Sauver les banques ou couvrir un système absurde ? (par Jean-Marie Harribey, ATTAC)

mercredi 24 décembre 2008.
 

Décidément, la crise est une bonne école pour comprendre comment l’économie marche. Beaucoup s’étonnaient ces derniers mois quand nous étions quelques-uns à dire qu’il fallait rester prudent devant l’annonce des pertes des banques et autres institutions spéculatrices : les 4,9 milliards d’euros de pertes de la Société générale par ci, les 751 millions des Caisses d’épargne par là devaient être regardés avec circonspection. Même étonnement quand on évoquait Marx et Keynes qui avaient parfaitement compris la nature fictive de la capitalisation boursière et donc que le krach boursier ne faisait s’évanouir que la fiction et non pas une richesse réelle.

Avec l’approfondissement de la crise, ce sont les banquiers eux-mêmes qui se lâchent et finissent par reconnaître ce que, bien sûr, pas un livre de théorie financière ni aucun livre d’économie bien-pensant n’envisage. Ainsi, une semaine après que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) a annoncé avoir subi des pertes en 2008, Augustin de Romanet, son directeur général, déclare dans un entretien au Monde (19 décembre 2008) : « Nos résultats sont bons. Ils traduisent une bonne gestion et des choix pertinents. Mais, à cause des règles comptables, la baisse de la Bourse – notamment celle de l’action Dexia – devrait affecter nos comptes alors même que nous n’avons pas vendu nos titres. »

Cette phrase devrait figurer en tête de tous les cours de finance savante enseignée dans toutes les universités et grandes écoles pépinières de spéculateurs qui ne savent pas ce qu’ils font. Comment le sauraient-ils puisque les normes comptables inventées pour faire apparaître plus de profit qu’il ne peut en exister sont absurdes ? Je me trompe, ce ne sont pas les normes qui sont absurdes, c’est le système qu’elles servent.


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