Nouveauté : Communistes, de Roger Martelli

samedi 21 novembre 2009.
 

Enfin un ouvrage court, vivant, accessible à tous, où la rigueur de l’historien croise la réflexion du militant avec la clarté du pédagogue. Roger Martelli, codirecteur du mensuel Regards, nous rappelle que le communisme a été et est toujours un idéal égalitaire de justice, un refus de l’exploitation capitaliste et un objectif d’émancipation individuelle et collective avant de s’identifier à un régime politique prétendant instaurer le « socialisme réel ». Distinguant de grandes « bifurcations » entre différentes options stratégiques, il souligne que l’histoire du communisme n’est pas celle de la réalisation linéaire d’une idée mais celle d’un processus complexe, ponctué des victoires et des défaites des révolutions sociales. En dépit du poids des structures et des circonstances. Les dirigeants, les théoriciens, et même les militants (dont une fine typologie est présentée) ont toujours à choisir entre diverses options possibles.

S’il y eut des communistes avant lui, Marx a voulu dépasser les utopies en affirmant une nécessité de la révolution politique et donc de partis nationaux et de l’Internationale. Néanmoins, deux stratégies divisèrent longtemps les révolutionnaires, les uns prônant l’affrontement direct, frontal et violent avec l’État capitaliste, les autres comptant plus sur la mobilisation des masses, l’hégémonie intellectuelle et le suffrage universel pour la conquête démocratique du pouvoir.

La faillite des partis sociaux-démocrates en 1914 et la révolution d’Octobre 1917 ont légitimé le bolchevisme de Lénine comme le modèle mondial bientôt adopté par la plupart des communistes. Son héritier infidèle, le stalinisme, fort de son despotisme criminel, de ses dogmes manichéens et de ses illusions de puissance, en vint à incarner seul le communisme du XXe siècle. Au point de devenir irréformable et d’entraîner la décomposition du bloc soviétique et l’implosion de l’URSS. Au point d’empêcher l’épanouissement des voies révolutionnaires nationales dans les pays capitalistes développés.

Dans son évocation de l’enracinement du communisme français, Martelli évoque peu les héritages du syndicalisme révolutionnaire et de la dialectique jauréssienne des émancipations. Il n’aborde pas non plus la fécondité des théoriciens marxistes, pionniers dans l’analyse du capitalisme financier, qui se prolonge aujourd’hui avec l’analyse des rapports entre individus et sociétés. Le communisme ne se réduit pas au combat politique. L’auteur dresse enfin l’état des lieux des mouvements révolutionnaires du XXIe siècle et pose la question d’un possible retour du communisme.

Jean-Paul Scot, historien

Communistes, de Roger Martelli, Éditions La Ville brûle, 2009. 13 euros.


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