10 questions sur l’économie : Les caisses sont-elles vides ?

mardi 20 mai 2008.
 

Série de questions à Lîem Hoang-Ngoc sur France Inter, chez Patricia Martin

Savez-vous quelle question vitale se pose tout jeune marié qui souhaite fonder une famille ?

Patricia Martin : Non...

Mes bourses sont-elles pleines ?... On peut rassurer le Président de la République et son Premier ministre, l’Etat est loin d’être impuissant et la France n’est aucunement en faillite. Tout compte de patrimoine comporte certes un passif, la dette. Mais il inclut aussi un actif, en l’occurrence les bijoux de famille que détient l’Etat : les actifs, les infrastructures, les écoles, les hôpitaux, etc. A cet égard, le solde net est positif, il représente 20% du PIB.

Mais la France ne respecte pas le pacte de stabilité ?

Certes, le taux d’endettement dépasse les 60% du PIB autorisé par le pacte de stabilité. Mais aucun des grands pays de l’Eurogroupe, excepté l’Espagne, ne respecte ce pacte, dont Romano Prodi dit qu’il est une stupidité. Et il n’a pas tort. Il existe aujourd’hui une abondante épargne que les entreprises n’utilisent pas pour l’investissement, désespérément en panne, malgré un léger regain dernièrement.

Cette épargne est particulièrement friande d’obligations d’Etat, émise par L’agence France Trésor, qui est l’un des payeurs les plus sûrs au monde. L’Etat peut donc emprunter à des taux d’intérêt extrêmement bas pour financer des dépenses porteuses d’avenir, notamment les dépenses d’investissement et d’innovations que les entreprises privées ne réalisent pas.

L’Etat pourrait même relever le traitement de ses serviteurs, qu’il considérait jadis comme les hussards de la République. En l’absence d’une telle mobilisation des ressources financières pour la politique publique, l’économie plongerait dans la récession, faute de dépenses privées.

Henri Guaino, jadis pourfendeur de la pensée unique, avait raison sur cette antenne d’en appeler au volontarisme de la politique publique, à l’heure où l’initiative privée est atone.

Alain Minc lui-même, pourtant symbole de la pensée unique, ne disait pas autre chose à ce propos mardi dernier à Nicolas Demorand.

Le Président de la République est donc bien conseillé ?

On ne peut pas vraiment l’affirmer. Une objection doit être faite aux conseillers de l’actuel Prince.

Emprunter pour soutenir la croissance : oui ! Encore faut-il que le décideur public réalise les bons choix. On ne ressortira pas ici la tarte à la crème du paquet fiscal, des franchises médicales et des compressions de personnels, comme exemples de choix budgétaires discutables. On sait déjà que les déficits vont se creuser parce que le choc sur la croissance n’aura pas lieu et que les recettes fiscales feront défaut.

On peut par contre souhaiter que d’autres choix, ayant un réel impact sur la croissance, puissent voir le jour dans les lois de finance à venir.

C’est à cette condition que la dette se réduira : non pas parce qu’on aura comprimé inutilement la dépense publique, mais parce que la dépense publique est susceptible de soutenir la croissance. Une croissance qui engendre en fin de course les recettes fiscales permettant de résorber les déficits.

Souvenons-nous qu’entre 1998 et 2001, un taux de croissance supérieur à 3% avait suffit à ramener les comptes sociaux à l’équilibre.

Le dicton du jour : « trop de rigueur tue la rigueur ! ».


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