Héroïnes de la Résistance antifasciste Lucie Aubrac, M-C Vaillant-Couturier...

lundi 28 avril 2008.
 

A) Trois résistantes ensemble jusqu’au Panthéon (par Par Odette Nilès (résistante) et Cécile Rol-Tanguy (résistante)

La place des femmes dans l’histoire de notre pays et de notre peuple a trop longtemps été réduite à la portion congrue. C’est pourquoi la proposition qui a été faite de mettre en lumière l’action de certaines d’entre elles en transférant leurs cendres au Panthéon est une réparation plus que nécessaire.

Des dizaines de milliers de femmes venues de tous les pays d’Europe occupés ont connu l’enfer concentrationnaire à Ravensbrück. Parmi celles qui y ont survécu, Geneviève Anthonioz-de Gaulle, Germaine Tillion et Marie-Claude Vaillant-Couturier ont porté, chacune à sa façon, un puissant témoignage d’humanité.

Germaine Tillion, connue pour ses brillants travaux d’ethnologue, a animé un réseau de résistance avant d’être arrêtée et déportée à Ravensbrück le 21 octobre 1943. Son engagement s’est ensuite porté en faveur de la dignité du peuple algérien et pour la cause des femmes de Méditerranée.

Geneviève Anthonioz-de Gaulle, fut également arrêtée pour ses activités de renseignement dans la Résistance, et déportée à Ravensbrück le 2 février 1944. Emblématique présidente du mouvement ATD Quart Monde, elle mena un combat sans relâche contre la pauvreté, jusqu’à inspirer la Loi d’orientation contre la grande pauvreté votée en 1998.

Marie-Claude Vaillant-Couturier fut également une grande animatrice de la Résistance jusque dans les camps où elle fut déportée, étant transférée d’office d’Auschwitz à Ravensbrück le 4 août 1944. Elle fut l’un des grands témoins de l’accusation au procès de Nuremberg et fut deux fois vice-présidente de l’Assemblée nationale. Elle s’engagea pour établir l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité.

Germaine Tillion, Geneviève Anthonioz-de Gaulle et Marie-Claude Vaillant-Couturier ont mené bataille commune face à la barbarie nazie, avant de connaître des parcours d’exception, incarnant les valeurs profondes de notre peuple, celles-là même qui se sont exprimées dans la Résistance.

Toutes trois, avec leurs personnalités et la diversité de leurs convictions se sont retrouvées à des moments essentiels de leurs vies. Toutes trois ont été honorées de leur vivant par la République. Elles méritent maintenant de représenter au Panthéon le courage et l’humanité dont sont capables les femmes et les hommes de notre pays, en parlant la langue de l’universel. La Résistance et la République ne sauraient s’écrire au masculin.

Résistantes, c’est pourquoi nous proposons avec solennité au Président de la République de les élever toutes trois, ensemble, avec leurs destins croisés. Elles y rejoindront Jean Moulin et André Malraux.

A l’heure où les grands résistants et résistantes sont en train de disparaître avec la force de leur témoignage, au moment d’aborder le soixante-dixième anniversaire de la Libération, c’est ce geste qui saura parler au cœur de notre peuple en remettant sur le devant de la scène l’esprit de la Résistance, les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité qui fondent notre République.

Cécile Rol-Tanguy (résistante)

Odette Nilès (résistante)

Odette Nilès a été internée du camp de Choiseul à Châteaubriant, elle préside aujourd’hui l’Amicale Châteaubriant Voves-Rouillé-Aincourt. Cécile Rol-Tanguy s’est vue décerner la médaille de la Résistance.

Source : http://www.lemonde.fr/idees/article...

B) Que s’ouvre le panthéon pour...

Olga Bancic, grande résistante, arrêtée par quelques raclures de la police française au service des nazis

Lucie Aubrac

Elle adhère aux jeunesses communistes au début de 1932 et devient rapidement secrétaire des JC du 13ème arrondissement, membre du bureau de Paris-Ville. À la Sorbonne, elle s’inscrit à l’Union fédérale des étudiants, toujours dans la mouvance communiste et elle y noue des amitiés durables avec Victor Leduc, Joseph Epstein, Jean-Pierre Vernant et son frère. Dans le cadre de l’UFE, elle collabore à la revue l’Avant-garde et elle a des contacts assez étroits avec Ricard, un groupe secret qui réunit les étudiants de grandes écoles, non encartés, appelés à occuper peut-être de hautes fonctions ; au sein de ce groupe, elle rencontre Raymond Samuel (dit Raymond Aubrac) qu’elle va épouser.

En août 1940, elle organise l’évasion de son mari, prisonnier de guerre à Sarrebourg. A l’automne 1940, elle entre dans le réseau de résistance fondé par Emmanuel d’Astier de La Vigerie « La dernière Colonne ». Elle est également en contact avec Georges Marrane qui représente le Parti communiste français en zone Sud. Dès mai 1941, elle participe à la rédaction du journal Libération Sud et participe à la direction de ce mouvement. Son mari dirige la branche paramilitaire du mouvement.

En mars 1943, elle réussit à faire libérer son mari arrêté et à faire évader ses camarades (Serge Ravanel, Maurice Kriegel-Valrimont et François Morin-Forestier). Le 21 juin, Raymond est arrêté à Caluire par la gestapo. En septembre 1943, elle réussit la libération de quatre dirigeants de la Résistance à l’hôpital de Saint-Étienne. Le 21 octobre 1943, elle attaque avec son groupe armé le camion allemand dans lequel se trouvent quatorze résistants dont son mari. Six Allemands, le chauffeur du camion cellulaire et les cinq gardes sont tués pendant l’attaque et les résistants parviennent à s’évader. Lucie, Raymond et leur nouveau-né passent alors dans la clandestinité totale pour rejoindre Londres et de nouveaux combats...

Marie-Claude Vaillant-Couturier

Marie-Claude Vaillant-Couturier devient, très jeune, reporter photographe. Pour le magazine Vu, elle est la première, en 1933, à montrer au monde les camps de concentration allemands. Elle épouse cet ogre magnifique que fut Paul Vaillant-Couturier. Un amour bref, cinq ans à peine.

Juillet 1938, elle se retrouve en Espagne, en pleine guerre civile, croise Henri Tanguy, le futur Rol-Tanguy, découvre les Brigades internationales. L’un des bataillons se nomme Paul Vaillant-Couturier. En 1942, elle est arrêtée, par la police française, passe de prison en prison pour finir à Auschwitz-Birkenau puis à Ravensbrück. Sa «  force  », alors, c’est qu’elle maîtrise parfaitement la langue allemande, dont elle se sert pour se préserver, survivre à l’enfer.

Libérée par l’Armée rouge, elle reste dans le camp tout un temps au service des plus faibles des détenues puis elle témoigne de l’horreur nazie au procès de Nuremberg, en 1946. Une militante infatigable de la mémoire de la déportation, pacifiste et féministe de combat, élue et dirigeante communiste respectée. Une sainte  ? Le mot a été prononcé à son sujet à la Libération. Une héroïne  ? Une légende  ? Un mythe  ? Rien de tout cela, en fait. Plus simplement une femme habitée par la passion politique, d’une incroyable vitalité, élégante et discrète, humble mais tenace, simple et altière à la fois. Une sorte d’aristocrate rouge sortie d’un roman de Jean Vautrin.

par Gérard Streiff Auteur d’ Une vie de résistante. 
Marie-Claude Vaillant-Couturier, éditions Oskar

Martha Desrumaux, symbole des luttes féministes de la classe ouvrière

Martha Desrumaux naît en 1897 à Comines (Pas-de-Calais). À 9 ans, elle commence à travailler d’abord comme domestique, puis comme ouvrière du textile. En 1910, elle adhère à la CGT, deux ans plus tard aux Jeunesses socialistes. En 1921, elle rejoint le jeune Parti communiste et en devient très vite une des dirigeantes. De 1920 à 1936, Martha anime les luttes dans le textile et organise en 1933-1934 rassemblements et marches de chômeurs. En 1936, elle participe aux grèves et manifestations du Front populaire. Elle sera la seule femme présente à la signature des accords Matignon le 7 juin. Dès l’été elle organise la solidarité envers l’Espagne républicaine. En juin 1940, elle met à profit son expérience syndicale et politique pour favoriser l’entrée de la classe ouvrière dans la Résistance. En août 1940, elle prépare clandestinement avec des délégués du Nord et du Pas-de-Calais la grande grève patriotique de mai-juin 1941  : 100 000 mineurs arrêteront le travail, ; refusant de produire pour les valets de l’occupant. Arrêtée en août 1940, elle est déportée à Ravensbrück. Elle participe à la Résistance dans l’horreur concentrationnaire. De retour en France, affaiblie par le typhus, elle accepte d’être une des premières femmes députées, reprend sa place à la direction de l’UD CGT. Martha Desrumaux reste le symbole des luttes féministes de la classe ouvrière.

par Pierre Outteryck, Professeur d’histoire, 
auteur de Martha Desrumaux, éditions Le Geai bleu


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