Le Kid (de Charlie Chaplin) : Un monument d’humanité

samedi 10 février 2024.
 

Cette semaine , en mal de programme télé, je suis tombée par hasard sur LA merveille des merveilles, LE chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre, pour tout dire, de ces films qui te causent au souvenir, de « quand tu étais petit », et pour peu que tu aies justement ce soir-là la nostalgie au bord du cœur, Chaplin, ça marche à tous les coups.

C’était « Le Kid ». Ah, tout de suite vous comprenez mieux l’emphase du début, hein ? Le Kid, vous voyez bien, c’est une histoire simple à pleurer, le mot est juste, simple comme l’amour des pères et des fils et peut-être même des mères.

Voilà donc une pauvre fille, on la devine ayant « fauté », munie d’un bébé au berceau, braillard comme pas permis, elle le dépose dans une voiture. Cossue, la voiture, évidemment. Sitôt fait, deux malfrats « empruntent » la bagnole, et héritent du gamin avec. Mauvaise pioche ! Ils se débarrassent du lot.

Passe un vagabond. LE vagabond. Charlot himself. D’aventure en aventure, il se retrouve avec le bébé sur les bras. Cache-cache avec les flics, avec une dame pas commode (il y a toujours une dame pas commode, chez Chaplin, avec coups de parapluie et yeux furibards !), et retour à la maison, le bambin sous le bras. Il ne sait pas vraiment comment s’y prendre, notre gars. Alors, il fait au mieux, c’est tout. Des trésors d’invention, il déploie.

Une cafetière devient un biberon self-service, un siège de paille découpé en rond, une chaise percée. Et le temps passe. Et l’enfant, le Kid, attrape cinq ans. Une gapette sur le nez, un pantalon rapiécé, un regard à faire fondre la banquise et la maréchaussée. Et tout l’amour du monde dans le cœur du « papa » d’occasion. C’est la vie quotidienne, on mange des crêpes, on bosse un peu, on escroque, pas trop, juste ce qu’il faut pour se faire deux sous, on se bagarre avec les voisins, on dort dans un foyer et déjà, en 1921, le marchand de sommeil est une crapule, on s’aime...

Le môme tombe malade. On appelle un médecin. Et là, catastrophe, le toubib demande au papa si c’est vraiment lui le père du gamin. Non, qu’il répond. Un peu escroc, mais pas malhonnête, tout de même. Voilà l’assistance publique, une espèce de DDASS de ce temps-là, qui s’en mêle. Ils viennent récupérer le petit. L’embarquent dans un camion, façon fourrière à chiens. Si vous avez vu cette scène sans verser un torrent de larmes, vous êtes définitivement irrécupérable, on ne peut rien pour vous, tant pis.

L’enfant est dans le camion, il tend les bras vers son père, il crie « Daddy ! », le père pleure, l’enfant pleure, et les flics les séparent. Ce cri, c’est le plus beau dialogue du cinéma mondial, et surtout parce que le film est muet... Entre temps, la demoiselle du début est devenue très très riche, ah ben oui, faut bien qu’il y ait une justice, sinon ce n’est pas la peine d’aller au ciné...

Et elle finit par retrouver son enfant. Le coup imparable du billet agrafé sur le lange au moment de l’abandon. Le vagabond, il est assis par terre, malheureux comme les pierres. Il rêve, il est au paradis, tout le monde a des ailes dans le dos, y compris les agents et les méchants... On vient le réveiller, on l’emmène et... il rejoint SON Kid. La morale est sauve. Les gentils gagnent à la fin. Les méchants ne sont pas punis, ils sont seulement ridicules.

Les flics et les lois, Chaplin ne les rend pas bien sympathiques, et c’est très bien comme ça, pour une fois, non ? Revoyez ce monument d’humanité. Pleurez un bon coup sur les misères de ce pauvre type, qui essaie seulement d’élever un enfant, de chercher, de trouver, et surtout de distribuer du bonheur (Ah ! la scène de la toilette avant le repas, anthologique...) Et peut-être vous allez vous dire vous aussi : Et le test ADN, dans tout ça ? Ça sert à quoi, pour aimer un petit gamin de rien du tout ? Voilà, je suis contente de l’avoir revu.

Si mon abonnement au câble ne m’aura servi qu’à ça cette année, me souvenir que bien avant Ken Loach, Chaplin était le cinéaste des pauvres, des oubliés, des malheureux, des opprimés, c’est déjà bien. Pour Noël, si vous montriez ça à vos petits à vous ? Je vous jure, ça marche, essayez... et question magie, ça vaut largement Harry Potter !

brigitte blang prs 57

http://prs57.over-blog.com/


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