Massacre perpétré en Norvège : Communiqué de Jean-Luc Mélenchon et Déclaration du PG

lundi 1er août 2011.
 

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

Avec le massacre perpétré en Norvége par un extremiste chrétien d’extrème droite, c’est non seulement la Norvège qui est meurtrie mais mais l’idée de la paix civile en Europe qui est attaquée.

Ces actes de barbarie soulignent l’abjection des fanatismes religieux de tous bords. Voilà où ménent ceux qui agitent depuis des années la thése odieuse du choc des civilisations. Toutes les religions connaissent une vague d’intégrisme. L’intégrisme est toujours violent. Mais pour autant dans aucun cas et pour aucune religion il ne faut imputer le crime à tous les croyants. Cette leçon de bon sens devrait être respectée par tous à l’avenir notamment à l’égard des musulmans.

Cette tragédie plaide plus que jamais en faveur de la laicité comme solution pour la paix civile aussi bien au niveau national qu’international.


Déclaration du Parti de Gauche

Vendredi 22 juillet, la Norvège a connu l’un de ses pires drames depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Près d’une centaine de personnes ont succombé à un attentat à la bombe visant le siège du gouvernement à Oslo et à une fusillade sur l’île d’Utoeya, tous deux perpétrés par Anders Behring Breivik, un activiste d’extrême-droite.

Le traitement médiatique de ce massacre est proprement consternant. Pas un seul grand média n’a eu le courage de qualifier ces évènements en des termes adaptés : un crime politique. Le siège du gouvernement a été directement visé et les dizaines de jeunes qui ont été froidement abattus par Breivik sur l’île d’Utoeya n’ont pas été choisis au hasard, puisqu’il s’agissait de membres du mouvement de jeunesse du Parti travailliste en pleine réunion politique. Leurs meurtres froidement prémédités sont l’œuvre d’un fondamentaliste chrétien proche des milieux d’extrême-droite, qui étalait depuis plusieurs années ses discours violents, racistes et réactionnaires sur internet. Ses victimes avaient pour seul tort de militer pour défendre leurs idées de gauche. Le succès de son plan morbide en dit long sur la banalisation de discours politiques qui n’ont pourtant rien d’anodin.

Cet événement tragique n’est pas sans lien avec la montée en puissance de l’extrême-droite et de ses idées en Norvège. Depuis 2005, le FrP, mal-nommé "Parti du progrès", équivalent local du Front national français et dont Breivik a longtemps été membre, s’est clairement imposé comme le deuxième parti politique du pays. Après avoir débordé le Parti conservateur sur sa droite, le FrP a dépassé les 20 % des suffrages exprimés lors des dernières élections législatives. Ses orientations politiques sont fondées sur le conservatisme le plus intolérant (particulièrement homophobe) et la haine de l’autre ; ses discours utilisent la stigmatisation des étrangers et l’instrumentalisation de la religion musulmane pour trouver des boucs émissaires aux maux du système capitaliste. De quoi encourager des individus comme Breivik à se sentir autorisés à tenir publiquement des propos insupportables, sans être inquiétés par des autorités qui n’ont visiblement pas jugé utile de surveiller une personne dont la dangerosité aurait pourtant put être anticipée.

Ce succès récent de l’extrême-droite n’est pas limité à la Norvège. Les partis de la droite radicale raciste et xénophobe proposèrent sur tout le continent européen depuis le début des années 1990, et leur succès tend à s’accroitre au cours des cinq dernières années. Bien peu de pays restent encore épargnés par la propagation de la « peste brune ». Longtemps vertueuse, l’Europe du nord ne fait plus exception : l’extrême-droite a frôlé la barre des 20 % aux dernières élections législatives en Finlande, et a fait une entrée historique au Parlement suédois l’année dernière. Au Danemark, le « Parti populaire » s’est allié au gouvernement de droite qui applique sous sa pression des politiques de discrimination à l’encontre des immigrés. Récemment, les conservateurs norvégiens se sont résolus à une alliance avec le FrP en cas de défaite de la gauche, qui pourrait permettre à un leader d’extrême-droite de diriger le gouvernement national. Ces partis ont tous en commun un ultralibéralisme débridé conjugué à un fort conservatisme et à des orientations nationalistes et xénophobes faisant la part-belle à un racisme anti-musulman caricatural. Malgré les apparences, ils restent des organisations fondamentalement réactionnaires et antidémocratiques dont la dangerosité doit être prise très au sérieux.

Le PG condamne avec force les crimes d’Anders Behring Breivik et s’associe à la douleur des familles de ses victimes. Il rappelle que le racisme n’est pas une opinion mais un délit. Tant que des partis à droite et à l’extrême-droite le propageront et chercheront à diviser les peuples sur la base de supposées différences religieuses ou ethniques, il ne faudra pas s’étonner que d’autres Breivik apparaissent.

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