28 juin 1914 : Assassinat de l’archiduc d’Autriche à Sarajevo et responsabilités immédiates dans le déclenchement de la guerre

samedi 8 juillet 2023.
 

- 1) L’attentat et ses conséquences

- 2) La montée des périls sur les bords du Danube de 1903 à 1914

- 3) De l’attentat de Sarajevo à la guerre

1) L’attentat et ses conséquences

Le 28 juin 1914, trois nationalistes serbes de Bosnie organisent un attentat contre l’archiduc François-Ferdinand. Celui-ci ne peut être considéré comme un chantre de l’impérialisme militariste ; au contraire, il travaille à un rapprochement avec la Russie et à la naissance d’une fédération des Etats slaves du Sud (correspondant globalement à la future Yougoslavie).

Mais Gavrilo Princip et ses complices Ciganovic et Cabrinovic, s’en prennent ainsi à un symbole de l’empire austro-hongrois, indépendamment de sa personnalité propre. Ils ont bénéficié de la complicité des services secrets serbes et du réseau clandestin nommé la Main Noire.

Ce fait divers tragique ne peut pas être considéré comme une cause essentielle de la Première guerre mondiale.

Causes de la Première Guerre Mondiale : capitalisme, nationalisme et responsabilité des Etats

Il a seulement servi de prétexte à l’empire d’Autriche-Hongrie pour lancer le processus menant inéluctablement à la guerre face à la Serbie, déclenchant ainsi la logique des alliances européennes :

- l’Allemagne et la Turquie soutenant l’Autriche

- La Russie, la France et le Royaume Uni se posant en défenseurs des Serbes.

Cet assassinat a surtout représenté un palier supplémentaire dans la logique de guerre qui prévaut dans les Balkans depuis le début du 20ème siècle.

2) La montée des périls sur les bords du Danube de 1903 à 1914

En 1903, des officiers assassinent le roi de Serbie Alexandre 1er jugé trop modéré dans sa défense des intérêts du pays ; s’ensuit une radicalisation nationaliste de la politique gouvernementale comme des médias.

L’Autriche réagit en décrétant un embargo économique contre Belgrade qui trouve un échappatoire dans le renforcement de son alliance avec Moscou.

En 1908, l’empire austro-hongrois prend une décision qui aurait déjà pu mettre le feu aux poudres de toute l’Europe : il annexe la Bosnie-Herzégovine, voisine de la Serbie, comprenant une forte population serbe et dont le courant anti-Autrichien travaille avec les nationalistes serbes.

La Serbie mobilise son peuple en armes. La Russie s’apprête à faire de même. La France et le Royaume-Uni, malgré leur traité de Triple Alliance refusent d’épauler la Russie ; aussi, Moscou se rabaisse et la Serbie passe sous les fourches caudines de Vienne.

Cette défaite diplomatique et morale de la Serbie explique la naissance en 1911 de l’organisation clandestine L’Union ou la Mort (dite la Main Noire) composée d’officiers serbes (ayant souvent déjà participé à l’assassinat d’Alexandre 1er en 1903) et dirigée par le chef du 2ème bureau (renseignement) de l’armée : le colonel Dimitrievitch.

Lors des deux guerres balkaniques de 1912 et 1913, la Serbie s’impose comme la force militaire principale des Balkans, annexant même une partie importante de la Macédoine au détriment de la Bulgarie.

3) De l’attentat de Sarajevo à la guerre

Dans l’empire austro-hongrois des forces interviennent contre la marche à la guerre, en particulier le comte Tisza, président du conseil hongrois. Cependant, les pangermanistes, nationalistes et féodaux belliqueux l’emportent grâce au soutien de l’empereur d’Allemagne Guillaume II et de son chancelier Bethman-Hollweg.

En effet, les 5 et 6 juillet, le comte Berchtold (ministre des Affaires étrangères de Vienne) obtient le "plein appui" politique et militaire de Berlin face à la Serbie. La principale responsabilité de l’Allemagne dans le déclenchement de la guerre s’est jouée, début juillet, lors de cet encouragement au militarisme austro-hongrois vers la guerre contre la Serbie. L’état-major de Berlin est-il à ce point certain de sa supériorité militaire. L’empereur et ses proches estiment-ils que la France et le Royaume-Uni vont se dégonfler comme en 1908 ?

Dès le mardi 7 juillet, le conseil des ministres autrichiens décide de privilégier la solution militaire et non diplomatique dans ses différents avec la Serbie.

Le dimanche 19 juillet, un ultimatum excessif en dix points est rédigé par le cabinet autrichien et approuvé par l’empereur François-Joseph.

Le 23 juillet, l’Autriche envoie son ultimatum en dix points à la Serbie sous forme de conditions draconiennes sous peine de déclaration de guerre, avec refus d’une quelconque négociation et exigence d’une réponse dans les 48 heures. Les diplomaties françaises et britanniques poussent à circonscrire le conflit aux Balkans.

Aussi, la Serbie accepte toutes les conditions sauf la sixième concernant l’enquête sur l’assassinat de l’archiduc pour laquelle elle propose un arbitrage international. Vienne demandait également que des enquêteurs austro-hongrois puissent se rendre sur tout le territoire serbe pour enquêter.

Dès le 25 juillet, l’Autriche ordonne la mobilisation générale, groupe ses forces et rompt ses relations diplomatiques à 18h30 avec le Serbie.

Le 27, Londres insiste auprès de toutes les chancelleries pour une réunion diplomatique. Le refus de Saint Pétersbourg qui veut protéger Belgrade face à Vienne par la mobilisation partielle de 13 corps d’armée était prévisible. Le refus de Berlin signe à nouveau sa volonté d’aller à l’affrontement.

L’Autriche maintient une attitude intransigeante et prépare la guerre qu’elle déclare le 28 juillet 1914.

Le 29, l’armée autrichienne commence le bombardement de Belgrade, capitale serbe

Le 30, la Russie lance elle aussi sa procédure de mobilisation.

Le 31, conformément à leurs alliances, la France et l’Allemagne ordonnent aussi la mobilisation générale : la Première guerre mondiale commence.

Jacques Serieys


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