La Commune de Paris au berceau de la République

dimanche 11 octobre 2009.
 

A lire : L’Année terrible. Volume 2. La Commune mars-juin 1871, de Pierre Milza. Éditions Perrin, 2009, 514 pages.

L’auteur synthétise les événements de 1871 et remet en avant l’actualité d’une forme de démocratie fondatrice de la citoyenneté moderne.

Poursuivant le cycle ouvert par son Napoléon III et le premier volume portant sur la guerre franco-prussienne de son Année terrible, Pierre Milza fait rentrer la Commune de Paris dans une maison d’édition accoutumée au grand public. Enfin ! pourrait-on dire. Car, si la bibliographie de la Commune est immense, il faut bien dire qu’elle reste encore largement méconnue des médias les plus importants. Grand merci donc à Pierre Milza pour ce travail qui apportera aux lecteurs une synthèse très développée et très bien conduite sur cet événement clé de notre histoire. Partant finement du 18 mars pour attirer l’attention du lecteur sur le déclenchement de l’insurrection parisienne, l’auteur en étudie ensuite les origines, puis développe tant l’histoire événementielle et politique de la Commune de Paris que son histoire sociale et mentale.

Sans complaisance aucune avec les communards, en observant leurs faiblesses ou leurs divisions, Pierre Milza ne cache pas une évidente sympathie pour ces femmes et ces hommes, pour leur courage, leurs idéaux. Le livre, d’une belle écriture chaleureuse et vivante, et suivant Hugo, déroule une vision empreinte de poésie et de lyrisme de la Commune. Il se conclut d’ailleurs par ces grands vers du grand poète : « Oh ! Je suis avec vous ! J’ai cette sombre joie. Ceux qu’on accable, ceux qu’on frappe et qu’on foudroie m’attirent ; je me sens leur frère… » Sur quelques points, bien sûr, on pourra discuter l’auteur. Alors que tout le livre montre l’extraordinaire richesse de ce laboratoire vivant qu’était la Commune, plus que de « la timidité des mesures adoptées par les dirigeants de celle-ci », ne faudrait-il pas parler de l’amorce d’un processus de grande portée ? Mais nous voudrions insister sur deux points où l’apport de Pierre Milza à la réflexion sur la Commune me semble important. Un long débat a porté dans l’historiographie sur la Commune, dernière révolution du XIXe siècle ou première du XXe siècle ? Suivant en partie les points de vue les plus récents de Jacques Rougerie, l’auteur remet en avant l’actualité de la Commune comme porteuse de cette forme de démocratie où les citoyens n’abdiquent jamais leur souveraineté. L’autre aspect essentiel du livre est de formuler clairement que les crimes de masse versaillais pendant la « semaine sanglante » relèvent indiscutablement de ce que le droit international contemporain appelle maintenant « crime contre l’humanité ». On conçoit bien alors que toute la réflexion sur les origines et le sens de notre République ne peut plus ignorer la Commune, comme c’est encore souvent le cas dans nos manuels scolaires. Jean-Louis Robert, historien


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