Le FN prend le Parlement européen pour une machine à cash

vendredi 17 mai 2024.
 

Les revenus parallèles des eurodéputés posent question : certains élus, surtout à l’extrême-droite, développent des activités susceptibles d’aboutir à des conflits d’intérêt. Et le Parlement européen ne prend jamais la moindre sanction.

Les eurodéputés français champions des activités parallèles

Les eurodéputés français de la mandature française remportent une drôle de palme au Parlement européen : celle des revenus complémentaires les plus importants. Sur les 30 eurodéputés ayant gagné le plus d’argent en dehors de leur salaire de parlementaire, on retrouve en effet 8 Français, selon Transparency International qui a compilé les données déclarées par les élus.

Les eurodéputés sont rémunérés de 8484 euros par mois, mais jusqu’à 12000 voire 14000 après impôts si l’on inclut les forfaits pour frais alloués sans justificatifs par le Parlement.

« Ce qui est marquant, c’est que les élus d’extrême-droite français ont profité de leur mandat d’élu pour accroître leur revenus extérieurs » souligne Daniel Freund, auteur de l’étude chez Transparency International.

Sur les 49 élus ayant démarré de nouvelles activités durant le mandat, 3 d’entre eux ont gagné plus de 100.000 euros par an par ce biais.

Le FN prend le Parlement européen pour une machine à cash

Le groupe du FN du Parlement européen, Europe des Nations et des Libertés, a le plus fort taux d’élus exerçant une activité complémentaire, soit 54 %.

Contrairement à un ancien Premier ministre comme Guy Verhofstadt qui était déjà membre de nombreux conseils d’administration avant de devenir députés, ce qui lui garantit des revenus importants en plus de ceux de sa fonction politique, les nouveaux élus du Front national ont développé de nouvelles activités depuis. Sur les 24 élus en 2014 sur la liste Front National, dont 5 ont depuis quitté le parti, nombreux présentent des ressources en forte croissance.

C’est ainsi le cas de Jean-Luc Schaffauser, qui capitalise sur des activités de conseil pour une société installée à Dubai, pour 20.000 euros par mois. Ou encore Bernard Monot, qui gagne entre 5 et 10.000 euros par mois en tant que « cadre-économiste-financier ». On retrouve aussi Philippe Loiseau, qui cumule les fonctions de conseiller régional, conseiller d’agglomération, agriculteur et organisateur de chasses, ou Gilles Lebreton, qui ne déclarait aucun revenu d’activités parallèles avant d’être élu, et qui en déclare désormais 60.000 par an.

Parmi les Français, c’est Renaud Muselier qui se hisse au plus haut du classement européen, arrivant à la 4ième place grâce à ses revenus de médecin ainsi que dans une société immobilière. Juste derrière, on retrouve Rachida Dati, maire du 7ième arrondissement, qui déclare 20.000 euros de revenus mensuels liés à ses activités d’avocat en sus de son salaire d’eurodéputé. Contactés par Euractiv, les deux élus n’ont pas souhaité réagir sur le sujet.

La situation la plus étonnante est sans doute celle de l’Italien Renato Soru. PDG de l’opérateur Tiscali avant d’être élu, le député a abandonné sa fonction, pour devenir simple conseiller. Il a en revanche conservé sa rémunération de 30.000 euros par mois…

Cryptomonnaie, cannabis et poker pour le 2nd élu le plus rémunéré du Parlement

Au total, les eurodéputés on déclarés 1366 activités parallèles, parfois non rémunérées ; mais elles concernent une minorité de députés, soit moins d’un sur trois. Le tiers restant cumule parfois un nombre impressionnant de mandats.

C’est ainsi le cas du grand gagnant concours des revenus, le Lituanien Antanas Guoga. Avec des revenus de 200.000 euros par mois mystérieusement extraits de son activité de banque de cryptomonnaie utilisant la technologie blockchain, l’élu fait grimper le revenu moyen de toute la représentation lituanienne au Parlement européen.

Le joueur de poker, déjà remarqué en 2014 sur Euractiv pour avoir recruté 27 assistants parlementaires, est aussi membre d’un nombre impressionnant de conseils d’administrations, pour des projets très variés.

Ainsi, il est membre du conseil d’administration et conseiller d’une société baptisée Grand Cannabis International, mais aussi des sites de jeux, de poker, ou une société de vêtements de sports. Contacté par Euractiv, l’élu précise avoir déjà déclaré un capital de 25 millions d’euros lors de son arrivée au Parlement européen.

Le comité d’éthique aux abonnés absents

Trois élus sont aussi membres de lobbys, comme la Chambre de commerce autrichienne ou la fondation Bertelsmann, où siège l’ex commissaire Viviane Reding. « Il est possible qu’ils ne tentent pas d’influencer leurs collègues » souligne, dubitatif, le rapport de Transparency, en rappelant que le code de conduite du Parlement européen interdit toute activité de lobbying de la part des eurodéputés.

Le code de conduite en question, mis en place après le scandale « cash for amendments » en 2011, n’a pas grande incidence sur le fonctionnement du Parlement. Aucun des 24 dossiers dont le comité d’éthique du Parlement européen a été saisi depuis 5 ans n’a fait l’objet de la moindre sanction, et les débats à huis clos laissent planer le doute sur ce qui se passe au sein de l’instance. Ainsi, la participation d’eurodéputés à l’observation d’élections en Azerbaidjan, lors de laquelle les élus avaient rédigé une tribune attestant de la n’a fait l’objet d’aucune sanction.

Un quart des députés européens touchent-ils des "rémunérations annexes" ? TF1

https://www.tf1info.fr/elections/un...

Un quart des élus siégeant à Bruxelles toucheraient d’autres revenus que celui de leur mandat, d’après Manon Aubry, la tête de liste LFI aux européennes. C’est vrai, selon le dernier rapport sur les salaires des eurodéputés de l’ONG Transparency International, publié ce lundi 6 mai.

Dans la campagne pour les élections européennes, le sujet de la transparence des élus est central après les récentes révélations sur de probables ingérences étrangères à Bruxelles. Parmi ces questions, on retrouve celle des revenus dont bénéficient certains eurodéputés grâce à des activités menées en parallèle de leur mandat. Et selon Manon Aubry, tête de liste de La France Insoumise (LFI), ils seraient "un quart de députés européens" à toucher "des rémunérations annexes".

Plus de 7000 euros par mois

Un sujet sur lequel la députée européenne s’est exprimée plus longuement, au cours d’une émission de TV5 Monde. Au mois de février, Manon Aubry déclarait s’être "battue pour faire interdire les rémunérations annexes". Et développait : "Quand vous avez une indemnité d’élue assez confortable – plus de 7000 euros par mois, moi j’en reverse une partie à ma formation politique – vous n’avez pas besoin d’être payée en plus. C’est insupportable de savoir qu’un quart des députés européens sont payés par des lobbys, des avocats, etc. et ne rendent pas des comptes aux électeurs".

Au total, 705 députés siègent à Bruxelles et Strasbourg depuis leur élection (ou réélection) en 2019, pour un salaire brut de 10.000 euros par mois (7800 euros net). En tenant compte de l’estimation de Manon Aubry, 25% des élus seraient donc rémunérés par des activités différentes de leur mandat à Bruxelles. De manière non exhaustive, il peut s’agir de mandats locaux, d’activités privées, ou de participations à des conseils d’administration. On fait le point.

Une ONG, Transparency International, surveille justement le contenu de ces déclarations sur l’honneur faites par les députés européens. En 2019, elle indiquait par exemple à Libération qu’"environ 30%" d’entre eux touchaient des salaires annexes à leur mandat. Contactée par TF1info, Manon Aubry confirme avoir tiré son estimation des travaux de Transparency International.

Après le scandale du Qatargate qui a éclaboussé le Parlement européen fin 2022, ces règles d’éthique et de transparence ont évolué, obligeant les députés à être plus précis dans la description des activités qu’ils mènent en parallèle et leur objet. "Le plus gros problème que nous avions avec ces activités annexes, c’est qu’il y avait dans les déclarations du système précédent des descriptions très vagues ou des déclarations qui n’avaient jamais été mises à jour, ce qui sous-entendait que les déclarations n’étaient pas vérifiées", souligne Raphaël Keguerno de Transparency International, y voyant un réel frein à cet exercice de "transparence".


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