que c’était nécessaire pour la défense de cet Etat. Faux. Totalement faux. En 1982, Yasser Arafat et la direction de l’OLP vivent en exil à Beyrouth. Ils ont déjà acté la reconnaissance de l’Etat d’Israël et pris des contacts en vue d’une reconnaisance mutuelle de deux Etats. Plutôt que de saisir la main tendue, l’armée israélienne envahit le Liban utilisant des moyens de destruction et de mort interdits par la communauté internationale (bombes à fragmentation), faisant des milliers de morts civils. Cette invasion avait-elle seulement pour but d’exiler plus loin encore Yasser Arafat et l’OLP, seul partenaire organisé possible pour la paix ? Non, on ne peut comprendre la suite sans la logique à l’oeuvre de sociocide dans la politique israélienne.
Une fois Yasser Arafat, l’OLP et leurs miliciens partis, du 16 au 18 septembre 1982, l’armée israélienne d’occupation de Beyrouth organise une des pires tueries de civils de l’histoire humaine dans les camps de Sabra et Chatila.
"Les maisons rasées au sol, les voies poussiéreuses des campagnes débordantes de cadavres, surtout des cadavres de femmes, de vieux et d’enfants. Les récits des témoins et des survivants, tels ceux des médecins des agences internationales, empêchés d’entrer au cours de ces terribles 48 heures, racontent comment les phalangistes (extrême droite) libanais étaient autorisés à faire le sale boulot pour le compte de l’armée israélienne alors que cette dernière jouait un rôle actif pour éclairer de nuit les environs afin d’empêcher la fuite de victimes et l’entrée de secours, nourrissant la soldatesque lors des pauses dans le carnage" (Cinzia Nachira, PRC italien dans Inprecor)
Comment prétendre que c’est le Hezbollah qui a commencé alors qu’il naît justement après 1982 de l’exaspération des populations musulmanes du Sud Liban écrasées lors de l’invasion puis subissant l’occupation israélienne sur une partie de leurs terres ?
Si l’on s’en tient aux deux derniers mois avant cette offensive, l’affirmation d’Israël comme quoi "ce sont eux qui ont commencé", "nous ne faisons que nous défendre", relève seulement de la propagande mensongère. La gauche altermondialiste israélienne (comme Michel Warchawski) explique bien que ce sont les bombes quotidiennes sur Gaza dans la dernière période qui ont enclenché le processus d’exaspération et de violence. Le Monde diplomatique d’août publie un bon dossier sur cette situation dans les territoires palestiniens depuis qu’Israel a décidé de bloquer totalement les Accords d’Oslo, la Feuille de route et l’éventualité d’un Etat palestinien viable. C’est un commando israélien qui a assassiné un dirigeant palestinien au Liban ce 26 mai 2006... Parmi d’innombrables drames sur cette dernière période, les télévisions ont seulement montré ce navire israélien qui a exterminé une famille jouant sur la plage.
Ajoutons que la solidarité entre les Palestiniens exilés depuis 60 ans à Beyrouth avec leurs compatriotes de Gaza est évidemment logique, de même que les liens qui se sont développés entre le Hezbollah et les Palestiniens réfugiés au Liban. Seul un accord politique global peut sortir de la crise actuelle. Cet accord est possible ; les propositions de départ de Yasser Arafat (telles que données dans la presse) à Oslo comme Camp David représentaient des compromis considérables de la part des Palestiniens qu’aucune main n’a accueilli. De même on peut se demander si l’offensive israélienne n’a pas pour but de couper la possibilité de paix et de négociation ouverte par le "document des prisonniers" validé par l’OLP et le Hamas.
5) Que pouvons-nous faire, même à notre petite échelle ?
5a) Condamner comme crime de guerre le comportement d’Israel dans les territoires palestiniens fondé sur la volonté de terroriser la population, l’empêcher de vivre dans des conditions humaines (eau, électricité, médicaments, alimentation...). Condamner comme crimes de guerre les bombardements israéliens au Liban. Condamner comme bafouant le droit international ces opérations de destruction à grande échelle du Liban, Etat souverain.
Le protocole additionnel 1 des Conventions de Genève est très clair :
Les opérations militaires " sont interdites si on peut attendre qu’elles causent incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles ou des dommages aux biens de caractère civil qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu".
5b) Condamner la stratégie américaine qui vise à imposer sa domination par la force sur le Moyen Orient en s’appuyant particulièrement sur son allié israélien.
Dès le début de l’offensive de Tsahal, les "néo-conservateurs" américains se sont déchaînés pour convaincre la population des Etats Unis :
- qu’il s’agit d’une étape dans le "choc des civilisations"
- qu’Israel, dans cette affaire défend le monde occidental contre le "fascisme" d’origine arabe. "It’s our war" a proclamé William Cristol un de ces principaux idéologues. "C’est une guerre qui se déroule de Gaza à Israel, à travers le Liban, et de là à l’Irak à travers la Syrie. Les moyens sont différents du Hamas à Gaza, au Hezbollah, en Syrie, au Liban et à l’"insurrection" aux multiples facettes en Irak" (Michael Leden cité dans Le Monde diplomatique).
5c) Appeler à la protection des populations, à l’acheminement de vivres, médicaments, tentes... Appeler à la reprise immédiate de l’aide financière, économique et humanitaire (en particulier de l’Union européenne) à la Palestine. Appeler à un cessez le feu immédiat et au retrait des troupes israéliennes du Liban, de Gaza et de Cisjordanie. Appeler à la reprise des négociations entre Israel et Palestine dans le cadre d’une conférence internationale pour dégager un accord historique.
5d) Montrer que la gauche authentique soutient fermement les droits humanitaires et démocratiques des Palestiniens (prise de position, participation aux manifestations et aux comités de soutien). Dans le même temps nous ne pouvons laisser d’ambiguités sur notre dénonciation de l’intégrisme islamiste. Maintenir le plus possible le débat avec les personnes qui soutiennent Israel en croyant son peuple menacé.
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