Congrès du PCF Marie George Buffet passe le témoin. Une forte présence du PG

lundi 21 juin 2010.
 

Le Parti de Gauche va suivre avec intérêt et attention le congrès du PCF. Il s’agit en effet du premier congrès du PCF depuis que nos deux partis ont cofondé le Front de Gauche. Il survient également deux semaines après un sommet du Front de Gauche très positif pour la pérénité et l’élargissement de notre démarche commune. Le PG attend donc, avec confiance, de ce congrès qu’il confirme cette orientation. La délégation du Parti de Gauche conduite par Jean-Luc Mélenchon, saluera également avec émotion Marie-George Buffet qui a été l’un des artisans majeurs du Front de Gauche à l’heure où elle laisse sa place de secrétaire générale.

Jean-Luc Mélenchon arrivera avec plusieurs secrétaire nationaux du Parti de Gauche vendredi à 17 heures puis assistera à la réception de Marie-George Buffet. Douze membres du Bureau national du PG se relaieront tout au long de ces trois jours du congrès.

1) Marie-George Buffet. La femme de conviction passe le témoin

Article de L’Humanité

La blessure reste béante. Marie-George Buffet n’encaisse toujours pas le choc de 2007. Trois ans plus tard, elle murmure  : « Je ne m’en suis pas remise. » À la veille de quitter sa fonction, la secrétaire nationale du PCF a encore en tête les 1,93 % des voix qu’elle a recueillies au scrutin présidentiel. La belle campagne et ses meetings à guichets fermés n’ont pu éviter la sanction électorale.

Communiste jusqu’au bout des ongles, elle s’est fait violence pour se porter candidate  : « On ne pouvait pas faire autrement, il n’y avait pas une autre route possible. » Enfermé, piégé de n’avoir « pas su gérer l’après-2005 ». La douleur s’estompe momentanément à l’évocation de cette fabuleuse année de victoire du « non » au référendum européen, le 29 mai 2005. « Il y avait une fierté, une complicité populaire face au mépris de l’élite journalistique et politique. Les citoyens avaient décidé de trancher en toute connaissance de cause, en dépit de la complexité du traité », rappelle-t-elle, le visage illuminé par ses grands yeux bleus. Un souvenir indélébile qui renforce son trouble. Marie-George Buffet sait qu’une occasion avait été manquée en 2005. La gauche de la gauche, à l’origine de la victoire du « non », aurait pu conclure un accord pour présenter une candidature commune et gagner ainsi son installation durable dans le paysage politique.

« Le PCF a joué un grand rôle dans cette victoire, il a été reconnu comme un outil de rassemblement. Peut-être qu’à ce moment-là, nous aurions dû commencer à construire le programme partagé… » En cette matinée ensoleillée, assise à la table de son jardin, dans le petit pavillon du Blanc-Mesnil, elle exprime des regrets, presque une confession. « Les communistes voulaient honnêtement le rassemblement et que celui-ci soit porté par une candidature communiste, ce qui n’était pas idiot en soi. Mais tel n’était pas le choix de ceux avec qui nous avions tant œuvré à la victoire », livre-t-elle, le regard posé sur les rosiers de toutes les couleurs, qu’elle bichonne à l’aube alors qu’ils sont encore couverts de rosée.

Quand, en 2002, elle devient secrétaire nationale, la dirigeante n’a qu’une ligne de conduite  : rassembler les membres du PCF, meurtris par les 3,37 % de voix obtenues par Robert Hue au premier tour de l’élection présidentielle, alors que Lionel Jospin était évincé du second tour au profit de Le Pen. Marie-George Buffet se lance d’urgence à la rencontre de ses « camarades » et constate « l’immense colère que je n’avais pas complètement mesurée. “On vous avait bien dit qu’il ne fallait pas ouvrir le capital des entreprises publiques, vous ne nous avez pas écoutés”, me déclarait-on ici et là », relate-t-elle. Elle revient de ce voyage à l’intérieur du PCF complètement traumatisée, angoissée à l’idée que « le parti implose ». Cette femme qui adhère en 1969 se donne corps et âme pour unir sa famille politique. Une obsession qu’elle partage avec d’autres membres de la direction et qui les amène parfois à faire des compromis à l’intérieur du parti. Au détriment de ce qu’elle estime être « notre principal objectif  : construire une vraie alternative au capitalisme ».

Marie-George Buffet a accédé à la tête d’une formation en pleine tourmente. Une organisation qui se doit de se regarder en face et d’analyser les raisons de sa chute continuelle aux scrutins présidentiels depuis 1981, quels que soient les candidats. « Même si cette élection nous déplaît, elle structure la vie politique française. On ne peut se permettre un énième choc. »

Sans doute la dirigeante part-elle en ayant eu le souci de sauver ce parti, ses membres qu’elle chérit particulièrement. Les militant(e)s, pour elle, « sont un joyau » auquel elle tient « comme à la prunelle de mes yeux ». « C’est extraordinaire d’avoir cette ambition de transformer le parti, la gauche, le monde. La crise du système capitaliste nous donne tellement raison d’œuvrer dans ce sens. »

Première femme à la tête du PCF, elle quitte sa fonction en se disant fière d’avoir contribué à engager sa formation dans l’expérience du Front de gauche. Marie-George Buffet croit dur comme fer à ce « bébé conçu par le parti, qu’on porte avec d’autres ». À tous ses « camarades » doutant de la pertinence d’une telle conception, elle lance  : « Il n’est pas question de nous diluer. Sans nous le Front de gauche n’existerait pas. Le rassemblement est indispensable pour créer une majorité et changer la vie des gens. Assumons la présence en son sein d’organisations différentes à la nôtre et laissons l’intervention populaire trancher nos différends. »

Transformer la vie devra rester le leitmotiv, estime celle que les injustices et les inégalités insupportent. « Boutin justifie ses 9 000 euros, sait-elle que cela correspond à neuf mois de salaire d’un smicard ? » La révolte n’a jamais quitté cette battante qui a grandi dans une famille de sept enfants, « avec les allocations familiales et les coupures d’électricité et d’eau ». « Les coupures d’eau, c’est le plus difficile », se remémore-t-elle.

La femme politique savoure les trop rares moments où elle peut profiter de son jardin. Elle se sent bien dans sa maison achetée il y a deux ans. Elle aime la banlieue, cette banlieusarde de naissance, cette députée de Seine-Saint-Denis qui souhaite se consacrer pleinement à son mandat parlementaire, s’investir dans le sport, domaine dans lequel elle s’est imposée en tant que ministre, de 1997 à 2002. Elle veut aussi prendre davantage part à un combat qui lui tient particulièrement à cœur, celui de l’émancipation des femmes  : « Elles vivent une terrible régression de leurs droits. Je regrette de n’avoir pas insisté suffisamment sur cette question au sein de mon parti. » Étrangement, c’est essentiellement en tant que députée et ministre qu’elle a laissé s’épanouir sa fibre féministe.

À soixante et un ans, la dirigeante passe le témoin, en espérant que les nouveaux responsables, « peut-être parce qu’ils n’ont pas participé à la dernière période, vont retrouver l’ambition, l’envie de mordre dans le débat et dans l’action politiques. De mordre dans la vie », dit-elle. Marie-George Buffet s’en va militer autrement, prendre le temps de lire et cultiver ses roses, si belles.

Mina Kaci


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