Le "retard français", une légende inventée par la droite et le grand patronat

mercredi 23 juillet 2008.
 

Il s’agit d’une légende utilisée par la majorité de droite et le Medef pour imposer des réformes rétrogrades jugées indispensables pour éviter le naufrage de l’économie française. Car si on observe les chiffres publiés par le FMI ou l’INSEE, on constate que les performances françaises sont tout à fait honorables.

Le PIB*réel par habitant : il n’a été supérieur en Allemagne que pendant deux ans (2006/2007) sur les dix dernières années. En 2008, il est égal (1,8). Si on prend le PIB tout court, l’écart est nettement favorable à la France : 2,3% an contre 1,5% en RFA. Quant à la zone euro, sa moyenne est identique à celle de la France sur les 20 dernières années...

Il paraît encore plus surprenant de constater que l’écart avec les Etats-Unis n’est que de 0,1% sur les dix dernières années. Cet écart devrait être rapidement comblé en faveur de la France en 2008/09, selon les prévisions du FMI.

L’Allemagne est souvent citée comme performante grâce aux réformes entreprises par Schröder. En fait, c’est le renoncement à cette politique qui permet le retour à la croissance, en particulier les hausses salariales obtenues par d’importants mouvements sociaux, la pression syndicale et politique de Die Linke* sur le SPD et Angela Merkel. Ce qui sera d’ailleurs profitable à l’économie de la France. La période restrictive précédente avait entraîné la croissance européenne vers le bas, l’Allemagne pesant le quart de l’économie de la zone euro.

La dette.* Les actifs, (la richesse que détient l’État) sont positifs : ils représentent 37% du PIB. La France peut donc s’endetter comme n’importe quelle entreprise, financer un plan de relance comme Sarkozy l’a fait avec le paquet fiscal. Malheureusement, ce cadeau de 14 milliards aux plus riches n’a pas provoqué le choc escompté sur la croissance.

La dette publique a augmenté avec la globalisation ; depuis1980, elle est passée de 20,7% à 63,9% du PIB. Elle serait trop lourde, il faudrait donc la limiter à 60%, réduire les dépenses publiques, le nombre de fonctionnaires (enseignants, personnel de santé. Quel progrès social !). C’est stupide, l’Allemagne est au-dessus de 60%, la Belgique à 84,9%, l’Italie au-dessus de 100%, la moyenne européenne à 68%, les Etats-Unis à 62,2% et le Japon à 180%... Elle a fortement progressé pendant les années de faible croissance, particulièrement entre 91 et 96, (années où Sarkozy fut ministre du budget en 93 et 95). Elle a été réduite de 2,5% sous la Gauche plurielle, entre 98 et 2001, grâce à la croissance impulsée par le gouvernement Jospin. Car c’est la faiblesse de la croissance qui génère L’endettement : la France consomme beaucoup moins qu’elle produit et ne vit pas à crédit.

La dette publique n’est pas la dette de la France : la dette est la contrepartie des actifs (les biens publics) qui eux sont bien réels. De plus, pour s’endetter l’Etat émet des bons du trésor qui sont achetés par ceux qui peuvent épargner, les plus aisés. Ils appartiennent à la même génération que celle qui emprunte. On ne lègue donc pas que la dette aux enfants puisqu’ils héritent aussi des titres. En réalité, le transfert est nul entre génération. Le transfert s’opère entre classes sociales car tous les contribuables paient les intérêts de la dette (15% des dépenses de l’Etat) alors que les intérêts profitent aux détenteurs des Bons du Trésor. Avec la diminution de l’impôt sur le revenu (progressif) dont bénéficient largement les plus riches, c’est une redistribution fiscale inversée qui s’opère.

Quant aux dépenses publiques (52,37% en 2007), ce monstre du loch Ness brandit pour justifier tous les sacrifices et les coupes sombres dans les services publiques et la protection sociale, elles n’ont augmenté que de 0,59% de PIB en 22 ans. Difficile d’y voir l’explosion de la dette !

Auparavant, l’accroissement des dépenses de l’Etat, toujours inférieure au taux de croissance de l’économie (sauf en 2002 et 2003), compensait la faiblesse de l’activité économique, pour la relancer. La nouveauté, c’est que ce mécanisme compensateur est grippé depuis 2002, année d’arrivée de la droite au pouvoir et de la croissance molle avec une moyenne de 1,8%...Les Français en paient les conséquences en terme de chômage et de précarité.

En fait, comme pour les détenteurs de capital la volonté d’épargner est supérieure à la volonté d’investir, l’argent trouve toujours à se placer auprès de l’Etat au lieu de s’investir dans les entreprises. Surtout quand on constate que le taux d’intérêt est passé au-dessus du taux de croissance depuis 1980. Il est donc devenu plus intéressant de gérer des titres de rente ou de spéculer que d’investir. Ce dont souffre la France ce n’est pas de la dette ou du déficit public de l’Etat, mais du manque d’investissement.

Le modèle anglais : la Grande Bretagne qui n’est pas dans la zone euro n’a jamais respecté le pacte de stabilité européen qui fixe le déficit budgétaire à 3%. Pour relancer son activité et rectifier les aberrations du Thatchérisme, Tony Blair a créé 560 000 emplois publics dans la santé et l’éducation, accroissant de 5 points la part des dépenses publiques dans le PIB.Les recettes fiscales engrangées ont permis alors de réduire le taux d’endettement. En France, la redistribution se fait à l’inverse, en direction de catégories qui épargnent au lieu d’investir.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message