Le prolétariat révolutionnaire et les catholiques (L’Internationale Communiste, mai 1938)

mardi 14 avril 2009.
 

Les Partis communistes dans les pays capitalistes se sont maintes fois adressés et s’adressent encore aux masses laborieuses, croyantes, catholiques et protestantes. Ils les appelaient et les appellent à mener en commun la lutte contre la barbarie fasciste, contre la guerre, contre l’offensive du capital et de la réaction. Ces appels des communistes, qui commencent à donner leurs premiers résultats, provoquent de la part de certains leaders social-démocrates et de leur presse une forte résistance. Ces mêmes leaders, qui dans les années d’assaut révolutionnaire, où était en péril la domination du Capital, formaient des gouvernements de coalition avec les partis catholiques et leurs sommets, afin de sauver le grand capital ; ces mêmes leaders, qui pendant des années collaboraient de la manière la plus étroite avec des agents catholiques, agents fieffés du capital financier et qui « toléraient » la politique fatale du chef catholique Brunning, politique d’encouragement à Hitler, ces mêmes leaders accusent maintenant les communistes de « trahison » envers le marxisme et de « reniement » des principes du socialisme pour de petits avantages politiques.

Les journaux social-démocrates avec une naïveté feinte demandent pourquoi les communistes, précisément maintenant parlent tant de la « main tendue » et de rapprochement avec les masses catholiques ? Les raisons en sont tout à fait simples. La domination du capital financier et le monopole de l’impérialisme, la crise générale du capitalisme, l’accentuation des antagonismes sociaux, économiques et politiques, toute cette situation a enfanté le fascisme barbare, a accentué la misère et le malheur des masses jusqu’aux limites extrêmes. A une cadence toujours plus précipitée s’achève, sous nos yeux, le processus caractérisé ainsi par Karl Marx : « l’accumulation des richesses à un pôle, c’est en même temps l’accumulation de la misère, des tortures du travail, de l’esclavage, de l’ignorance, le retour à l’état sauvage et la dégradation morale au pôle opposé » [le Capital, t. III, p. 190 (édit. Costes)]

Ces deux « pôles » sont de plus en plus en opposition. Aucun verbiage sur la « communauté populaire », sur la « primauté de la race » ne sont en état d’éliminer ce fait. Jamais encore les pays du monde, à l’exception de la libre et heureuse Union soviétique, ne furent aussi divisés et rongés par les contradictions intérieures.

Les milieux les plus réactionnaires du capital financier entre les mains desquels sont concentrées toutes les richesses, tentent au moyen du fascisme et de sa démagogie raffinée, par l’excitation des instincts chauvins et des méthodes barbares de domination, d’accentuer les dissentiments nationaux et d’asservir les peuples pacifiques. Le totalitarisme du capital financier s’est créé, en la personne du fascisme, un instrument à l’aide duquel il veut briser la volonté de résistance des masses, non seulement par les gibets, les billots, les prisons, la terreur sauvage, mais aussi de l’intérieur par l’affaiblissement et la division des masses populaires.

La division des masses populaires : voilà la recette à l’aide de laquelle le fascisme, ce fauteur de guerre, s’efforce de sauver la domination du capital financier. Sans l’unité solidement soudée de la classe ouvrière et de toutes les masses laborieuses, on ne peut et on ne pourra mener avec succès la lutte contre le fascisme sanguinaire. Sans l’unité du prolétariat et des masses laborieuses, l’Espagne serait depuis longtemps la proie de Hitler-Mussolini-Franco. Sans le front unique et le Front populaire, la France serait depuis longtemps la proie des agents fascistes de Hitler. Sans l’unité du peuple chinois qui va en se renforçant, la Chine n’aurait pas pu résister à l’agression barbare des Japonais.

C’est un fait bien établi que des dizaines de millions de travailleurs et de paysans, d’artisans, de petits commerçants, de personnes à profession libérale, d’employés, de femmes, de jeunes et même une grande partie du prolétariat sont non seulement jusqu’à ce jour croyants, et plus ou moins solidement liés avec l’Eglise, mais sont également groupés dans des syndicats professionnels catholiques les plus divers, dans des associations culturelles et sociétés de bienfaisance.

D’après les données statistiques qui ont paru dans les journaux catholiques, on compte dans le monde entier 406.000.000 de catholiques, 215.000.000 de protestants et 104.000.000 d’autres chrétiens, ce qui fait en tout 725 millions. Et cela pour une population de 2 milliards d’habitants dans tous les pays du monde.

Si, de ce chiffre global de croyants, nous déduisons une partie de la population (les enfants, les vieillards, etc.) qui ne jouent aucun rôle dans la vie politique, ainsi que la grande quantité de gens qui, d’après les actes de naissance, sont portés au nombre des croyants mais qui en réalité n’ont aucune liaison avec la religion, il restera tout de même des dizaines de millions de croyants. Cela va de soi que la masse principale de ces millions est composée de travailleurs qui partout sont la majorité écrasante dans la population.

La question se pose donc ainsi : faut-il laisser cette masse de côté, en dehors de la lutte pour l’unité et, de cette manière, volontairement ou involontairement les transformer effectivement en réserve du fascisme ? Faut-il proclamer en bloc ces couches de croyants, « masse réactionnaire » et les jeter dans les bras de la réaction ? Agir ainsi, signifierait ni plus ni moins participer à la scission des travailleurs et aider le fascisme !

La situation historique, exigeant impérativement l’unité de la classe ouvrière et la création du Front populaire, exige en même temps que s’établissent des relations régulières et normales avec les masses laborieuses de croyants, exige de les prendre tels qu’ils sont, de les englober dans le grand front de lutte contre le fascisme et la guerre, pour la défense des intérêts quotidiens de tous les travailleurs. Telle est une des raisons pour lesquelles les communistes « précisément maintenant » soulignent cette question. Mais ce n’est pas tout.

Les événements des dernières années ne se sont pas déroulés sans laisser de traces parmi les travailleurs croyants. Sans nous arrêter sur les détails, nous citerons seulement trois événements importants, qui stimulèrent à l’extrême le processus de différenciation parmi les masses catholiques :

1. La crise économique mondiale ;

2. L’établissement de la dictature fasciste en Allemagne, le renforcement de l’activité agressive des fascistes dans presque tons les pays capitalistes et, découlant de ce fait, le danger précis de la guerre ;

3. La victoire du socialisme, la victoire de l’édification socialiste, le triomphe de la Constitution la plus démocratique du monde, la Constitution Staliniste en Union Soviétique.

La crise économique s’est abattue sur les masses de croyants avec autant de violence que sur les non-croyants. L’ouvrier croyant est jeté sur le pavé aussi impitoyablement que son camarade de travail non-croyant. Le salaire des ouvriers croyants est diminué aussi impitoyablement que le salaire des ouvriers athées. Le paysan croyant se ruine dans le système capitaliste dans les mêmes proportions que le non-croyant. Les artisans croyants ainsi que les petits commerçants, les médecins, les avocats, les écrivains se sont trouvés dans la même détresse que leurs collègues qui ne croient pas en dieu et ne vont pas à l’église.

Cette ruine économique des masses ne pouvait pas ne pas influencer les masses croyantes. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur n’importe quel journal catholique, pour y trouver le reflet des horreurs de la crise. Le déchaînement sauvage de la dictature totalitaire fasciste en Allemagne hitlérienne a soulevé parmi les masses de croyants d’Allemagne et du monde entier une indignation profonde. Les masses catholiques se sont convaincues, sur la base de leur propre expérience, qui ne peut être remplacée par aucune propagande, de quelles horreurs est capable le fascisme. La suppression de toute liberté, y compris la liberté de conscience, les multiples assassinats, les condamnations aux travaux forcés, les atrocités des camps de concentration, l’arbitraire de la Gestapo, la destruction de toutes les organisations libres de masses, tant celles qui étaient purement religieuses que celles qui avaient un caractère social, ont montré aux masses catholiques ce que représente par lui-même le fascisme. Les provocations journalières des fascistes, leur course folle aux armements, la guerre dévastatrice de Mussolini en Éthiopie, la guerre d’intervention Mussolini-Hitler en Espagne, l’invasion de l’Autriche par Hitler, les menées de Hitler contre la Tchécoslovaquie, l’attaque du Japon contre la Chine, tout cela, ce sont des signaux d’alarme pour les masses catholiques.

Est-il étonnant que les masses de croyants aient commencé à chercher de quelle manière on peut barrer la route au fascisme, comment on peut se préserver de la peste fasciste, comment on-peut défendre le monde et comment on peut, dans les pays où sévit la domination du fascisme sanguinaire, résister à ses attaques ?

Si d’un côté, les masses croyantes comprennent les calamités que leur apportent l’impérialisme avec ses crises, le fascisme avec sa soif de sang, son agressivité, sa sauvagerie totalitaire et son ivresse guerrière, d’un autre côté, elles prêtent attention aux informations qui leur parviennent sur les grandioses victoires du socialisme en Union Soviétique. Les calomnies que déverse la presse réactionnaire sur l’URSS, la déformation de la réalité n’ont pu empêcher l’accroissement des sympathies des masses laborieuses croyantes envers l’Union soviétique. Elles ont commencé à se rendre compte que, sur un sixième du globe est édifié un nouveau régime social, sans exploiteurs, sans crises, sans misère et sans peine, sans convoitises expansionnistes, sans aspiration à l’asservissement d’autres peuples. Alors que dans la Constitution staliniste, la liberté de conscience et la liberté de pratiquer les cultes religieux sont garanties, Mussolini parle de répression contre « les catholiques dans notre style. »

Il va sans dire que de pareils faits indéniables tels que la liquidation totale du chômage, l’application non pas en paroles mais en fait des droits fondamentaux de l’homme - le droit au travail, le droit au repos, le droit à l’instruction, le droit à l’assistance dans la vieillesse, etc. - les soins insurpassés apportés à la mère et à l’enfant, les secours très importants aux mères de familles nombreuses, la lutte infatigable et conséquente pour la paix ont produit et produisent une impression profonde sur les masses croyantes, stimulant le processus de leur différenciation.

Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’un processus profond de regroupement s’opère dans les rangs du camp catholique. La lutte des masses catholiques contre le fascisme en Ailemagne, la position adoptée par ces catholiques basques dans la lutte contre les interventionnistes et Franco, en Espagne, la participation des ouvriers catholiques dans les grandes luttes économiques en France, les déclarations d’hommes politiques catholiques en vue, en faveur du Front populaire, contre le fascisme et la guerre, les ouvrages antifascistes des écrivains catholiques réputés Bergamin, Honnert, Martin-Chauffier, la multitude de lettres d’ouvriers catholiques paraissant dans les journaux socialistes et communistes sur la question espagnole, cette énumération incomplète des faits témoigne avec éloquence de ce que, dans les masses catholiques, de nouvelles idées se font jour.

Les cuistres trois fois savants qui, à l’aide de citations tronquées, veulent imputer aux communistes des « déviations » des « purs » principes du marxisme, ne feraient pas mal de tenter de répondre à la question : quelle attitude doivent avoir les marxistes envers les masses qui cherchent de nouvelles voies, une nouvelle orientation, et aspirent à une activité politique ? Il est clair, que la tâche de l’avant-garde de la classe ouvrière est d’aider ces masses qui marchent à tâtons, de leur expliquer patiemment et avec persévérance, que l’unique issue, c’est la lutte commune pour la défense des intérêts communs, contre le fascisme, la guerre, contre l’attaque du capital et de la réaction.

Le marxisme-léninisme n’est pas une théorie abstraite, ce n’est pas une science méditative se bornant à expliquer le monde. Le marxisme-léninisme se propose comme tâche de changer le monde. Le marxisme-léninisme, c’est la boussole des masses pour l’action. Lénine et Staline ont maintes fois et avec insistance indiqué cette nécessité d’une liaison des plus étroites envers la théorie révolutionnaire et la pratique de la lutte quotidienne. C’est pourquoi le marxisme ne se guide pas sur des schémas tout prêts ; il détermine sa politique d’après le développement du processus historique et le déploiement des forces des classes, en tenant compte du regroupement des forces s’effectuant dans les masses.

Quand au cours de la première révolution russe de 1905, se manifesta parmi le clergé une certaine tendance libérale, Lénine écrivait : « Si arriéré, si obscur qu’il soit, le clergé de l’Eglise orthodoxe russe a été, lui aussi, réveillé par le tonnerre de l’effondrement de l’ancien régime médiéval de la Russie. Même lui se rallie à la revendication de la liberté... Nous les socialistes, nous devons soutenir ce mouvement. » [Lénine, Oeuvres Complètes, t.8, p.522 ed. française]

C’est ainsi que le grand Lénine, qui toute sa vie lutta pour la véritable pureté de la théorie marxiste, considérait chaque forme de protestation contre le régime d’exploitation existant.

Prenons un exemple de nos jours. En avril 1937, le prêtre allemand Rossaint a comparu devant le tribunal hitlérien. A la question du président du tribunal, le prêtre accusé déclara : « Dans une conversation avec la jeunesse catholique j’ai émis le point de vue que le national-socialisme signifie le chaos, parce qu’il mène à la guerre. »

Est-ce que nous ne pouvons pas dire avec juste raison que les masses catholiques opprimées d’Allemagne, qui suivent avec épouvante l’oeuvre sanglante du fascisme, parlent par la bouche de Rossaint ? Qu’y a-t-il de mal à ce que les socialistes et les communistes se rapprochent de ces masses dont la protestation est exprimée par les catholiques - Bossaint et beaucoup d’autres parmi les membres du bas clergé - qu’ils établissent avec eux des relations de camaraderie et les aident à connaître entièrement le mécanisme du fascisme et qu’ils entraînent encore plus énergiquement les catholiques dans le front de la paix ?

Les catholiques basques luttent les armes à la main contre Franco, mercenaire de Hitler et de Mussolini, ils luttent pour la liberté, pour la démocratie et pour l’indépendance nationale. Une grande partie du clergé basque était du côté du peuple. Est-ce que le devoir de tous les socialistes, de tous ceux qui désirent l’union des masses pour lutter contre la barbarie fasciste et la guerre n’était pas et n’est pas de faire tout pour établir les liens les plus étroits avec les croyants basques ? Est-ce que vraiment les socialistes ne doivent pas attirer dans le front commun de lutte, les masses catholiques des pays démocratiques, qui ont une haine pour le fascisme, qui repoussent avec ardeur son agressivité et qui désirent conserver les conquêtes démocratiques ?

Seuls les gens qui transforment le marxisme en des formules sans vie, peuvent conseiller au prolétariat en lutte de ne pas s’occuper des masses croyantes, d’avoir pour elles du dédain et de leur dicter de haut : ou vous renierez vos conceptions religieuses ou nous vous compterons parmi nos ennemis !

Un grand nombre de catholiques et de protestants croyants estiment que l’Union soviétique réalise l’« idéal du christianisme », et il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas voir et entendre, comment ces masses chrétiennes se convainquent que toutes les masses laborieuses doivent être assemblées autour de l’Union soviétique. Le fait qu’elles interprètent la victoire grandiose du socialisme à leur manière et la traduisent selon leur langage habituel, est seulement un côté de la médaille. Mais on ne peut pas nier que leur attitude positive à l’égard de l’Union soviétique est un grand pas en avant dans la voie de l’union des masses et que la tâche qui incombe au prolétariat révolutionnaire, c’est de tout faire, tout ce qui est en son pouvoir, pour stimuler cette position favorable des masses croyantes.

Le marxisme révolutionnaire a toujours estimé qu’on ne peut pas commander aux masses d’en haut, que le mouvement de masse ne se développe pas en droite ligne, que très souvent il fait des zigzags, qu’on ne se débarrasse pas des traditions d’un seul coup, que les masses s’instruisent par leur propre expérience et que très souvent ce n’est qu’après un processus long et pénible qu’elles trouvent la bonne voie..

Les communistes sont fidèles aux principes et à l’esprit du marxisme révolutionnaire quand ils tendent la main aux masses catholiques et leur disent : nous devons nous unir et lutter ensemble contre l’ennemi commun : le fascisme fauteur de guerre et les gros requins qui nous pressurent vous et nous, qui nous exploitent vous et nous. Nous ne cachons pas que nous nous situons sur le terrain du matérialisme historique, mais il est maintenant question de problèmes vitaux, à la solution desquels vous êtes tout aussi intéressés que nous, prolétaires révolutionnaires. Les communistes ne déclarent pas hypocritement qu’ils désavouent leur attitude envers la religion. Mais ils disent par contre aux croyants, qu’ils ne veulent pas qu’on les persécute pour leur religion, qu’ils leur reconnaissent le droit de pratiquer leur religion.

Dans sa brochure « A la paysannerie pauvre », Lénine écrivait en 1903 : « Les social-démocrates exigent ensuite que chacun ait le droit de pratiquer tout à fait librement n’importe quelle religion... Toutes ces lois [le tsarisme était contre toutes les religions autres que la religion orthodoxe] sont les plus injustes, les plus violentes, les plus honteuses. »

Dans la brochure parue en 1913 : « le Marxisme et la question nationale », Staline écrivait : « Le programme des social-démocrates comporte un point relatif à la liberté de confession. D’après ce point, tout groupe d’individus a le droit de confesser toute religion : le catholicisme, l’orthodoxie, etc. La social-démocratie luttera contre toute répression religieuse, contre les persécutions visant les orthodoxes, les catholiques et les protestants. »

Ainsi, la défense par les communistes de la liberté de conscience, leur soutien actif de la lutte des catholiques allemands contre les persécutions de l’appareil d’Etat fasciste, correspondent parfaitement à la ligne du marxisme révolutionnaire.

Aux paroles sonores de Dühring sur l’« interdiction » de la religion, F. Engels répondit que « lui [Dühring] surpassait Bismarck lui-même ». Engels appelait cela du « socialisme spécifiquement prussien ».

Ces « anticléraux » militants, qui voudraient d’après l’expression d’Engels, exciter leurs « futurs gendarmes » contre la religion, ces anticléricaux qui au moment où il est indispensable de concentrer toutes les forces contre la peste fasciste, contre l’extermination des peuples, préparée à une cadence enragée par le fascisme, ces anticléricaux qui voudraient détourner le prolétariat de sa tâche principale et le lancer dans une lutte « anticléricale », ils veulent en réalité, « cracher plus loin » que Hitler. De fait, ce serait rendre là un fameux service aux chasseurs de crânes fascistes et aux fauteurs de guerre.

L’attitude de « principe strict » des « anticléricaux est en réalité, sinon un sabotage conscient accompli sous l’influence des trotskistes et de leurs complices, en tous cas l’expression de leur impuissance devant les tâches complexes et immédiates qui se posent au prolétariat mondial et à tous les travailleurs, tâches de lutte efficace contre le fascisme et la guerre, pour l’union et la cohésion des masses populaires en un bloc de fer dressé contre les agresseurs.

Lénine, qui luttait de façon conséquente et résolue contre la pénétration des influences des classes étrangères et ennemies dans le parti révolutionnaire du prolétariat, répondait clairement et avec précision à la question « pourquoi ne déclarons-nous pas dans notre programme, que nous sommes des athées » ? Il disait : « L’unité de cette lutte véritablement révolutionnaire de la classe opprimée pour le paradis sur la terre est bien plus importante pour nous, que l’unité d’opinion des prolétaires sur le paradis au ciel. »

Nous ne devons pas oublier que l’appel lancé, il y a 90 ans, par les fondateurs du socialisme scientifique, Marx et Engels, dans leur Manifeste Communiste : « Prolétaires de tous tes pays, unissez-vous ! » ne fait aucune différence entre les prolétaires croyants et non-croyants, qu’il les appelle tous à s’unir contre l’ennemi commun qui ne leur apporte rien que misère et peine, esclavage et souffrance. Aujourd’hui quand nous avons devant nous un ennemi perfide, cruel, sanguinaire, tel que le fascisme, l’unité des masses populaires contre sa sauvagerie, contre son cannibalisme et ses excitations à la guerre et pour son renversement, nous est mille fois plus importante que l’unanimité sur les questions religieuses.

Lénine, il vrai que cela s’appliquait aux conditions de l’autocratie tsariste, en 1909, nous expliquait que : « si le prêtre vient vers nous pour un travail politique commun et exécute consciencieusement le travail du Parti, n’intervenant pas contre le programme du Parti, nous pouvons l’accepter dans les rangs de la social-démocratie. » [Lénine, Oeuvres Complètes, t.14]

Mais les bavards « gauchistes » voudraient nous convaincre qu’il ne faut pas lutter en commun avec les croyants contre le fascisme, pour la défense de la paix, pour la défense des intérêts quotidiens du prolétariat et de tous les travailleurs, que ruine le capital financier.

Les communistes sont des dialecticiens matérialistes conséquents, pas un instant ils ne refuseront de faire de la propagande et de lutter pour atteindre leur but, l’édification du socialisme. Ils propagent avec opiniâtreté la doctrine de Marx, Engels, Lénine, Staline et ne permettent pas que leurs rangs soient souillés par l’infiltration d’une idéologie étrangère d’un nébuleux romantisme ou d’une phraséologie pseudo-idéaliste. Leur lutte est exempte de tout pseudo-sentimentalisme, de tout socialisme utopique, elle est basée sur la théorie révolutionnaire.

« Quand nous intervenons, écrit Dimitrov, pour la défense de la liberté de conscience, contre la persécution des croyants par les fascistes, nous n’abandonnons pas notre conception marxiste du monde exempte de tout préjugé religieux. »

Les communistes expliquent avec patience aux masses la conception juste de la religion, comme l’enseigne le marxisme. Cela n’exclut nullement, mais au contraire cela suppose l’exclusion de toute offense envers les sentiments religieux des masses, l’établissement de relations de camaraderie avec les masses laborieuses croyantes, pratiquantes ou non et la lutte commune contre l’ennemi commun, le fascisme.

Les anticléricaux « orthodoxes » qui voient dans chaque croyant un ennemi et qui voudraient mettre au premier plan la lutte contre la religion, sont en réalité des partisans de la conception idéaliste. Ils traitent la question religieuse abstraitement, dans les nuages, la détachant de la lutte de classe concrète, de la lâche immédiate la plus importante, celle de l’anéantissement du fascisme. Ils ne prennent pas pour point de départ que c’est l’être qui détermine la conscience ainsi que le font les marxistes, mais ils se placent sur le terrain des « idéalistes » - et croient que l’on peut modifier la conscience des masses autrement que par un changement radical du régime social.

Les marxistes comprennent que les hommes en développant leur production matérielle et leurs relations matérielles modifient en même temps que la réalité en question, leur mentalité et le produit de leur mentalité. Ils comprennent que la religion ne peut pas être « supprimée » par la propagande seulement. Les phraseurs « gauchistes », qui reprochent aux communistes de renier le marxisme en pratiquant la politique de la « main tendue », n’ont en réalité jamais rien compris au marxisme. Leur attitude « anticléricale » hautaine est du pur « idéalisme », que les fondateurs du socialisme scientifique ont si souvent raillé et fustigé.

Les communistes, déployant le drapeau du front unique prolétarien et du Front populaire antifasciste, et l’élevant toujours plus haut, tendant la main à tous les exploités et à tous ceux qui sont persécutés pour la lutte commune contre le fascisme, contre la guerre, contre l’attaque du capital et de la réaction, sans leur demander de renier leurs convictions religieuses, par là-même déploient le drapeau du marxisme révolutionnaire, élargissent le front de lutte, forgent l’arme pour renverser l’ennemi sanguinaire de l’humanité, ils dégagent la voie pour la victoire de tous les travailleurs. Aucun verbiage, si « radical » et pseudo-révolutionnaire qu’il soit, ne fera dévier les communistes de cette voie !


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