Respect et dialogue avec les militants du PCF

mardi 19 mars 2019.
 

La campagne du Non au TCE en 2005 puis les discussions de 2006 pour une candidature unitaire antilibérale ont engagé une réflexion parmi l’ensemble des militants anticapitalistes de notre pays : une action et une alliance durable sont-elles utiles et envisageables avec le PCF ?

1) Il faut nous serrer les coudes si nous voulons être utiles

Ne nous voilons pas la face.

Depuis 1984 environ, le rapport de forces entre d’une part la classe ouvrière, les salariés et leurs syndicats, d’autre part le patronat et les rentiers s’est effondré au profit des seconds.

Libéralisme, capitalisme et victoire des rentiers depuis 30 ans

Le rapport de forces de la jeunesse pour mieux travailler et mieux vivre s’est également effondré.

La jeunesse sacrifiée

Le rapport de forces politique entre droite et gauche ne s’est pas non plus amélioré en notre faveur car le Parti Socialiste évolue lentement mais évolue sûrement si nous ne faisons rien vers une stratégie électoraliste de type démocrate à l’américaine.

Le rapport de forces entre anticapitalistes et défenseurs du capitalisme s’est effondré au profit des seconds. Dans les années 1965 à 1983, on n’entendait pratiquement jamais quelqu’un défendre le capitalisme ; tel n’est plus le cas aujourd’hui.

L’irruption de l’écologie dans le champ politique était nécessaire ; cependant, elle n’a pas amélioré les rapports de forces fondamentaux parce qu’elle s’est développée durant une période de recul politique qui favorisait plus les carrières politiciennes individuelles que la solidarité ouvrière, la clarté d’orientation et la construction de partis intellectuels collectifs. Surtout, l’écologie politique n’a pas empêché une dégradation très importante de l’environnement.

2) Est-ce la faute du mouvement social ou des organisations si nous avons ainsi reculé ?

Je ne crois pas que le mouvement social puisse être mis en cause. La France, par exemple, a connu de très grandes grèves comme 1995 et 2003. En France comme ailleurs, la résistance ouvrière et populaire face aux dégâts du capitalisme est forte, forte mais souvent désespérée faute d’un débouché politique. Les partis sociaux démocrates portent une lourde responsabilité... d’accord mais c’est là une donnée de départ. Pour influencer ce type de force électoraliste, il faut peser réellement sur les électeurs et nous retombons sur la nécessité d’une force politique ou d’un front capable de peser sur le champ politique général.

Ce qui a donc manqué pour traduire les luttes en terme d’alternative comme pour peser électoralement, c’est une réponse politique adéquate dans les conditions concrètes de notre pays aujourd’hui.

Les militants et les organisations qui se réclament du progrès humain, du socialisme, de l’écologie anticapitaliste, de l’internationalisme dans notre pays doivent se poser la question de leur propre responsabilité dans ses reculs sans les faire retomber systématiquement sur les autres forces politiques.

Ne faisons pas compliqué quand la réalité est simple : nous portons tous notre part de responsabilité. Pourquoi ?

Une majorité de dirigeants et militants d’extrême gauche croit toujours depuis 1968 que le PCF va mourir et qu’elle prendra sa place. Une majorité de dirigeants et militants du PCF croit toujours possible de redevenir le "grand parti de la classe ouvrière" obtenant 20% des voix sur les élections nationales ; certains traînent encore contre l’extrême gauche un sectarisme à pleurer. Une majorité de dirigeants et militants écologistes croit encore plus bêtement remplacer un jour les deux précédents. Une majorité de dirigeants et militants altermondialistes porte le même type de rêve. Plus surprenant encore, une majorité de dirigeants et militants de Lutte Ouvrière continue à se penser comme la seule vraie organisation ouvrière et communiste. Quant au Mouvement des Travailleurs, je me demande comment sa direction peut continuer à faire croire à ses militants qu’elle est la seule vraie héritière de la révolution d’Octobre, du prolétariat révolutionnaire et du trotskysme.

Il faut arrêter ces plaisanteries et construire une alternative à la droite et au social-libéralisme avec tous ceux qui ont des convictions et des tripes.

3) L’alliance avec le PCF est indispensable pour construire un front anticapitaliste crédible

Quelle force anticapitaliste dispose aujourd’hui du plus grand nombre de cadres ouvriers organisateurs de la résistance face au capitalisme financier ? C’est le PCF.

Quelle force anticapitaliste dispose aujourd’hui du plus grand nombre d’élus assurant un travail concret auprès du milieu populaire ? C’est le PCF.

Pourquoi dans ces conditions avons-nous constaté des réticences importantes vis à vis d’une alliance avec le PCF dans certains Collectifs Unitaires Antilibéraux ?

Certaines appréhensions pouvaient se comprendre parmi les militants de la mouvance d’extrême gauche des années 1965 1980 qui avaient subi un sectarisme évident comme parmi des personnes ayant fui les pays d’Europe de l’Est.

Ceci dit, même vis à vis d’eux, je crois qu’un débat mérite d’être approfondi sur le rôle positif du PCF dans notre pays.

2a) Le Parti Communiste Français a suscité un courant et une éducation anticapitalistes dans le mouvement ouvrier et dans la gauche française

J’ai constaté cela parmi les militants de gauche dans mon village ; celles et ceux qui avaient adhéré au PC ou qui avaient milité avec lui portaient une analyse structurante de la société capitaliste. J’ai fait le même constat ensuite parmi des petits paysans du Nord Aveyron, parmi des militants ouvriers sur l’Aveyron, la Haute Garonne et les Hautes Pyrénées. Depuis la pause du PS en 1983 1984, je crois que le mouvement ouvrier et populaire, ses acquis sociaux et démocratiques auraient été balayés bien plus systématiquement sans cette réalité anticapitaliste présente dans notre peuple et qui doit beaucoup au PCF.

2b) Le Parti Communiste Français a capté la majorité des meilleurs militants de gauche et meilleurs militants durant des décennies.

En a-t-il fait bon usage ? Dans la résistance au fascisme, oui. Il est intéressant pour s’en convaincre de se remémorer la puissante vague fascisante portée par le patronat et soutenue par une grosse partie de la droite qui atteignait notre pays dans les années 1930. La police et l’armée étaient largement infectés. La capacité des militants du PCF à tenir bon intelligemment le rapport de force physique, à créer des alliances démocratiques larges a permis de renverser la situation puis de vivre le Front Populaire.

Les 200 familles, le fascisme et la violence dans les années 1930

4) Respect pour les militants du PCF


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message