Le nouvel épisode Benalla en pleine crise insurrectionnelle populaire

dimanche 6 janvier 2019.
 

Comprendre ce n’est pas prévoir. Mais ça peut aider. Le nouvel épisode Benalla ne peut être séparé de la séquence politique dans laquelle il prend place. Il aggrave la situation du pouvoir, exacerbe la perception de l’insupportable monarchie présidentielle, surligne l’ampleur des mensonges et cafouillages du commandement politique du pays, et cela en pleine crise insurrectionnelle populaire. Mais, surtout, il exprime un degré de décomposition des organes régaliens du pouvoir que les primes et autres largesses ne peuvent pas toutes colmater.

À la première affaire Benalla, on savait déjà que la « fuite » qui avait permis les « révélations » venait du cœur et du sommet de l’appareil de l’État. En effet les « révélations » des médias ne sont que rarement le fruit « d’enquêtes », « investigations » et autres grands mots dont l’égout décore ses terminaux. Il s’agit, presque toujours, de règlements de compte entre secteurs concernés ou de pur et simple achat d’informations, c’est-à-dire de corruption organisée par les médias dans l’État pour se damer le pion les uns aux autres dans la course au buzz.

L’affaire des passeports diplomatiques de Benalla entre dans l’une ou l’autre de ces catégories. Quelqu’un au sommet de l’administration des Affaires étrangères ou de l’Élysée a balancé de quoi faire une « révélation », à moins qu’il n’ait vendu l’information comme cela semble se pratiquer dans d’autres ministères. Comment croire que, quatre mois après une demande de restitution d’un passeport diplomatique, personne ne soit en état de le récupérer ? Quelqu’un en a-t-il eu assez aux Affaires étrangères, comme avant cela quelqu’un en avait eu assez au ministère de l’Intérieur ? Collomb est parti pour cause de Benalla. « Je préfère passer pour un imbécile que pour un délinquant » avait-il dit selon Le Canard Enchaîné. Le Drian savait-il ? Dans ce cas pourquoi n’a-t-il rien fait ? Ne savait-il pas ? Dans ce cas comment est-ce possible ? Qui attribue des passeports diplomatiques dans son ministère et en réclame-t-il le retour sans en dire un mot à son ministre ? Le Drian, ce premier prix de vertu ostentatoire, ferait bien de préparer ses bagages.

Ce goût des cellules politiques parallèles exaspère les grands serviteurs de l’État. À moins qu’un gros malin ait pensé trouver le moyen de financer ses cadeaux de Noël. Quoiqu’il en soit, le résultat est le même. Le ver est dans le fruit. La tête devient folle si elle est hors contrôle. C’est une condition importante qui prépare les dénouements et les effondrements dans les régimes en crise. Et c’est bien cela que vit le pouvoir depuis le début de la crise des gilets jaunes. Évidemment, les racines de cette crise sont bien plus profondes. Mais c’est une constante des grands évènements que leurs soubresauts paraissent totalement fortuits puis parfaitement évidents une fois qu’ils ont eu lieu.

La pagaille au sommet du système n’est plus réversible. Elle entoure le président qui se sait accompagné de gens peu fiables dont les concurrences transforment ses états-majors en passoire à fiel. Elle a ébranlé en profondeur le trop pléthorique groupe majoritaire à l’Assemblée nationale. L’irénisme de ce groupe s’est vérifié au pire moment par les déclarations lunaires de son président, un ex journaliste de Challenges déclarant que « tout avait été trop bien fait » puis que le pouvoir avait été « trop intelligent et subtil » ! Ses propres troupes furent sidérées, ce qui n’améliore pas leur situation de quasi débandade. Le député Son-Forget en est la prémice humoristique et délirante. Au total, sous les coups de boutoirs, la muraille résistera d’autant moins bien que ses défenseurs se débanderont ou se feront tirer dans le dos. La saison 2 commence donc en janvier 2019 dans ces conditions générales extrêmement favorables aux yeux des partisans de la Sixième République et de la Constituante que nous sommes.


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