Eurotunnel : "L’Etat doit racheter les actions des petits porteurs" (interview de Marie Noelle Lienemann)

mercredi 9 août 2006.
 

VICE-PRÉSIDENTE de la région Nord-Pas-de-Calais et membre de l’équipe de Laurent Fabius, Marie-Noëlle Lienemann estime que l’Etat doit soutenir les petits actionnaires d’Eurotunnel.

Que proposez-vous pour aider les petits actionnaires d’Eurotunnel ?

Marie-Noëlle Lienemann. L’Etat ne doit pas les abandonner en rase campagne. Avec Laurent Fabius, nous proposons une mesure forte : que l’Etat rachète leurs actions. C’est à la fois une oeuvre de solidarité avec les 800 000 personnes qui ont cru à ce projet en y mettant leurs économies mais aussi une décision d’intérêt général. Le tunnel sous la Manche est un ouvrage public stratégique.

Les petits porteurs ont vu fondre la valeur de l’action de 95 %, pour un montant estimé environ à 4 milliards d’euros, à quel cours l’Etat devrait-il procéder à ces rachats d’action ?

On n’en est pas là, pour le moment nous lançons cette proposition. Le but c’est que les petits actionnaires ne soient pas spoliés et que parallèlement l’Etat reprenne pied dans Eurotunnel. En tout état de cause, il faudrait trouver un juste équilibre sur une valeur moyenne qui ne soit ni trop faible ni trop forte, l’Etat n’est pas une vache à lait. Sur le plan de la faisabilité, nous pensons que la Caisse des dépôts pourrait intervenir, l’une de ses missions est justement de financer les grandes structures. Ensuite, il faudrait nommer un médiateur et essayer de mettre plus de transparence sur la gestion de cette entreprise qui nous pourrait pour le moins opaque.

800 000 petits porteurs, essentiellement français, sont concernés. Serait-ce de l’opportunisme électoral du candidat Fabius ?

Absolument pas. Nous avons déjà émis des réserves et ce n’est pas de notre faute si cette affaire arrive un an avant les élections. Par ailleurs la restauration de la puissance nationale dans l’économie nous la proposons aussi dans des secteurs stratégiques, comme pour EDF-GDF pour qu’ils redeviennent à 100 % public. Avec Eurotunnel, on voit bien le côté aléatoire de financer par le privé des grands ouvrages publics peu rentables, en tout cas permettant une viabilité boursière.

Interview publiée dans Le Parisien / Aujourd’hui en France le Jeudi 3 Août 2006


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