2) Roumanie/présidentielles : Basescu, droite, dit avoir remporté une "victoire d’étape" au 1er tour
Le président roumain de centre-droit Traian Basescu a déclaré dimanche avoir remporté une "victoire d’étape" au premier tour de l’élection présidentielle, après la publication de sondages à la sortie des urnes le donnant en tête.
"Aujourd’hui, j’ai obtenu la victoire d’étape", a déclaré M. Basescu devant ses partisans. Selon quatre sondages à la sortie des urnes, M. Basescu est en tête du scrutin présidentiel au premier tour, avec environ 33% des voix, et affrontera son adversaire social-démocrate Mircea Geoana (environ 31%) au second tour le 6 décembre. Le président a estimé qu’il s’agissait "d’un vote profondément de droite" et que les hommes politiques devraient "tenir compte de l’opinion de l’électorat roumain dans la formation du gouvernement". La Roumanie, confrontée à une grave récession économique, est gérée par un gouvernement intérimaire depuis près de deux mois après la chute de l’exécutif de centre-droit d’Emil Boc.
Source : http://levif.rnews.be
1) La Roumanie désenchantée élit aujourd’hui son président
Les Roumains semblent peu passionnés par ce scrutin, qui leur apparaît loin de leurs préoccupations au quotidien. De nombreux observateurs craignent un fort taux d’abstention ce dimanche. Aux dernières élections législatives, en novembre 2008, seuls 39 % des inscrits s’étaient rendus aux urnes, et péniblement 28 % aux européennes.
Trois candidats ressortent en tête des sondages : Mircea Geoana, du Parti social-démocrate (PSD, 20 %), le président sortant, Traian Basescu, du Parti démocrate-libéral (PDL, 30 %), et Crin Antonescu, du Parti national libéral (PNL, 20 %). « Aucun de ces candidats ne semble se préoccuper de nous. Ils préfèrent la confrontation sur les plateaux de télévision plutôt que de présenter chacun aux électeurs leur projet en tant que futur chef de l’État », critique Vasile, trente-cinq ans, au chômage depuis quelques semaines.
Ce désintérêt apparaît généralisé du fait d’alliances douteuses entre partis politiques, comme entre sociaux-démocrates et conservateurs, par exemple. « Ils cherchent avant tout à rester au pouvoir et défendre leurs intérêts personnels », dénonce Cornel Nistorescu, éditorialiste au journal Cotidianul. « Et le futur président, qui sera a priori soit Basescu, soit Geoana, ne fera rien pour résoudre la crise actuelle et les problèmes sociaux », se plaint-il. L’économie roumaine, qui souffre des conséquences d’une politique ultralibérale menée par les dirigeants du pays, est actuellement une des sociétés les plus en crise de l’Union européenne. Sa croissance est nulle, son PIB s’est contracté de 8,5 % en 2009 et son taux de chômage pourrait atteindre les 11 % en 2010. «
Nous avons détruit l’ancien système sans le remplacer. Au début des années 2000, les capitaux étrangers ont investi dans l’économie financière et non vers l’économie réelle. Ce système repose donc sur deux choses : le commerce et les banques, qui appartiennent à des entreprises financières d’Europe de l’Ouest. Ces dernières ont alors créé une consommation artificielle », décrit Ilie Serbanescu, ancien ministre des Réformes économiques du gouvernement Victor Ciorbea. Quelque 4,4 millions de Roumains ont par exemple pris des crédits à la consommation, et un quart n’arrivent plus désormais à payer leurs mensualités. L’endettement est aujourd’hui considérable. Les banques ont ouvert largement les vannes des crédits à la consommation, au lieu d’offrir des crédits pour les investissements, estiment les spécialistes.
La crise financière a fait apparaître la fragilité de l’économie roumaine, notamment lorsque les banques étrangères ont rapatrié leurs liquidités. Tous les secteurs profitables et stratégiques (gaz, pétrole, distribution, industrie automobile, télécommunications, assurance) de l’économie sont en effet aux mains de sociétés étrangères. « 300 000 personnes ont été licenciées dans le secteur privé. Dans le secteur public, des baisses de salaires ont commencé mais l’année 2010 devait être bien plus difficile, car l’État a des dettes considérables, notamment vis-à-vis du FMI et de banques privées », explique Petru Sorin Dandea, du syndicat Alfa Cartel. L’an prochain, le futur président devra commencer à rembourser le FMI, qui lui a accordé un prêt de 20 milliards d’euros et des banques privés auxquelles il vient de contracter 15 milliards pour éponger un déficit budgétaire.
« Personne ne regrette le régime de Ceausescu, mais vingt ans après, la démocratie nous a coûté un prix énorme. Les promesses d’un meilleur quotidien nous laissent un goût amer. Seule une classe de privilégiés en profite », estime Ana, trente-neuf ans, de Bistrita, 20 % de la population détenant 80 % des richesses du pays. La période de transition commence à être longue pour beaucoup de Roumains. L’élection devrait traduire avec l’abstention cette lassitude ou favoriser une forte percée des courants xénophobes et communautaristes, comme le Parti de la grande Roumanie (PRM) ou l’Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR).
Vadim Kamenka
Repères :
18 millions d’inscrits pour une population de 22 millions de personnes
La Roumanie est entrée dans l’UE le 1er janvier 2007.
- Salaire moyen : 400 euros. - Salaire minimum : 150 euros.
Taux de chômage : 10 %
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