Macron, cet "homme nouveau" qui pue la vieille politique au service des dominants...

mercredi 15 août 2018.
 

Comme l’a opportunément rappelé sur les réseaux sociaux l’historien Nicolas Offenstadt, « l’exercice de la violence physique contre des opposants politiques sans mandat légal, ou avec le soutien implicite des institutions, est un des traits marquants du fascisme ».

La violence supposée légitime de l’État y est supplantée par une violence partisane à l’abri d’une privatisation du pouvoir. Si se dire que nous n’en sommes pas encore là est vrai, ce n’en est pas pour autant rassurant. De même qu’idéologiquement, la courte échelle faite à la déchéance de nationalité a donné droit de cité aux refrains xénophobes de l’extrême droite, ce qui se donne à voir et à entendre dans l’affaire Benalla, c’est l’acceptation par ceux qui nous gouvernent de pratiques antidémocratiques fondées sur la violence contre celles et ceux qui les contestent. […]

On retrouve là les anciennes obsessions de ceux qui, se prenant pour les mousquetaires du roi, entendaient sanctuariser la sécurité présidentielle, ainsi que le théorisait la tristement fameuse « cellule de l’Élysée » sous la présidence de François Mitterrand. Sa mésaventure, qui se terminera devant la justice par des peines de prison avec sursis, suffit à nous rappeler ce que cache ce prétexte sécuritaire : une privatisation accentuée du pouvoir présidentiel.

À tous ces titres, l’affaire Benalla est évidemment une affaire d’État, puisque son siège est à l’Élysée, au plus près du président de la République. Si elle n’a pas l’ampleur ou la gravité de celles qui l’ont précédée sous la Cinquième République, de l’affaire Ben Barka sous de Gaulle à l’affaire Greenpeace sous Mitterrand, c’est parce que ses protagonistes ont été pris en flagrant délit au tout début de leur carrière de basse police et de haute courtisanerie. […]

vec ses protagonistes inédits et ses pratiques transgressives, la privatisation macronienne se révèle un nouvel épisode de la dégénérescence de la Cinquième République, alors qu’avant son élection, le candidat d’En Marche ! prétendait la relever et l’élever. Tout pouvoir personnel étant tenté d’aller jusqu’au bout de lui-même, en faisant céder ce qui l’entrave, il serait bien naïf d’espérer qu’il se remette en cause. Tout au contraire, à la manière d’une bête blessée, Emmanuel Macron risque fort de s’entêter sur la voie d’un absolutisme présidentiel.

Il faut donc parier sur nous-mêmes, nos résistances, nos indépendances, nos solidarités, pour éviter une dérive qui affaiblira plus encore notre démocratie. Faute d’avoir été censuré par le Parlement, il faudra bien que ce pouvoir soit empêché par la société.


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